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L'Allemagne attend l'extradition de l'ancien criminel nazi Demjanjuk

Un tribunal fédéral américain examine le 13 avril l'appel formé contre son expulsion.

Par Marie de Vergès

Publié le 13 avril 2009 à 14h19, modifié le 13 avril 2009 à 14h19

Temps de Lecture 2 min.

C'est un document qui laisse peu de place à l'ambiguïté. Authentifiée par les autorités allemandes, la carte d'identité de service n° 1393 émise par les SS au nom de "Demjanjuk" montre un jeune homme au visage anguleux et aux cheveux blonds coupés très courts. Le lieu d'affectation est inscrit à la main : "Sobibor", le "27.3.43". De nationalité ukrainienne, l'auxiliaire de camp nazi est alors âgé de 23 ans.

Retiré aux Etats-Unis depuis plus de cinquante ans, John Demjanjuk a aujourd'hui 89 ans. Le 11 mars, le parquet de Munich a lancé contre lui un mandat d'arrêt. En tant que gardien au camp de Sobibor, aujourd'hui situé en Pologne, il est soupçonné d'avoir aidé à l'assassinat de 29 000 juifs, entre mars et septembre 1943.

Malgré la coopération des autorités américaines, M. Demjanjuk n'a toujours pas été livré à la justice allemande. Sa famille affirme qu'il souffre de graves problèmes de santé et multiplie les recours pour éviter son expulsion. Vendredi 10 avril, sa demande de suspension d'extradition a été rejetée par le Bureau d'appel de l'immigration. Il devait faire appel de cette décision lundi 13 devant un tribunal fédéral de l'Ohio.

En cas de nouvel échec, son extradition ouvrira la voie à ce qui pourrait être le dernier grand procès d'un criminel nazi. Et la première action judiciaire en Allemagne contre un "trawniki", ces gardiens de camps d'extermination recrutés parmi les prisonniers de guerre soviétiques.

Pour M. Demjanjuk, au contraire, l'affaire a un goût de déjà-vu : l'homme est coutumier du banc des accusés. Surnommé "Ivan leTerrible" et reconnu comme l'un des pires bourreaux du camp de Treblinka en Pologne, l'ouvrier automobile installé à Cleveland (Ohio) avait été livré par les Etats-Unis à Israël en 1986 et condamné à la peine capitale deux ans plus tard. En 1993, après cinq ans passés dans le couloir de la mort, il est finalement acquitté par la Cour suprême israélienne en raison d'un doute sur son identité. De retour aux Etats-Unis, il fait l'objet d'un nouveau procès en 2001 pour avoir servi dans des camps de concentration, et se voit déchu de sa citoyenneté américaine.

COUPS DE CROSSE

Au terme de cette saga judiciaire, que sait-on de John Demjanjuk ? Prénommé Ivan Nikolaevitch à sa naissance en Ukraine, le jeune soldat sert dans l'Armée rouge lorsqu'il est fait prisonnier par les nazis au printemps 1942. Sélectionné, puis formé pour devenir auxiliaire, il est envoyé à Sobibor, puis à Majdanek en Pologne et à Flossenbürg en Bavière.

A Sobibor, camp d'extermination, il fait partie de ceux qui "réceptionnent" les juifs avant de les pousser dans les chambres à gaz. Des témoignages de survivants, recueillis par la justice américaine, rapportent que l'Ukrainien n'hésitait pas à donner des coups de pied et de crosse de fusil pour faire avancer les prisonniers plus rapidement.

John Demjanjuk a toujours clamé avoir dû travailler sous la contrainte pour les nazis. Il affirme avoir été confondu avec d'autres gardes cruels. "L'histoire montrera qu'il a été victime des Allemands en 1942, victime de l'Allemagne et des Etats-Unis lorsqu'il a été extradé en Israël pour y être acquitté, et, aujourd'hui, à nouveau, victime des Allemands en 2009", a fustigé, vendredi, son fils, John Demjanjuk Jr. Compte tenu de l'état de son père qui souffre d'une leucémie et d'insuffisance rénale, "ce que les Allemands veulent faire s'assimile à de la torture", a-t-il affirmé.

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