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Blog : Torah-Box

7 Octobre, antisémitisme - L'exil craque

Il fut un temps, pas si lointain, où les Juifs d'Europe et d'Amérique pouvaient encore se convaincre que l'exil avait quelque chose d'acceptable. Certes imparfait, mais gérable. Aujourd'hui, dans les rues de Paris, de Londres ou de Toronto, cette illusion tend à effondrer. On passe son ticket dans le métro et le chauffeur murmure : « Sale Juif ». Il suffit de traverser la rue avec la Kippa pour qu’un passant puisse vous bousculer en vous jetant un regard de dégoût. Des synagogues taguées. Des écoles sous protection militaire. Une femme juive se fait arracher l’étoile de David de son cou à Marseille, un autre se fait insulter dans un supermarché à Berlin. Ce sont des faits devenus divers. Multipliés. Normalisés.

Et quand ce ne sont pas les anonymes, ce sont les élus. En juillet 2025, le ministre espagnol des Transports, Oscar Puente, qualifie des adolescents juifs expulsés d'un vol de « morveux israéliens ». Aucune sanction, aucune excuse. L'insulte est proférée avec une impunité décomplexée, née du climat post-7 octobre. Depuis l'attaque du 'Hamas, la propagande s'épanche : Israël est devenu aux yeux des foules le paria sans cœur, le colon sans droit, le Juif devenu criminel.

Mais le plus troublant n'est pas la haine, c'est sa légitimation morale pour une société qui se targue de défendre les minorités. Tu parles ! Les Juifs ne représente-ils pas une minorité par excellence en France ? L'antisémitisme a vite fait de se déplacer dans les cercles universitaires ; il s'étend désormais jusqu'aux discours politiques, à la presse bien-pensante, aux institutions internationales. Tout Juif est devenu suspect de "complicité avec les crimes d'Israël", comme si notre simple existence devenait, de fait, coupable. Au même titre que la couleur de peau d’un homme suffisait jadis à le condamner. Kippa sur la tête, nom à consonance hébraïque, le fait de parler hébreu — tout cela suffit désormais à nous rendre condamnable.

En tant que Juifs croyants, convaincus que D.ieu dirige le monde – selon le premier des articles de foi de Maïmonide[1] – ne devrions-nous pas nous interroger : les secousses du réel ne seraient-elles pas un message adressé d’En-Haut ? Et si ces bouleversements, étaient en réalité des appels voilés à un repositionnement spirituel et collectif ?

Lire la réalité à la lumière de la Torah

L’histoire du monde parle. Il parle en guerres, en tremblements, en vagues, en cris. Et parfois, en silence. Encore faut-il savoir les entendre. Les grands penseurs d'Israël ont toujours enseigné que les événements de l'histoire sont des signes, parfois des cris, que D.ieu adresse à Son peuple.

Rav Dessler, dans son œuvre monumentale Mikhtav Mééliyahou[2], le formule ainsi : « La Providence parle à travers les faits. Celui qui ferme les yeux sur les événements rate la voix de D.ieu dans l'Histoire. » Ce n’est pas une métaphore, mais une lecture spirituelle du réel à laquelle la Torah nous oblige.

Rav Kook, quant à lui, dans Orot Hatéchouva[3], appelle à prêter attention aux secousses du monde : elles traduisent les attentes du divin sur l’âme collective. Ce ne sont pas des soubresauts chaotiques : ce sont les douleurs d'un accouchement spirituel. Ignorer ces remous, c'est rater la gestation du Réveil.

Ce que nous vivons ne se résume pas uniquement à un durcissement de l’exil. Quelque chose de plus profond est en jeu. Car dans notre tradition, l’exil n’a jamais été un état stable : il est une fracture, une anomalie, l’éloignement de notre terre que le temps ne guérit pas.
Et lorsque cette fracture devient trop vive, lorsque le monde se referme autour du Juif et que les refuges se dissipent, un autre mouvement s’enclenche. Silencieux. Inattendu parfois. Mais irrépressible. C’est un retour vers soi. Vers ce noyau identitaire que l’exil avait recouvert, sans jamais éteindre…
Les Prophètes l’ont vu, l’ont crié, parfois avec des larmes, parfois avec colère : le peuple d’Israël reviendra. Pas toujours dans la lumière, souvent à travers les secousses. Pas toujours par idéal, parfois parce qu’il n’y a plus d’autre choix. Dans la hâte, sous les insultes, les affaires en boule sous le bras, mais avec l’espoir excité d’une vie plus grande.
Il faut le dire avec gravité : le retour à Sion n’est pas seulement un rêve ancien. C’est peut-être la  réponse qui reste, quand le monde cesse de faire place. Et il est en train de se produire – sous nos yeux, dans la douleur, et dans la fidélité aux prophéties.

Le prophète Yéhezkel[4] parlant au nom de D.ieu disait : « À main forte, avec un bras étendu et d'une colère déversée, Je vous ferai sortir d'entre les peuples, et Je vous rassemblerai des pays où vous êtes dispersés. »

Ce retour peut être inspiré par l'idéal — imagé par le pêcheur du prophète Yirmiyahou[5]: « Voici que J'enverrai une multitude de pêcheurs, et ils les pêcheront … » Mais si le peuple ne répond pas à l'appel de l'idéal, vient alors le chasseur : « … puis J'enverrai des chasseurs, et ils les chasseront de toutes les montagnes et de toutes les collines. »

Le Maharal de Prague, dans Netsa'h Israël[6], enseigne que l'exil est un état antinaturel, une déformation du lien ontologique entre Israël et sa Terre. Or toute force qui s'éloigne de sa forme naturelle tendra, par tension interne, à revenir à son point d'équilibre. L'exil n'est pas soutenable indéfiniment. Il génère, de manière nécessaire, un retour.

Et si les événements que nous appelons “actualité” n’étaient, en réalité, que les contours visibles d’une Volonté divine en train de se dévoiler ? Non pas dans le fracas des miracles, mais dans le langage discret de l’Histoire, pour qui sait encore écouter…

Quand l'histoire pousse au retour

Depuis le 7 octobre 2023, la machine s'est emballée. Une haine longtemps contenue s’est déliée, brutale et sans masque. Le masque de l'antisionisme est tombé, laissant apparaître l'ancien visage de l'antisémitisme. Le Juif n'est plus critiqué pour ses idées, mais pour ce qu'il est. Les chiffres ne sont plus des signaux faibles. Ils sont assourdissants.

En France, on est passé de 436 actes antijuifs en 2022 à 1 676 en 2023, selon le Service central du renseignement territorial, un chiffre confirmé par le CRIF et le ministère de l’Intérieur[7].
En Allemagne, plus de 5 000 incidents ont été recensés sur l’année 2023, soit une moyenne de 32 attaques par jour[8].
Au Canada, les actes antisémites ont presque doublé entre 2022 et 2023, passant de 2 769 à 5 791, puis encore en hausse à 6 219 en 2024[9].
Au Royaume-Uni, le Community Security Trust rapporte 4 103 incidents en 2023, contre 1 510 l’année précédente (CST Report, jan. 2024).
Quant aux États-Unis, l’ADL (Anti-Defamation League) a enregistré 8 873 incidents antijuifs en 2023, contre 3 976 en 2022, soit une augmentation de plus de 120 %[10] .

Et pendant ce temps, l’ONU collectionne les résolutions contre Israël, les éditoriaux s'accumulent pour démoniser Tsahal, les campus universitaires deviennent des foyers d'incitation à la haine, les entreprises tolèrent des slogans appelant à l'intifada. Cette haine n'est pas localisée. Elle est systémique, transversale, désormais émotionnellement légitimée.

Et que disent nos Maîtres ? Que lorsque les épreuves surviennent, elles sont un message. Le Rambam, dans Hilkhot Ta'anit[11], déclare : « Lorsque survient une difficulté dans le monde, il est un commandement de crier vers D.ieu, de jeûner et de réfléchir. Si l'on dit : "C'est un hasard", c'est de la cruauté. » Ne pas chercher le sens, c'est faillir.

L'épreuve n'est pas une punition, elle est une direction. Et dans les mots du prophète Amos, le refrain tragique revient : « Et vous n'êtes pas revenus à Moi… »[12]. Peut être que le sens du retour doit être pris cette fois dans un sens plus littéral...

Certains d’ailleurs, grâce à D.ieu, entendent encore l'appel.

Le réveil des pas

Car si l'histoire presse, les âmes bougent. Elles migrent. Elles montent. Depuis octobre 2023, l'Alyah a bondi. Les demandes de montée en Israël ont augmenté de +233 % en France, +97 % au Canada, +62 % aux États-Unis, +52 % au Royaume-Uni. Plus de 4 000 nouveaux immigrants nord-américains sont arrivés entre fin 2023 et mi-2024 selon Nefesh B'Nefesh. Ce ne sont pas des chiffres : ce sont des pas. Des valises pleines d'espérance. Des cœurs qui acceptent de quitter l'habitude devenue invivable pour l'inconnu sacré.

La Torah ne s'accomplit pas seulement dans les versets. Elle s'accomplit dans les corps. Lorsque des familles entières quittent Paris, Bruxelles, New York ou Casablanca pour s'enraciner à Nétivot, Modiin ou Tsfat, la prophétie se fait chair.

Ce retour est accompagné d’un retour vers Hachem. Et lorsque les juifs migrent vers la Terre promise, ils se sentent appelés par la Voix divine qui leur dit : "Revenez mes enfants et appliquez mes commandements."

Le retour à Sion n'est pas toujours romantique. Il est souvent douloureux. Mais il est réel. Il est le signe tangible que, derrière les turbulences du monde, quelque chose en nous reconnaît la vérité de notre destin.

 

[1] Rambam, Commentaire sur la Michna, traité Sanhédrin chap. 10 (Perek 'Helek).

[2] vol. 1, p. 35-36

[3] 17:2

[4] 20:33-34

[5] 16:16

[6] Chap. 1 à 3

[7] France 24, jan. 2024

[8] Deutsche Welle, fév. 2024

[9] B’nai Brith Canada, rapport 2024

[10]ADL Annual Audit, mars 2024

[11] 1:1-3

[12] 4:6-11

Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 31 minutes