Blog : Torah-Box

Nous poursuivons ici la sixième partie consacrée au défi que représente, pour la jeune génération, le monde des plaisirs et de l’addiction. Au fil des semaines précédentes, nous avons mis en lumière l’importance vitale du lien : lorsqu’il vient à manquer, on cherche bien souvent à le combler dans des lieux ou par des moyens inappropriés. Nous avons également abordé le domaine de l’imagination – cette force du “Médamé” – qui peut devenir, entre les mains de l’homme, un outil précieux pour lutter contre le mauvais penchant, même si celui-ci s’efforce justement d’exploiter cette même force pour le faire trébucher.

Cette semaine, nous considérerons plus en profondeur le sujet du besoin de lien. Nous avons appris que l’homme se souvient encore de son être dans le ventre de sa mère, qu’il est une partie de D.ieu d’En-Haut, et en fait, il recherche tout le temps ce lien perdu en retour. Et quand il ne le reçoit pas de manière convenable, il le recherche comme nous l’avons dit aussi d’une manière qui n’est pas convenable.

Qu’est ce que cela signifie ? Dans les livres saints, il est rapporté que le premier homme contenait les âmes de l’ensemble d’Israël, et lorsqu’il a fauté, il a créé une « chute des âmes ». Des étincelles et des âmes sont tombées du premier homme dans ces forces du mal qui ont causé la faute. À présent, il incombe à chacun d’entre nous, comme fils de Adam, de réparer cette situation de chute, et c’est pourquoi notre monde s’appelle « monde de la réparation ». Chacun doit descendre à l’endroit où ses étincelles sont tombées, les élever et les ramener en retour vers D.ieu. Les choses sont rapportées longuement dans les paroles du Ari Hakadoch, ainsi aussi par le Or Ha’haïm Hakadoch en plusieurs endroits. Nous devons comprendre que lorsque l’homme, à D.ieu ne plaise, tombe, il se dégrade et descend jusqu’au fond pour atteindre son étincelle, afin qu’il puisse la ramener en retour vers D.ieu. Et, comme l’écrit le Or Ha’haïm Hakadoch, à la fin de la section Chémot, pour ramener cette étincelle, l’homme doit la rencontrer face-à-face. Ainsi l’homme tombe jusqu’à l’endroit le plus bas, là il doit faire son travail de réparation et de là, il peut revenir en retour vers D.ieu.

Nos Sages disent : « Tout celui qui est plus grand que son ami, son mauvais penchant est plus grand que lui » (Soukka 52a). Plus l’étincelle est haute, plus elle tombe bas. Et plus l’âme est haute, plus elle est susceptible de tomber bas pour ramener son étincelle. En parallèle aussi, les forces du mal luttent et combattent contre lui beaucoup plus. Lorsque l’homme arrive à l’endroit le plus bas, et il comprend que précisément dans cet endroit il a une mission et un rôle, ici s’active chez lui la notion appelée lien. En général, lorsque l’homme, à D.ieu ne plaise, tombe, il perd sa valeur personnelle. Il ressent qu’il ne vaut rien, qu’il est zéro, que D.ieu ne veut pas de lui etc. Beaucoup de fois aussi, l’entourage lui tourne le dos. Lorsque l’homme perd sa valeur, il perd en fait toute son essence. Quand il ressent qu’il ne vaut rien du tout, il n’a plus aucun goût ni volonté de s’occuper de lui-même et d’essayer de sortir et de s’élever de sa situation, car il est persuadé qu’il ne vaut pas mieux qu’un déchet que l’on abandonne et que l’on n’utilise plus

Mais au moment où l’homme intègre qu’il a ici une mission, qu’il connaît la dimension de : « Celui qui réside avec eux au milieu de leurs impuretés » (Vayikra 16,16) - et comme explique Rachi : « Bien qu’ils soient impurs, la Présence divine est parmi eux » - alors l’homme comprend que même lorsqu’il se trouve dans l’endroit le plus bas, son âme n’est pas du tout atteinte. L’homme doit élever l’âme et se connecter à D.ieu, précisément de l’endroit où il se trouve. Ce lien à D.ieu rend à l’homme sa valeur. Ce n’est pas une valeur liée à sa situation ou à ses actions, qui ne sont pas convenables, mais une valeur pour son essence en tant que Juif, qui n’est pas encore annulée et qui a de l’espérance. Si cet homme-là réussit à s’élever de l’endroit bas où il se trouve et à s’élever très haut, il peut arriver à un endroit très loin, et particulièrement après qu’il a fait Téchouva. Car la Téchouva par amour transforme les fautes en mérites, et comme le disent nos Sages : « L’endroit où se tiennent les Ba'alé Téchouva, les Justes parfaits ne peuvent s’y tenir » (Berakhot 34b).

Les commentateurs expliquent que l’endroit où se tiennent les Ba'alé Téchouva, l’intention est à l’endroit bas où ils sont tombés, et à cet endroit-là les justes parfaits ne peuvent pas arriver. Mais dans les livres saints il est rapporté que les Justes parfaits influencent les Ba'alé Téchouva pour qu’ils ne tombent pas encore plus, et ainsi les réparent. Lorsque le Ba'al Téchouva comprend qu’il a ici une mission particulière, il retrouve alors sa valeur, et par conséquent, il retrouve aussi la volonté d’investir en lui-même. 

Une fois, ils vinrent chez le Saba de Slobodka et lui racontèrent qu’ils avaient ouvert dans la ville un cadre d’études qui n’agréait pas aux Sages, et ils lui demandèrent qu’il se lève et proteste à ce sujet. Et en effet, le Saba rassembla tous les élèves, mais au lieu de dire des paroles de protestation, il leur parla de la grandeur de l’homme. Il expliqua que lorsque l’homme sait qui il est et connaît son essence, il se garde aussi de ne pas faire des choses qui ne sont pas convenables. Car seulement un homme qui perd sa volonté et sa valeur, c’est lui qui peut, à D.ieu ne plaise, tomber.

Il faut savoir que même dans la boue et la crasse du mauvais penchant, on peut voir la grandeur de l’homme. Chaque Juif est un grand homme mais il doit trouver cette grandeur. Celui qui a des difficultés en cela, il faut l’aider à commencer à s’élever, en lui expliquant le processus qu’il traverse, et alors, comme nous avons expliqué la semaine dernière, il réussira petit à petit, pas à pas, à sortir de l’endroit où il se trouve…

Le Rav Boyer propose une formation digitale en conseil psychologique selon la Torah. Renseignements au 02-5002464.