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Blog : Torah-Box

La parole : arme de construction massive

La Torah considère la parole comme un outil sacré capable de véhiculer les plus nobles idées - comme de provoquer les pires destructions. Les lois qui régissent le langage sont réunies sous le terme de Chémirat Halachon. Dans les pages qui suivent, découvrez la source, l’importance et les lois qui encadrent ce domaine. 

Et si la clé du troisième Temple se trouvait entre les mains de notre langue ?

Le verbe qui tue

Nos Sages rapportent dans le Talmud une anecdote à laquelle ils attribuent l'origine de la destruction du deuxième Temple. Or, cette anecdote n’est mentionnée dans aucun livre d’histoire, pas même chez Flavius Josèphe, témoin direct des événements, qui rapporte avec précision les tensions internes, les conflits, les trahisons, les batailles, le siège et la destruction du Temple. Alors pourquoi 'Hazal choisissent-ils de relier un événement aussi colossal à ce récit personnel ? Que veulent-ils nous enseigner ? Voici le résumé de ce récit.

La vengeance de Bar Kamtsa

Un homme de Jérusalem organisa un grand banquet et demanda à son serviteur d’inviter son ami, Kamtsa. Mais le serviteur se trompa et invita Bar Kamtsa, l’ennemi juré de son maître. Lorsque l’hôte vit Bar Kamtsa parmi les convives, il entra dans une grande colère et exigea qu’il quitte les lieux immédiatement. Bar Kamtsa, humilié, le supplia de le laisser rester et proposa de payer ce qu’il avait mangé. L’hôte refusa. Il proposa alors de payer la moitié du festin. Nouveau refus. Enfin, il offrit de payer l’intégralité du banquet pour éviter la honte publique. Mais l’homme ne céda toujours pas, il le saisit et le chassa devant tous les invités. Aucun Sage présent n’intervint. Bar Kamtsa, outragé, se rendit alors auprès du César, monta un complot contre les Juifs, et provoqua une série d’événements qui menèrent à la destruction du Temple et à la mort de centaines de milliers de Juifs. (Talmud, Guitin 55b)

Mais une lecture plus attentive de ce récit nous révèle une dimension plus profonde.

Car si, de prime abord, Bar Kamtsa apparaît comme la victime, son comportement trahit en réalité un caractère provocateur. Il aurait pu baisser la tête, sortir discrètement, contenir sa peine, et sans doute passer pour une véritable victime. Peut-être même que certains convives auraient osé prendre sa défense. Il aurait limité les dégâts. Il aurait grandi dans l’humiliation.

Mais non.

Ce qui a détruit Jérusalem

Lorsqu’il propose de rembourser ce qu’il a mangé, on peut imaginer qu’il dit en substance : "Si ton problème, c’est un morceau de poulet avec quelques frites, je te rembourse." Ce n’est pas un geste d’apaisement, c’est une manière de tourner en dérision la scène. Puis il monte d’un cran : "Je paie la moitié du festin" — comme pour dire : "Moi aussi j’ai de l’argent, je ne suis pas impressionné par ton banquet." Et enfin, il propose de tout payer : "Je suis plus riche que toi." Ce n’est plus une tentative de paix, c’est une surenchère arrogante.

Bar Kamtsa n’est pas une simple victime. Il est incapable de baisser la tête, incapable de ravaler sa fierté. Et sa vengeance, motivée par l’orgueil, coûta la vie à des milliers de Juifs.

Nos Sages souhaitent ainsi nous ouvrir les yeux. Le véritable ennemi n’était pas Rome. Ce n’était pas la puissance extérieure. C’était l’état intérieur du peuple. Le tempérament de la génération.

Un mot de trop. Une bouche incontrôlée. Une colère jamais contenue.

Ce qui a détruit Jérusalem, c’est cette manière de parler avec dureté, de répondre avec arrogance, de ne pas savoir se retenir. Ce sont les traits de caractère les plus négatifs : l’orgueil, la susceptibilité, la cruauté, le refus de pardonner. Et le porte-parole — sans vouloir faire de jeu de mots — de tous ces défauts, c’est la bouche. C’est elle qui vient exprimer tout le malaise de l’homme mauvais. C’est par elle que se déverse ce que le cœur mal travaillé ne sait plus retenir.

Le monde a été créé par le verbe, par la Parole divine. Et c’est ce même verbe, mal employé, qui peut détruire un monde.

Et aujourd’hui ?

Les dégâts de la parole mal maîtrisée se poursuivent. Dans les couples, combien de blessures sont causées par des mots jetés sans filtre ? Moqueries, critiques, mépris, sarcasmes…

On blesse avec des mots. On mutile. On crée des cicatrices invisibles mais profondes. Et souvent, cela ne vient pas d’une méchanceté consciente, mais simplement d’un réflexe de défense, d’une impulsion dans un moment de tension. On veut sauver notre honneur, avoir le dernier mot, rétablir notre supériorité. On pense que cela va clore la dispute.

Mais en vérité, ce n’est jamais la fin de la discussion. C’est souvent le début de la guerre.

Et c’est pour cela qu’il est nécessaire de travailler sérieusement sur ce sujet. Car dans un moment d’agitation ou de colère, si les mots n’ont pas été éduqués, ils jaillissent sans contrôle. Sans qu’on l’ait voulu. Mais la personne blessée en face, elle, ne fera pas la différence. Elle n’entendra pas la maladresse. Elle n’excusera pas la spontanéité. Elle entendra un jugement. Une attaque.

Et c’est ainsi : quand les gens sont vexés, ils deviennent rapidement psychologues. Ils interprètent. Ils traduisent nos mots en émotions cachées. “Si tu as dit ça, c’est que tu le penses au fond de toi…” Et parfois, tout ce que nous avions réussi à construire peut s’effondrer à cause d’une seule phrase incontrôlée.

Avec les enfants aussi. Parce qu’ils sont sous notre autorité, nous pensons pouvoir tout dire. Et parfois, notre langue déverse sur eux plus de venin que le serpent originel.

Et dans nos relations sociales ? Une parole sèche, un ton moqueur, une remarque humiliante — et c’est une amitié qui se brise, une ambiance qui se gâte, une relation qui meurt.

Ce ne sont pas les actes qui nous séparent. Ce sont les mots. Mal maîtrisés. Mal orientés. Mal intentionnés.

Éteindre la lumière – ou la faire briller

Les lois de Chémirat Halachon ne consistent pas seulement à ne pas parler dans le dos de quelqu’un.

Cela commence bien avant. Cela concerne notre manière de parler à nos enfants, à notre conjoint, à nos amis, à nos collègues, à un inconnu dans la rue.

Et là surgit une inquiétude fréquente : "Si je dois tout surveiller, je ne pourrai plus parler !" Erreur.

Le plus grand maître de la Chémirat Halachon fut le ‘Hafets Haïm, Rabbi Israël Meïr Hacohen de Radin. Et ceux qui l’ont connu rapportent l’inverse du silence. Il parlait. Et il parlait beaucoup. Pendant tout le Chabbath, il pouvait converser sans interruption, avec chaleur et profondeur. Ses élèves racontent qu’il pouvait passer des heures à parler — mais à parler bien. Ce n’est pas de moins parler qu’il s’agit. C’est de mieux parler.

Car la bouche peut surtout être une source de lumière immense. Celui qui parle bien — qui bénit, qui félicite, qui encourage, qui remercie — fait jaillir de lui sa part la plus pure. Il réveille en lui une énergie lumineuse. Il fait du bien, mais il se fait aussi du bien. Celui qui utilise sa bouche pour faire du bien devient lui-même heureux. Il active dans son cerveau des circuits positifs. Il ressent une joie profonde, car il devient l’instrument du bonheur d’autrui.

Et c’est une véritable discipline. Oui, au début, cela demande un effort. Il faut parfois se retenir, respirer, réorienter. Mais essayez. Essayez, même juste une journée, de n’utiliser votre bouche que pour construire.

On s’habitue vite à dire des paroles agréables, valorisantes, encourageantes. Et en retour, vous recevrez une avalanche de bienfaits. La douceur revient. La paix s’installe. Les visages s’éclairent autour de vous. Et vous sentirez que vous aussi, vous changez. Et il n’y a rien de plus simple. La bouche est un outil toujours disponible. Il ne faut ni argent ni diplôme pour s’en servir. Juste un peu de conscience. Et avec elle, on peut bombarder le monde entier de douceur, de réconfort, de vie.

Nous entrons actuellement dans la période des trois semaines, du 17 Tamouz au 9 Av, durant laquelle nous commémorons la destruction du Temple et la chute de Jérusalem. Une période de deuil, mais aussi d’introspection propice à réfléchir sur notre manière de parler et affiner notre langage. 

Plus que jamais, c’est le moment d’étudier et d’appliquer les lois de la Chémirat Halachon, afin de reconstruire, par nos paroles, ce que la haine gratuite a détruit.

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Dernière mise à jour, il y a 49 minutes