J. Attali. «On va vers le pire»

Jacques Attali publie un «Dictionnaire amoureux du judaïsme» (Plon-Fayard). L'occasion pour cet économiste d'analyser la situation de la France et du monde face à la crise.

Pour Jacques Attali, l'économie mondiale ne peut se passer d'un État de droit mondial lui aussi. Photo AFP
Pour Jacques Attali, l'économie mondiale ne peut se passer d'un État de droit mondial lui aussi. Photo AFP


Vous décrivez le judaïsme comme une «transmission». Qu'entendez-vous par là?
Le devoir principal de tout être humain est de transmettre ce qu'il a reçu. Chacun a reçu une tradition, une histoire, une culture, et, la moindre des choses, c'est de la connaître et de la transmettre, même si les générations futures en feront un autre usage. Le judaïsme, c'est d'abord une culture fondée sur l'altruisme et l'importance de créer le bonheur des autres avant le sien.

Vous parlez du judaïsme à travers les portraits de personnalités. Comment avez-vous choisi ceux qui sont, à vos yeux, les figures emblématiques du judaïsme?
J'ai choisi ceux que je considère essentiels. Je parle des Warburg parce que ce sont des banquiers plus anciens que les Rothschild (deux siècles de plus); j'ai choisi Shimon Pérès parce qu'il est présent et parce que son action est considérable. J'ai choisi ceux qui me paraissent pédagogiquement essentiels et, naturellement, ceux qui me sont proches. Quelqu'un d'autre aurait sans doute choisi d'autres figures du judaïsme.

Le monde traverse une crise sans précédent. Est-il raisonnable d'espérer une sortie de crise? Et à quelle échéance?
En réalité, le monde est en crise depuis 1973. Il ne faut donc pas espérer une sortie de crise particulièrement rapide. On vit de crise en crise. Si on avait une connaissance parfaite de l'avenir, on ne serait pas dans cette situation. Pour ce qui concerne la récession actuelle, je pense qu'il faudra au moins deux ans pour en sortir.

On assiste partout à un retour de l'État, même aux États-Unis. Est-ce à vos yeux une évolution souhaitable?
L'absence de l'État a été une grave erreur dans un grand nombre de domaines. Le besoin actuel n'est pas celui d'un retour de l'État, mais bien celui de la mise en place d'un État de droit mondial, car on ne peut avoir un marché mondial sans État de droit mondial. Cela peut paraître une utopie, mais cela existe déjà. Il y a un État mondial pour contrôler la sécurité aérienne, pour gouverner le football ou internet. Pourquoi ce qui est vrai pour le football ne le serait-il pas pour les banques?

Chaque gouvernement met en oeuvre son propre plan national pour combattre les effets de la crise. N'aurait-il pas été préférable de les coordonner?
C'est absolument nécessaire. Il faut non seulement les coordonner, mais aussi mettre en place une réglementation pour éviter que des spéculations du type que nous venons de connaître se reproduisent. Cette organisation ne peut être que planétaire. C'est en principe ce que devrait faire le G20 de Londres. Il faut aujourd'hui regarder en détail ce qui se prépare.

Avez-vous bon espoir?
Non, absolument pas. Aujourd'hui, tout le monde joue chacun pour soi, et on va plutôt vers le pire tant que l'on n'aura pas pris conscience du fait que cette crise mondiale appelle une réponse globale.

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