Antisémitisme : racisme envers les Juifs & Israël

Un an après le meurtre de Sarah Halimi, une femme juive parisienne de quatre-ving-cinq ans, la communauté juive de France est à nouveau ébranlée par le meurtre brutal de Mireille Knoll, une survivante de la Shoah.

La femme de 85 ans aurait été poignardée onze fois chez elle vendredi, avant que son corps ne soit incendié, lors d'une attaque que les dirigeants de la communauté juive ont décrite comme une réminiscence du meurtre de Halimi.

Le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a déclaré lundi lors d'une rencontre avec le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou que le meurtre était "plus que vraisemblablement" de nature antisémite.

"Pour l'instant, nous ne pouvons pas dire avec certitude si le motif de l'assassinat était antisémite, mais il est plus que probable que cela ne serait pas surprenant et ne fait que renforcer l'idée que cette bataille n'est pas finie," a-t-il dit lors d'une réunion à la résidence du premier ministre.

"L'inhumanité de ce meurtre nous ramène à celui de Sarah Halimi il y a tout juste un an," a déclaré le CRIF, qui a poursuivi en mentionnant que le président Francis Kalifat avait longuement parlé avec les enfants de la victime.

"Lors de ses discussions avec le préfet de police et le bureau du président de la république, le président du CRIF a exprimé l'émotion et la profonde préoccupation de la population juive de France," indique le communiqué.

Les dirigeants de la communauté juive ainsi que d'autres fonctionnaires ont vivement critiqué la manière dont l'affaire Halimi a été traitée, accusant les autorités et les medias français de cacher les faits au public. Ils ont également dénoncé le fait qu'il ait fallu cinq mois pour qualifier le meurtre en crime de haine anti-juif, après que le président français Emmanuel Macron ait personnellement demandé une enquête.

Il est donc pertinent que la récente déclaration du CRIF sur le meurtre de Knoll appelle à "une totale transparence dans l'enquête en cours, afin que les motifs de ce crime barbare soient connus de tous le plus rapidement possible."

Le directeur exécutif du CRIF, Robert Ejnes, a déclaré lundi qu'il espérait que les autorités avaient appris de leurs erreurs.

"Il n'y a pas le même silence que dans le cas du meurtre de Halimi," a dit Ejnes.

En effet, s'exprimant la semaine dernière au 6e Forum Mondial de Lutte Contre l'Antisémitisme à Jérusalem, l'ambassadeur de France aux droits de l'homme, François Croquette, avait déclaré que des leçons avaient été tirées du "jugement erroné" de l'affaire Halimi.

La police a jusqu'ici arrêté deux suspects dans le meurtre de Knoll.

Le député juif français Meyer Habib a rendu visite à la famille de Knoll dimanche. "Malheureusement, le nombre de victimes augmente, mais il semble que l'histoire se répète," a-t-il dit.

"Tout comme Sarah Halimi, Mireille connaissait également le suspect – qui est actuellement en état d'arrestation – son voisin musulman de 35 ans qu'elle connaissait depuis qu'il était enfant," a déclaré Habib.

Knoll avait déjà rapporté aux autorités qu'un homme de la même rue avait menacé de la bruler, selon le Bureau National de Vigilance Contre l'Antisémitisme.

"Comme Sarah Halimi, qui a été étrangement assassinée à quelques centaines de mètres – dans ce cas également, les autorités françaises font très attention à lier le meurtre à l'antisémitisme. La famille n'a aucun doute sur la nature antisémite de l'incident. Pour Sarah, il a fallu près de 10 mois aux autorités judiciaires pour reconnaître la réalité évidente. Et pour Mireille ?" a poursuivi Habib.

"L'enquête a commencé. Mais j'ai peur qu'après Sarah, Mireille soit aussi victime de la haine de juifs, de plus en plus présente en banlieue – sur font de radicalisation islamique, de haine d'Israël mais aussi de haine de la France. Comme le meurtre de Sarah Halimi, dans ce cas aussi, j'ai l'intention de me battre avec d'autres organisations juives pour la justice et la vérité," a conclu Habib.

Le vice-président de l'Organisation Sioniste Mondiale, Yaakov Hagoel, a également publié une déclaration dans laquelle il appelle les autorités judiciaires françaises à rechercher, trouver et poursuivre les auteurs.