|
Blog : Torah-BoxLa force d'espérer ? BamidbarAvec la Paracha de cette semaine, nous ouvrons le quatrième livre de la Torah, le livre de « Bamidbar », ou « Les nombres ». La narration qui débute ici s’apprête à nous décrire les pérégrinations des Bné Israël durant les quarante ans du désert. Rav Jonathan Sacks propose de comparer les livres de Chémot et de Bamidbar. Le premier raconte une fuite : celle d’un peuple opprimé, pressé de quitter un monde d’esclavage. Le second raconte une marche : celle d’un peuple, à présent libre, appelé à se construire, non plus contre un passé douloureux, mais en direction d’un avenir porteur de promesse. Et c’est là que tout se complique. Chémot est animé par l’urgence. Quand le danger est imminent, l’instinct de vie, porté par la protection du Créateur, prend le dessus. On fuit l’Égypte, on traverse la mer, on l’emporte sur 'Amalek. Lorsque Bamidbar commence, les dangers semblent écartés, il s’agit désormais de bâtir le quotidien. Et pourtant, bien que la tension du récit semble de moindre intensité que dans Chémot, l’atmosphère du livre de Bamidbar est âpre, le peuple est face à lui-même, face à ses contradictions, ses limites, ses imperfections, mais aussi sa grandeur. Débute alors une longue marche du peuple vers son destin, au cours de laquelle, il devra cultiver de manière active son espérance, et sa volonté d’atteindre la destination promise par l’Éternel. Espérer, ce n’est pas regarder en arrière et attendre que l’avenir se dessine devant soi ; c’est tracer, au jour le jour, une route vers la Terre promise. Ce n’est pas fuir le danger, c’est embrasser la responsabilité de devenir. C’est pourquoi, paradoxalement, le livre du désert est si sombre. On y voit un peuple qui doute, qui trébuche, qui se rebelle. Et l’on comprend alors que l’épreuve la plus difficile n’est pas seulement celle de l’oppression, mais aussi celle de la liberté, de sa conquête et de sa préservation. Il est parfois plus facile d’abolir les chaînes de la servitude que de bâtir un régime de liberté et de justice. Et, de fait, le monde moderne connaît cette aporie. Combien de révolutions politiques promettaient un monde nouveau, mais se sont brisées sur l’absence de vision ? Il suffit de penser à la Révolution française qui a accouché de la Terreur, ou encore aux « Printemps arabes » qui ont substitué un joug à un autre. A l’échelle individuelle également, les hommes rêvent de s’affranchir de certaines pesanteurs de leur quotidien, mais une fois qu’ils conquièrent davantage de liberté, ils semblent embarrassés par la responsabilité qui leur incombe désormais. Le peuple juif, souligne Rav Sacks, est souvent passé d’un ghetto imposé à une vie ouverte sur la Cité, pour autant cette liberté s’est accompagnée d’une profonde remise en cause identitaire : comment rester fidèle à son passé dans un monde où les tentations se multiplient ? La lecture de Bamdibar nous rappelle également que l’espérance impose une discipline. Elle commence par une vision : savoir où l’on va, et pourquoi on y va. Toutefois, elle exige de se lever chaque jour, non pour échapper à quelque chose, mais pour construire. C’est le message d’Avraham, qui ne s’est pas contenté de partir d’Our Kasdim, mais qui a poursuivi le chemin jusqu’à Canaan. Contrairement à son père Térah, Avraham n’a pas fait halte à mi-parcours. Il a espéré jusqu’au bout. À ce titre, l’espérance est une énergie spirituelle puissante qui a irrigué la longue histoire du judaïsme. Elle a permis à Moïse de supplier D.ieu de ne pas abandonner Son peuple. Elle a permis aux prophètes de dénoncer sans relâche les injustices de leur temps, convaincus que le monde pouvait être autrement. Elle a permis à nos ancêtres de prier à Jérusalem, à Babylone, à Varsovie ou à Casablanca – toujours tournés vers le lieu où D.ieu ferait résider Son Nom. Voilà le secret d’Israël. Un peuple qui sait que la route est longue, mais qui continue de marcher. Qui se relève, génération après génération, de l’exil, du désespoir, de la Shoah, pour bâtir encore. Un peuple qui sait que le désert est rude, mais que la Terre promise est à l’horizon. Espérer, c’est inscrire dans le monde une vision qui dépasse le visible, qui permet de croire que l’imagination est parfois plus réelle que ce que le réel donne à voir. C’est, comme le dit le prophète Zacharie, « ne pas mépriser le jour des petits commencements ». C’est croire que l’ombre d’aujourd’hui peut enfanter la lumière de demain. L’expérience d’Israël a montré qu’il n’y a rien de plus subversif que d’espérer. Rien de plus radical que de croire que notre monde peut encore être réparé. Rien de plus juif que de ne pas renoncer. C’est dans les rêves que commence le voyage d’une vie. Et, portée par la Providence divine, c’est l’espérance qui lui donne corps. Ajouter votre commentaire !
Vous devez être membre de Juif.org pour ajouter votre commentaire. Cliquez-ici pour devenir membre ! | Membre Juif.org
Il y a 5 heures - Le Figaro
Il y a 9 heures - Futura-Sciences Actualités
Il y a 9 heures - i24 News
Il y a 11 heures - Juif.org
29 Mai 2025 - Le Figaro
29 Mai 2025 par Rafael_003
29 Mai 2025 par Rafael_003
25 Mai 2025 par Claude_107
25 Mai 2025 par Claude_107
23 Mai 2025 par Blaise_001
28 Juillet 2014
27 Juillet 2014
27 Juillet 2014
27 Juillet 2014
21 Juillet 2014
|