Blog : Torah-Box

« Et maintenant, Israël, qu’est-ce qu’Hachem ton D.ieu, demande de toi, si ce n’est de craindre Hachem, ton D.ieu, pour marcher dans toutes Ses voies et pour L’aimer et pour servir Hachem, ton D.ieu, de tout ton cœur et de toute ton âme. » (Dévarim 10,12)

« Il y a une chose que je demande à Hachem, que je réclame instamment : c’est de séjourner dans la maison d’Hachem tous les jours de ma vie, de contempler la splendeur d’Hachem et de fréquenter Son sanctuaire. » (Téhilim 27,4)

Moché Rabbénou dit au peuple qu’Hachem ne demande qu’une seule chose : Le craindre. Cependant, il continue ensuite à énumérer d’autres exigences – suivre les voies de D.ieu, L’aimer et Le servir. Comment Moché put-il affirmer qu’Hachem ne demande qu’une seule chose, puis en énumérer plusieurs ?

Cette question est soulevée par le Midrach[1]. Dans les Psaumes, le roi David déclare ne demander qu’une seule chose à Hachem – pouvoir demeurer dans Sa Maison toute sa vie. Là aussi, il continue à énumérer d’autres requêtes – contempler la splendeur d’Hachem et fréquenter Son sanctuaire. Le Midrach raconte qu’Hachem fit remarquer à David qu’il avait dit ne demander qu’une seule chose, mais qu’il fit ensuite plusieurs requêtes. David répondit qu’il ne fit qu’imiter Hachem dans le verset précité de la Parachat Ekev. Cette réponse soulève d’autres questions. Tout d’abord, comment David répondit-il à la question d’Hachem en prétextant qu’Il avait fait la même chose que Lui ? Deuxièmement, la question d’origine est renforcée ; comment Hachem et David purent-ils tous deux « exagérer » et demander plusieurs choses ?

Certains commentateurs[2] proposent la réponse suivante : quand Hachem affirma ne demander que la crainte du Ciel, Il voulait enseigner qu’il s’agit du fondement du service divin et que les autres requêtes mentionnées dans le verset découlent de la Yirat Chamaïm. Ainsi, une personne qui développe une véritable crainte du Ciel suivra automatiquement les voies d’Hachem, L’aimera et Le servira. Donc en réalité, Hachem ne demande qu’une seule chose – la Yirat Chamaïm – qui, si elle est réellement développée, mènera à tout le reste.

En approfondissant cette idée, on trouve un lien étroit entre la « demande unique » d’Hachem et celle de David. La crainte du Ciel ne signifie pas simplement la peur d’être puni, mais la conscience profonde de la présence d’Hachem, à tout moment. D’ailleurs, le mot « Yira » (Crainte) a la même racine que le mot « Lirot » (voir). Quand on voit Hachem tout le temps, on développe une conscience constante de Sa présence et par conséquent, on n’en viendra pas à commettre de faute.

Quand David demanda à demeurer dans la Maison d’Hachem, il exprima ce même désir de Yirat Chamaïm parfaite. En effet, lorsqu’une personne « vit dans la Maison d’Hachem », peu importe l’endroit où elle se trouve, elle est toujours consciente qu’Il est partout. En demandant à habiter dans la Maison d’Hachem, David voulait en fait exaucer la requête d’Hachem quant à la crainte du Ciel.

Ces enseignements nous rappellent les bases de la 'Avodat Hachem. Nous sommes toujours confrontés au risque, même quand nous respectons de nombreuses Mitsvot, quand nous étudions la Torah, quand nous prions, etc., d’en arriver à oublier le but de tout cela – à savoir établir un lien et un rapprochement avec Hachem et accomplir Sa volonté. Comme le dit l’expression, l’arbre peut nous cacher la forêt ; on peut se concentrer sur les détails et manquer la vue d’ensemble et le but de notre vie sur terre. Par conséquent, il est essentiel, malgré tous les efforts pour étudier la Torah et respecter les Mitsvot, de travailler constamment sur la crainte du Ciel et sur le désir de vivre toujours avec Hachem.

Les Talmidé ’Hakhamim et les personnes ayant accompli de grandes choses pour le Klal Israël agirent évidemment avec une grande Yirat Chamaïm. Prenons l’exemple de Rav Noa’h Weinberg, principalement connu comme un pionnier du Kirouv Ré’hokim qui influença directement et indirectement des milliers de personnes. Toutes ses connaissances témoignèrent de sa crainte du Ciel palpable. On raconte que lorsqu’il récitait une bénédiction, on avait l’impression qu’il parlait directement à Hachem, comme s’Il était juste devant lui. Toutes ses grandes réalisations découlèrent de sa forte Yirat Chamaïm.

Puissions-nous tous mériter de travailler constamment sur notre Yirat Chamaïm et de vivre dans la Maison d’Hachem.

[1] Yalkout Chimoni, Téhilim, Rémez 706 ; Midrach Cho’her Tov, chapitre 27.

[2] Loulé Toratékha, p. 167-168, Habina Vahabérakha, p. 29-30.