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Blog : Torah-Box

Le Rabbi de Tsanz-Klausenbourg - Reconstruire après l'enfer

Il a perdu sa femme, ses onze enfants, ses élèves et ses ‘Hassidim dans la tourmente de la Shoah. Et pourtant, Rabbi Yékoutiel Yéhouda Halberstam s’est relevé, et a redonné vie à tout un peuple. Découvrons la leçon bouleversante de résilience, de Émouna et de courage qu'il nous a léguée.

Beaucoup s’interrogent sur la raison pour laquelle l’on fête Lag Ba’omèr le jour de la fin de l’épidémie qui fit périr les 24.000 élèves de Rabbi ‘Akiva. Y a-t-il lieu de se réjouir alors que l’épidémie s’arrête lorsque tous les élèves sont décédés ? La réponse à cette question est très puissante : le jour de Lag Ba’omèr, Rabbi ‘Akiva, âgé de plus d’un siècle, confronté aux ruines fumantes de l’œuvre de sa vie, se lève et va former cinq nouveaux élèves qui reconstruiront la Torah d’Israël pour l’éternité.

Notre génération a connu un géant de cette trempe. Il s’appelait Rabbi Yékoutiel Yéhouda Halberstam. Celui-ci a perdu sa femme et ses onze enfants, ses élèves et ses ‘Hassidim dans la tourmente de la Shoah et aura la force d’âme sidérante de se reconstruire lui, sa famille, sa ‘Hassidout de Tsanz-Klausenbourg, ainsi que tout le peuple d’Israël, en Europe, en Amérique et en Israël.

Le Rav Halberstam est né en 1905 à Rodnik en Galicie. Du côté paternel, il descend de l’illustre Divré ‘Haïm, Rav ‘Haïm de Tsanz, et du côté maternel, du prestigieux Bné Issakhar, Rav Tsvi Elimélèkh de Dinov.

Enfant, il se fait déjà remarquer pour son caractère d’une rare noblesse. S’il venait à l’école avec trois tranches de pain, il en donnait deux à d’autres enfants qui n’en avaient pas. S’il n’en avait qu’une, il préférait la donner, se voyant incapable de manger alors que d’autres avaient faim.

À 14 ans, alors qu’il vient de devenir orphelin de père, il recevra la Sémikha, l’ordination rabbinique, des mains de Rabbi Méïr Arik, géant galicien. À 18 ans, il se marie avec Pessia, la fille de l’Admour de Siguet, Rav ‘Haïm Teitelbaum, de laquelle il aura onze enfants. À 21 ans, il devient Roch Yéchiva et Rav de la communauté ‘Hassidique de Klausenbourg.

Un phare dans l’obscurité

En 1944, les nazis envahissent la Hongrie. Il refuse d’abandonner ses élèves et sa communauté et sera envoyé au camp de travail d’Andabanya tandis que sa famille est enfermée dans le ghetto de Klausenbourg. Toute la famille sera déportée avec les Juifs de la ville à Auschwitz, qu’ils atteindront le second jour de Chavou’ot 1944. Sa femme et neuf de ses enfants y seront assassinés par les nazis quatre jours plus tard et les deux derniers décéderont du typhus.

Son élève, Rav Acher Weiss, rapporte que lors d’une conversation privée, le Rav lui dira : “pendant toutes ces années, je n’ai pas remis en cause UN SEUL INSTANT les décisions divines”.

Au contraire, le Rav est une source de courage et d’inspiration pour tous ceux qui l’entourent. Il rassure, remonte le moral et insuffle la foi et l’espoir chez chaque Juif. 

S’il enseigne à chacun la nécessité de manger la nourriture du camp pour survivre, personnellement, il s’abstient de nourriture cuite non-Cachère. Il échange sa portion de soupe non-Cachère contre une fine tranche de pain voire s’en abstient complètement si personne ne veut échanger. 

Il survit à la marche de la mort et sauvera avec lui ses compagnons de souffrance, comme le raconte K. Hermetz. Le troisième jour de la marche tombait le jeûne du 9 Av et fut le plus difficile. Les gardes ne leur avaient pas donné une goutte d’eau et les hommes s’effondraient les uns après les autres. Le pire était qu’ils longeaient un fleuve, mais celui qui avait le malheur de s’en approcher pour boire était immédiatement abattu. Lors de la pause, un mot passa de l’un à l’autre : le Tsadik nous enjoint de creuser des trous dans la terre ; la délivrance divine surgira en un instant ! À leur sidération, de l’eau pure jaillit dans ces cavités… Le Rav leur rappellera : malgré toutes les souffrances et la dissimulation de la Face divine, Hachem aime toujours Ses enfants…

À la libération, le Rav Halberstam sera l’un des premiers, sinon le premier, à se lever pour reconstruire. Avec ses élèves, alors que plus personne n’y faisait attention, il prend soin d’enterrer les morts. Il crée des institutions de Torah du nom de Chéerit Hapléta, ainsi que des cantines Cachères dans les camps de personnes déplacées. Son énergie et son abnégation lui attirent même l’attention et la collaboration du Général Dwight Einsenhower, futur président des États-Unis.

Un père pour ceux qui n’en ont plus

C’est à la veille du premier Kippour après la guerre que se déroulera un épisode poignant, raconté par Rav Acher Weiss. Alors que le coucher du soleil approche, on toque à la porte du Rav, au camp de personnes déplacées de Ferenwald, ancienne usine d’armement, non loin de Munich. Une jeune fille se tient devant la porte et explique que chaque veille de Kippour, son père la bénissait avant l’entrée de la fête. Mais, elle n’a plus de père, elle n’a plus personne. Est ce que le Rav pourrait la bénir comme son père ? Le Rav, qui lui a perdu tous ses enfants, pose un foulard sur la tête de l’enfant et la bénit comme un père l’aurait fait. Il ferme à peine la porte qu’un nouvel enfant toque avec la même demande, auquel le Rav répondra avec la même chaleur. Mais lorsqu’il ouvre à nouveau la porte, il voit qu’une longue file de 87 orphelines attendent patiemment sa bénédiction. Il les recevra toutes l’une après l’autre, car il était devenu le père et la mère de tous ceux qui n’en avaient plus. Il prendra soin des orphelins et célébrera des mariages. On se rappelle que même si pour sa famille, il tranchait selon l’opinion du Divré ‘Haïm, son grand-père, qui interdisait le port de la perruque, lui, comprenant les besoins de la génération, offrira une perruque à toute jeune fille qui se mariait pour l’encourager à se couvrir la tête. Il sera un des derniers à quitter l’Allemagne, lorsque son aide et son soutien n’étaient plus nécessaires.

En 1946, il arrive aux États Unis, et il fonde des communautés pour accueillir les survivants des camps de la mort à New York mais aussi à Mexico, puis enfin en Israël à Tsfat, Béer-Chéva’ et d’autres villes.

Dans son ardeur inépuisable à reconstruire le peuple d’Israël après le terrible désastre, il fondera une Yéchiva à Williamsburg puis à Montréal au Canada.

Il se remarie avec ‘Haya Né’hama Unger, la fille du Av Beth-Din de Nitra qui lui donnera 7 nouveaux enfants. Ainsi, il devient le beau-frère du Rav Mikhaël Weissmandel, célèbre pour son engagement héroïque en faveur du sauvetage des Juifs durant et après la guerre.

Laniado, ou la promesse du Rabbi

En 1955, il décide de s’installer en Israël et de fonder un nouveau quartier orthodoxe dans la ville de Netanya, que l’on connaît sous le nom de Kiryat Tsanz. Le prestigieux hôpital Laniado fait partie intégrante du nouveau quartier. 

Il expliquait souvent la raison de la création de l’hôpital en racontant une expérience personnelle de la Shoah : “Je me souviens qu’on m’a tiré dessus à la main. J’avais peur d’aller à la clinique tenue par les nazis, même si des médecins y exerçaient. Je savais que si j’y entrais, je n’en sortirais jamais vivant. Malgré la peur, je m’approchai d’un arbre, cueillis une feuille et la pressai fermement sur la plaie pour arrêter le sang. Ensuite, je coupai une branche pour maintenir la feuille en place. D.ieu m’a aidé, et en trois jours, j’étais guéri. J’ai alors pris sur moi que si D.ieu me laissait la vie sauve et me guérissait et que je sortais vivant de l’enfer, je fonderais un hôpital où médecins et infirmières croiraient en D.ieu et sauraient que soigner un malade, c’est accomplir la plus grande des Mitsvot de la Torah.” Le Rav attendait des médecins qu’au-delà de leurs compétences et de leur professionnalisme, ils disposent d’un cœur juif plein de chaleur qui leur permettrait d’aimer le malade, “que leur but soit de guérir le malade et pas seulement la maladie”.

Au-delà de sa participation active à la reconstruction du peuple juif, son service divin inspire tous ceux qui sont en contact avec lui, dont ses nombreux élèves et ‘Hassidim de Tsanz-Klausenbourg mais aussi des Juifs de toutes origines et de tous courants. Ses prières, où il parle longuement directement à Hachem, en yiddish, sont particulièrement marquantes. 

L’étude de la Torah le fait littéralement revivre. S’il reste toute sa vie un homme de santé précaire, il lui suffit d’enseigner la Torah pour retrouver une vitalité céleste et oublier ses terribles migraines. Il rentre en cours soutenu par deux élèves, mais dès que le cours commence, il déborde d’énergie jusqu’au dernier mot du cours où il s’effondre, épuisé. 

Ses enseignements seront rassemblés dans les 7 tomes de responsa Divré Yatsiv et des dizaines de tomes du Chéfa’ ‘Haïm.

Le Rabbi de Tsanz-Klausenbourg nous quitte le 9 Tamouz, le 18 juin 1994, mais cette combinaison inimitable de génie, de force d’âme et d’amour du peuple d’Israël avait changé l’Histoire et reste profondément vivante chez ses nombreux et brillants élèves parmi lesquels on compte le Rav Acher Weiss, ou encore le Rav Ménaché Klein, premier Admour et père de l’actuel Admour de Ungvar…

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Dernière mise à jour, il y a 30 minutes