Près d'un an après la chute du régime d'Assad, le 8 décembre 2024, Tsahal a révélé ce vendredi de nouveaux documents indiquant que le Hamas s'est efforcé, au fil des ans, de maintenir des liens étroits avec le régime syrien, malgré ses dénégations publiques.
Ces documents, qui comprennent des lettres, des protocoles et des communications internes, ont été publiés par la Direction du renseignement (renseignement de Tsahal) sur le site web de l'armée israélienne. Ils mettent en lumière des liens directs entre de hauts responsables du Hamas – dont Yahya Sinwar et Ismail Haniyeh – et le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, ainsi que des représentants des Gardiens de la révolution iraniens.
Dans une lettre adressée à Haniyeh en juillet 2022, Sinwar soulignait que le Hamas « n'a jamais décidé, dans les faits, de boycotter le régime syrien » et affirmait que la direction du mouvement avait quitté la Syrie en raison de « contraintes de temps et de la situation ». Il a déclaré que les Syriens les avaient traités « de la meilleure façon possible depuis le début ».
Sinwar a souligné l'importance stratégique du rétablissement des liens avec Damas, qu'il a qualifiée de « zone essentielle pour nous, servant de base de refuge et d'espace pour la construction et le déploiement », précisant que cela permettrait au Hamas de s'intégrer à l'« Axe de Jérusalem » – l'axe iranien.
Un mois plus tard, en août 2022, une réunion s'est tenue entre de hauts responsables du Hamas, du Hezbollah et le représentant des Gardiens de la révolution iraniens, Saeed Izadi – qui sera par la suite éliminé lors de l'opération « Lion levant ». Les participants ont discuté de la mise en place d'un mécanisme pour renouer les relations avec Assad et des moyens d'atténuer les critiques publiques concernant cette coopération.
Selon le compte rendu de cette réunion, il a été décidé d'inviter d'autres personnalités palestiniennes arabes à rencontrer Assad, afin de « masquer le rôle central du Hamas dans ce processus ». De plus, il a été décidé qu'à partir de ce moment, « les rencontres avec le président syrien ne seraient plus couvertes par les médias ».
Dans une autre lettre de septembre 2022, Haniyeh remerciait Nasrallah d'avoir servi de médiateur lors de la rencontre avec Assad et demandait même qu'un message soit transmis au président syrien concernant la libération des prisonniers palestiniens détenus en Syrie, « afin d'atténuer les critiques quant à la reprise des liens ». Cependant, Haniyeh soulignait qu'il ne s'agissait pas d'une exigence, mais d'une simple demande, « et non d'une condition à la poursuite du partenariat ».
Par ailleurs, un article rédigé par un cheikh proche de la direction du Hamas est présenté. Dans cet article, il critique vivement les pays arabes qui condamnent la coopération avec Assad : « Ils attendent du Hamas qu'il s'oppose à l'Iran en Irak, à Bachar el-Assad en Syrie, aux Houthis… C'est un déclin stratégique qui mènera à l'effondrement du Hamas. »
Les services de renseignement de Tsahal concluent que, malgré les condamnations publiques d'Assad par le Hamas suite aux massacres, le mouvement œuvrait en coulisses à approfondir ses liens et s'appuyait sur la Syrie comme un pilier essentiel de l'axe iranien. Cette révélation, comme le souligne l'armée israélienne, met en lumière à quel point le Hamas craignait la chute du régime de Damas, considéré comme un point clé de l'infrastructure d'influence régionale de l'Iran.
