Blog : Torah-Box

La Torah rapporte l’action de Pin’has, petit-fils d’Aharon, qui a exécuté un acte courageux en évitant la profanation publique de l’Éternel, en présence de tout le peuple. L’Éternel le félicite d’avoir « vengé la vengeance » divine par son acte, selon l'expression consacrée de la Torah « Pin'has Nakam ete Nikmati ». Rachi rapporte le Midrach qui dit que Pin’has s’est d’abord adressé à Moché en lui rappelant la gravité de l’acte. Et Moché lui répond : « Le lecteur de la lettre doit en être l’exécuteur ». En effet, Pin'has rappelle la Halakha à Moché et ce dernier lui répond que l'honneur d'appliquer la Halakha revient à celui qui l'a remémorée. Et cela a décidé Pin’has à commettre cet acte.

Cet événement est rare dans la Torah, où nous voyons un homme prendre une initiative et recevoir ensuite une bénédiction pour cette action. En quoi l’action de Pin’has est-elle si riche de signification, et en quoi cela nous concerne encore aujourd’hui ? Cette question mérite d’être posée, car l’on comprend qu’il s’agit indiscutablement d’un EXEMPLE pour les générations à venir. Il ne s’agit pas d’un martyr, qui est brûlé en public, ou qui entre dans une chambre à gaz. Il s’agit ici d’un geste différent : ce que Zimri (le coupable) a voulu, c’est démontrer en public qu’il ne faut pas écouter l’Éternel. C’est pour cette raison que D.ieu s’exprime ainsi : « (Pin’has) a agi avec zèle pour Moi devant les enfants d’Israël » (ibid. 25,11). Le terme hébraïque pour exprimer ce « zèle » est le terme Kina généralement traduit par le mot « jalousie ». Or, c’est là le terme utilisé dans le 3ème des 10 Commandements : « Je suis un D.ieu jaloux » (Chémot 20,8). D.ieu n’est pas jaloux, car on ne peut être jaloux que de ce qui nous ressemble ! Et D.ieu ne saurait être « jaloux » des idoles qui n’ont aucune valeur. Mais le terme « Kina » n’exprime pas la jalousie, mais l’exclusivité. « Jaloux » signifie que l’on désire ce que l’autre a. Mais exclusif signifie que, seul, Il existe. Il est seul, car Il est l’Absolu, sans début et sans fin. Ici, nous comprenons le SENS de l’acte de Pin’has. Il a manifesté l’exclusivité d’Hachem, devant tout le peuple. Il a sanctifié le Nom Divin en éliminant le NÉGATIF, en public.

Ici, se situe la traduction actuelle de l’acte de Pin’has. Le peuple d’Israël est le véhicule de la Chékhina (Providence) sur terre. Cela est merveilleux, mais difficile. Avant d’agir, Pin’has consulte Moché, qui lui dit d’agir. Il le fait, mais le but de cette action doit être de publier le message de la sainteté, c’est-à-dire du SENS du matériel. Que devons-nous apprendre de cet épisode ? Comme l’écrit le Ram’hal dans le Messilath Yécharim : le degré le plus élevé dans la vie morale est la SAINTETÉ. Il ne s’agit pas d’un saint laïque, (à l’image de Tarrou, le saint de Camus dans « La Peste ») ni d’un saint éloigné de la vie qui vit comme un ascète et se réfugie dans l’abstinence, et vit hors du monde. Le « saint » d’après la Torah est celui qui vit dans le monde, et suit les règles de la Tsni'out (pudeur). L’acte de Pin’has, précisément lié à ce sujet, doit servir d’exemple de pureté. Il est public, car il doit être éducatif. La réponse de l’Éternel à l’acte de Pin’has est – très clairement – une approbation, puisque c’est d’avoir souligné le sujet essentiel de l’organisation de la société, qui peut être objet de sainteté ou de décadence morale totale. Pin’has est un exemple, mais, en fait, il importe de dépasser cet épisode, pour comprendre que c’est de l’exclusivité de la vie morale qu’il s’agit. En faisant un acte de sanctification, le petit-fils d’Aharon a symbolisé un effort nécessaire pour le maintien d’une vie sociale. On a voulu voir dans le prophète Eliahou un prolongement de Pin’has. Or ce prophète est, selon la tradition, présent dans chaque circoncision, car il y a un « Kissé chel Eliahou », siège symbolique du prophète. Sanctification du Nom divin, sanctification de la vie morale juive, l’acte de Pin’has dépasse de beaucoup son époque, et c’est pourquoi cette alliance charnelle est le reflet de l’exclusivité d’Israël et de l’Éternel.