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Blog : Torah-Box

Machine à remonter le temps - Rencontre avec les géants du ghetto de Varsovie

Un jour, on m’a demandé : « Si tu avais une machine à remonter le temps qui pouvait t’amener à n’importe quel moment du passé, que choisirais-tu ? Le Don de la Torah au mont Sinaï ? L’inauguration du Temple ? » Ma réponse fut bien plus modeste : j’ai dit que je retournerais 80 ans en arrière, à la Schultz Shop, l’usine de chaussures du ghetto de Varsovie où l’on fabriquait et réparait des chaussures pour les soldats allemands de la Wehrmacht.

Là-bas, dans l’atelier des rabbins devenu célèbre, j’aurais écouté le Rav de Kozhiglov, directeur de la Yéchiva ‘Hakhmé Lublin, en pleine discussion avec le Admour (rabbin ‘hassidique) de Piasetzna, parlant de Torah, entourés d’anges du ciel. J’aurais sûrement aussi entendu le Admour d’Alexander discuter de 'Hassidout avec son ami le Admour de Sokolov, et le génie qu’était le Rav Mena’hem Zemba, expliquant en détail des raisonnements profonds sur tout le Talmud.

En me voyant, ils auraient sûrement été surpris. Ils auraient vite remarqué que je n’étais pas de leur époque, ni de leur lieu. « Wer bist du ? » — « Qui es-tu ? », m’auraient-ils demandé avec inquiétude. Et moi de répondre : « Mayn yidish iz nisht azoy gut, ikh besser tsu redn in loshn-koydesh — en hébreu. »

« En hébreu ? », se seraient-ils étonnés. Oui, oui, c’est ma langue, celle que je connais.

Je leur aurais dit que je venais du futur, pas d’un futur très lointain, juste 80 ans plus tard, et que je voulais voir cette scène bouleversante : les grands Sages de la génération étudiant la Torah tout en réparant les chaussures du bourreau allemand.

Alors viendrait la question inévitable : « Que va-t-il nous arriver ? », me demanderaient-ils avec leur fort accent ashkénaze. « Comment cela va-t-il finir ? »

J’étouffe mes larmes, ravale ma salive, et je leur dis qu’aucun d’entre eux ne survivra, qu’ils seront tous assassinés cruellement par le tyran nazi.

Un silence pesant s’installe. Chacun médite en lui-même. Puis soudain, l’un d’eux s’exclame : « Mais si nous devons tous mourir, alors qui es-tu ? Tu as l’apparence d’un Juif ! »

Effectivement, je leur dis. Je viens de la Terre Sainte, d’Israël.

Le chagrin laisse place à un choc absolu. Israël ? Un État ? Des Juifs ? C’est impensable !

Et pourtant, dans à peine cinq ans, les Juifs fonderont un État indépendant en Terre d’Israël. Ce sera difficile au début, il y aura des guerres, des morts, mais nous aurons notre propre armée. À mon époque, nous vivrons sur notre terre, pourrons accomplir les Mitsvot sans crainte ni retenue, et nous serons l’un des pays les plus avancés au monde, dans de nombreux domaines.

La joie éclate sans retenue. Un des Admourim que je ne reconnais pas entonne un chant ‘hassidique. Les autres le rejoignent d’une voix douce, sans faire oublier la mort qui attend ceux présents en ce lieu.

Soudain, le Rav de Kozhiglov, réputé pour son immense acuité, se lève et, d’un ton tranchant, fait taire tout le monde. Il lance, comme un défi : « Et la Torah ? Qu’en sera-t-il ? Que nous mourions tous pour sanctifier le Nom, je peux l’accepter. Mais la sainte Torah… » Il fond en larmes.

« Je suis heureux que le Rav ait posé la question », répondis-je avec un sourire. La Yéchiva ‘Hakhmé Lublin que vous dirigez renaîtra en Israël. Des milliers d’élèves y étudieront. De là, sortiront les plus grands rabbins et Admourim. Les écrits du Admour de Piasetzna, que je vois ici prier en silence, seront étudiés par des dizaines, peut-être des centaines de milliers de personnes — plus que les Juifs de Varsovie réunis. Les livres du Rav Mena’hem Zemba deviendront des références dans les Yéchivot. Et la Torah, la 'Hassidout, fleuriront comme jamais auparavant. Dans notre pays, j’ajoute avec fierté, il y a plus d’étudiants de Torah qu’à n’importe quelle autre époque de l’histoire juive.

Leur joie me poussera à tempérer un peu : « Il y a aussi quelques problèmes, tout n’est pas encore parfait. » Mais après tout ce que je leur ai raconté, ils diront sûrement : « si ce ne sont pas des problèmes comme ceux du ghetto, alors ce n’est rien. »

Juste au moment où je m’apprête à leur dire au revoir, le Admour d’Alexander me retient. Plein d’expérience et de sagesse, il me demande : « Mais si tu as une machine à remonter le temps, pourquoi avoir choisi de venir ici ? Dans cet enfer ? »

Un peu gêné, je lui réponds : « Je savais que vous seuls comprendriez vraiment… que je vis à la meilleure époque du monde. »

Rabbi Guy Alalouf

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Dernière mise à jour, il y a 14 minutes