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Blog : Torah-BoxIlan Ramon et le Séfer Torah rescapé de la ShoahIlan Ramon est né le 20 juin 1954 à Ramat Gan en Israël. Il est pilote de chasse, colonel dans l’armée israélienne et le premier astronaute israélien. En 1997, il est sélectionné pour participer à la mission de la navette spatiale Columbia. À cette occasion, il rencontre le professeur Yossef, qui est responsable des expériences scientifiques pour lesquelles Ilan a été envoyé dans l’espace et qui supervise l’équipe de scientifiques restée sur la terre ferme. Pour la préparation au décollage, Ilan vient très souvent rendre visite au professeur Yossef. Un jour, il remarque une toute petite boîte en bois sur une étagère et demande au professeur ce que c’est. Le professeur lui explique qu’il s’agit d’un minuscule “Aron Kodech”, une arche sainte miniature qui renferme un minuscule Séfer Torah, un rouleau de la Torah. Le professeur Yossef lui montre l’objet saint et lui raconte son histoire : “Nous habitions Berlin, en 1933. Après l’arrivée des nazis au pouvoir, mes parents n’ont pas hésité bien longtemps pour réaliser notre rêve de monter vivre en Israël. Nous nous sommes installés à Tel Aviv. Mon petit frère est tombé malade quelque temps plus tard et nous avons été forcés de retourner en Europe pour qu’il reçoive le traitement approprié. Nous nous sommes installés à Amsterdam à deux pâtés de maison de la famille d’Anne Frank. En 1942, nous avons été déportés à Westerbork, un camp de regroupement et de transit nazi au nord-est des Pays-Bas. Un an plus tard, nous avons été séparés de nos parents et envoyés dans le camp de concentration de Bergen-Belsen en Allemagne. Avant de nous quitter, mon père m’a dit une phrase qui m’a sans doute obligé à rester en vie coûte que coûte : “Prends soin de ton petit frère et sois pour lui un père et une mère.” Nous avons été affectés à la coupe du bois alors qu’on n'avait le droit qu’à cinq millimètres de pain dur et un bol de soupe claire par jour. Les déportés mouraient en grand nombre, de faim, de maladies, de faiblesse, sans compter les coups de fouet de leurs gardiens. J’étais aussi chargé de ramasser leurs corps. J’ai servi de cobaye aux médecins allemands, qui m’ont injecté de mystérieux produits qui, heureusement, ne m’ont laissé aucune séquelle. Le grand-rabbin des Pays-Bas, Rav Dosberg, détenu dans la même baraque que moi, s’était rendu compte que j’aurais bientôt treize ans et s’était mis en tête de célébrer dignement ma Bar-Mitsva. Rav Dosberg avait réussi à emporter avec lui un tout petit Séfer Torah. Après d’épuisantes journées d’esclavage, il me prenait à part le soir et m’apprenait à lire et à préparer un discours. Un matin, à trois heures moins le quart, une heure avant notre réveil quotidien, la cérémonie a eu lieu. J’étais très ému. C’était ma Bar-Mitsva. Je me souvenais de la Bar-Mitsva d’un ami à mon frère à Amsterdam, les invités, les cadeaux, le discours qu’il avait prononcé dans la grande synagogue… Je pleurais d’émotion, de dépit et de douleur : mes pieds étaient congelés et bandés, il faisait horriblement froid. Puis on murmure mon nom pour m’appeler à la Torah. Le Rav se tient debout, entouré d’autres courageux détenus. Nous commençons la prière et soudain, on entend frapper à la porte. Nous nous sommes tous figés. Quelqu'un est allé ouvrir la porte. On a appelé mon nom. C'est ma mère qui a réussi tant bien que mal, dans la nuit noire, à rendre visite à mon père et à mon frère à l'hôpital du camp, puis à venir me voir. Une femme n'était pas autorisée à entrer dans le camp des hommes. Elle voulait entrer dans la baraque, mais les détenus ont eu peur, alors elle a essayé de tout suivre de l'extérieur. J’ai lu mon Maftir, la dernière montée à la Torah, j’ai prononcé mon discours et je prenais soudain conscience de ce qu’il se passait : j’avais fêté ma Bar-Mitsva en plein camp de concentration, j’avais atteint ma majorité religieuse dans des conditions indescriptibles ! On m’a offert une tranche de pain avec un bout de saucisse, un morceau de chocolat et un jeu de cartes miniatures. Le Rav Dosberg me bénit et tout le monde me complimente : “Mazal Tov, Mazal Tov !” Je sors embrasser ma mère qui m'offre sa portion hebdomadaire de pain et une paire de gants en flanelle qu’elle a réussi à dérober à son travail. Je la raccompagne jusqu’au portail et je retourne à la baraque. Avant l’appel, le Rav a attendu que la baraque se vide pour me prendre à part, il m’a dit : ‘Mon cher garçon, il semble que tu aies plus de chance que moi de sortir d’ici vivant. Je te demande de prendre ce Séfer Torah. Et je veux te demander encore une chose : promets-moi qu’après ta sortie d’ici, tu raconteras au monde notre histoire, l’histoire de ce Séfer Torah.’ Ce Séfer Torah me rappelle chaque jour ma promesse faite au Rav mais je n’ai jamais su comment la réaliser.” Ilan Ramon reste silencieux, profondément ému, d’autant plus que sa propre mère est une survivante de l’Holocauste. Quelques mois plus tard, Ilan a une idée : il demande au professeur Yossef de l’autoriser à emporter le Séfer Torah miniature avec lui dans l’espace comme objet représentant le peuple juif. Le professeur est très surpris, mais il accepte. La navette Columbia a été lancée le 16 janvier 2003, avec sept astronautes à bord, dont Ramon. Le 21 janvier, après quelques jours dans l’espace, une conférence de presse est organisée entre Ilan Ramon qui est dans la navette et le premier ministre israélien Ariel Sharon qui est retransmise et suivie en direct dans le monde entier. L’entretien commence, Ariel Sharon lui demande de décrire ce qu’il voit de là-haut que nous ne pouvons apercevoir d’en-bas, puis Ilan décrit à quoi ressemble son beau pays, Israël, vu de la navette spatiale. Ilan Ramon prend ensuite une pause, le temps de sortir et lever vers la caméra un minuscule Séfer Torah, il raconte brièvement d’où il vient, ainsi que son émotion et sa fierté de l’avoir avec lui dans l’espace : “Cela représente, plus que tout, la capacité du peuple juif à survivre. À des périodes horribles, des jours noirs, pour atteindre des périodes d'espoir et de croyance en l'avenir.” À ce moment-là, le professeur Yossef réalise que sa promesse au Rav Dosberg a été réalisée et à une échelle gigantesque ! La navette a passé seize jours dans l'espace et, en rentrant dans l'atmosphère, suite à un dysfonctionnement, la navette s'est désintégrée et tous les membres de l'équipage ont péri. Évidemment, le Séfer Torah a aussi disparu. Lorsque Neil Rubinstein, un homme d'affaires qui habite aujourd'hui à Modi’in, apprend l’histoire de ce Séfer Torah, il ressent un malaise comme si l’histoire était restée coincée quelque part. Il se dit : “Il y a eu un Juif, qui durant les plus sombres moments de l’humanité, a fait don de soi pour préparer un jeune Juif à sa Bar-Mitsva. L’histoire ne doit pas s'arrêter là !” Il décide alors de recréer ce mini Séfer Torah. Pour cela, il récolte des fonds de donateurs du monde entier, et recherche un Sofer, un scribe, capable d’écrire d’aussi petites lettres. Le 8 octobre 2021, la Hakhnassat Séfer Torah, l’inauguration du rouleau de la Torah, a lieu à l'école Ilan Ramon de Modi’in dans une émotion toute particulière. Des camarades de classe de pilotage de Ilan Ramon sont présents, le petit-fils du Rav Dosberg ainsi que le Rav Israël Méïr Lau et d’autres survivants de la Shoah. Le Séfer Torah est destiné à voyager dans le monde, de Bar-Mitvsa en Bar-Mitsva, permettant à la promesse d’un jeune Juif de Bergen-Belsen d'être réalisée encore et encore et pour les générations à venir. Le Talmud nous apprend que l’écriture d’un Séfer Torah est une grande Ségoula, une grande vertu, pour préserver tout ce que l’on possède. Ce Séfer Torah avait survécu à la Shoah avant d’être détruit dans l’espace 60 ans plus tard puis être réécrit de nouveau. Il illustre à merveille la promesse du Talmud, en préservant tout ce que le peuple juif possède : la Torah, la Parole divine perpétuelle transmise de génération en génération. Ajouter votre commentaire !
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