Alerte aux missiles en Israël
Mardi, 11 h du matin. Alerte générale. Depuis deux jours, c’est la guerre sur tous les fronts. Et soudain, des missiles se pointent à l’horizon. A Irganime, quartier populaire de Jérusalem, comme dans le reste d’Israël, les sirènes d’alarme retentissent ; stridentes.
- Publié le 02-06-2009 à 00h00
Correspondante à Jérusalem Mardi, 11 h du matin. Alerte générale. Depuis deux jours, c’est la guerre sur tous les fronts. Et soudain, des missiles se pointent à l’horizon. A Irganime, quartier populaire de Jérusalem, comme dans le reste d’Israël, les sirènes d’alarme retentissent ; stridentes. Branle-bas de combat. C’est le signal pour nous précipiter dans les abris du building ou du quartier, ou dans l’"espace protégé" que chacun est supposé avoir aménagé à l’intérieur de son appartement. Mais cela fait belle lurette que, dans mon quartier, les abris communs n’ont plus été "rafraîchis". Et qui à Jérusalem pense à s’aménager une "chambre étanche" chez soi ?
Dans le nord et le sud d’Israël, ils sont aguerris aux Kassames palestiniennes et aux Katiouchas libanaises. Mais ici ? Quel ennemi bombarderait la ville, risquant d’atteindre les lieux saints musulmans ? Comme quoi, tout arrive Du moins, lorsqu’il s’agit d’un exercice de défense passive. Nous restons retranchés entre quatre murs, un peu énervés, bouteille d’eau, provisions rudimentaires, trousse de première nécessité à portée de la main, comme insistent les consignes. Mais dix minutes plus tard, tout le monde peut déjà ressortir.
Dans notre immeuble comme dans l’épicerie d’en face et à l’école au bas de la rue, dans les bureaux, les usines, les centres commerciaux à travers tout le pays, l’objectif aura été de nous familiariser à nouveau avec les lieux protégés les plus proches, repérer les lacunes et nous réhabituer aux gestes du pire. A Tel-Aviv, il faut le dire, dans la rue et aux terrasses des cafés, beaucoup sont plutôt restés indifférents.
Ainsi, depuis dimanche, le gouvernement, l’armée, la police, les services d’urgence, les 252 mairies et conseils locaux du pays simulent les pires scénarios-catastrophes. Sauvetages, ravitaillements, accueil de personnes évacuées, plans de survie sont testés à la fois sur ordinateur, en QG de crise et sur le terrain. Et toutes les hantises sont combinées : guerre avec le Hamas dans le sud, guerre avec le Hezbollah et la Syrie dans le nord, intifada palestinienne à l’est, attentats terroristes, bombes non-conventionnelles, tremblements de terre.
La Défense civile a déjà mené deux exercices depuis la guerre au Liban de 2006. Mais limités. Celui-ci - "Tournant 3" - est le plus vaste jamais effectué à échelle nationale. Il a débuté dimanche et dure cinq jours. Mardi, ce sont les quelque 7 millions d’habitants du pays qui ont été mis à l’épreuve. Les autres jours, ce sont surtout les ministères, les administrations publiques, les organismes de secours civils et militaires qui sont appelés à gérer diverses situations de crise.
Jeudi, ce sera l’heure du bilan. Le tout, sous l’œil fort intéressé de quelque 70 attachés militaires et délégués de gouvernements étrangers - entre autres des Etats-Unis, de France, d’Allemagne, du Japon - qui sont venus observer l’exercice de près. Benjamin Netanyahou et son ministre de la Défense, Ehoud Barak, rassurent : il s’agit d’un exercice "de routine", planifié depuis longtemps. Mais le vice-ministre de la Défense, Matane Vilnaï, coordinateur des opérations, est plus explicite : "Ces scénarios peuvent se produire à tout moment, à tout endroit, et nous voulons montrer à l’ennemi que nous sommes prêts". A Téhéran, Gaza et Beyrouth, l’on déclare y voir la répétition générale pour une offensive-surprise d’Israël.
L’armée libanaise, le Hezbollah et la Garde révolutionnaire iranienne ont donc haussé leur propre état d’alerte.