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Blog : Torah-BoxChémini ? Les signes de Cacheroute et leur symboliquegDans la Parachat Chémini, la Torah détaille les caractéristiques des animaux Cachères : ils doivent avoir les sabots fendus et ruminer. Si un animal n’a pas l’un de ces signes, il est interdit même si le deuxième signe est présent. La Torah fait la liste de quatre animaux n’ayant qu’un signe sur deux : le chameau, le lièvre et le daman, qui ruminent, mais n’ont pas de sabots fendus, et le porc, qui a des sabots fendus, mais ne rumine pas. Selon Rav Chimchon Pinkus, les commentateurs affirment que ces distinctions font allusion à des enseignements spirituels profonds sur la relation entre la pratique extérieure et la croyance intérieure. Le ruminement symbolise la spiritualité, le lien avec Hachem et la Kavana dans les Mitsvot, tandis que les sabots fendus représentent l’observance, la pratique de la Mitsva, d’un point de vue extérieur. Le chameau, par exemple, qui rumine, mais n’a pas les sabots fendus, symbolise une personne avec une croyance profonde, mais aucune application pratique. Une telle personne peut se sentir spirituelle ou liée au judaïsme, mais ne traduit pas ces sentiments en action. Le porc, quant à lui, a les sabots fendus, mais ne rumine pas. Il représente l’individu qui accomplit les Mitsvot à l’extérieur, mais manque de sincérité et de conviction intérieure. Les deux formes de comportement sont considérées comme « non Cachères », parce que la foi et l’action sont toutes deux essentielles à la 'Avodat Hachem. Rav Pinkus rapporte un passage surprenant de 'Hazal[1] qui montre une différence clé entre le porc et les autres animaux non Cachères. En hébreu, le cochon s’appelle « ’Hazir », terme apparenté au « retour ». Nos Sages enseignent qu’il s’agit d’une allusion au fait qu’à l’avenir, le porc « reviendra vers nous » et sera permis à la consommation.[2] Le Midrach estime que seul le porc deviendra Cachère et laisse sous-entendre que les autres animaux non Cachères resteront interdits. Quelle est donc la différence entre le porc et les autres animaux non Cachères ? La réponse se cache dans le pouvoir transformateur de l’observance des Mitsvot. Le Séfer Ha'hinoukh enseigne que « A’haré Hapéoulot Nimchakhin Halévavot » – le cœur suit les actions. Une personne qui accomplit des Mitsvot, même sans Kavana particulière, peut potentiellement développer une véritable connexion, au fil du temps. En revanche, celui qui croit en Hachem, mais n’agit pas conformément à cette croyance, n’a aucune base sur laquelle évoluer. C’est pourquoi le porc, qui montre au moins une certaine vertu extérieure, peut éventuellement être corrigé, tandis que le défaut du chameau – être croyant sans être pratiquant – est bien plus difficile à rectifier. [3] Cette idée est fondamentale ; la véritable spiritualité exige l’action et non seulement la foi. Cette approche est donc très différente de certaines autres religions qui mettent l’accent sur la foi ; le judaïsme insiste sur le fait que la croyance à elle seule ne suffit pas ; l’individu doit agir en conséquence. Rav Chimchon Raphaël Hirsch met l’accent sur le problème de croire sans agir.[4] La Torah interdit d’ériger un monument (Matséva) en tant que moyen de servir Hachem. Il faut utiliser un autel (Mizbéa’h) pour les offrandes. Pourtant les Patriarches avaient l’habitude d’utiliser des Matsévot pour leur 'Avodat Hachem[5], alors pourquoi la Torah l’interdit-elle maintenant ? Rachi explique qu’à l’époque où la Torah fut écrite, les idolâtres utilisaient des Matsévot pour leur culte, alors que du temps des Patriarches, ce n’était pas une pratique courante. Rav Hirsch propose une explication différente. Il commence par différencier la Matséva du Mizbéa’h. Une Matséva est une pierre dans sa forme d’origine, symbolisant le contrôle d’Hachem sur la nature. En revanche, le Mizbéa’h est constitué de plusieurs pierres assemblées et ordonnancées par l’être humain. En effet, l’homme n’est pas seulement censé voir Hachem dans la nature, mais il doit se soumettre à Hachem à travers ses actions. À travers cette introduction, le Rav Hirsch explique qu’à l’époque des Avot, avant que la Torah ne soit donnée, le but principal de l’homme était de reconnaître Hachem dans le monde à travers la nature, mais il n’était pas nécessaire de diriger ses actions vers la 'Avodat Hachem, parce que la Torah n’avait pas encore été donnée[6]. Hachem aimait ces Matsévot, parce qu’elles aidaient l’homme à réaliser son objectif. Cependant, après le don de la Torah, il n’était plus suffisant de voir Hachem dans la nature sans vivre conformément aux lois de la Torah. De ce fait, le Mizbéa’h devint la meilleure façon de servir Hachem, car il symbolise la soumission de l’homme à D.ieu. Dès lors, la Matséva, qui était appréciée par Hachem devint haïe, parce que le fait de reconnaître Hachem sans s’engager à vivre conformément à la Torah est considéré comme une faute aux yeux d’Hachem. Celui qui reconnaît Hachem dans la nature, et qui croit en la Providence divine, soutient deux des trois fondements de foi énumérés par le Sefer Haïkarim, mais il ébranle le troisième ; à savoir qu’Hachem nous a donné la Torah pour l’accomplir. Sans ce troisième fondement, même s’il croit en les deux autres, son service divin est fondamentalement défectueux, car le but de l’homme est d’utiliser sa reconnaissance d’Hachem et de la Providence divine et de vivre sa vie selon Ses instructions, comme indiqué dans la Torah. Ainsi, le « problème » de la foi qui n’est pas accompagnée par l’action est encore plus grand que l’action sans conviction intérieure[7], car celui qui observe les Mitsvot est plus susceptible de s’améliorer que le cas inverse. Toutefois, Rav Pinkus souligne que les deux comportements sont considérés comme totalement « non Cachères » par la Torah. Chez les personnes qui grandissent dans la pratique des Mitsvot, le défaut du ’Hazir est potentiellement plus présent que celui du chameau ou des autres animaux non Cachères.[8] Il est donc essentiel de travailler sur sa Émouna, et de comprendre pourquoi il faut étudier la Torah et respecter les Mitsvot, car sans effort actif dans ce sens, son monde intérieur sera très probablement en désaccord avec son comportement extérieur. Puissions-nous tous mériter d’avoir les deux signes de Cacheroute.
[1] Cité par Rabbénou Bé’hayé, Vayikra 11,4 ; Ritba, Kiddouchin 49b ; Téchouvat Haradbaz, 2ème partie, Siman 828. [2] C’est l’interprétation simple du Midrach – voir les commentaires ci-dessus pour diverses explications du Midrach. [3] Voir Tiféret Chimchon, p.101. [4] Pirouch Al Hatorah, Dévarim 16,22. [5] Béréchit 28,18. [6] Il est vrai que les Avot ont observé la Torah avant qu’elle ne soit donnée, mais ce n’était pas par obligation. [7] Celui qui n’a pas de Émouna et qui observe, malgré tout, les Mitsvot pour une raison quelconque, ne semble pas être inclus dans la catégorie du « ’Hazir » qui reviendra à l’observance. Nous parlons ici de quelqu’un qui croit en D.ieu, mais qui ne pratique pas les Mitsvot avec les bonnes intentions ou bien sans conviction. [8] De nombreux Juifs qui grandissent dans la laïcité ou qui vivent de manière traditionnelle sont plus susceptibles de croire en D.ieu et peut-être même en la Torah, mais ne traduisent pas cette croyance en actes. Bien évidemment, cela montre une faille dans la Émouna, car une véritable Émouna conduit à l’action. Ajouter votre commentaire !
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