Aux yeux des Européens, le sort de Jérusalem-Est pourrait compromettre la relance d'un processus de paix entre Israël et les Palestiniens. Mercredi 11 mars, l'Union européenne (UE) a mis en garde les autorités israéliennes contre la destruction des maisons du quartier de Silwan qui "priverait plus de mille Palestiniens de leurs foyers et constituerait la plus importante destruction de maisons palestiniennes à Jérusalem-Est depuis 1967".
L'attitude d'Israël "aggrave beaucoup la situation, particulièrement en cette période", a reconnu le ministre tchèque des affaires étrangères, Karel Schwarzenberg, dont le pays préside l'Union ce semestre, lors d'une rencontre avec ses homologues palestiniens et égyptiens, à Bruxelles dimanche 15 mars.
"Cette politique affaiblit la possibilité de parvenir à un accord de paix", a martelé le ministre palestinien des affaires étrangères, Riad Malki : "Nous avons demandé aux Européens de faire pression afin de stopper les démolitions et la colonisation", a-t-il lancé. L'Union européenne n'a jamais reconnu l'annexion par Israël de Jérusalem-Est en 1967 ; les ambassades européennes en Israël sont implantées à Tel-Aviv.
"ANNEXION ILLÉGALE"
Jérusalem-Est héberge les missions des pays membres de l'UE auprès de l'Autorité palestinienne. Et les diplomates européens ainsi en poste ne se sont pas privés de dénoncer, ces derniers mois, la politique menée dans cette partie de la ville, dans des termes que les responsables politiques de l'Union ne reprennent pas toujours dans leur intégralité. "Israël est en train, dans la pratique, de poursuivre l'annexion illégale de Jérusalem-Est", indique un rapport rédigé mi-décembre 2008 par les représentants des Vingt-Sept sur place.
"Les plans israéliens à long terme pour Jérusalem affaiblissent les perspectives d'une capitale palestinienne à Jérusalem-Est, et la solution des deux Etats", dit encore ce rapport. Le document relève l'accélération de la colonisation, la démolition d'habitations palestiniennes - plus de 400 depuis 2004 -, une politique de logement discriminatoire et la poursuite de la construction du mur, en pleine ville. Il pointe l'achat de terrains appartenant à des Palestiniens par des "hommes de paille" au service d'intérêts israéliens.
Il met en cause la multiplication de sites de fouilles archéologiques, dont la gestion est souvent confiée à des organisations de colons : "L'archéologie est en train de devenir un instrument idéologique de lutte nationale et religieuse", affirment les diplomates européens. Tout ceci "accroît la présence israélienne à Jérusalem-Est, affaiblit la communauté palestinienne dans la ville, et empêche le développement urbain palestinien".
"Bien qu'Israël ait des préoccupations légitimes sur le plan de la sécurité à Jérusalem, la plupart des ses actions illégales en cours dans et autour de la cité ont des justifications sécuritaires limitées", relevaient en décembre les diplomates européens. Pour eux, ces actions "sapent la crédibilité de l'Autorité palestinienne et affaiblissent le soutien populaire pour les pourparlers de paix israélo-palestiniens".
Sur le Web : www.peacenow.org.
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