La pression des Etats-Unis sur Israël monte avant le discours de "réconciliation" que doit prononcer Barack Obama, le 4 juin, au Caire, à l'adresse des pays arabes et des musulmans. Selon la presse israélienne, le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, aurait déclaré, parlant des Américains : "Que veulent-ils de moi ? Que le gouvernement tombe ?" Soumis à une demande insistante d'arrêt de la colonisation de la part de la nouvelle administration américaine, le gouvernement israélien se cabre.
"Nous ne pouvons pas geler la vie dans les implantations. Il y a des demandes raisonnables et d'autres inacceptables. Le sort des implantations sera décidé lors d'un accord final sur le statut" de la Cisjordanie, a précisé M. Nétanyahou, lundi 1er juin, devant la commission des affaires étrangères et de la défense de la Knesset. Il s'est à nouveau refusé à adopter le principe de "deux Etats pour deux peuples" et a répété que les Palestiniens devaient "reconnaître Israël comme Etat du peuple juif". Et cela en dépit de la réaffirmation par M. Obama, le 28 mai, lors de ses entretiens avec Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne, de son ferme attachement au gel de la colonisation et à la création au plus vite d'un Etat palestinien.
"Je suis prêt à donner tous les pouvoirs souverains aux Palestiniens leur permettant de se gouverner eux-mêmes, à l'exception de ceux qui mettent notre sécurité en danger", a répété M. Nétanyahou, alors que son allié américain semble vouloir avancer coûte que coûte sur le dossier israélo-palestinien.
La semaine dernière, Moshe Ya'alon, vice-premier ministre et ministre des affaires stratégiques, avait d'ores et déjà prévenu qu'il "ne voyait aucune chance d'établir une entité palestinienne viable en Judée-Samarie (Cisjordanie) et dans la bande de Gaza qui puisse se suffire à elle-même" avant de poursuivre : "Je ne vois pas non plus comment une telle entité pourrait apporter la stabilité sur le plan sécuritaire alors que les chances qu'elle soit hostile sont élevées."
FAIT ACCOMPLI
Pour le moment, le principal point de friction reste l'arrêt de la colonisation depuis longtemps exigé par les Etats-Unis, en vain. Le gouvernement de M. Nétanyahou est prêt, en signe de bonne volonté, à démanteler une bonne vingtaine de colonies sauvages, c'est-à-dire celles établies après mars 2001, date de l'accession au pouvoir d'Ariel Sharon, mais veut maintenir les quelque 80 autres installées avant cette date. C'est également à cette période qu'avait été publié le rapport de la commission Mitchell (du nom de l'actuel émissaire américain au Proche-Orient), qui demandait déjà le gel de la colonisation. "Le rapport a été oublié par les Israéliens mais il ne l'a pas été par George Mitchell", rappelle le journaliste Nahum Barnéa dans le quotidien Yedioth Aharonoth.
Le débat le plus âpre concerne la possibilité de poursuivre la construction dans les colonies autorisées. Les autorités israéliennes estiment qu'on ne peut empêcher d'édifier de nouvelles maisons dans le périmètre déjà délimité des implantations, notamment dans les grands blocs de colonies d'autant plus que, pour l'Etat juif, ces blocs font pratiquement déjà partie du territoire national.
Elles s'appuient en cela sur la lettre adressée à Ariel Sharon le 14 avril 2004 par George Bush dans laquelle ce dernier écartait un retour aux frontières de 1967 pour tenir compte "de nouvelles réalités sur le terrain". Ce qui avait été interprété comme un feu vert à la poursuite de la construction dans les principaux blocs de colonies.
Aujourd'hui, l'administration américaine se refuse à entériner ce fait accompli. Selon les données officielles du bureau des statistiques pour 2007, la croissance naturelle ne concerne que 63 % de la progression démographique des colonies alors que les 37 % restants sont constitués de nouveaux venus.
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