|
Blog : Torah-BoxDossier - "La prière juive : histoire, structure et ferveur"Depuis les Patriarches jusqu’à aujourd’hui, la prière juive trace un fil ininterrompu reliant chaque génération à son Créateur. Héritage des sacrifices du Temple, façonnée par les Sages et enrichie par les traditions séfarades, ashkénazes et ‘hassidiques, elle est à la fois mémoire et souffle de vie. Derrière les mots du Siddour (livre de prières) se cache une aventure spirituelle millénaire : celle d’un peuple qui n’a jamais cessé de chercher le face-à-face avec l’Éternel. L’histoire de la prière Dans la vie juive, certaines paroles se détachent comme des sommets dans un paysage. Le Chemona ‘Esré (ou ‘Amida) en fait partie. Trois fois par jour, elle s’élève comme une colonne de lumière reliant l’homme à son Créateur. Ce texte immuable, transmis de génération en génération, porte en lui un mystère ancien : qui l’a institué ? Était-ce nos Patriarches eux-mêmes, ou bien les Sages, à l’époque où le Temple de Jérusalem résonnait encore des sons des sacrifices ? La première tradition nous ramène aux racines de notre peuple. Avraham, au matin, se tenait devant D.ieu pour Lui parler (Cha’harit). Its’hak, dans les champs, élevait sa voix à l’après-midi (Min’ha). Ya’akov, au soir, posait son cœur devant Lui (‘Arvit). Trois rendez-vous sacrés, établis non comme de simples élans spontanés, mais comme des points fixes dans le calendrier de l’âme. La seconde tradition, elle, voit dans ces prières un reflet du service du Temple : le matin, l’holocauste quotidien ; l’après-midi, le sacrifice de clôture ; la nuit, la combustion des graisses et des entrailles sur l’autel. En réalité, la Guémara réconcilie ces deux visions. Les Patriarches ont tracé le chemin ; les Maîtres des générations ultérieures l’ont pavé. Les hommes de la Grande Assemblée – cent vingt Sages, parmi lesquels des prophètes comme 'Ezra – ont fixé les mots et la structure, insufflant à chaque bénédiction une puissance capable de parler à toutes les générations. Ce travail prophétique a façonné une prière universelle : qu’on vive à Jérusalem ou aux confins de l’exil, chaque fidèle peut y exprimer ses besoins, ses joies et ses peines. Pour le Rambam, prier chaque jour est une obligation de la Torah : louer D.ieu, Lui adresser ses demandes, puis Le remercier. Cette Mitsva, non liée à un moment précis, s’impose aux hommes comme aux femmes. Même une prière brève, murmurée dans un instant de contrainte, reste valable si elle respecte cet enchaînement. Le Ramban, lui, y voit l’expression de la Mitsva plus générale de servir D.ieu de tout son cœur. Le Méchekh ‘Hokhma nous offre alors une image forte : la prière fixe est comme une épée, qui atteint sa cible même avec une force modeste ; la supplication exceptionnelle est comme un arc, dont la flèche ne touche sa cible qu’à la mesure de la tension qu’on y met. Le parallèle avec les sacrifices ne se limite pas aux horaires. Comme eux, la prière exige pureté d’intention, respect du lieu et du temps, et un officiant irréprochable. Mais elle possède des avantages uniques : elle peut être dite en tout lieu, et elle reste possible même après une faute volontaire, là où les sacrifices ne réparaient que certaines fautes involontaires. Le roi David, après sa propre faute, le dit avec force : "Les sacrifices agréables à D.ieu, c’est un esprit brisé ; un cœur contrit, Tu ne le méprises pas." Le Chemona ‘Esré n’est donc pas un simple héritage liturgique : c’est un canal spirituel, creusé par les Patriarches, consolidé par les Sages, et investi d’une puissance intemporelle. Trois fois par jour, elle ouvre à celui qui la récite un espace de rencontre avec le Créateur. Dans ses mots résonne l’écho des voix antiques, et dans ses silences, la possibilité toujours renouvelée d’un tête-à-tête avec l’Éternel. La structure de la prière Le Rav Elie Munk voyait dans la structure de la prière quotidienne une véritable ascension vers D.ieu, semblable à l’échelle aperçue par Ya’akov dans son rêve : posée sur la terre, son sommet atteignant le Ciel, des anges montant et descendant. Cette image n’est pas une simple vision poétique : elle illustre le mouvement même de la prière. Les paroles de l’homme s’élèvent vers le trône divin, et en retour, les bénédictions descendent sur la terre. Selon le Midrach et le Rambam, cette échelle comporte quatre paliers, correspondant aux quatre "mondes" de la pensée juive : ‘Olam Ha’assia (le monde de l’action), ‘Olam Hayétsira (la formation), ‘Olam Habria (la création) et ‘Olam Haatsilout (l’esprit pur). Ces degrés décrivent autant le cheminement de la connaissance humaine que la progression intérieure de l’homme qui prie. La prière du matin est l’exemple parfait de cette montée graduelle. Elle commence dans le concret avec les Birkot Hachahar : bénédictions simples, dites au réveil, pour remercier D.ieu de la vie, de la force retrouvée, de la liberté de mouvement. On y ajoute la lecture des passages sur les sacrifices, rappelant que notre service divin s’ancre d’abord dans le monde matériel et l’action quotidienne. C’est le premier échelon : reconnaître les bienfaits tangibles et les tourner vers D.ieu. Vient ensuite les Péssouké Dézimra, une série de psaumes et de louanges qui élèvent le regard vers la création. On quitte le monde de l’action pour entrer dans celui de la formation : la nature, l’histoire, l’ordre du cosmos révèlent la majesté de l’Éternel. Le mot Hallelouka, explique Rav Hirsch, est l’acte de renvoyer à D.ieu toute gloire, en reconnaissant que tout émane de Lui. À ce stade, l’âme, éveillée par la gratitude, s’élargit devant la splendeur divine. La troisième étape se trouve dans les bénédictions du Chéma’. Ici, la diversité perçue auparavant s’unit dans une affirmation essentielle : D.ieu seul est Maître de l’univers. Le cantique de la mer Rouge, chanté après la délivrance d’Égypte, sert de pont : les lois de la nature comme les événements de l’histoire sont soumis à une volonté suprême. Trois bénédictions s’y enchaînent : la première proclame D.ieu comme Créateur et Maître des forces naturelles, la seconde comme Source de la lumière spirituelle de la Torah, la troisième comme Libérateur d’Israël. Création, révélation, rédemption : les trois piliers de la foi juive. Cette partie correspond au ‘Olam Habria, le monde de la création. Enfin, au sommet de l’échelle, se trouve lé Chemona ‘Esré. Ici, le temps et l’espace s’effacent : l’homme se tient immobile, les pieds joints, comme les anges dans les sphères célestes. C’est le ‘Olam Haatsilout, le monde de l’esprit pur. Les trois premières bénédictions louent D.ieu, les bénédictions intermédiaires exposent nos besoins, et les trois dernières expriment notre gratitude et demandent la paix. C’est seulement à ce point culminant que l’on peut présenter ses requêtes : le Talmud insiste sur l’importance de lier la Téfila à la Guéoula – s’approcher de D.ieu par la reconnaissance, puis Lui adresser nos demandes immédiatement, comme un ami admis en présence du roi. La conclusion de l’office – Achré, Ouva Létsion, ‘Alénou – marque le retour vers la vie quotidienne. Après avoir gravi les degrés de l’échelle, le fidèle redescend, enrichi des bénédictions reçues, prêt à agir dans le monde avec la lumière puisée à la source. Comme les anges du rêve de Ya’akov, il repart chargé de la réponse divine, pour la répandre autour de lui. Ainsi, la prière du matin n’est pas seulement un enchaînement de textes : c’est un chemin spirituel précis, qui commence dans la réalité matérielle, s’élève vers la contemplation, affirme l’Unité absolue de D., et se conclut dans l’entretien intime où l’âme se déverse devant Lui. Puis elle ramène l’homme au monde, porteur de la bénédiction reçue, afin que sa journée devienne, elle aussi, une offrande. La prière dans le monde ‘hassidique Dans la ‘Hassidout, la prière est "service du cœur" et voie centrale de la Dvékout – attachement constant à D.ieu, qui consiste à orienter tous ses actes et pensées vers Lui, indépendamment des émotions ressenties. Les maîtres ont vu dans la prière le moyen suprême d’exprimer la dépendance et la soumission totale à Celui qui dirige le monde avec miséricorde. Ils ont enseigné de prier pour tout, mais de placer en priorité les besoins du peuple et la gloire céleste – "relever la Présence divine de la poussière" – plutôt que ses propres intérêts. Le Ba’al Chem Tov en fit un pilier. Rabbi Ya’akov Yossef de Polnau décrit l’abandon du matériel jusqu’à ne percevoir que les réalités des mondes supérieurs, et au niveau de la Atsilout, "la finesse provenant de l’Emanation du Créateur". Le Maguid de Mézeritch enseigna que "l’essentiel du service de nos jours est celui de la prière". Rabbi Chnéor Zalman de Lyadi affirma : "En ces temps de venue du Machia’h, l’essentiel de notre travail est la prière – pour laquelle il faut se sacrifier." Rabbi Na’hman de Breslev déclara que le fer de lance du Machia’h est la prière, "mon épée et mon arc", c’est-à-dire "ma prière et mes supplications". Le Ba’al Chem Tov comparait la vraie demande à celle d’un sage qui, devant le roi, ne réclame rien d’autre que la permission de se présenter régulièrement à lui : "Parler avec le Roi" est la clé de tout. Les premiers ‘Hassidim menèrent une guerre acharnée contre la routine et l’accomplissement mécanique. La prière du Ba’al Chem Tov marquait profondément les cœurs, tout comme celle du Rav ‘Azriel, disciple du Maguid, qui faisait "rejeter les vanités du monde pour s’approcher du Maître du monde". Ils remplaçaient les jeûnes et pénitences par l’ardeur dans la prière : "Le feu de l’enthousiasme peut remplacer la contrition des jeûnes." Rabbi ‘Haïm de Tchernovitz écrivait : "Même si Israël ne sait pas comment trouver grâce aux yeux de D.ieu par la Torah ou les bonnes actions, sa prière est entendue." Reb Aharon de Chomré Emounim affirmait : "La sortie d’exil d’Israël passera exclusivement par la prière." Rav Bonem de Pschis’ha comparait celui qui prie à "un pauvre affamé depuis trois jours, dont l’apparence seule supplie le roi : Je suis prière". Rabbi Mendel de Vitebsk disait : "L’homme qui va prier doit se sentir comme un pestiféré se frayant un passage jusqu’au roi." Rabbi Ya’akov Yossef parlait d’un état où l’on "quitte le corps pour s’agripper au spirituel". Rav Pin’has de Korits ajoutait : "Si on vous dit qu’un homme a perdu ses dents de frayeur devant D.ieu en priant, sachez que c’est moi." Le Ba’al Chem Tov conseillait de se préparer à mourir en priant, tant la proximité avec D.ieu est intense. Il disait : "Toute sa vie durant, aspirer à prier au moins une prière comme il se doit." Rabbi Mendel de Vitebsk espérait parvenir à dire un seul mot "comme il se doit". Rabbi Moché de Kobrin proclamait : "Quiconque doute que même le plus grand fauteur puisse frapper à la porte de la prière et être reçu comme un fils par son père… n’a pas pénétré le monde de la ‘Hassidout !" Le Ba’al Chem Tov louait la prière simple d’un paysan récitant seulement l’alphabet à Yom Kippour : "Cela fait dix ans qu’une prière aussi belle n’est pas montée au Ciel !" Il enseignait à Rav Zeèv Kitsess : "La ferveur est une clé qui peut rouiller. Mais un cœur brisé est une hache qui fend tous les barrages." Rabbi Aharon de Zitomir résumait : "L’essentiel est d’être humble, de s’accrocher aux mots : ce sont les lettres elles-mêmes qui montent." Rabbi Na’hman voyait dans la prière "un élément essentiel du monde" : y entrer avec joie, attachement, annulation de soi. "Pour un mot de prière, il vaut la peine de donner tout son être." Il la comparait à un bouquet de fleurs cueillies une à une, et recommandait de prier dans la nature, comme le Ba’al Chem Tov jeune, seul dans les forêts, ou lui-même en Erets Israël : "Parmi les plantes, la Présence divine exprime Sa douleur." Rabbi Chnéor Zalman de Lyadi exhortait : "Je vous en prie, ayez pitié de vos âmes… dites la prière avec grande intensité." Son fils, Rabbi Dov Beer, rappelait que même si la prière trois fois par jour vient d’une institution rabbinique, elle est "un point central de toute la Torah, permettant de connaître D.ieu, jusqu’à ce que l’âme perde de sa matérialité." De la ferveur du Ba’al Chem Tov au tremblement des séraphins, des champs de Rabbi Na’hman aux exhortations du Tanya, un fil unique traverse la ‘Hassidout : la prière comme rencontre vivante, brûlante et simple avec le Créateur, ouverte à tous, et capable d’ouvrir toutes les portes. Rites séfarade/ashkénaze La grande césure entre les deux traditions principales ne commence pas avec l’installation des Juifs en Espagne ou en Europe centrale (la France a toujours été divisée entre les deux rites, car même du temps des Richonim, les Ba’alé Hatosfot, on trouve déjà des Sages que l’on désigne comme étant séfarades, et d’autres, ashkénazes). Elle prend en fait sa source pendant la période précédente, celle durant laquelle la conduite des Juifs d’Erets Israël commence à se distinguer de celle de Babylonie, avec, d’un côté, la tradition ashkénaze, dont les racines sont italiennes (on admet, en effet, que c’est Charlemagne qui a amené des Juifs italiens en Allemagne), cette communauté vivant en rapport constant avec le judaïsme d’Erets Israël, et de l’autre, les communautés d’Afrique du Nord qui étaient sous l’influence du puissant judaïsme de Babylonie. Plusieurs livres ont été consacrés à ce sujet, mais la liste des diverses divergences dans le domaine des Minhagim, en fait, n’est pas très édifiante : il ne s’agit que de changements mineurs entre les traditions. Citons quelques exemples parmi d’autres : si un Cohen peut bénir les fidèles avant le mariage ou non, le décompte du ‘Omer – juste le soir, ou également le jour, se tenir debout durant la lecture de la Torah ou rester assis, etc. La différence la plus notoire était sans doute celle de la division de la lecture de la Torah : si en Babylonie la lecture se faisait sur une année, en Erets Israël, on procédait différemment, et on la terminait au bout de plus de trois ans. Mais l’écrasante majorité des divergences a disparu – au profit de la tradition babylonienne, qui a été admise par toutes les communautés. La raison en est sans doute que le Talmud de Babylone a été conclu bien après celui de Jérusalem, et que la règle établie par nos Sages est qu’il faut se conduire selon les autorités qui se lèvent à la fin de la période. Bien entendu, les mêmes textes sont dits et les prières sont pratiquement les mêmes, mais diverses nuances entre les deux grands courants se sont introduites sur le plan liturgique entre les deux communautés principales. La première différence notoire est celle concernant la prononciation, mais se sont introduites aussi diverses distinctions dans le détail du plan même de la prière. Il s’agit de la place d’une première partie des Pessouké Dézimra – les psaumes que l’on dit entre Baroukh Chéamar et Yichtaba’h, débutant par Hodou : avant le Baroukh Chéamar, ou après lui ; les divergences dans l’ordre et la position des chapitres des Psaumes dits le Chabbath et jours de fête est encore plus manifeste – bien que finalement ce soient pratiquement les mêmes textes qui soient dits ; citons l’insertion dans la Kaddich du Vayatsma’h Pourkané Vikarev Méchi’hé ("Qu’Il fasse poindre la délivrance et rapproche le Machi’ah") dite uniquement selon le rite séfarade ; le texte de la Kédoucha dite à la répétition du Chemona ‘Esré est assez différent selon les rites. Mais c’est peut-être dans le domaine des Té’hinot et des Séli’hot, dont la date de leur rédaction est récente, que les différenciations sont les plus importantes : ces textes ont été instaurés au Moyen Age en général (les textes des Séli’hot ashkénazes ont été pour la plupart d’entre eux rédigés par des Richonim). Il faut dire, en ce qui concerne les Séli’hot de fin d’année, que même entre les divers rites ashkénazes, il y a des différences importantes, et chaque communauté a son propre rituel – en tout cas dans l’ordre des textes. L’une des différences significatives entre ces deux rites se trouve dans le domaine des textes ajoutés à diverses occasions au courant de l’année, et en particulier durant les fêtes (Piyoutim et autres). Le rite lituanien a supprimé pratiquement tous les ajouts faits tout au long de l’année. Le jour de l’année où les différences sont peut-être les plus importantes – et durant lequel il est difficile d’aller prier les uns chez les autres – est sans doute celui de Hoch’ana Rabba ! Ce jour-là, en effet, le rite séfarade ajoute d’importantes prières de Ra’hamim à chacune des révolutions autour du Séfer Torah et autour de la table sur laquelle on lit la Torah, qui n’existent pas chez les Ashkénazes. Bien entendu, un Séfarade aura quelques difficultés à se joindre à une prière ashkénaze à Roch Hachana ou à Yom Kippour, mais c’est pour des raisons de liturgie proprement dites, et non pas parce que les textes dits sont tellement différents. Et le rite sfarde ! Puis un autre rite a émergé venant des deux grands rites à la fois : le rite sfarde. Ce changement de rite ne concerne que le rituel de la prière, et non pas la prononciation : le monde ‘hassidique n’a pas tenté de rejoindre en cela le monde séfarade – mais, au contraire, a souvent utilisé des prononciations locales, polonaises ou autres, fortement différentes de l’ashkénaze classique ou de la prononciation russe ou lituanienne. Il a été fondé par le monde ‘hassidique, et forme une sorte de retour du monde ashkénaze vers le monde séfarade, sous l’influence du Arizal (mais bien après sa disparition). Il reste toutefois proche de l’ashkénaze. Rav Avraham Katselenboigen de Brisk pose la question, dans une lettre ouverte envoyée à Rav Lévy Its'hak de Berditchov : "D’où leur vient-il de changer le rite de la prière tel qu’il nous a été instauré par nos ancêtres et de donner la préférence au rite séfarade ? Qui pourra m’aider à comprendre en quoi sa force est supérieure ? Qu’ont-ils vu, que tous ces grands Maîtres n’avaient perçu ? Qu’auraient-ils perdu à rester comme tout le reste du peuple juif, au lieu d’adopter un nouveau rite ?" Une intéressante réponse est apportée dans le livre de Rav Dov Beer, le Maguid de Mézeritch, Maguid Dévarav Léya’akov. Il écrit : "Les douze portes [que l’on trouve au Temple] forment autant de passages pour chaque tribu. On sait que le Temple d’en bas est situé en parallèle à celui d’en haut (Talmud de Jérusalem Brakhot 4,5), et en conséquence il ressort que le Temple d’en haut a également des passages pour chaque tribu, ainsi que l’écrit le Arizal. Or, le principe de la prière est que chacun doit pouvoir y parvenir en empruntant sa propre entrée. […] Chacun d’entre eux a son propre code d’accès, et c’est pourquoi, on trouve diverses versions de prière. Or le treizième portique [dont on parle dans Chékalim 6] est réservé à ceux qui ne savent pas quelle est leur tribu et qui ignore donc par quelle voie arriver à la cour du Roi. C’est pour ceux-là qu’existe cette porte. Et le Arizal, qui connaissait les voies du Ciel, a enseigné au peuple, pour ceux qui ne connaissent pas leur tribu, une version prise des divers rites, ainsi que les spécialistes le savent. […] Lorsque les gens savaient quelle était leur tribu, il est évident qu’il valait mieux emprunter la voie qui était la leur, pour des raisons que je sais. […] Mais de nos jours, où on ne connaît plus sa tribu… chacun doit suivre la voie du Arizal qui est valable pour tous." Je ne sais pas prier ! D’aucuns craignent de se rendre à la synagogue de peur de ne pas savoir s’aligner avec les rites et les coutumes qui ont cours lors de l’office. Les textes et les coutumes leur semblent étrangers et ils ne se sentent pas prêts à franchir le portique de la synagogue, que ce soit le Chabbath ou en semaine. La magnifique histoire qui suit, rapportée par Binyamin Benhamou, vient prouver, en guise de conclusion, que l’art de la prière ne nécessite pas de grandes connaissances. Il nécessite juste de la volonté et du cœur… Rebecca et sa fille Sarah sont de passage à Tsfat pour quelques jours de vacances. Le charme unique de la ville de la Kabbale, comme on la surnomme, les envoûte et leur offre la sérénité qu’elles recherchent pour se ressourcer. Déjà, Chabbath approche, mère et filles font leurs emplettes et s’apprêtent à recevoir la Reine Chabbath au sein de la petite chambre qu’elles ont louée. La soirée et le premier repas de Chabbath sont empreints d’une sainteté toute particulière. Le lendemain matin, Rebecca et Sarah se lèvent de bonne heure et se rendent à la synagogue la plus proche pour l’office. Il est tôt, elles sont en avance. Toutes deux montent à la ‘Ezrat Nachim, se munissent de livres de prière et commencent à réciter la prière du Chabbath matin lentement, le temps que les fidèles arrivent et remplissent la petite synagogue. Au bout d’un moment, Sarah se lève de sa place ; elle souhaite jeter un œil sur ce qu’il se passe du côté des hommes, à l’étage en-dessous. Soudain, dans un moment d’inattention, Sarah laisse malencontreusement son Siddour glisser d’entre ses mains ; celui-ci atterrit en grand fracas du côté des hommes ! Mère et filles pâlissent. Elles prient en silence que rien de mal ne soit arrivé à qui que ce soit, surtout pas à un enfant qui pourrait se trouver en bas ! Quelques instants passent et le calme est revenu dans la petite assemblée. Rebecca et Sarah comprennent que l’incident visiblement anodin est clos. Elles poursuivent leur prière, encore quelques peu secouées par ce qu’il vient de se passer. L’office touche à sa fin. Rebecca et Sarah se lèvent pour sortir de la synagogue ; pourtant, parmi les hommes qui eux aussi gagnent la sortie, elles remarquent un monsieur d’un certain âge qui tient justement en main le petit Siddour que Sarah avait laissé s’échapper de ses mains pendant la prière ! Cet homme attire tout de suite leur attention car il semble dénoter du paysage alentour. Muni d’une Kippa pliable en satin blanche, il n’a pas l’aspect d’un juif habitué des synagogues… Rebecca l’accoste avec respect : "Chabbath Chalom monsieur. Pardonnez-moi, mais il semble que vous teniez en main le Siddour que ma fille a fait tomber depuis la galerie des dames pendant la prière. Je souhaite sincèrement m’excuser pour cet incident et j’espère que rien de fâcheux ne vous est advenu…" L’homme lève ses yeux vers Rebecca et lui dit : "Au contraire, ce Siddour m’est tombé du Ciel !" Face à la mine incrédule de ses interlocutrices, l’homme débute son récit : "Je suis né et ai grandi dans l’une des grandes métropoles du centre d’Israël, dans une famille parfaitement irréligieuse. Je n’ai jamais rien su du judaïsme ni de ses lois. De passage à Tsfat pour ces vacances, j’ai été comme happé par la beauté et le charme de cette ville. Ses petites ruelles, ses galeries d’art, mais surtout ses érudits et ses synagogues… J’ai soudain ressenti le désir inexpliqué d’aller prier dans une synagogue. Je souhaitais découvrir ce qui pousse des milliers de Juifs chaque jour à se lever si tôt et prier en assemblée… Me voici donc arrivé ce matin dans cette petite synagogue. Hélas, comme c’est la première fois de ma vie que je mets les pieds dans un tel lieu, j’ignore complètement de quel livre je dois me munir. J’essaye de regarder dans la bibliothèque à l’entrée, mais en vain : je ne sais pas quel livre en tirer. C’est alors que pour la première fois de ma vie, je me trouve à lever les yeux au Ciel et à prier : ‘D.ieu, je ne Te connais pas. Mais j’aimerais prier, pour la première fois de ma vie. Si ma prière T’es désirable, de grâce, aide-moi à trouver le livre adéquat !’ D’un pas hésitant, je pénètre dans la synagogue, à la recherche d’une place libre. J’en trouve une et m’y installe, toujours en proie à la gêne et à l’espoir de trouver le bon livre. Et à ce moment… comme un cadeau venu du Ciel, un Siddour me tombe dessus ! Je consulte le titre de l’ouvrage et vois : Livre de prière pour la semaine et Chabbath. J’ai alors compris que ma modeste prière venait d’être exaucée…" Dossier Kountrass revisité par Torah-Box Ajouter votre commentaire !
Vous devez être membre de Juif.org pour ajouter votre commentaire. Cliquez-ici pour devenir membre ! | Membre Juif.org
Il y a 10 heures - i24 News
Il y a 10 heures - Kountrass
6 Septembre 2025 - Le Figaro
5 Septembre 2025 - Le Figaro
27 Août 2025 - Futura-Sciences Actualités
Il y a 11 heures par Rafael_003
14 Août 2025 par Rafael_003
10 Août 2025 par Claude_107
30 Juillet 2025 par Blaise_001
30 Juillet 2025 par Blaise_001
5 Septembre 2025 - Torah-Box
4 Septembre 2025 - Torah-Box
26 Août 2025 - Le Monde Libre
24 Août 2025 - Le Monde Libre
28 Juillet 2014
27 Juillet 2014
27 Juillet 2014
27 Juillet 2014
21 Juillet 2014
|