Les roses blanches d'Obama à Buchenwald
Grave et concentré, le président américain Barack Obama a foulé vendredi "le sol imbibé de sang" de l'ancien camp de concentration nazi de Buchenwald (sud-est de l'Allemagne), guidé par un de ses survivants, le Prix Nobel de la paix Elie Wiesel. "Un nouveau départ"Edito: Obama impose le respect
- Publié le 04-06-2009 à 00h00
Grave et concentré, le président américain Barack Obama a foulé vendredi "le sol imbibé de sang" de l'ancien camp de concentration nazi de Buchenwald (sud-est de l'Allemagne), guidé par un de ses survivants, le Prix Nobel de la paix Elie Wiesel. Prenant la parole à l'issue de cette visite de près d'une heure, la chancelière allemande Angela Merkel s'est "inclinée devant toutes les victimes".
"Incompréhension, effroi: il n'y a pas de mot pour décrire ce qui est arrivé de terrible à tant de gens dans ce camp et dans les autres camps de concentration et d'extermination", a ajouté Mme Merkel en réaffirmant avec force la responsabilité particulière de son pays pour prévenir de telles atrocités.
M. Obama a quant à lui à nouveau attaqué les négationnistes, expliquant que "ce lieu (était) le démenti sans appel" de leurs idées. Il a évoqué son lien personnel avec Buchenwald, son grand-oncle Charlie Payne ayant participé à la libération d'un camp annexe en 1945. M. Payne, 84 ans, devait retrouver son petit-neveu samedi en France pour les cérémonies du 65e anniversaire du débarquement allié en Normandie. M. Obama a ensuite cédé la parole à son "ami" Elie Wiesel, libéré par l'armée américaine en avril 1945 de ce camp où sont mortes quelque 56.000 personnes.
L'écrivain américain d'origine roumaine, âge de 80 ans, s'est livré à un vibrant plaidoyer pacifiste, pour que le 21e siècle soit celui "du renouveau, de l'espoir infini". Il a remercié le président américain d'être venu en ce lieu où son père était mort quelques mois avant la fin de la guerre. La visite s'est déroulée sous l'oeil des caméras, mais à distance telle que l'on ne pouvait entendre les conversations. A la demande du président américain, la visite du crématorium s'est faite sans témoins.
Buchenwald, qui a fonctionné de 1937 à 1945, était le coeur d'un complexe de plusieurs camps de concentration où les déportés travaillaient jusqu'à la mort pour Krupp, BMW, AEG ou autres Opel. Les visiteurs ont déposés chacun une rose blanche sur le monument "à la mémoire de toutes les victimes", dont la température est maintenue à celle du corps humain, 37°C, et sur celui du "petit camp", où Elie Wiesel, adolescent, avait été détenu.
"C'était un mouroir", avait raconté à l'AFP le prix Nobel, déporté en 1944 de son village roumain vers Auschwitz (Pologne), avant d'être forcé à marcher vers Buchenwald. Durant toute la visite, par un temps gris et froid, M. Obama a semblé surtout écouter les explications de M. Wiesel. M. Obama était le premier président américain à visiter Buchenwald, un camp encore cerné de miradors et de barbelés, dont la grille d'entrée porte le slogan cynique: "A chacun son dû". Les 7 km séparant Buchenwald du centre de Weimar étaient totalement interdits à la circulation depuis jeudi soir, mais les habitants paraissaient enchantés de la visite présidentielle. "Il est le premier des Américains, et les Américains étaient les libérateurs", commentait Frank Schoude, 59 ans.
Buchenwald a été construit par les prisonniers sur une idyllique colline boisée de Weimar, un haut lieu de la culture allemande et européenne où ont vécu Goethe et Schiller - une "ironie" soulignée par Mme Merkel et M. Obama.
Ce dernier était arrivé en hélicoptère de Dresde, à 200 km plus à l'est, ville rasée par l'aviation anglo-américaine à la fin de la guerre. Il y avait eu dans la matinée des entretiens avec la chancelière. "Nous avons pensé qu'il était important que je visite Buchenwald dans le cadre de ce voyage", a-t-il expliqué.
Il a ajouté que cette visite à Buchenwald était une occasion de "célébrer (...) les possibilités de reconciliation, de pardon et d'espoir" qui ont permis à une Europe unifiée et à une Allemagne alliée à Israël "d'émerger de la tragédie".
M. Obama a quitté Buchenwald pour l'hôpital militaire américain de Landstuhl (ouest de l'Allemagne), où sont soignés les GI's blessés en Afghanistan ou en Irak, avant de partir pour la France. Il doit participer samedi aux commémorations du 65e anniversaire du débarquement en Normandie.
Arrivée en France du président Obama pour le 65ème anniversaire de D-Day Le président américain Barack Obama est arrivé vendredi en France où il doit assister aux cérémonies du 65ème anniversaire du Débarquement allié, a constaté un journaliste de l'AFP. L'avion présidentiel s'est posé à 21H13 à l'aéroport d'Orly (Val-de-Marne). M. Obama est arrivé d'Allemagne, où il s'est notamment rendu à Dresde, rasée par des bombardements anglo-américains qui firent 35.000 morts en février 1945 et au camp de concentration de Buchenwald, où il a continué à plaider pour une relance du processus de paix au Proche-orient au lendemain de son discours de jeudi au Caire. Le président américain doit passer la nuit de vendredi à samedi à l'ambassade américaine à Paris, en famille, avec sa femme Michelle et ses deux filles, arrivées par un autre avion. A la veille du scrutin européen, M. Obama sera reçu samedi à Caen, en Normandie, par le président Nicolas Sarkozy, particulièrement désireux de s'afficher à ses côtés à l'occasion du 65ème anniversaire du Débarquement allié du 6 juin 1944. Le président américain doit prononcer samedi un discours devant 9.000 invités triés sur le volet, dont 2.000 Américains, au cimetière américain de Colleville-sur-mer, à 50 km à l'ouest de Caen, lors de la principale des quelque 450 cérémonies prévues dans toute la Normandie. Sa visite privée et officielle à Paris et en Normandie est entourée de mesures de sécurité exceptionnelles. Ainsi à Orly, les cars de télévisions ont été systématiquement fouillés. De l'unité de protection des hautes personnalités aux démineurs de la Sécurité civile, en passant par des compagnies de CRS et des escadrons de gendarmerie mobile, la sécurité du président Obama en France de vendredi à dimanche concernera la plupart des services français.