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Antisémitisme : racisme envers les Juifs & IsraëlCroix gammée sur une annexe du Mémorial de la Shoah à Paris- Une croix gammée a été taguée sur une annexe du Mémorial de la Shoah à Paris, dans le Marais (IVe arrondissement), a annoncé mercredi Bertrand Delanoë, maire PS de la capitale, en dénonçant "une atteinte à la mémoire des victimes du génocide"."Je tiens à dénoncer l'acte commis contre une annexe du... -
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France – XXe
Extrait de l’Anthologie de
La Poésie juive de
Pierre Haïat
Une poupée à Auschwitz
Sur un tas de cendre humaine une poupée est assise.
C’est l’unique reliquat, l’unique trace de vie.
Toute seule, elle est assise, orpheline de l’enfant
Qui l’aima de toute son âme.
Elle est assise, comme autrefois elle l’était parmi ses jouets,
Auprès du lit de l’enfant, sur une petite table.
Elle reste assise ainsi, sa crinoline défaite,
Avec ses grands yeux tous bleus et ses tresses toutes blondes,
Avec des yeux comme toutes les poupées du monde,
Qui du haut du tas de cendre ont un regard étonné
Et regardent comme font toutes les poupées du monde.
Pourtant tout est différent, leur étonnement diffère
De celui qu’ont dans les yeux toutes les poupées du monde,
Un étrange étonnement qui n’appartient qu’à eux seuls.
Car les yeux de la poupée sont l’unique paire d’yeux
Qui de tant et tant d’yeux subsiste encore en ce lieu,
Les seuls qui aient resurgi de ce tas de cendre humaine.
Seuls sont demeurés des yeux, les yeux de cette poupée
Qui nous contemple à présent, vue éteinte sous la cendre,
Et jusqu’à ce qu’il nous soit terriblement difficile de la regarder dans les yeux.
Dans ses mains, il y a peu, l’enfant tenait la poupée.
Dans ses bras, il y a peu, la mère portait l’enfant.
La mère tenait l’enfant comme l’enfant la poupée ;
Et se tenant tous les trois, c’est à trois qu’ils succombèrent
Dans une chambre de mort, dans son enfer étouffant :
La mère, l’enfant, la poupée,
La poupée, l’enfant, la mère.
Parce qu’elle était poupée, la poupée eut de la chance.
Qu’elle bonheur d’être poupée et de n’être pas enfant !
Comme elle y était entrée, elle sortit de la chambre,
Mais l’enfant n’était plus là pour la serrer contre lui,
Comme pour serrer l’enfant, il n’y avait plus de mère.
Alors elle est restée là, juchée sur le tas de cendre,
Et l’on dirait qu’alentour, elle scrute et qu’elle cherche
Les mains, les petites mains qui voici peu la tenaient.
De la chambre de la mort la poupée est ressortie
Entière, avec sa forme et avec son ossature,
Ressortie avec sa robe et avec ses tresses blondes,
Et avec ses grands yeux bleus qui, tout plein d’étonnement,
Nous regardent dans les yeux, nous regardent, nous regardent.
Depuis la mort de Jésus, un acharnement spécifique, envers tout un peuple, le peuple juif, n’a jamais cessé. Seuls les moyens à mettre en oeuvre pour son annihilation différèrent et les tenants des deux autres principales religions monothéistes, les supporters très assidus. Ainsi à l’accusation de déicide ayant permis la mise à mort, sans conscience, ni remords, de millions des nôtres, a succédé ou, concomitante, l’a renforcée, jusqu’à nos jours encore, la stupide et invraisemble accusation de meurtre rituel.
Vous ne savez pas ce que c’est, humains dotés de bon sens ? Ne sortez pas vos livres de cuisine, vous ne trouveriez pas cette recette déviante...
Traditionnellement, au moment des fêtes de Pessah* (la pâque juive), nous commémorons la libération de l’esclavage, et la sortie d’Egypte des Hébreux. Pour être symboliquement en harmonie avec nos ancêtres, nous avons pour habitude de ne pas faire lever le pain (les hébreux n’en ayant pas eu le temps lorsque Pharaon laissa partir les enfants d’Israël... ) et nous mangeons ce qu’il est coutumier d’appeler du « pain azime » (en hébreu : matzot)... 8 jours durant. Cette préparation uniquement composée de farine et d’eau donne des galettes plates, le temps ayant manqué à nos ancêtres pour permettre le processus de levée du pain, nous le reproduisons. Sans doute est-ce un peu fade, mais... cela ne dure que 8 jours et l’on peut concocter de nombreux petits mets savoureux malgré tout.
Mais voilà, le Juif, être maléfique par excellence, est accusé de relever les mets de Pessah par un assaisonnement très spécial : celui du sang d’enfants chrétiens... aussitôt, toute une sinistre mascarade se met en place:
Les Juifs, enlèveraient des enfants, les saigneraient comme des poulets, puis mélangeraient leur sang à la farine servant à la préparation des galettes de Pessah... voilà pour la recette améliorée des débiles auteurs de cette trouvaille délirante mais qui, pourtant, trouvant un écho dans des populations primaires et asservies, fût le prétexte à de terribles pogroms durant des millénaires. Aujourd’hui sa reprise est assurée par des arabes.* Que le vernis de la civilisation est donc mince ! et qu’il est triste de constater que ce sont les deux religions issues du judaïsme qui en sont les auteurs !
On continue :
- La Peste ? la faute des Juifs...
- La Caballah ?* (en français : la Cabale) un livre maléfique, le Talmud, guère mieux...
- Le Chabat*... devient le sabbah, jour de réjouissance de sorcières vouant l’espèce humaine aux gémonies...
Et les monceaux de cadavres s’amoncellent. Cadavres juifs, sur cadavres juifs...
La vérité est que les Juifs, depuis des millénaires, respectent des règles d’hygiène strictes, les ayant en partie protégés des épidémies, étudient avec assiduité, et que leurs livres saints ont apporté les bases de l’éducation et de la civilisation. Certes ils tranchaient dans une société moyenâgeuse très majoritairement analphabète, mais ensuite ?! Comment « l’antisémite » instruit, voire cultivé, a -t- il pu reprendre à son compte, et diffuser, de tels clichés !
_________________
* voir annexe en fin de livre. « Saba 3 - C’était il y a 4000 ans – opuscule « Le judaïsme : minimum vital – même pour les laïques »
Sur quoi s’appuie cette haine, si ce n’est un relent antijudaïque d’abord inspiré par la chrétienté ?
Qu’il a été tardif le repentir. Sans doute trop, puisqu’il n’a pas effacé les méfaits imprimés dans les esprits durant des millénaires de diffamations...
La vérité est que nous mangeons cacher, que des règles strictes interdisent le mélange de viande et laitage, régissent l’abattage des animaux, leur préparation et cuisson.
La vérité est que Chabat est le jour de repos hebdomadaire dédié à la prière, l’étude, et la famille, jour particulier où nous sommes censés, avec humilité, ne pas oublier que l’Homme n’est pas tout puissant, et pour les croyants, que D.ieu est « au-dessus » de nous.
La vérité est que le monde – après avoir extirpé - à notre peuple, à notre histoire, à notre religion, tout ce qu’il pouvait, n’a eu de cesse de vouloir se débarasser de nous, comme d’un objet devenu inutile :
Alors, l’on nous marqua de signes « distinctifs », dont la couleur jaune (les Juifs aiment l’or !!!) fût retenue à l’unanimité : ainsi malgré une exception pour la rouelle – parfois rouge - l’Europe nous offrit un joli chapeau jaune, et plus récemment une étoile (qu’il ne nous est pas recommandé aujourd’hui de porter, car notre « étoile d’or », trop « distinctive », nous désigne aux yeux de la populace comme juif, soit synonyme d’individu autorisé à être bastonné, insulté, et même pire, dans l’indifférence)
Les décrets, les interdits, les taxes, et autres spoliations, nous empêchèrent régulièrement de nous « enrichir », et s’il arriva que nous l’ayons pu, parfois, pour certains spécimens de notre peuple, très vite, l’autorité qui régissait notre droit à survivre et produire, venait vite y mettre le holà et se remplir les poches sur notre dos.
Nous, riches ! Certes, nous savions compter, écrire et les cours avaient « leurs Juifs », scribes, mathématiciens, astrologues... mais combien de métiers « autorisés » hormis l’usure ???
La révolution française, le fût aussi pour nous qui nous octroya le droit de devenir citoyens comme les autres. Comme les autres ? Voire...
A peine le temps de respirer et « l’affaire » Dreyfus explose. La raison... encore une histoire de sous : le krach boursier de la Banque de l’Union Générale, fait circuler dans des esprits toujours prêts à l’accréditer, l’existence d’un « complot juif ».
Puis vint le temps des règlements de compte entre les pays européens à la fin de la première guerre mondiale.
De nouveau l’économie en est l’un des pivots et... la faute des Juifs qui, c’est sûr, sont responsables de l’effondrement économique de l’Allemagne défaite.
Un malade, un frustré, un pervers... Hitler, et des pays, qui, tout d’abord, ne prévoient pas le danger représenté par un misérable petit caporal.
1923 voit la rédaction de Mein Kampf où tout était pourtant dit. Mais n’est plus sourd que celui qui ne veut pas entendre.
1933, Hitler devient Chancelier et abat ses cartes : l’aryanisation de l’Allemagne. Pour cela toute une série de lois anti juives sont promulguées dont:
Exclusion des Juifs de la fonction publique, interdiction d’accès aux lieux publics, la « loi » celle sur la « pureté » du sang qui entraîne l’interdiction d’épouser une juive, ordre donné le 14 octobre 1938 d’expulser tous les Juifs polonais (qui, rejetés par le gouvernement polonais, iront croupir dans des camps à la frontière germano polonaise), puis... « la Nuit de Cristal » le 9 novembre 1938. Que s’est-il passé ?
Le 6 novembre Hershel Grynszpan a 17 ans. Sa famille vient d’être expulsée. Il blesse mortellement le troisième Secrétaire de l’Ambassade d’Allemagne à Paris.
Cela sera le coup d’envoi d’un gigantesque pogrom, institutionnalisé au niveau de l’état et un avis officiel est diffusé à toute la police d’état :
« 1. Des actions contre les Juifs, en particulier leurs synagogues, vont se dérouler dans les plus brefs délais sur tout le territoire allemand. En accord avec les forces de l’ordre public, il convient de s’assurer cependant de la possibilité d’empêcher les pillages et les autres excès particuliers.
2. Dans la mesure où les synagogues abritent des archives importantes, celles-ci devront immédiatement être mises en lieu sûr.
3. On préparera l’arrestation de 20 à 30.000 Juifs dans le Reich, en choisissant de préférence les plus fortunés. Des instructions plus précises suivront au cours de la nuit.
4. Au cours de ces actions, les Juifs trouvés en possession d’armes devront être traités avec la plus extrême rigueur. Pour cette action d’ensemble, on peut faire appel aux troupes régulières et de réserve des S.S. Mais la direction des opérations devra en tout cas revenir, par des mesures appropriées, à la Police d’état. »*
« A partir de minuit sur tout le territoire d’Allemagne les SS et SA sont à l’oeuvre. A Berlin, le pogrom ne commence qu’à deux heures du matin après que des équipes spécialisés eurent isolées toutes les institutions juives du Reich, en coupant les fils téléphoniques, en débranchant les installations électriques et le chauffage.
Des groupes déchaînés bombardent à coups de pavés les magasins juifs. La foule sort tous les objets des vitrines qui peuvent servir de projectiles. Les synagogues sont incendiées, les candélabres... tous les objets de culte, mis en pièces. Les habits sacerdotaux... déchirés, de même que les livres de prières. Les bancs de bois sont arrosés d’essence par les SS et les SA et le feu se propage avec une rapidité incroyable... les fenêtres sont démolies avec des grenades à main... la galerie des femmes saccagée à coup de hache... les rideaux de l’Arche sainte déchirés ainsi que les rouleaux sacrés.
Au total 267 synagogues furent incendiées... »
« La destruction des vitrines, le pillage des magasins et des logements juifs qui commencèrent aux premières heures du 10 novembre furent présentés dans la presse nazie comme « une vague spontanée d’une juste indignation de toute l’Allemagne, en réaction au lâche assassinat perpétré par les Juifs contre le troisième Secrétaire de l’Ambassade d’Allemagne à Paris ».
« Dans certaines villes tous les Juifs, même les enfants en bas âge, les malades et les femmes enceintes sont arrachés de leur lit entre 2 et 3 heures du matin. Ils sont emmenés dans le théâtre de la ville et violemment battus sur la scène, la plupart à peine vêtus, puis sont rassemblés sur la grande place où ils doivent rester debout jusqu’à
_____________________
*Centre d’Information et de documention Moyen orient – Bruxelles- Périodique mensuel No. 1988
l’aube. Les femmes et enfants sont renvoyés chez eux, dans leurs logements pillés, les hommes acheminés sur le camp de Dachau, Buchenwald et Sachehausen, où ils logent dans des baraques préparées pour les recevoir. Nombreux sont ceux qui se suicident avec leur famille. »
Tous les Juifs qui le peuvent encore, continuent de s’enfuir de l’Allemagne. Pour les autres... des camps, déjà, de concentration, où Juifs, et autres indésirables (tziganes, homosexuels... ) sont parqués.
La Nuit de Cristal fut le coup d’envoi de la « Solution finale » *
En Autriche déjà eu lieu l’Anschluss avec l’Allemagne, maintenant c’est la France qui va capituler.
Les blindés allemands entrent dans Paris.
Un Maréchal nommé Pétain, devient le fidèle exécuteur des basses oeuvres nazies. Aidé en cela, par toute une kyrielle de fonctionnaires très zélés et convaincus, ainsi qu’un trop grand nombre de français, que, tout compte fait, se débarasser des Juifs serait une bonne affaire.
Alors, nous qui avions tellement participé à l’économie nationale, nous devînmes, du jour au lendemain, un poids pour l’économie nationale, des « surplus »... et, comme tels, jetés aux ordures !
Alors, rééditant le temps de l’Affaire Dreyfus, de nouveau, les « bons français », firent assaut de trouvailles, aux fins de traîner le juif dans la boue puis, plus tard, devancer les nazis dans l’application de décrets infâmants !
Un avant goût de cendres flottait déjà dans l’atmosphère délétère de la ville. Les journaux, eux-mêmes tristes caricatures d’un genre humain plongeant vers sa déchéance, distillaient les prémices nauséabonds de l’une de ses pires manifestations : le racisme.
Pour tenter – vainement – de le justifier, d’en gommer les contours, ils empruntèrent à la science, censée participer à l’élévation de l’espèce, toute une batterie d’arguments, tous plus nauséeux les uns que les autres.
Alors le quotidien des Juifs devint progressivement un enfer : restrictions et interdits s’amoncelèrent, et les « corbeaux » de croasser dans toute la France...
Des subtilités de langage entre « juifs » et « israélites », « juifs français » ou « étrangers » (apatride = sans patrie !!) font penser que certains ne seront pas livrés à l’Allemagne nazie. Utopie !
Ainsi, nous apprîmes que nous ne faisions pas partie de la « race des Seigneurs », la seule possèdant LA morphologie cranienne capables de produire des cerveaux parfaits ! Pour les autres, en particulier, juifs, ils étaient devenu « des sous-hommes » proches de Cro-Magnon et, toute une kyrielle de doctes savants, de brandir d’étranges appareils de mesure, destinés à soutenir leurs aberrations.
Ainsi, tous les écoliers de France et de Navarre, tous les adultes encore incultes sur notre « spécificité », apprirent comment « reconnaître » un juif, à le sentir de loin, étant entendu qu’en plus de tous nos défauts, tels la fange dans laquelle nous étions censés non pas vivre, mais nous vautrer, nous sentions très mauvais ! (d’où l’idée sans doute de ces douches, dont nous devions sortir purifiés, avant d’être livrés à l’holocauste !)
__________________
* CID information Novembre 1988
L’humiliation, la mort, saliront à jamais Drancy et le Vel d’Hiv.
Difficile de regarder les anciens autobus sans frissonner.
La grande Chasse s’intensifiant, c’est par paquets que sont dénoncés, livrés, arrêtés, arrachés à leurs appartements, leurs cachettes, vieillards, enfants... tout ce qui est Juif, quoi, et sur lequel on peut mettre la main ! tandis que les charognards mettaient à sac les appartements vidés !
Si nous n’en avions pas les preuves, si des squelettes survivants n’étaient pas revenus de l’enfer, si leurs voix s’étaient éteintes avant que de déposer dans nos mémoires l’abomination, qui aurait pu croire... à l’impensable !
1915 - entretemps la Shoah , Israel existe bien et belle ! 2009 - Israel qui a fait un bijou de son pays , qui veut enfin vivre comme tous les pays au monde , en paix , est encore et encore cible des attentats , abandonne de plus part des autres pays , décrit comme oppresseur ! Les Juifs en monde , tue , haï ! Le antisémitisme qui grandit encore une fois énormément , en tout impunité . Le monde entier , même ses pires ennemis profitent de savoir Juif et en même temps réclament , qui Israel est rayé de carte !
Le humanité a encore pas compris qui le peuple Juif est pas un ennemie , au contraire qui met contre tout raison encore et encore son savoir au profit de tous , et dans tout les domaines , médecine , technique , dans le agriculture , dans plein de autres choses , comme cinéma , musique etc !
Apres tout malheur qui on a fait au peuple Juif , encore une fois on est comme dans les plus sombres temps de histoire au haine contre cet peuple , a vouloir le "éradiquer" de monde !
C'est triste , de constater qui cet appel de votre grand-père a écrit , si fort longtemps , est encore actuel ! Au place de appeler pour un pays , changer - en protégeons notre pays , tout est pour le distribuer aujourd'hui encore !
Ensuite je vais arrêter car je monopolise le site et vous risquez de m'en vouloir mais en vous cherchant des documents j'ai relu ce que j'avais écrit et que je ressens si fort. toutes les émotions m'ont envahies de nouveau. Alors excusez moi i j'ai pu vous lasser Merci
Yehuit
Daniel Fahri
« Tu seras ce mourant sur un lit d’hôpital à Jérusalem, dans une camisole blanche immaculée qui ne laissera voir de ta peau ridée qu’un numéro bleu sale sur ton avant-bras gauche.
Seul, sans famille, dans ta demi-inconscience, tes oreilles percevront les accents bruyants de l’hébreu des infirmières s’interpellant dans le couloir. Une dernière fois résonneront en toi les aboiements allemands ou polonais d’un kapo bestial, ces aboiements qui ne t’auront pas quitté un seul instant, toutes ces longues années de la deuxième partie de ta vie, celle d’«après ».
Tu seras le dernier survivant.
Je serais là pour te tenir la main et t’aider à franchir le dernier pas de tant de pas douloureux.
Je dirai pour toi ce même Shema Yisraël que les tiens ont entonné en entrant dans les chambres à gaz. Je dirai à Dieu :
« Dieu, accueille Ton serviteur ! Il est le dernier survivant de tous ceux qui connurent l’enfer d’Auschwitz ! Après lui, plus un homme, plus une femme sur terre ne pourra dire ce qu’il a vu de ses yeux. Ce numéro d’infamie disparaîtra avec sa chair. Nul ne voudra plus croire qu’on ait pu ainsi marquer des créatures créées à Ton image.
Dieu accueille cet homme qui a souffert plus qu’aucun homme n’aurait pu supporter dans son corps et dans son cœur ».
Tu seras une petite vieille à l’accent yiddish si émouvant. Tu seras pensionnaire dans une maison de retraite juive des environs de Paris.
Tes enfants et petits-enfants seront venus te voir hier dimanche. Tu auras passé une bien belle journée avec eux, en cet automne flamboyant et doux.
Comme d’habitude, tu n’auras pas osé leur parler de ce qui étreint ton cœur depuis tant d’années, depuis ces jours qui étaient ténèbres où, jeune fille à peine éclose, tu fus parquée à Drancy, puis entassée comme une marchandise vers Auschwitz. Depuis que, plus pure que le diamant, tu fus déshabillée avec impudeur, marquée, rasée, asservie ; depuis que tes yeux ont vu ta mère emmenée vers la mort, tes soeurs tuées à la tâche.
Tu n’auras rien dit à ceux que tu aimes le plus au monde, ceux à travers qui tu as reconstruit un foyer à ton retour de là-bas.
Pourtant, ces choses, tu les auras répétées jusqu’à l’agacement aux autres pensionnaires de l’établissement qui t’écoutaient d’une oreille incrédule ou distraite, ne prêtant pas attention aux propos toujours ressassés d’une petite polonaise.
Et puis, soudain, sans que rien ne l’ait laissé prévoir, tranquillement installée dans ta chaise longue, en cette fin d’après-midi si douce d’Ile-de-France, tu t’éteindras.
Tu seras la dernière survivante.
Je serais là, à côté de toi. Je tiendrai ta main tiède et parcheminée surmontée d’un étrange tatouage.
Je fermerais ces yeux qui, malgré les joies de la maternité et de la grand-maternité, auront toujours eu devant eux des images affreuses et incommunicables. Je dirais à Dieu :
« Ecoute, ô Dieu de tout être souffrant, sois très doux à Ta servante : elle est la dernière de ceux de Tes enfants qui ont connu la pire épreuve que jamais être humain ait connue.
Elle n’a pas déserté la foi de ses ancêtres. Elle n’a même pas voulu dire aux siens ce qu’elle a vécu, de peur qu’ils aient, ou à ne pas la croire, ou à ne plus Te croire ».
Tu reposeras sur une couche luxueuse, entouré d’un très riche mobilier.
Des serviteurs s’affaireront autour de toi, à pas feutrés, inutiles désormais, puisque, de ton coma, tu ne pourras plus leur commander quoi que ce soit. Des infirmières se relaieront pour renouveler une perfusion, rehausser un oreiller, éponger ton front, gestes vains et dérisoires.
Ta famille chuchotera sur le seuil de la porte. Un de tes petits-fils regardera discrètement sa montre en pensant à son rendez-vous manqué avec quelque belle Atalante.
Toi, enfermé dans ta presque mort, tu verras défiler le film de ta vie.
Oh ! comme ils seraient surpris tous ceux qui t’entourent obséquieusement, qui n’ont jamais connu de toi que l’image d’une réussite sociale prodigieuse, de voir cette partie de toi par eux ignorée. Pourraient-ils concevoir que le magnat de la distribution, dont le nom s’étale en énormes caractères dans toutes les villes des Etats-Unis, dont les dépenses somptuaires et la générosité ont fait les choux gras de la presse à sensation, a été un jour, dans un camp de Silésie, cette pauvre chose squelettique, en costume rayé, ployant sous des charges inhumaines, battue à mort pour la moindre faiblesse, entassée par six sur des châlits en bois d’une place, dans des baraques de 600 occupants ?
Ceux-là à qui tu laisses une fortune inestimable, sauront-ils l’employer à soigner les maux de l’humanité, à perpétuer la mémoire d’une histoire condamnée à se répéter sans cela ?
Sans réponse à ces questions, sans que tu aies repris connaissance pour adresser un adieu aux tiens, ton cœur qui battait faiblement s’arrêtera définitivement.
Quelque part, dans l’univers, un bourreau éclatera d’un rire tonitruant...
Tu seras le dernier survivant.
Je serais là, invisible, à côté de toi. J’oublierai tous les fastes du mobilier alentour pour ne voir que ta pauvre dépouille d’ancien déporté, officiellement décédé à 17h48, à New-York, ce 14 septembre 2006, en fait mort à Auschwitz 63 ans plus tôt lorsqu’il vit un SS frapper à mort son père.
Je lèverai les yeux vers le ciel, à travers la baie vitrée, et je chercherai le Dieu qui t’aura donné la force de survivre et de bâtir un empire. Je lui dirai :
« Voilà le dernier de ceux dont on dit qu’ils sont revenus de là-bas, mais qui n’en sont jamais revenus. Prends-le à Ta droite. Place-le plus haut que quiconque parce qu’il a payé ici-bas un tribut inouï à la cruauté humaine, et que ces quelques années de prospérité matérielle ne sont rien en face des souffrances qu’a endurées ce Job des temps modernes ».
Tu seras Madame Rosa de La vie devant soi. Ce sera la dernière scène où, au fond de ta cave, tu auras allumé le chandelier à 7 branches et te seras entourée des photos jaunies de tous ceux qui ont compté dans ta vie avant que Romain Gary ne fasse de toi une maquerelle retraitée et déchue.
Dans le délire de ta mort prochaine, tu te reverras petite fille choyée au milieu d’une famille nombreuse dans un vieil immeuble de la rue Popincourt. La machine à coudre de ton père ronronnait toute la journée et une partie de la nuit : il n’y avait pas beaucoup à manger, mais quel bonheur que cette nichée de frères et sœurs serrés les uns contre les autres pour dormir le soir lorsqu’on avait tiré les meubles ! Vous vous chuchotiez des secrets, de ces secrets si importants pour les petits, insignifiants pour les grands.
Tu allais à l’école à côté. Tu te souviens qu’un jour on a cousu sur tes vêtements une étoile jaune hideuse avec « Juif » marqué dessus. Tu as même demandé pourquoi on ne marquait pas « juive » pour les petites filles. Et puis, un matin, alors que vous alliez tous partir à l’école (tu avais déjà ton cartable à la main), vous avez entendu frapper des coups à la porte.
Le facteur à cette heure ?
Ta mère a ouvert, et vous avez vu deux hommes habillés de noir avec un chapeau sur la tête, qui vous ont ordonné de les suivre.
Pas le temps de préparer une valise, pas de réponse à la question : « Où nous emmenez-vous ? »
Vous avez descendu les uns derrière les autres les quatre escaliers de bois ciré. En bas, deux agents de police débonnaires, en pèlerine et képi, le bâton blanc à la ceinture, vous attendaient. On vous a pris dans un autobus à plate-forme qui stationnait au coin ; vous y avez retrouvé certains de vos petits camarades. Direction Drancy, puis Auschwitz. Là-bas, tu as été séparée de tes parents et de tes petits-frères. Ta sœur et toi avez été choisies pour aller travailler. Tu n’as jamais revu les tiens.
Tu es revenue seule et folle à Paris.
Tu as vendu ton corps pour ne plus connaître la faim.
Tu as recueilli des enfants abandonnés à qui tu as donné un peu de ta tendresse bourrue. Quand tu n’as plus pu te mouvoir, ils t’ont aidée à descendre dans cette cave pour y mourir en juive.
Tu seras la dernière survivante.
Je serais là lorsque tes yeux grotesquement fardés se fermeront sur cette vallée de misère.
Les bougies déclinantes éclaireront ce décor insolite que tu te seras fabriqué pour y mourir à ton idée.
Je ne dirai rien à Dieu. J’attendrai qu’IL se manifeste pour m’expliquer le sens de vie et de ta mort. S’IL ne dit rien, j’en conclurai que devant l’immensité de ta souffrance, Sa parole, n’avait plus de sens.
Où que tu sois, quand que ce soit, je serai là avec toi, le dernier survivant.
Tu t’appelleras Yankélé ou Maurice, John ou Yitzhak, Hannalé ou Rosa, Joanna ou Madeleine;
Tu habiteras Jérusalem ou Paris, Chicago ou Moscou, Southampton ou Amsterdam.
Parce que tu seras le dernier survivant, je serai là, je te le promets.
Je te promets d’être la mémoire de ta mémoire.
Je te promets que ce que tu as enduré ne sera pas oublié de la conscience humaine.
Je te promets cette ultime justice de ne pas laisser ton nom ni ta souffrance disparaître de l’histoire universelle.
Tu étais un seul homme, une seule femme. Pourtant, c’est comme si tu avais été une humanité souffrante.
Et, parce que tu seras le dernier, ce sera mon devoir de reprendre ton martyre comme on prendrait un relais, non pour le revivre, mais pour le dire aux temps futurs, pour témoigner devant l’histoire afin qu’on n’absolve plus des criminels, pour l’enseigner aux enfants et qu’adultes devenus, ils construisent une société consciente de son passé et résolument tournée vers un avenir de justice, de fraternité et de paix. »
Bouleversée d'avoir relu ce chapître de mon livre je voudrais croire en D.ieu, lui crier "ais pitié de notre peuple, Seigneur, de ton peuple. N'avons-nous pas assez souffert. Nous avons survécu à l'enfer, nous avons retrouvé une partie de notre terre, nous lui avons rendu sa plendeur, nous sommes seuls au monde parmi tant d'ennemis. Nous avons peur sans Toi, nous sommes si petits sans toi. Ne nous abandonnes plus Seigneur. Protèges-nous". Amen!
Yehudit
Déporté au camp de concentration
de Natzwiller-Struthof
Nous avons pas à pas descendu les gradins. La plaine est devant nous
Courbés sous notre fardeau. Le ventre creux
L'oeil hagard le geste tremblant. Nous avons retourné la tête
Une tête vieillie blanchie, usée
Le champ est couvert de grands nénuphars
De terre ocre et sale éclaboussée de boue
Les bombes. Le canon tonne au loin. La sirène épouvante
Si la mort est là, pour nous maintenant , qu'importe!
La montagne est loin.
Elle fuit, elle a dépouillé son habit, tué son chien, jeté son sac et son fusil
Elle fuit comme un homme qui a peur tout simplement.
La montagne est derrière nous. Je l'aperçois au loin.
Elle reste toujours neigeuse insensible étrange.
Serait-ce ça la montagne!
Le train roule! J'ai froid, je frissonne j'ai peur
L'air vibre, l'avion passe il passe
Le train roule! Où allons-nous
Je m'inquiète dans un coin râle un mort.
Le train roule! Il faisait nuit, déjà, encore pourtant.
J'ai soif
Ils sont quatre par lit, cinq même.
Corps suspendus dans le même fumier dans leur même fumier la vie !
Docteur, Tovaritch, Kam'rad,
Wasser! Tabletten. A boire
Der ist gestorben - Ce mort enlève-le-nous
Comment dormir! J'ai froid, j'ai faim
Tovaritch! Kam'rad quelque chose ? Rien
Il dort, bienheureux, délirant calme et tranquille des taches roses ont coloré sa pâleur
Le printemps! Non les poux!
Il meurt tranquille indifférent étranger, heureux
Le train roule! Gares noires. Toutes noires. Si noires. Laquelle ?
Le train roule ! Aujourd'hui. Demain. Passé, Futur. Où ?
Le canon tonne, au loin. L'avion scintille, pique vrombit.
Boum, boum, boum, boum, boum. Merci mon frère
Le train ne roule plus. Il fait clair comme en plein jour. La ville brûle. La nuit.
Une femme gémit. Un enfant hurle. Un autre meurt. La nuit.
Le train ne roule plus. Ne roulera plus. J'ai faim. Mais c'est la nuit!
Je ne tiens plus sur mes jambes. Ma jambe, ma tête tout pue.
Ils approchent! Ils ! Eux! Enfin !
Le canon - trop court le docteur mon ami est mort, tué par nos amis.
Je lui parlais encore tout à l'heure si près!
On opère! A plein bras fébriles, secoués, fantastiques.
Ils approchent! Eux! Enfin !
Un dernier coup nous aurait jetés par terre
Mais là sur la table. Un paquet de chair saigne
Le jour se lève, royal. La montagne est cachée par la brume
Ils entrent dans le camp en mangeant du chewing-gum
venant d'un autre Monde inconscients...
J'ai levé la tête
Les arbres sont en fleur
Pour la première fois depuis trente mois. J'ai pleuré.
Docteur BOUTBIEN
(Le Gourou)
Cet immense massacre a eu pour cadre principal les douze KZ et les six camps d'extermination. Ces camps constituent une innovation dans les guerres contemporaines. Il ne s'agit plus de camps de prisonniers de guerre ou de camps de représailles, mais de camps permettant de réduire des êtres humains en esclavage, de les exploiter avant de les détruire. Les victimes ont été déportées pour avoir tenté de résister à l'oppression nazie, mais aussi plus simplement parce que les nazis les ont considérées comme susceptibles de nuire au " Reich de mille ans ", construit par cette " race des seigneurs " qui a entrepris d'asservir l'Europe. Ou parce qu'elles appartiennent à une race que Hitler a décidé froidement d'exterminer.
Les KZ constituent un monde dément, coupé du monde réel et régi par d'autres normes. C'est l' " univers concentrationnaire " évoqué par David Rousset, l' " enfer organisé " d'Eugen Kogon . Un monde qui a ses règles, avec sa double hiérarchie SS-kapos, un encadrement incroyablement peu nombreux mais qui règne par la terreur. Un monde où le détenu doit abandonner toute espérance sitôt franchie l'enceinte des barbelés. Un monde où sont ignorées les lois de la guerre, les Conventions de Genève, un monde dissimulé aux rares visites de la Croix-Rouge internationale. Un monde où le déporté, réduit à l'état d'esclave, doit travailler jusqu'à l'extrême limite de ses forces. Une évolution va se produire. En effet, dans les premiers temps, le travail dans les KZ est surtout une forme de sévices; par exemple, il faut transporter de lourdes pierres, les entasser, puis reprendre ces pierres pour les reporter là où elles étaient. À partir du décret Pohl, les perspectives changent. Désormais, la main-d'œuvre servile, abondante, corvéable à merci, va être mise au service de la machine de guerre allemande. Jusqu'à l'épuisement et jusqu'à la mort, puisque Pohl a codifié l' " extermination par le travail ". Malheur à qui ne peut plus travailler efficacement: à Ravensbrück, les " sélections " conduisent des femmes à la mort simplement parce que leurs jambes sont enflées.
C'est un monde de violence absolue, sans contrôle d'aucune sorte. Travail et vie quotidienne se déroulent sous les coups incessants des SS et des kapos, coups de gummi, de matraque, de crosse de fusil et de revolver. C'est un monde atroce conçu pour provoquer la déchéance physique des détenus. La sous-alimentation systématique épuise les organismes. Sous leur mince uniforme rayé, en sabots, les déportés sont exposés aux intempéries, à la saleté, aux maladies, aux appels interminables par tous les temps, au manque de sommeil, car dormir est à peu près impossible dans l'horrible promiscuité des Blocks. C'est un monde qui broie les caractères, les personnalités. Les repères moraux ont disparu. La peur est la compagne omniprésente du déporté: peur des coups, peur de la délation, peur des punitions (les 25, 50, 75, 100 coups de bastonnade sur le Bock), peur des caprices des SS (comme la " gymnastique " imposée à des êtres épuisés), peur du sadisme de beaucoup d'entre eux, peur de l'exécution par fusillade, pendaison, gazage... Le SS qui tue un détenu, sans raison particulière, par jeu, n'obtient-il pas une permission pour le récompenser d'avoir évité une évasion!
Dans ce monde de pure barbarie, la dégradation physique et morale est inévitable. Là, l'homme n'existe plus d'ailleurs: c'est désormais un numéro, un matricule, un Stück (morceau). Parfois, la raison sombre. Parfois la mort semble préférable au calvaire: il suffit de menacer un SS ou de s'accrocher aux barbelés électrifiés. L'ultime stade de la déchéance physique et morale est atteint par les " musulmans ", ces êtres efflanqués, déguenillés, squelettes ambulants que la mort a déjà choisis. Ce sont eux qui peuplent les charniers, eux que les armées alliées découvriront parfois encore debout, et dont les photographies prises alors ont fait le tour du monde. Ces " musulmans " qui n'ont qu'une idée fixe: survivre. Et qui s'efforcent encore d' " organiser " (c'est-à-dire, dans le jargon du camp, de se débrouiller et souvent de voler) pour se procurer un peu de nourriture. Spectacle hallucinant. Tandis que plane, obsédante, affolante, la menace permanente d'une " sélection "
L'extermination massive caractérise KZ et camps d'extermination nazis. Programmée dans le temps pour les KZ, ces " camps de la mort lente ", la mort est immédiate dans les camps d'extermination. Et cela pour des millions d'hommes, de femmes et d'enfants . Des despotes ont existé tout au long de l'histoire des hommes. Mais Hitler diffère d'eux tous. Par le nombre des victimes d'abord. Par le nombre des bourreaux ensuite, car des dizaines de milliers d'hommes ont été les exécutants consentants de ces massacres. Par le caractère scientifique, industriel pourrait-on dire, de l'organisation de ces véritables abattoirs humains enfin. L'horreur, quotidienne dans les KZ, devait atteindre un paroxysme dans les camps d'extermination: là, c'était l'horreur absolue. 3 750 000 déportés ont été assassinés à Belzec, Sobibor et Treblinka, les trois camps de l'opération Reinhard, ainsi que dans les camps mixtes de Maïdanek et d'Auschwitz, cet " anus du monde " selon l'expression des SS eux-mêmes. Des hommes, des femmes, des vieillards, des enfants, des dizaines de milliers d'enfants... des juifs en grande majorité, systématiquement arrêtés dans toute l'Europe asservie pour être amenés là, dans ces camps rationnellement conçus pour gazer et pour tuer massivement.
L'explication: pour les nazis, ces non-Aryens sont des " sous-hommes ", des êtres inférieurs. Leur vie n'est tolérée que dans la mesure où ils servent la race des maîtres. Ceux qui résistent doivent être éliminés aussitôt et sans merci, et les camps sont créés pour cela. L'exemple des médecins SS en fournit l'illustration. S'appuyant sur cette doctrine, ils n'ont donc pas de scrupule à prélever dans les KZ les cobayes humains nécessaires à leurs " expériences ", pratiquées in vivo. Expériences qui se soldent, pour les victimes, le plus souvent par des mutilations ou par la mort. Ces expérimentations inhumaines ont des objectifs variés: recherche de médicaments nouveaux, de vaccins contre les épidémies, essai de résistance humaine à la pression pour le compte de la Luftwaffe, essai de gaz de combat ou de balles explosives, mais aussi du meilleur produit pour le gazage en masse - et ce sera le Zyklon B. Et également recherche du meilleur moyen de stériliser ces hommes et ces femmes de races inférieures, dont il faudra bien limiter la prolifération après la victoire... quand il ne s'agit pas tout simplement de se constituer une collection de squelettes. Cette doctrine a servi de justification aux nazis pour commettre des crimes dont l'ampleur n'avait jamais été atteinte dans toute l'histoire de l'humanité. À tel point que la communauté mondiale a dû faire appel, pour caractériser ces crimes inédits et d'une ampleur inégalée, au concept nouveau de " crimes contre l'humanité ", de Shoah, d'holocauste, de génocide. L'ONU, en 1948, a défini le génocide comme l' " extermination systématique d'un groupe humain, national, ethnique, racial ou religieux ". Et ce crime contre l'humanité a été déclaré imprescriptible.
Les responsables n'ont pas tous été jugés .
Le tribunal de Nuremberg a été, surtout, une démonstration symbolique: il a montré que la conscience internationale existait, et que les criminels de guerre, désormais, ne jouiraient plus de l'impunité. Car, en définitive, peu de bourreaux ont vraiment payé leurs crimes. La guerre froide a arrêté le bras des justiciers. Les survivants des camps de la mort, interrogés, ont dit combien ils ont souffert de cette clémence pour eux incompréhensible. Ils ne comprennent également pas pourquoi les industriels qui avaient utilisé la main-d'œuvre déportée dans leurs usines et entreprises n'ont pas sérieusement été inquiétés. Ils n'acceptent pas non plus que soit avancé l'alibi du secret. Certes, les SS, pour dissimuler leurs crimes aux yeux du monde, utilisaient dans leurs documents un langage codé. Ils s'efforçaient d'implanter les camps d'extermination dans les régions peu peuplées. Mais la population allemande ne pouvait pas manquer de croiser les convois de bagnards en pyjama rayé. L'odeur répandue à des kilomètres à la ronde par les fours crématoires et les bûchers brûlant nuit et jour pouvait-elle laisser subsister la moindre équivoque? Cette complicité du silence n'a-t-elle pas permis la perpétuation des massacres ? N'y a-t-il pas eu une responsabilité collective à côté de responsabilités individuelles ? Et les Alliés ont-ils vraiment ignoré jusqu'au bout ce qui se passait dans les camps? Ont ils ignoré la doctrine de la solution finale et la brutalité, la bestialité de sa mise en oeuvre ?
Deux questions ont été posées dans l' Introduction . Au terme de cette étude, des réponses apparaissent-elles ?
La première question était de savoir pourquoi Hitler et les nazis avaient persécuté des non-belligérants. Là, pas d'équivoque: la cause est le racisme. Cette doctrine nazie affirmait la supériorité de la race aryenne sur toutes les autres. Elle justifiait le culte du chef et de la force brutale. Poussée jusqu'à ses plus extrêmes conséquences, elle justifiait aussi l'asservissement ou la destruction des races forcément inférieures, à commercer par celle des juifs (considérés comme des ferments de désintégration politique, économique, sociale et morale) ou celle des Tziganes (considérés comme des asociaux). Des exemples contemporains prouvent que le racisme n'est pas mort aujourd'hui. Laissons de côté les négationnistes et révisionnistes français. Dans leur tentative de minimiser les crimes nazis, ils nient l'évidence. En effet, ils ne mettent en doute que l'existence des chambres à gaz, mais pas les massacres, fusillades, pendaisons, etc. D'ailleurs les bourreaux SS eux-mêmes ont reconnu les faits lors de leurs procès. Infiniment plus préoccupants sont les quasi-génocides perpétrés en Afrique et au Cambodge notamment. En Yougoslavie, au cœur de l'Europe, il a été question de " nettoyage ethnique ". Les institutions internationales dénoncent, certes, les atteintes aux droits de l'homme, le mépris de l'homme, le culte de la force et de la race et même le racisme ordinaire, quotidien. Elles défendent les valeurs de civilisation. Mais faute de moyens, elles restent pratiquement sur le plan des principes. Si une faible lueur luit à l'horizon, le chemin à parcourir par les institutions internationales semble encore long, très long...
Seconde question : comment les Allemands, peuple civilisé, ont-ils pu tolérer camps de concentration et camps d'extermination? Il ne s'agit pas de diaboliser un peuple . Mais comment répondre ? Car enfin l'homme, où était l'homme dans ce drame ? Devant tant de sang versé, de massacres, de carnages, où était l'homme ? L'homme avec son intelligence, sa conscience, son cœur? Le vernis de la civilisation était donc si mince qu'une doctrine sauvage et primaire ait pu le détruire si facilement ? Le goût du mal, du sang, du meurtre était-il plus fort que la morale apprise, que la religion révélée, que les aspirations des poètes et des saints?...
Certes, la population allemande d'aujourd'hui a tiré la leçon. À la logique de guerre a succédé la logique de paix. À l'hégémonisme a succédé la volonté de construire l'Europe, dans la paix et la démocratie.
Mais les événements dantesques évoqués dans ce livre, après d'autres génocide, conduisent à penser que l'instinct du mal, l'instinct de tuer, l'instinct de tuer en provoquant la souffrance est inscrit dans les gènes de notre espèce d'une façon indélébile. Ils mettent en évidence l'impérieuse nécessité d'une intense réflexion sur la nature humaine. Devant ce génocide aux dimensions apocalyptiques, la formule d'André Malraux revient à l'esprit: " L'homme rivalisa avec l'enfer et donna des leçons au diable "...
Devant l'immensité de ce crime terrifiant, comment ne pas ressentir au cœur une souffrance aiguë, un sentiment mêlé d'épouvante et de révolte, d'horreur,
d'horreur infinie... infinie... infinie...
POÈME DU DOCTEUR LÉON BOUTBIEN. Déporté au camp de concentration. de ... Les KZ constituent un monde dément, coupé du monde réel et régi par d'autres normes. ...
moulinjc1.free.fr/Camps/800X600/Textes/poeme.htm
Ma petite contribution, des mots que j'ai beaucoup aimé cette semaine...
http://www.ravdynovisz.tv/videos.php?id=214