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Blog : Torah-BoxLa force d'espérer ? BalakIl est une tentation ancienne, et pourtant toujours actuelle, de croire qu’Israël est condamné à la solitude. Une source possible à cette idée pourrait se trouver précisément dans notre Paracha lorsque Bil'am qualifie Israël de la manière suivante : «?'am levadad yishkon'», « un peuple qui vit seul ». Ce verset a ainsi pu conforter des générations entières dans l’idée d’une vocation juive isolée, assignée à l’exil perpétuel et à l’incompréhension universelle. Pourtant, la Torah et ses commentateurs traditionnels nous invitent à lire autrement la destinée du peuple juif. Israël est appelé à être distinct, certes, mais il n’est pas appelé à être seul. Distinct par l’injonction qui lui est faite d’obéir aux Mitsvot de la Torah, par ses valeurs, par son sens aigu de la responsabilité morale, mais non coupé du monde. Souvenons-nous de l’histoire d’Avraham, à qui D.ieu promet': «?Par toi, seront bénies toutes les familles de la terre » ; ou encore de la voix d’Isaïe qui annonce': «?Ma maison sera appelée maison de prière pour tous les peuples ». Israël n’est pas né pour se retirer du monde, mais pour l’habiter pleinement et l’éclairer. Bil'am, l’ennemi devenu prophète, a involontairement béni Israël en soulignant sa capacité à préserver son identité même au milieu des nations, sans se dissoudre, sans renoncer à l’alliance primordiale conclue avec le Créateur. Même dispersé, même minoritaire, il reste fidèle à son identité, et à sa mission. Cette différence radicale peut déranger, susciter l’hostilité. Mais elle n’a jamais signifié qu’Israël était voué à la solitude. Le judaïsme porte, au contraire, un espoir radical': celui que d’autres nations, un jour, viendront partager sa vision d’un monde régi par la justice et la paix. Zacharie le disait déjà?: «?Dix hommes de toutes langues saisiront le pan du vêtement d’un Juif et diront?: nous irons avec vous, car nous avons entendu que D.ieu est avec vous » (Zaccharie 8.23). Cette vision n’est pas un conte, c’est un horizon, une espérance, et une vocation. Dans la Paracha de Balak, la malédiction commandée par le roi de Moav s’est muée en bénédiction. Bil'am, figure ambiguë, a reconnu à contrecœur la singularité d’Israël, non comme un peuple destiné à l’hostilité éternelle, mais comme un peuple porteur d’un message, d’un corpus de valeurs morales, et d’une responsabilité collective. Le Rav Jonathan Sacks met ainsi en garde contre l’écueil inhérent à une pensée qui inscrirait la solitude d’Israël comme une donnée intangible de l’histoire. Car si Israël se pense voué irrémédiablement à la solitude, il risque de finir seul'; si Israël se croit haï à jamais, il se condamnera à la méfiance et à l’amertume. Mais s’il garde chevillé au cœur l’espérance d’être un jour rejoint, compris, même partiellement, par d’autres nations, fût-ce par une minorité d’entre elles, alors il pourra continuer de porter la lumière dans le monde. Être à part ne signifie pas être seul': c’est assumer une place unique, un rôle moral à la table des nations. Bil'am ne l’a pas compris ainsi. Ses oracles, par leur ambiguïté, ont pu piéger Israël dans une auto-défense identitaire excessive'; pourtant, la Torah nous montre que la vocation universelle d’Israël reste intacte, même si elle passe par la préservation et l’approfondissement de son particularisme. Ou, pour reprendre le mot d’Emanuel Levinas « Dans notre esprit, le Juif c'est l'homme en tout homme... » Force est de constater que cette reconnaissance de la place d’Israël dans le concert des Nations n’est pas encore gagnée. Aujourd’hui encore, Israël est accusé, jugé, marginalisé. À chaque génération, des voix veulent le séparer, le bannir, le stigmatiser. Mais la réponse ne peut pas être la résignation'; elle ne doit pas consister à s’enfermer dans l’isolement. La force d’espérer, c’est précisément de continuer à croire au dialogue, même lorsque tout porte à penser qu’il est vain. C’est continuer à tendre la main, à expliquer, et à enseigner. Cela suppose du courage. Cela suppose aussi une identité suffisamment forte pour ne pas craindre la rencontre. Cet espoir, nous le devons également, à tous les « justes » des nations, furent-ils peu nombreux, qui se sont tenus à nos côtés dans les périodes les plus sombres de l’histoire, et qui continuent, à notre époque, de défendre Israël et les Juifs à travers le monde. Israël n’a pas vocation à la solitude, mais à l’exemplarité. Il est la mémoire vivante d’une alliance entre un peuple et D.ieu, alliance qui implique une responsabilité immense': ne jamais désespérer de l’homme, même de ses adversaires, même de ceux qui le rejettent. Bil'am a vu un peuple qui ne se laisse pas absorber, un peuple qui persiste à croire à ses valeurs, à les mettre en pratique, et à les transmettre. Cela n’est pas un isolement'; c’est une fidélité. Et cette fidélité doit rester ouverte': Israël est appelé à demeurer fidèle à lui-même, tout en espérant diffuser sa lumière aux autres nations. La Paracha Balak nous enseigne la puissance d’une telle espérance. Même les pires ennemis peuvent, par la volonté divine, se transformer en instruments de bénédiction. Même ceux qui voulaient maudire finissent par louer. Cela devrait nourrir la confiance': rien n’est irréversible dans le regard des nations, à condition de rester debout. Le judaïsme ne célèbre pas la solitude, il célèbre l’unité de la famille humaine sous la souveraineté du Créateur. Israël porte la mission de rappeler cette unité, même s’il doit pour cela conserver sa différence. Ajouter votre commentaire !
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