Blog : Torah-Box

Au moment où l’on commence, selon le calendrier, à lire le cinquième Livre de la Torah, Devarim, qui retrace, relit, répète et présente quelquefois différemment les étapes, les lois, les évènements de l’Histoire d’Israël, tels qu’ils ont été présentés depuis Chemot, c’est-à-dire depuis la sortie d’Egypte, à ce moment, il est essentiel de comprendre que seule la lecture traditionnelle, la lecture rabbinique est vraie, est valable pour le peuple juif, c’est-à-dire pour les porteurs de cette lecture. Torah écrite et Torah orale forment un tout, et l’on ne peut pas comprendre l’une sans l’autre. Il existe un grave danger, qui serait de considérer la Bible hébraïque comme un vieux livre, témoin historique, littéraire, d’une histoire ancienne, qui ne serait – ce qu’à D.ieu ne plaise – plus actuelle, et donc non réalisable dans l’observance. La vérité est que la Torah a une double lecture, et l’une n’est pas compréhensible sans l’autre. C’est ici la force de la permanence d’Israël. 

Selon un texte du Talmud (Beraïta de Rabbi Yichmaël), treize principes permettent de déduire des règles de la Loi à partir du texte de la Loi écrite. Ces treize principes, basés sur l’ordre des mots de l’Ecriture, ou sur leur signification, sont la source de cette lecture. Aucun texte écrit n’est épargné dans la Loi orale, aussi bien un texte législatif qu’un texte historique. Les Hazal donnent un sens à chaque terme de la Loi écrite. A partir de ces principes, on comprend que les Rabbins n’ont pas ajouté ou commenté, mais ont précisé les données. Un seul exemple suffira à le prouver : il est écrit qu’il faut lire la Torah « à ton coucher et à ton lever ». Les sages discutent afin de savoir quelle est l’heure du coucher. Trois opinions sont présentées et l’on fixera la Halakha selon l’un de ces trois avis. Cela est une preuve législative, mais dans le domaine historique, les sages éclairent le texte : d’une part, le texte écrit que le peuple juif a vécu 430 ans en Egypte, alors qu’un compte de l’âge des patriarches prouve qu’ils n’y ont vécu que 210 ans, et les safes y voient une allusion dans le terme (Redou, « descendez », à la valeur numérique de 210) dit par Yaakov à ses fils lors de leur premier voyage en Egypte. 

Les sages expliquent que le séjour en Egypte du peuple asservi a duré 210 ans, pour éviter leur assimilation en Egypte. Cette lecture traditionnelle permet de comprendre l’impact de l’oralité. La lecture orale illustre – par sa profondeur – le sens de la lecture traditionnelle. D’une part, le terme de 430 ans était initialement prévu, mais un danger, spirituel, apparaissait. Alors le terme fut changé. Autre exemple : un verset dit que Reouven a fait une faute avec Bilha, la femme de son père. La lecture traditionnelle est qu’il n’a fait que déplacer le lit de son père, qui était dans la chambre de Bilha, servante de Ra’hel, et a mis ce lit dans la chambre de sa mère Léa, voulant sauver son honneur, pour qu’une servante ne soit pas la rivale de sa mère. A cela, la Torah considère qu’il a fait une faute avec Bilha. L’on pourrait multiplier les exemples, aussi dans le domaine de l’observance.

Pourquoi cette double approche ? Les sages disent que la Torah écrite a été acceptée au Mont Sinaï, et la Torah orale a été acceptée à l’époque de Mordekhaï et Esther. Il importe de comprendre cela de façon symbolique, à la manière de la lecture d’une écriture mystérieuse : l’écrit est le code et l’oral est la clé (le sens du code). Il est essentiel de comprendre cette double perspective, car c’est sur cela qu’est fondée la permanence de l’existence d’Israël, sa survie, sa durée depuis plus de deux millénaires. L’écrit comme l’oral sont les gardiens du jardin sacré de la Torah. Les séparer, c’est détruire l’esprit du peuple d’Israël. Reconnaître leur vérité, c’est retrouver l’influx divin qui maintient le peuple d’Israël.