Blog : Torah-Box

La Torah rapporte deux poèmes riches de signification : le premier est récité au lendemain du passage miraculeux de la Mer Route, par Moché avec les enfants d’Israël. Le deuxième est dit par Moché à la veille de sa mort, au début de Haazinou. Ces deux poèmes éclairent merveilleusement l’histoire passée, présente et future du peuple d’Israël. C’est ce qu’il importe de LIRE pour comprendre le vrai sens de ces deux poèmes, sens qui traduit l’Histoire : le passé, le présent et l’avenir (hier, aujourd’hui et demain).

Il n’est pas sans intérêt de comparer ce que Moché dit au lendemain du miracle de la Mer Rouge, à ce qu’il dit quarante ans plus tard, avant l’entrée du peuple en Canaan. Les deux poèmes sont basés sur les relations des hommes avec le Créateur et, en conséquence, sur les relations d’Israël avec les nations. L’objectif de la Torah est, dans tous les cas, de préciser le but de la Création. Ce message mérite d’être analysé aujourd’hui plus que jamais, quand on se demande où le monde va : de plus en plus « technicisé », il avance à l’aveuglette, guidé par une « intelligence artificielle ». Plus que jamais, il faut lire et observer la dérive d’un monde sans orientation et sa signification, alors que la Torah traduit cet objectif. Ces deux poèmes, parallèlement, sont comme deux phares qui expliquent le passé, éclairent le présent et annoncent l’avenir, dans l’histoire du peuple juif comme dans les relations internationales.

Prenons d’abord le premier chant, après le passage de la Mer Rouge : ce poème se lit clairement en trois temps : échec des Egyptiens qui s’apprêtaient à égorger Israël (préparant leur épée !) et ironie sur la vanité de leurs efforts, adoration actuelle et permanente du Tout-Puissant (« Qui est comme Toi, Qui fais des merveilles ») et, en troisième lieu, crainte et angoisse des nations ennemies (tous les peuples de Canaan « tremblent de peur »), pour clôturer sur le but annoncé, construction du Temple (seul endroit dans le Tanakh où le terme Temple est entouré de deux vocables exprimant le NOM DIVIN). Trois étapes qui conduisent vers un BUT, la présence de la SAINTETE, objectif final de l’humanité.

Dans un autre volet, après les aventures, les rébellions du peuple depuis 40 ans, le chant de Haazinou exprime les mêmes réactions, qui doivent mener aussi à la délivrance : d’abord, rapport entre le nombre des nations et le nombre des enfants d’Israël, ce qui explicite la spécificité d’Israël. Le passé est évoqué avec les fautes d’Israël, ironie sur les nations qui croient que c’est leur force qui les fait triompher, alors que seul l’Eternel permet de punir ceux qui ne font pas Sa volonté. Cette erreur explique le passé présenté comme une annonce de l’avenir. A deux reprises, le texte présente l’affirmation de l’exclusivité du D.ieu d’Israël (Je suis seul D.ieu et nul n’est avec Moi, v. 12 et 38). Cette exclusivité dépasse le temps. Quant à l’avenir – punitions comme récompenses – il est constamment visé. C’est, en fait, un chant qui doit AVERTIR que la sanction ne peut manquer de se réaliser : sanction sur les nations, et sanction sur Israël. Ce chant complète la perspective sur le devenir d’Israël et de l’humanité. Il est essentiel de sentir, de comprendre que notre époque – en particulier depuis la Shoah, et de plus en plus dans les deux dernières années, est une menace pour l’humanité. Il suffit de réaliser que quelques bombes risqueraient de détruire la planète ! Soyons conscients de ce que Moché dit : REMERCIEMENT après la Mer Rouge et AVERTISSEMENT à la fin de sa vie.

Cette ambiguïté – crainte et espérance – est traduite dans un mot qui achève la dernière bénédiction de Moché, et commence au début des Tehillim :  le mot ACHREI. Le Midrach Rabba rapporte que ce vocable achève la vie de Moché, avec la sortie du désert, et continue avec David qui doit être l’ancêtre du Machia’h. Ce terme « Achrei », qui veut dire « heureux », exprime le vrai bonheur du Juif, exaltation spirituelle traduite dans ces deux chants, qui annoncent la venue du Machia’h.