Blog : Torah-Box

Le monde juif est en deuil. À la sortie de Chabbath (et de Pessa’h pour les habitants d’Israël), nous avons eu la douleur d’apprendre le décès de Rav Méir Nissim Mazouz, Roch Yéchiva des institutions Kissé Ra’hamim à Bné Brak, à l’âge de 80 ans.

Le Rav était affaibli depuis plusieurs mois et avait été hospitalisé, son état étant passé à un niveau critique la dernière semaine, mobilisant les Juifs du monde entier.

Rav Mazouz a diffusé la Torah à des dizaines de milliers de personnes, tant aux étudiants de sa Yéchiva qu’aux innombrables personnes qui assistèrent à ses cours.

La vie d’un géant de Torah

Rav Mazouz est né en Tunisie à la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1945. Il est l’aîné du Gaon Rav Matslia’h Mazouz, qui était juge rabbinique et l’un des dirigeants du judaïsme tunisien, fondateur de la Yéchivat Kissé Rahamim à Tunis.

Rav Méir Mazouz a étudié dans la Yéchivat ‘Hevrat Hatalmud dans sa jeunesse, puis dans la Yéchivat Ohel Yossef Its’hak du mouvement ‘Habad à Tunis.

Il s’est marié et a fondé une famille de six enfants.

Assassinat de son père, ‘Alya et fondations de Torah hors du commun

En 1972, son père fut assassiné par un islamiste en Tunisie alors qu’il revenait de la prière du matin encore revêtu de son Talith et de ses Téfilin. Il fut inhumé au mont des Oliviers à Jérusalem. Rav Méir Mazouz et sa famille, ainsi que ses frères Rav Tsema’h et Rav Ra’hamim, ont ensuite rejoint Israël.

Cette même année, les frères ont érigé la Yéchivat Kissé Ra’hamim à Bné Brak. Les institutions affiliées à la Yéchiva comprennent des crèches, des écoles maternelles, des Talmudé Torah, des écoles de filles, un lycée, des Yéchivot Ketanot et Guedolot et des Collelim dans plusieurs villes, au rang desquelles Bné Brak, Jérusalem, El’ad, Emmanuel, Bat Yam, Acre.

En 1977, les frères ont fondé l’institut Rav Matslia’h, qui édite les célèbres éditions éponymes Ich Matslia’h, comprenant Sidour, Ma’hzor, Téhilim et livres de Torah.

La Torah authentique du Rav

Rav Mazouz était très méticuleux sur la prononciation exacte selon la tradition séfarade, en particulier dans la prière et la lecture de la Torah, s’efforçant de transmettre et de préserver cette prononciation dans ses cours et ses ouvrages.

S’agissant de la sauvegarde des Minhaguim (coutumes) des communautés en exil – notamment celle des Juifs de Djerba en Israël –, Rav Mazouz adoptait une position intermédiaire, entre celle du Rav ‘Ovadia Yossef, qui estimait qu’il fallait suivre dans tous les domaines l’avis du Beth Yossef et le Minhag d’Erets Israël, et celle d’autres Rabbanim d’Afrique du Nord, comme Rav Chalom Messas, qui pensaient qu’il ne fallait absolument pas changer les Minhaguim de la diaspora. Pour Rav Mazouz, il convenait de suivre l’avis le plus strict.

Il fut Av Beth-Din (président du tribunal rabbinique) de Michpat Tsédek pour les affaires civiles. Il était consulté au cours des dernières années pour des cas complexes et délicats. Le Rav a également publié des dizaines d’ouvrages couvrant tous les domaines de la Torah : Or Torah, Makor Nééman, préface et annotations du Michna Beroura…

La Lévaya (funérailles) est prévue pour dimanche, Isrou ‘Hag en Israël, à 13h à Bné Brak. L’enterrement aura lieu au cimetière de Poniovicz, où il sera inhumé à côté de son épouse et de sa fille.

A voir : Vision d'un Gadol - Interview du Rav Méïr Mazouz, ce géant venu de Tunis