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Blog : Torah-Box

Mont Sinaï : Le mystère des pierres du buisson

À la veille de la fête de Chavou’ot, où nous avons reçu la Torah sur le mont Sinaï, Israël Shapira enquête sur "la légende des pierres du buisson" — ces pierres particulières associées au mont Sinaï, sur lesquelles serait représenté le fameux buisson ardent. Mythe ou réalité ?

Il y a environ 3300 ans eut lieu l’un des événements les plus importants de l’histoire du peuple juif : le don de la Torah, sur le mont Sinaï, au même endroit où Moché Rabbénou vit "un buisson en feu qui ne se consumait pas", en concluant qu’il se trouvait en un lieu saint.

Depuis, certaines traditions rapportent que le mont aurait conservé l’empreinte du buisson, visible dans des dessins apparus naturellement dans la pierre. Légende ou réalité ?

Des témoignages vieux de 700 ans

Il y a déjà 700 ans, des Sages rapportaient que chaque pierre du mont Sinaï contenait une forme ressemblant au buisson ardent. Même si l’on brise ces pierres en petits fragments, l’image resterait visible sur chaque éclat. C’est selon cette tradition que le mont aurait été nommé "Sinaï", en lien avec le mot hébreu Sné (buisson).

Ces récits apparaissent dans plusieurs sources anciennes : le Séfer Afodi, le Narbouni, le Mégalé ‘Amoukot, le Migdal ‘Oz et le ‘Arvé Na’hal.

Rabbi Ya’akov Emden (le Ya’avets) cite les propos du Narbouni et du Afodi (écrits il y a environ 700 ans) : "Sur le mont Sinaï, les pierres portent l’image du buisson. C’est pourquoi ce mont est appelé ‘Sinaï’, en référence au Sné".

Un des notables de Barcelone, un descendant des ‘Hassdaï, apporta l’une de ces pierres avec lui : "J’y ai vu un buisson dessiné avec une précision exceptionnelle. Le dessin semblait d’origine divine. J’ai brisé la pierre en deux : le buisson apparaissait sur chacune des moitiés. Je les ai encore divisées, et sur chaque fragment, l’image du buisson réapparaissait à l’intérieur. Même lorsque les morceaux devinrent minuscules, semblables à des amandes, l’image persistait. Cela m’a profondément émerveillé."

Un témoignage de terrain, 170 ans plus tard

Un autre témoin oculaire, le célèbre émissaire rabbinique Rabbi Ya’akov Sapir, visita le mont Sinaï il y a environ 170 ans. Dans son livre Even Sapir, il écrit :

"J’ajoute mon propre témoignage : tous ces monts, leur végétation, leur flore et leur aspect semblent être taillés dans la même matière — une pierre buissonnante."

En fait, il se pourrait que ces pierres soient une preuve de l’emplacement originel du mont Sinaï, que l’on cherche depuis des générations. Le prophète Élie y aurait séjourné dans une grotte où D.ieu lui apparut. La Guémara relate qu’un Arabe montra à Rabba Bar Bar ‘Hana l’emplacement du Sinaï. Mais hélas, au fil des siècles, sa localisation s’est perdue. Aujourd’hui encore, chercheurs et érudits débattent de son emplacement exact, avec pas moins de 16 hypothèses proposées !

La revue Marvé Latsamé a rapporté que le Rav Steinman possédait l’une de ces pierres chez lui et qu’il la montrait à ses visiteurs, précisant qu’il s’agissait d’un "souvenir" laissé par D.ieu dans le monde. On rapporte également une lettre du Rav Moché Feinstein selon laquelle ces pierres peuvent consolider la foi.

L’avis du Ya’avets

Le Ya’avets, que nous avons cité précédemment, s’oppose vigoureusement à cette approche et rejette avec force l’idée que ces pierres gravées d’un buisson constituent une preuve du miracle de Moché Rabbénou et du don de la Torah. Selon lui, pour les fidèles d’Israël, le don de la Torah au Mont Sinaï est une évidence, transmise par la tradition de nos Sages, et des morceaux de pierre, si particuliers soient-ils, ne peuvent en aucun cas faire office de preuve.

Voici ce qu’il écrit : "Voici que je t’ai exposé le témoignage de ces hommes qui prétendent percer les secrets de la Création. Ils ont observé certains phénomènes en rupture avec la nature, et, ne pouvant en percer les lois, ils ont rejeté la parole de D.ieu, tourné en dérision Ses miracles, transformé la vérité divine en fables… Ils ont même osé réduire en allégorie les miracles du texte, les dix choses créées à la veille du Chabbath jusqu’à la ‘Akédat Its’hak. Ce qu’ils ont osé écrire dépasse toute mesure…"

Les paroles du Ya’avets prennent un caractère presque prophétique. En affirmant que ces pierres ne sauraient attester du don de la Torah, il avait entrevu, avec son esprit inspiré, que les générations futures découvriraient des explications scientifiques à ces dessins.

Aujourd’hui, grâce aux progrès de la géologie, on sait que ces formes de buissons sont en réalité le fruit d’un phénomène naturel : des roches de quartz dans lesquelles a pénétré un oxyde de manganèse, qui se cristallise en formant des ramifications semblables à des branches. Ce phénomène géologique est connu sous le nom de dendritisme, et il est répandu dans de nombreuses régions du monde, y compris en Israël, par exemple dans le Na’hal Mangan près du parc de Timna dans le Néguev.

Une critique ancienne du courant rationaliste

De nombreux grands maîtres se sont élevés contre les thèses du Afodi et du Narbouni. Ces deux auteurs étaient des disciples du Rambam et ont adopté une approche philosophique issue de son Guide des égarés, un ouvrage que le Rambam avait justement destiné à un élève spécifique, et non à une large diffusion. Ils ont ainsi eu parfois tendance à minimiser la portée des miracles qui accompagnèrent l’histoire du peuple juif.

Parmi les grands noms qui ont contredit leur approche, on trouve Don Its’hak Abrabanel, le Netsiv de Volozhin, le Rav Kapa’h et d’autres.

De manière étonnante, des récits précédant même ceux du Narbouni et de l’Afodi évoquent déjà ces pierres. Le cosmographe persan musulman Kazwini, qui vécut entre 1203 et 1283, écrivit dans son journal :

"Voici la montagne que le Très-Haut évoque en disant : ‘Quand notre Seigneur Se manifesta…’ Les pierres de ce lieu, quelle que soit la façon dont on les brise, révèlent la forme d’un buisson."

Ce témoignage fut ensuite cité par le géographe musulman Abu al-Fida vers 1321, puis le voyageur chrétien italien Gucci de Toscane, en 1384.

Il apparaît donc que la légende des “pierres sacrées” a en réalité une origine chrétienne, et que les propos du Ya’avets — avertissant de ne pas prendre ces pierres pour preuve du don de la Torah — étaient d’une remarquable lucidité… Car en découvrant que ces formes sont des phénomènes naturels, ceux qui auraient bâti leur foi sur ces pierres risqueraient de tout remettre en cause. Le dommage spirituel serait immense !

La foi n’a pas besoin de pierres

En réalité, nous n’avons nul besoin de preuves matérielles pour croire au don de la Torah. Nous sommes des croyants, fils de croyants. Nous savons que Moché est vérité, et que la Torah qu’il a reçue au Sinaï est véritable, non par des cailloux, mais par la transmission vivante des générations, comme l’atteste la Michna dans Pirké Avot : "Moché a reçu la Torah du Sinaï, l’a transmise à Yéhochoua’, Yéhochoua’ aux Anciens, les Anciens aux Prophètes et les Prophètes aux membres de la Grande Assemblée…"

Pour conclure

Il est évident que les propos de nos maîtres tels que le Rav ‘Haïm Kanievsky, le Rav Aharon Leib Steinman ou encore le Rav Moché Feinstein, mentionnant ces pierres, ne visaient pas à en faire des preuves du don de la Torah, D.ieu préserve, mais simplement à évoquer un objet symbolique, "un petit clin d’œil divin"…

Israël Shapira
Historien, chercheur et guide

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Dernière mise à jour, il y a 31 minutes