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Obama au Moyen-Orient
pour relancer l'espoir de paix

Barack Obama s'est entretenu, mercredi à Ryad, avec le roi saoudien Abdallah. Les deux hommes ont notamment évoqué la question du nucléaire iranien et la situation au Pakistan. AFP

Avant son discours en Égypte jeudi, Barack Obama a fait escale en Arabie saoudite pour solliciter l'aide de cet allié stratégique.

Il est 14 h 22, mercredi, quand Barack Obama atterrit dans les sables brûlants d'Arabie saoudite, pour une offensive de charme destinée à convaincre le pays gardien des lieux saints de l'islam et des causes arabes de l'aider à avancer à petits pas vers une solution des conflits qui déchirent le Moyen-Orient. Souriant dans sa djellaba blanche, le vieux roi saoudien Abdallah, 85 ans, est là pour l'accueillir, accompagné de ministres et dignitaires religieux. Le président des États-Unis, dont la révérence en avril à Buckingham avait fait l'objet de furieuses critiques dans le camp conservateur américain, se contente pour cette fois de donner l'accolade à son hôte. Le temps de boire une tasse de thé et les voilà partis vers le haras du souverain saoudien dans une magnifique palmeraie qui abrite une collection de quelque 260 chevaux arabes. «L'Arabie saoudite donne le ton. C'est l'un des régimes les plus conservateurs. Mais le roi Abdallah est aussi l'un des rois les plus ouverts. Ces deux hommes-là pourraient s'entendre», commente le chercheur américain Robin Wright.

L'Arabie saoudite reste une société fermée et ultratraditionnelle dont il est impossible pour l'étranger de passage de capter les humeurs. Avant le voyage, une note de la Maison-Blanche a été envoyée à tous les journalistes, leur enjoignant de ne pas photographier «les femmes, les mosquées, les bâtiments gouvernementaux, les aéroports, les bâtiments militaires, les souks, les vieux immeubles, les maisons et les Saoudiens»? Dans une première version, la Maison-Blanche soulignait qu'il était «interdit de s'engager dans quelque activité journalistique que ce soit en dehors de la visite».

«Très riche pays pauvre»

Les diplomates occidentaux en poste à Riyad expliquent pourtant que sous la chape autoritaire du régime, une entreprise de modernisation prudente du pays est menée par le monarque. La péninsule arabique avait subi un électrochoc en découvrant le 11 septembre 2001 que 15 des 19 kamikazes islamistes étaient originaires d'une Arabie saoudite liée depuis soixante ans à l'Amérique par une alliance militaire privilégiée. Effrayé par la poussée fondamentaliste, le roi a lancé un effort d'éducation de la jeunesse et de modernisation des infrastructures de ce «très riche pays pauvre». Riyad a dans le même temps mené une diplomatie très active, mettant sur pied en 2002 un plan de paix entériné par la Ligue arabe, qui propose une reconnaissance d'Israël en échange d'un retour aux frontières de 1967 et d'une solution au problème des réfugiés palestiniens. Cette initiative est toujours sur la table, même si Israël la juge inacceptable. Très inquiet de la montée en puissance de son rival perse, Abdallah cherche à priver Téhéran de la carte palestinienne, en relançant le processus de paix en étroite concertation avec l'Égypte.

Rivalité avec la Perse

À la veille de son discours du Caire, Barack Obama voulait donc profiter du positionnement stratégique saoudien. La Maison-Blanche, qui tentait de pousser Israël à renoncer à la colonisation dans les Territoires occupés, aimerait qu'Abdallah suscite en retour l'ouverture de sections commerciales israéliennes à travers le golfe ou ouvre son espace aérien. «Les Saoudiens voient l'ère Obama comme une nouvelle opportunité après la catastrophe de l'ère Bush, dont l'embourbement en Irak a permis aux chiites iraniens de gagner en puissance à travers le monde musulman. Mais ils attendent des faits concrets. Si Obama parvient à arracher à Israël un arrêt de la colonisation, ils bougeront. Pas avant», analyse un diplomate français. Les Américains sont conscients du caractère obligé de cette séquence. D'autres sujets cruciaux ont été évoqués hier, révélant le caractère incontournable de l'allié saoudien. Obsédé par la question du nucléaire iranien et sa rivalité avec la Perse, le roi Abdallah attend du président Obama un calendrier plus exigeant, liant l'ouverture vers Téhéran à une renonciation rapide des Iraniens à la bombe. L'Irak, dont le gouvernement majoritairement chiite est très mal vu à Riyad, a aussi été discuté, de même que la question pakistanaise. La Maison-Blanche souhaite ardemment que Riyad exerce son influence sur l'opposant Nawaz Sharif pour désamorcer la poudrière?

«Il ne suffira pas d'un discours», a reconnu le porte-parole présidentiel Robert Gibbs, loin de croire à une potion magique américaine. «C'est bien que le président soit patient, a renchéri l'expert Samuel Miller. Car au Moyen-Orient, le choix est entre long et très long.»

» Israël accuse Obama de penchants propalestiniens

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