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Blog : Torah-Box

Garder sa langue au bureau - mode d'emploi : 8 situations, 8 réponses

Conflits, licenciements, collègues toxiques ou simples maladresses : le monde du travail met notre parole à rude épreuve ! Comment rester honnête, ferme et respectueux sans transgresser les lois de la Chémirat Halachon ? Ce guide clair et accessible du Rav Avraham Garcia explore les réponses de la Halakha et les conseils pratiques aux dilemmes professionnels de tous les jours.

Harcèlement patronal

Un patron n’a pas un comportement correct avec ses employés (harcèlement, tyrannie, etc.), Comment les employés peuvent-ils agir auprès des ressources humaines ou du syndicat pour se défendre sans pour autant enfreindre l’interdit de Lachon Hara’ ?

Bien qu’en règle générale, il est interdit de parler négativement d’autrui, même si les faits rapportés sont véridiques (‘Hafets ‘Haïm 1), dans certains cas lorsqu’il y a une utilité justifiée (Léto’élèt), la Halakha autorise — voire oblige — de parler, même si cela cause un tort à l’autre, à condition de respecter certains critères stricts :

L’intention est d’empêcher un dommage ou d’obtenir justice. Il n’y a pas d’autre solution possible. Les faits sont objectivement avérés et non exagérés. Notre objectif est de mettre fin à une situation intolérable et non pas de nous venger. Aucune sanction plus grave que ce que le fautif mérite du point de vue de la Halakha doit découler de nos propos.

On devra tout d’abord essayer si possible de parler à la personne concernée, sauf s’il y a un risque d’aggravation ou de représailles. On pourra en deuxième lieu s’adresser aux RH ou à un syndicat, à condition de rester factuel, honnête et de ne pas exagérer les faits.

Collègue tyrannique

Si un collègue agresse, exaspère ou en tyrannise un autre, comment la personne agressée peut-elle réagir pour se défendre sans enfreindre les lois du langage ?

La Halakha permet de parler négativement d’autrui dans certaines circonstances, notamment :

- Pour se défendre d’une injustice,

- Pour mettre fin à un abus,

- Pour prévenir un dommage futur.

Il s’agit alors de Lachon Hara’ justifié (Léto’élèt), c’est-à-dire une parole prononcée dans un but constructif. Ce type de parole est autorisé, à condition de respecter plusieurs règles précises.

Par conséquent, il est permis de s’adresser à une personne capable d’intervenir – tel qu’un médiateur, un responsable hiérarchique ou un cadre des ressources humaines – dans le but de résoudre le problème. Pour que cette démarche soit halakhiquement permise, il faut remplir les conditions précitées.

Difficultés relationnelles au travail

En cas d’incompatibilité relationnelle entre 2 collègues, comment résoudre les différends par le biais d’une tierce personne en respectant les lois de Chémirat Halachon ?

Le ’Hafets ‘Haïm (10) enseigne que parler négativement d’autrui est en général interdit mais peut devenir permis — et parfois nécessaire — lorsqu’il s’agit de parler Léto’élèt, c’est-à-dire dans un but constructif (résoudre un conflit, se défendre, protéger quelqu’un ou prévenir un tort futur).

Cependant, cela n’est autorisé que si sept conditions strictes sont remplies :

Le but doit être constructif, et non motivé par la haine, la vengeance ou le mépris. Les faits doivent être vérifiés : il ne s’agit pas de soupçons ou de suppositions, mais de faits avérés. Parler uniquement à une personne capable d’agir, comme un responsable RH, un médiateur ou une autorité compétente. L’intention doit rester pure : la motivation doit être la paix, la justice ou la réparation d’un tort. Ne rien exagérer : il faut se limiter aux faits strictement nécessaires, sans dramatiser ni amplifier. Il ne doit pas exister d’alternative efficace : on a tenté, dans la mesure du possible, de résoudre le problème sans parler du tiers. La conséquence doit être proportionnée : il faut s’assurer que ce qu’on dira ne causera pas au fautif plus de tort qu’il n’en mérite réellement. Employé fautif ou incompétent

Comment exprimer à un collègue ou employé qu’il ne travaille pas correctement, qu’il a fait une erreur, est carrément incompétent ou qu’il n’a pas un comportement professionnel ?

Il est interdit d’en parler à autrui si l’on peut résoudre le problème soi-même. Dans ce cas, il s’agit de ce que la Torah appelle une Tokha’ha (réprimande), et vous pouvez – et parfois devez – faire des reproches, car il s’agit d’une Mitsva.

Cependant la Halakha impose des règles strictes à cette Mitsva de réprimander son prochain :

- Il est interdit de l’humilier (Halbanat Panim),

- Il est interdit de le blesser inutilement (Onaat Dévarim).

Il faudra donc viser la correction, dans le respect, en choisissant le bon ton, le bon moment et un cadre privé. On utilisera des formulations appropriées, pour faire comprendre à la personne que son travail n’est pas satisfaisant, tout en évitant l’agression directe. Par exemple, il vaut mieux dire : "Ce texte contient des erreurs", ou "Ce dossier ne me convient pas, il faudrait le retravailler", plutôt que : "Tu fais toujours des erreurs", ou "Tu n’es pas à la hauteur". De même, on évitera les généralisations ou exagérations comme : "C’est toujours comme ça avec toi", ou "Tu fais n’importe quoi".

Si vous sentez que vous n’y arriverez pas seul, il sera alors permis de faire appel à une tierce personne compétente (supérieur, médiateur, Rav), capable de transmettre le message avec justesse.

Je dois le licencier : comment garder ma bouche et juger favorablement ?

Comment licencier un salarié pour faute ou incompétence tout en respectant les lois du langage (et le juger favorablement) ?

La Halakha reconnaît qu’un employeur a le droit — et parfois le devoir — de mettre fin à un contrat de travail lorsque :

- le salarié ne remplit pas ses fonctions,

- ou agit de manière fautive ou préjudiciable,

- ou n’a plus la capacité nécessaire pour le poste.

Mais ce licenciement doit être effectué dans le respect des lois de la Chémirat Halachon, de la justice, de la dignité humaine, et parfois des lois sociales en vigueur dans le pays (Dina Démalkhouta Dina).

L’employeur a le droit — et parfois le devoir — d’expliquer les raisons du licenciement.

Mais cette explication doit se faire :

- avec respect,

- sans exagération,

- sans accusations humiliantes,

- et en se concentrant sur les faits objectifs.

Formulation du reproche :

La remarque doit porter sur le comportement ou les résultats, pas sur l’identité ni la valeur de la personne. On dira par exemple : "Le travail demandé n’a pas été accompli dans les délais" et non pas : "Tu es un incapable". Il est interdit de faire ces remarques en public ou d’adopter un ton dur ou condescendant.

Juger favorablement (Lékaf Zéhout) :

Avant de prendre une décision aussi lourde que le licenciement, la Halakha — tout comme le bon sens — demande de :

- vérifier que le salarié avait bien compris les attentes,

- lui donner une chance réelle de s’améliorer,

- tenir compte de circonstances atténuantes, comme une maladie, des difficultés personnelles ou une surcharge excessive.

Cela permet de ne pas juger hâtivement ou injustement, et d’agir avec compassion et équité.

Lachon Hara’ après le départ :

Même après avoir dû licencier une personne, il reste interdit d’en parler de manière négative aux collègues, partenaires ou clients. Par exemple : "Il était nul, on n’en pouvait plus" ou "On l’a viré, il faisait n’importe quoi". De tels propos relèvent du Lachon Hara’ classique, et parfois même de Halbanat Panim (faire honte publiquement à quelqu’un), ce qui est une faute très grave.

Il est conseillé de dire : "Je n’ai plus les moyens de payer mes employés et je suis donc contraint de vous licencier". On pourra trouver une autre excuse qui ne remettra pas en cause la personne.

Comment manager son équipe tout en respectant sa langue ?

Lorsque l’on est patron, comment manager une équipe, motiver, recadrer, régler les conflits, prendre des décisions parfois impopulaires, trancher, tout en respectant les lois de Chémirat Halachon ?

Dire des paroles qui renforcent le moral est une Mitsva : il s’agit de faire du ‘Hessed. Le Rambam enseigne qu’il faut traiter ses employés avec respect et dignité. Il est donc évident que l’on doit s’efforcer d’encourager son équipe de travail publiquement et la féliciter sincèrement. Il faudra aussi s’efforcer de créer un climat de confiance sans flatterie excessive et valoriser le potentiel de chacun.

En ce qui concerne le Lachon Hara’, il est permis (et parfois nécessaire) de recadrer, mais sans médire. Car le Lachon Hara’ est interdit, même si les propos sont véridiques. Pour cela, on devra de prime abord être toujours en tête-à-tête et dans la discrétion. On devra :

- expliquer les attentes de façon factuelle,

- éviter toute parole blessante ou sarcastique.

Si cela est impossible, et que l’option de faire appel à une tierce personne pour régler le problème est éliminée, il sera dès lors toléré de dire une parole négative à condition :

- d’avoir vérifié les faits,

- d’avoir une intention constructive,

- de ne dire que le strict nécessaire et seulement aux personnes qui doivent être impliquées.

- d’agir sans haine, sans humiliation.

Le patron a le droit (et parfois le devoir) de décider. Mais il est interdit de faire du favoritisme ou de décider sur le coup de la colère.

On pourra aussi parler d’un problème global qui concerne toute l’équipe afin que personne ne se sente visé ni rabaissé. Par exemple : "Tout le monde arrive en retard, et c’est insupportable". Dans l’impossibilité, le reproche devra être fait à chacun de manière individuelle. Si cela n’est toujours pas possible, on envisagera de faire intervenir une tierce personne (un Rav, un ami, etc). Si cela aussi n’est pas possible, on pourra dire en public le strict nécessaire et uniquement aux personnes qui sont concernées. Pour le permettre, les 7 conditions déjà détaillées plus haut devront être remplies.

En milieu non-juif, je suis confronté à du Lachon Hara’ en permanence !

Comment se comporter avec mes collègues non-juifs à la cafétéria ou au restaurant d’entreprise quand les conversations tournent autour du Lachon Hara’ ? J’aimerais conserver des relations cordiales avec tout le monde, sans m’exclure forcément de toutes les conversations.

Le ‘Hafets ‘Haïm est catégorique, il faut sortir de la pièce ! Si c’est impossible, il faut boucher ses oreilles au sens propre du terme. Et si c’est impossible, on pourra en dernier recours rester sans croire ce qui est raconté. Si ce qui est raconté ne nous concerne pas, on ne pourra même pas douter de ce qui nous est raconté.

Collègue antisémite : comment me défendre sans enfreindre la Chémirat Halachon ?

Comment réagir si un collègue a une attitude antisémite ou hostile vis-à-vis de moi ? Comment me défendre auprès de la Direction et faire en sorte que cela ne se reproduise pas sans faire de Lachon Hara’ ?

L’antisémitisme étant un phénomène dangereux à abolir à tout prix (on a hélas vu des cas extrêmes se solder par des crimes), vous pouvez dire du Lachon Hara’ sur la personne en question, quitte à ce qu’elle se fasse renvoyer. Bien entendu, on essayera dans la mesure du possible de convaincre cette personne de l’absurdité de ses propos, mais dans l’impossibilité de lui faire changer d’avis, il faudra agir de la manière la plus ferme, pour ne pas laisser une telle situation se poursuivre dans l’impunité. Attention, parfois le Lachon Hara’ n’aura pour seul effet que d’entraîner plus de haine.

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Dernière mise à jour, il y a 53 minutes