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Blog : Torah-Box

Pourquoi je n'ai plus goût à la Torah... comme avant

Sentez-vous parfois une certaine lourdeur dans votre pratique du judaïsme ?
Ce temps d’étude que vous aviez autrefois fixé avec enthousiasme ne vous nourrit plus vraiment. Votre page de Guémara vous paraît interminable, vos yeux se posent sans cesse sur la montre, vous consultez sans cesse vos messages. Le cours du Rav, jadis source d’inspiration, vous semble désormais lointain, presque étranger.

Et la prière ? Vide, fade. Vous peinez à vous lever le matin, le cœur lourd et l’esprit engourdi, vous priez à toute allure. À l’approche de Chabbath, vous scrollez jusqu’à la dernière seconde, repoussant le moment d’éteindre votre téléphone, comme si vous deviez dire adieu à une pratique qui va terriblement vous manquer.

Et puis, dès la sortie de Chabbath ou des fêtes, quel soulagement ! La première chose que vous faites — et qui vous procure un vrai frisson de joie — c’est de rallumer votre téléphone. Et après votre checking de messages, statuts et articles Google en tous genres, vous vous sentez enfin… soulagé.

Que s’est-il passé ?
Vous qui étiez si convaincu il y a dix ans, si assidu… Vous voyiez les érudits en Torah comme le sommet absolu de la réussite. Votre lien avec D.ieu était vivant, fort, indélébile.

Aujourd’hui, vous vous retrouvez dans un combat permanent pour vous engager à faire telle ou telle Mitsva (commandement). Tout vous semble rébarbatif, pesant, et vous ne savez même pas d’où vient ce vide intérieur.

Mais j’ai peut-être une piste pour vous.

Et si tout avait commencé par un simple statut WhatsApp ? Une courte vidéo Darka sur Torah-Box…
Vous avez découvert que cela vous « détendait », que cela participait à votre « équilibre », pour ne pas ressembler à « ces religieux qui font toujours la tête ».
Puis, vous vous êtes donné le droit de regarder des documentaires — pédagogiques, bien sûr, selon vous. Mais bientôt, cela n’a plus suffi. Alors, vous êtes passé aux films (en transitant par l’étape des dessins animés, « mais attention, films Cachère !»).
Puis sont venues les scènes plus charnelles. D’abord, vous les cachiez nerveusement de la main. Jusqu’au jour où vous vous êtes dit : « Faut pas exagérer, je ne suis pas un dégénéré… »
Et là, c’est devenu une habitude. Trois films par semaine. Et des influences hollywoodiennes qui vous collent désormais à la peau, vous éloignant peu à peu des valeurs du monde de la Torah, vous plongeant dans une dissonance douloureuse.

Cela a également son lot de répercussions sur votre foyer.
On en vient à apprécier d’autres femmes, parce que la nôtre n’est pas épargnée par les années, et la routine creuse peu à peu la distance. Les enfants aussi observent. Ils voient un père ou une mère le nez collé au téléphone ou à l’ordinateur, là où autrefois, c’était un livre de Torah qui captait leur attention et un livre des Psaumes qui faisait leur fierté.

En résumé, nous nous sommes laissés pénétrer par des « besoins » matériels, des besoins de confort, et cela nous a progressivement éloignés du domaine spirituel. Ce processus est loin d’être nouveau, il est décrit aussi bien dans la Torah que dans les sagesses profanes.

« Ce monde-ci et le monde futur ressemblent à deux ennemis : quand tu te rapproches de l’un, tu t’éloignes de l’autre. » nous enseigne le Rav Ibn Pakoua dans son ouvrage Les devoirs du Cœur[1]. Un enseignement que nous relaye Platon lorsqu’il déclare : « Tant que nous avons un corps et que notre âme est enlacée dans cette corruption, nous ne posséderons jamais pleinement l’objet de nos désirs : la vérité. »[2]

D’ailleurs le Ram’hal dans son célèbre Messilat Yécharim en fait un point essentiel de la condition humaine et du rôle de l’homme sur terre, lorsqu’il écrit : « L’homme n’a été créé que pour se délecter de D.ieu... Mais les conditions de ce monde l’en éloignent, c’est pourquoi il doit combattre et triompher. »[3]. Un principe que l’empereur romain et élève de Rabbi Yéhouda Hanassi connaissait bien pour dire : « Rejette la représentation, coupe le lien, freine l’élan, éteins le désir : ainsi tu posséderas le calme intérieur. »[4]

Cette tension entre le corps et l’esprit n’est pas seulement l’apanage des traditions anciennes : elle est également mise en lumière par les sciences modernes.

Abraham Maslow[5] nous enseigne que tant que l’homme reste absorbé par ses besoins matériels, il lui est impossible d’atteindre la véritable réalisation de soi.

Viktor Frankl, de son côté, parle d’un « vide existentiel » qui naît précisément de cette vie tournée vers la satisfaction immédiate et le confort matériel. Selon lui : « La vie n’est jamais rendue insupportable par les circonstances, mais seulement par un manque de sens et de réponse intérieure »[6]

Erich Fromm va plus loin en décrivant la société moderne comme une « société de l’avoir », fabriquant des individus vides, dépendants et incapables de véritable profondeur.[7]

De leur côté, les neurosciences confirment cette intuition. Kent Berridge montre que la surstimulation des circuits dopaminergiques enferme l’homme dans une quête de plaisir immédiat, le coupant de la recherche de gratifications plus profondes[8]. Marcus Raichle, quant à lui, a démontré que les distractions permanentes désactivent le « default mode network », le réseau cérébral lié à l’introspection et à la conscience de soi[9]. N’avons-nous pas de mal à prier sincèrement après 2 h de scrolling ?! Enfin, Richard Davidson prouve que seule la discipline intérieure, notamment par la réduction de l’attachement matériel (comme la méditation), permet de reconnecter l’homme à une paix authentique et de renforcer sa cohérence frontale[10].

Mais alors quelle est la raison de cette fatalité ? C’est simple, l’homme est un être qui recherche le plaisir et fuit la douleur comme disait Freud : « L’homme tend à éviter la douleur et à rechercher le plaisir immédiat »[11]

Lorsque la spiritualité ne fournit plus à l’homme ce plaisir intérieur et cette vitalité, c’est le monde matériel qui vient occuper cet espace. Et une fois rassasié de plaisirs faciles, sans effort, l’homme finit par se détourner de la Torah qu’il juge lourde, vide, inapte à répondre à ses « besoins ». Le Rav Wolbe, dans Alé Chour, enseigne que sans vigilance, l’homme glisse naturellement vers la facilité, et seul un effort conscient peut le ramener à sa vraie grandeur.

Pourtant, la Torah porte en elle une énergie inépuisable.
Le verset dit : « Ce n’est pas une parole vide pour vous »[12].
Et le Talmud[13] d’en faire l’interprétation suivante : « Si tu la trouves vide, c’est de toi que cela vient »

Dans son commentaire sur Vayikra[14], le Or Ha'Haïm Hakadoch (Rabbi Haïm ben Attar) écrit : « Si les hommes savaient combien la Torah est douce, combien elle est précieuse et combien ses chemins sont agréables, ils deviendraient fous d’amour pour elle et ils s’élanceraient derrière elle comme un homme poursuivant un trésor inestimable.

Mais n’oubliez pas : cet état de léthargie spirituelle commence toujours par une petite brèche… qui finit en montagne.

La Guémara[15] enseigne qu’à la fin des temps, D.ieu égorgera le Yétser Hara'. Les justes pleureront d’avoir réussi à vaincre une montagne, tandis que les impies pleureront d’avoir trébuché sur un fil aussi fin qu’un cheveu, car tout commence toujours par un « petit mal »…

La solution ? Se séparer temporairement, des influences matérielles. Opérer un sevrage pour se reconstruire. Revenir ensuite avec force et équilibre. Maïmonide l’explique dans le Michné Torah[16] : « quand l’âme s’est penchée vers un extrême, il faut d’abord se diriger vers l’extrême opposé, avant de revenir à la voie du juste milieu ».

Ainsi, retrouver la saveur de la Torah, rallumer la flamme intérieure, et réapprendre à se nourrir de la lumière plutôt que de l’ombre qu’on nous vend comme de l’éclat.

 

[1] Hovot Halévavot, Cha’ar Haprichout, chap. 2

[2] Platon, Phédon, 66b–67a

[3] Messilat Yécharim, chap. 1

[4] Marc Aurèle, Pensées, Livre VI, §30

[5] Motivation and Personality, 1954

[6] Man’s Search for Meaning, 1946

[7] To Have or To Be', 1976

 

[8] Berridge & Robinson, 1998

[9] Raichle et al., 2001

[10] Davidson & Lutz, 2008

[11] Au-delà du principe de plaisir, 1920

[12] Dévarim 32, 47

[13] Mena’hot 99b

[14] 18:5

[15] Soukka 52a

[16] Hilkhot Dé'ot 2:2

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Dernière mise à jour, il y a 10 minutes