Blog : Torah-Box

Seul, l’État d’Israël ne l’a jamais été comme aujourd’hui. Bien vu par les nations au lendemain de la Shoah, après une destruction inimaginable dans l’Histoire, peuple jeune, sympathique avec ses Kibboutsim, ainsi semblait le voir l’ensemble des nations. 

Qui eût dit que, 50 ans plus tard, devenu puissance militaire, cet État serait le plus honni de la terre, selon la phrase de Bil’am : « Ce peuple, il réside solitaire ». La solitude peut être interprétée dans deux sens : positif ou négatif ! 

C’est à cet aspect qu’il convient de réfléchir aujourd’hui. Solitude, souhait ou danger ? C’est devant ce dilemme qu’Israël est placé ! Avraham Avinou est le premier à découvrir le D.ieu unique, et il doit affronter les obstacles de son époque. Its’hak Avinou, comprenant que Ya'akov avait reçu la bénédiction, lui confirme sa bénédiction : « Qu’il soit béni ». 

Quant à Ya'akov, son affrontement avec Lavan suffit à souligner sa solitude, face à un beau-père qui le trompe. Allons au-delà : dans le Cantique de Moché – après la Sortie d’Égypte –, la crainte des nations face à l’arrivée d’Israël n’est pas moins que la prise de conscience d’une coalition de nations qui s’effrayent de voir arriver Israël en Canaan.

Et l’histoire peut être longue, de la solitude du Juif parmi les « nations » ! Or c’est cela sa spécificité dans l’Histoire, si l’on sait lire et si l’on tente de comprendre les bouleversements de l’humanité ! Israël reste SEUL. 

À nous de comprendre ! S’il se mêle aux nations, il s’assimile et disparaît. La survie d’Israël est liée à sa solitude.

Les Sages expliquent qu’Adam Harichon a été créé unique pour qu’il n’y ait pas de possibilité de dire “Mon père est supérieur au tien”. La solitude est donc le reflet de la solitude de l’espèce humaine. Au niveau de la création, la solitude est le contraire de la société, comme le SINGULIER est le contraire du PLURIEL. L’apport du monothéisme est précisément l’antithèse du polythéisme. 

Au niveau du divin, la pluralité est une déviation de l’originalité du D.ieu unique, mais au niveau du créé, le pluriel doit nous apparaître comme le reflet du SOCIAL. La société est un élément du pluriel, et le « seul » est l’élément spécifique qui doit vivre dans le « social ». C’est ainsi que les termes « d’orgueil » et de « jalousie » sont négatifs dans le pluriel, alors qu’ils sont vrais et positifs pour le D.ieu unique. L’orgueil, ou la jalousie, sont des reflets de l’exclusivité du D.ieu unique, mais sont un défaut dans le social. L’exclusivité du « divin » se traduit par une supériorité du spirituel sur le matériel. Au niveau du créé, « orgueil » et « jalousie » sont négatifs, car ils expriment une supériorité sur les autres créés. Par contre – c’est la deuxième remarque essentielle – la solitude exprime une spécificité et non une supériorité. La solitude d’Israël ne doit pas être une supériorité matérielle, mais doit véhiculer une valeur spirituelle. La dispersion d’Israël devrait être un exemple d’une solitude spirituelle, puisqu’elle représente – comme un écho – la solitude du D.ieu unique.

Si Israël échoue dans sa vocation, alors la haine d’un côté, l’assimilation par ailleurs, guettent Israël. Maïmonide écrit que, malgré toutes les déviations, le christianisme comme l’islam trouvent leur source dans le monothéisme hébraïque. C’est là sa spécificité : le problème est que les nations ne veulent pas accepter cette spécificité. De là viennent les attaques contre Israël qui, extérieurement, apparaissent comme des défenses des peuples contre Israël, mais sont en réalité le refus de la transcendance divine que véhicule Israël et qui le protège. Quand Israël fait – comme aujourd’hui – preuve d’une supériorité stratégique, alors la haine redouble. Quand Israël périssait dans les chambres à gaz hitlériennes, on avait pitié. Quand ils deviennent forts matériellement, la haine réapparaît.

À nous de comprendre le sens de cette solitude, qui menace Israël à chaque époque : cette haine provient du Sinaï (Sina, en hébreu, signifie haine). La révélation du D.ieu unique, faite à Israël au Mont Sinaï, est la raison de la haine envers Israël, et aussi de l’aversion pour les étudiants de la Torah. La particularité d’Israël, c’est d’être le « porte-parole » de l’Unité absolue. Cela n’est pas une tâche facile, à chacune des époques, mais ce n’est pas un rôle ingrat, car il signifie une liaison indéfectible, une alliance éternelle avec le Créateur du monde. Nous en sommes les témoins aujourd’hui – car c’est la puissance matérielle qui dérange – mais elle se renouvelle toujours, jusqu’au jour où l’unité divine sera reconnue par l’humanité.