Diplomatie : Israël & le Moyen-Orient

Israël pourrait accepter les propositions cadre du secrétaire d'état américain John Kerry comme base pour la poursuite des négociations avec l'autorité palestinienne jusqu'à la fin de 2014, a rapporté samedi soir la deuxième chaîne de télévision.

Le rapport déclaré que le premier ministre Benyamin Netanyahou, le ministre de la défense Moshé Yaalon, et le ministre des affaires étrangères Avigdor Lieberman sont tous prêts à accepter les termes de l'accord cadre américain, dont certains détails ont été détaillés par Martin Indyk, l'envoyé américain pour le Moyen Orient, dans une conférence téléphonique avec les dirigeants juifs américains jeudi. Le document cadre devrait être finalisé dans les prochaines semaines, avant une quatrième et dernière phase de libération de terroristes arabes, prévue pour mars, selon le rapport.

Le document cadre américain, dont le texte n'aura pas à être signé par les dirigeants israéliens et ceux de l'AP, prévoit des discussions sur un état palestinien sur base des lignes d'avant 1967 avec des échanges de terres pour permettre à 75-85% des habitants juifs de Judée Samarie de rester sous souveraineté israélienne, se rapporte à Israël en tant qu'état juif, prévoir une indemnisation des réfugiés, juifs et arabes, mais aucun "droit au retour", et ne rentre pas dans les détails sur le sort de Jérusalem, a indiqué Indyk.

Des sources politiques bien placées ont déclaré que cet accord cadre ne devrait pas provoquer de crise politique au sein de la coalition avec le parti Bayit Yéhoudi. Vu que l'accord n'est pas contraignant et n'est pas soumis à un vote du gouvernement, le chef du parti, Naftali Bennett, ne ferait probablement pas tomber la coalition à ce sujet.

Des rapports parus au cours des dernières semaines ont indiqué que l'autorité palestinienne devrait rejeter l'accord cadre, mais ces rapports n'ont pas été confirmés.

Saeb Erekat, le négociateur en chef de l'AP, a de nouveau écarté durant le week-end la reconnaissance d'Israël comme état juif. S'exprimant lors d'une conférence à Munich lors d'une réunion, avec son homologue israélienne Tzipi Livni, Erekat a déclaré que la demande était inacceptable. "Quand vous dites 'accepter Israël comme un état juif', vous me demandez de changer mon récit," a-t-il dit, affirmant que ses ancêtres ont vécu dans la région "5500 ans avant l'arrivée de Yoshua Ben Noun qui a brûlé ma ville natale de Jéricho."

Plusieurs politiciens israéliens de droite ont fustigé samedi Kerry pour les commentaires qu'il a fait lors du même événement, la conférence sur la sécurité de Munich, avertissant Israël de graves conséquences si l'effort de paix en cours échoue. Kerry a dit être certain que le statu quo n'était "pas durable… c'est illusoire. Il y a une prospérité momentanée. Il y a une paix momentanée." Mais ce serait la fin si les pourparlers échouaient, a-t-il dit, notant que déjà Israël était confronté à des menaces de boycott et de délégitimation.

Kerry a dit que l'impossibilité de parvenir à un accord de paix nuirait à la capacité d'Israël à "être un état démocratique avec le caractère juif spécial particulier qui est une élément central du récit et de l'avenir."

En réponse aux mises en garde de secrétaire d'état américain sur la délégitimation et le boycott d'Israël, Naftali Bennett, ministre de l'économie et du commerce, a accusé Kerry d'incitation et de servir de "porte-parole" des éléments antisémites qui tentent de boycotter Israël. A Kerry et "tous les conseillers", a écrit Bennett dans un post sur Facebook, "le peuple juif est plus fort que les menaces à son encontre." Il a ajouté que les juifs ne "cèderaient pas leurs terres" en raison de la pression économique.

"Seule la sécurité apportera la stabilité économique, pas un état terroriste près de l'aéroport Ben Gourion. Nous attendons de nos amis du monde entier d'êtres à nos côtés pour faire face aux tentatives antisémites de boycotter Israël, pas d'êtres leur porte-parole," a ajouté Bennett. "En tout cas, nous avons su rester fort dans le passé et nous le serons tout autant maintenant."

Le ministre de la construction et du logement, Uri Ariel (Bayit Yéhoudi), a également été prompt a réagir aux commentaires de Kerry. "Kerry a déclaré aujourd'hui que la prospérité économique et la sécurité d'Israël sont une illusion, et que si les pourparlers de paix échouent, Israël sera boycotté. Mais la vérité est que les seules illusions sont les slogans de paix que Kerry essaie de vendre à Israël. Des slogans qui couvrent une menace existentielle pour l'état d'Israël," a posté Ariel sur sa page Facebook. "Les palestiniens n'arrivent même pas à croire la chance qu'ils ont d'avoir un tel médiateur "équitable"," a-t-il ajouté. "C'est ce à quoi ressemble l'incitation."

La député Likoud Tzipi Hotovely a quant à elle déclaré : "les menaces de boycott sans précédent" de Kerry sont "une tentative d'intimidation d'Israël dans le but d'imposer un accord dangereux qui va à l'encontre de la position du gouvernement israélien." Elle a dit qu'un tel accord "mettrait en péril la sécurité d'Israël" et serait "pire que tout boycott économique."

Le député Likoud et vice-ministre Ofir Akunis a également fustigé Kerry pour ses remarques, disant qu'elles étaient indicatives de la "politique agressive de Washington envers Israël." Il a ajouté : "nous étions ici avant Kerry, nous serons également ici après lui."

Des sources gouvernementales citées par la deuxième chaîne de télévision israélienne ont exhorté Kerry à faire pression sur les palestiniens et non Israël, et ont déclaré que les avertissements à Israël ne font qu'endurcir les palestiniens dans leurs positions extrémistes.