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Blog : Torah-Box

Le Judaïsme face au wokisme - Quand l'héritage devient hérésie

Connaissez-vous la culture woke ? La culture de « l’éveil » comme son nom l’indique. C’est ce mouvement qui se présente comme le phare d’une société moderne, éclairant un monde obscurci par l’injustice, prétendant incarner les valeurs de l’humanisme, de l’inclusivité et de la tolérance. Mais est-ce réellement le cas ?

Derrière ce masque de bienveillance et de révolte contre l’oppression, se cache une volonté de dominer et d'uniformiser la pensée. Cette idéologie, qui prétend redéfinir la société, n’est qu’une autre forme de dogmatisme déguisé, privant ainsi l’individu de ses repères et de sa liberté de penser. Décryptage de cette dérive intellectuelle et de ses paradoxes.

La haine de la tradition : démolir pour réinventer

Le rejet systématique des traditions et des valeurs historiques d’un pays, qu'elles soient culturelles, religieuses ou sociales, constitue l’un des paradoxes majeurs de la culture woke. Elle s'attaque sans relâche à ce qu’elle considère comme des vestiges du passé colonial, raciste ou patriarcal, en prônant une « réévaluation » radicale des fondements mêmes de nos sociétés. Mais cette déconstruction, lorsqu’elle est poussée à l’extrême, prive également les individus de ce qui fait la richesse de leur histoire et de leur identité collective. Nietzsche, dans Par-delà le bien et le mal[1], écrivait : "Ils détestent la culture de la terre, le sol d’où ils viennent, et, à force de se haïr eux-mêmes, ils finissent par détruire ce qu’ils sont". La question qui se pose est de savoir si cette quête de réinvention ne mène pas tout simplement à un vide identitaire, un vide que la culture woke, cherche à exacerber ?

Dans un passage clé du Talmud, Rabbi Yo’hanan enseigne : "Si un homme déprécie son héritage, il se prive de la possibilité de se nourrir de ses racines et d'en comprendre la grandeur.[2]". La Torah veut nous enseigner par-là, que détruire les fondations sans en comprendre la profondeur conduit à l’isolement et à la confusion de l’identité. La culture woke, en rejetant systématiquement l’héritage des sociétés occidentales, semble ignorer cet avertissement et paye le prix d’une société où sa jeunesse est vouée au mal-être.

La religion : un ennemi à abattre sous couvert d’humanisme

La religion, et plus particulièrement le judaïsme et le christianisme, se trouve souvent dans la ligne de mire des défenseurs de la culture woke. Ceux-ci la considèrent comme une institution oppressive, arc-boutée sur des principes archaïques et discriminants. Le paradoxe ici est frappant : en cherchant à se défaire de ce qu'ils perçoivent comme « l’opium du peuple » selon eux, ils oublient que même dans ses formes les plus dogmatiques, la religion a contribué à forger les valeurs morales et éthiques qui permettent aujourd’hui à nos sociétés de coexister. Le sociologue Max Weber, dans L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme[3], évoque cette idée : "L'éthique de l'ascétisme monastique a conduit à la formation d'un idéal de travail et d'une économie de l’effort, des valeurs qui sont à la base de l'esprit capitaliste". Autrement dit, l’héritage religieux, même le plus rigide, a offert une discipline morale et une orientation spirituelle qui a joué un rôle fondamental dans la création de structures sociales harmonieuses.

Pourtant, curieusement, la culture woke semble se montrer beaucoup plus tolérante envers l’islam, qui n’a rien à envier à ses aînés en termes de répression et de totalitarisme, bien au contraire. Il est frappant de constater que les discours sur l’islam semblent être marqués par une forme de pudeur, voire de crainte, là où la critique des religions occidentales est souvent acerbe et sans retenue. En fait, cette attitude pourrait être motivée par une forme de culpabilité post-coloniale, un complexe vis-à-vis de l’immigré indigène, ou simplement par la crainte des conséquences violentes de toute atteinte à l’égard de la religion des califats, comme le montre l’histoire tragique de Charlie Hebdo.

À ce titre, la Torah met en garde contre ces croyances éphémères, ces idéologies surgies de terres nouvelles et étrangères à la tradition, des idoles que « tes pères n’avaient pas connues, afin de t’éprouver et de te mettre à l’épreuve pour te faire du bien à la fin[4]. »

Ce verset rappelle que ce qui n’a pas été éprouvé par les générations passées, ce qui n’a pas traversé l’histoire comme un fondement moral, doit être accueilli avec prudence. La culture woke, en rejetant tout ce qui est ancien sous prétexte de progrès, ne construit pas une morale nouvelle, elle fabrique juste ses propres idoles…

Le féminisme radical : quand l’émancipation devient autoritarisme

L’un des aspects les plus frappants de cette dérive est l’évolution du féminisme, autrefois synonyme de lutte pour l’égalité, devenu dans certaines expressions une arme de domination. "On ne naît pas femme, on le devient[5]", écrivait Simone de Beauvoir. Ce propos, qui visait à dénoncer les normes sociales imposées aux femmes, a été détourné pour justifier un féminisme où la confrontation entre les sexes prend le pas sur la recherche d’une véritable égalité. Dans sa forme la plus radicale, ce féminisme semble s’affirmer par la dévalorisation systématique de l’homme, le transformant en bouc émissaire d’un patriarcat fictif. La domination masculine, dans ce cadre, devient une véritable obsession, et ce qui était censé être une libération pour les femmes se transforme alors en un autoritarisme social qui interdit toute discussion nuancée. Aujourd’hui, on force à « devenir femme (ou homme) », et cela s’impose au programme scolaire dès le plus jeune âge…

La Maxime des Pères[6] nous enseigne que : "La véritable force est dans l’humilité, et la grandeur réside dans l'équilibre entre la dignité et le respect de l’autre". La Michna nous invite par-là, à une vision du statut de la femme qui ne doit pas se ridiculiser à un combat de l’humiliation de la masculinité, mais pour une égalité réelle, où l’homme et la femme se reconnaissent mutuellement dans leurs rôles partagés.

La liberté d’expression : quand la censure devient norme

Si la liberté d’expression est l’un des principes fondateurs des démocraties modernes, elle est aujourd’hui de plus en plus reléguée au rang de privilège accordé uniquement à ceux qui respectent les règles imposées par la culture woke. Entre Hollywood et les médias de lobbies, ce qui semble être une quête de diversité d’opinions devient une chasse à l’hérésie idéologique. Camus, évoquait pourtant[7] : "La liberté, c’est la liberté d’être soi, même face à la norme qui voudrait nous faire plier". Toutefois, dans la société actuelle, ce qui se présente comme une quête de "liberté d’expression" ressemble plutôt à une nouvelle forme de contrôle social. Ceux qui osent s’écarter du dogme dominant sont rapidement stigmatisés, voire ostracisés. La culture de l'annulation, notamment sur les réseaux sociaux, devient une forme de répression masquée sous couvert d’une traque à l'inclusivité.

Le Talmud enseigne : "Le silence est parfois plus éloquent que mille paroles. L’expression libre doit se faire avec discernement, car tout mot peut être une arme[8]" Cette réflexion souligne l’importance de la responsabilité dans l’usage de la parole, ce que la culture woke semble ignorer en imposant une forme de censure sélective.

Le changement de genre : une "liberté" qui écrase l'individu

Le changement de genre chez les enfants incarne à lui seul le paradoxe ultime de la culture woke. En offrant aux plus jeunes la possibilité de choisir leur identité de genre, la société semble leur accorder une liberté absolue. Néanmoins, cette liberté, lorsqu'elle est exercée par des individus encore en pleine construction, risque de conduire au tragique : celui de se voir imposer une identité avant même d'avoir eu le temps de se découvrir. Se voir emprisonné à vie et de manière irréversible par les choix des adultes débauchés en col blanc. Michel Foucault[9], l’illustrait déjà, il écrivait alors : "La norme moderne consiste à essayer d'imposer l'identité, à rendre chaque individu conforme à un modèle" (p. 200). Ce modèle, aujourd’hui, semble être celui d’un activisme identitaire dont les conséquences sur les plus vulnérables sont irréversibles et conduisent même au suicide moral et physique.

La Torah offre à l’homme une liberté totale tout en le mettant en garde qu’il sera responsable de son malheur s’il use à mauvaise escient de son libre arbitre : "Je mets devant vous la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction, choisissez la vie pour que vous viviez.[10]"

La culture woke, au lieu d’être un remède aux injustices sociales qu’elle prétend dénoncer, semble aujourd’hui devenir un instrument insidieux d’une oppression idéologique nouvelle. Ce mouvement, qui s’épanouit sous le voile de l’ouverture d’esprit et de la quête de justice, tente de faire naître une forme de pensée unique, où la liberté de penser est étouffée par une censure qui se prétend vertueuse. En cela, elle trahit les valeurs profondes de l’humanisme et s’érige en porte-à-faux face au judaïsme qui prône un équilibre entre la justice et la miséricorde, plutôt qu’une quête aveugle de purification idéologique.

Le judaïsme enseigne que chaque être humain est créé « à l’image de Dieu[11] », avec une dignité inaliénable qui ne doit jamais être réduite à une simple catégorie de genre ou idéologie totalitariste. Il appelle à l’épanouissement de l’individu dans toute sa singularité, à la liberté de questionner et de débattre, tout en respectant l’autre dans sa différence. Ce sont ces valeurs, incarnées par nos Sages à travers les siècles, qui nous rappellent que l’oppression véritable n’est pas celle des corps, mais celle des esprits. La vraie justice ne réside pas dans le diktat de la pensée, mais dans l’ouverture au dialogue, même avec ceux qui ne partagent pas notre vision du monde.
 

[1] 1886, p. 75

[2] Talmud Bavli, Avodah Zarah, p. 10

[3] 1905, p.53

[4] Deutéronome 8:16

[5] Le Deuxième Sexe,1949

[6] 4 :1

[7] Le Mythe de Sisyphe, 1942, p. 122

[8] Talmud, Berakhot, p.6

[9] Histoire de la sexualité,1976, p.200

[10] Deutéronome 30:19

[11] Avot, 3 :14

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