Blog : Torah-Box

Un processus est engagé à Sim'hat Torah et s’achève à Sim'hat Torah, deux ans plus tard ! Processus tragique, puisqu’il s’agissait de 216 otages et que seuls 166 sont revenus vivants, les 20 derniers juste avant Sim’hat Torah ! Mais la date nous interroge. Il apparaît clairement que ne pas savoir « lire » implique un aveuglement intellectuel. C’est à nous qu’il revient de faire lire l’Histoire. Au-delà des faits historiques eux-mêmes, il nous importe de ne pas être des spectateurs anonymes qui voient un spectacle, qui sont témoins d’un processus qui dépasse notre vision limitée du monde.

Il semble que ce processus, totalement inédit, d’un évènement d’une portée si considérable mérite d’être analysé sous trois angles différents mais complémentaires : l’aspect historique – signification de la date –, l’aspect tragique de l’homme victime du processus, et enfin l’aspect géopolitique, conséquences cosmiques essentielles de l’évènement. Examinons d’abord la date : que signifie Sim'hat Torah et quel sens cette fête véhicule pour le Juif ? Fin de la lecture de la Torah, début de la lecture, conclusion des fêtes austères, expression de la joie de la possession d’une valeur spirituelle. Le cycle de la lecture s’achève puis recommence : la permanence d’un projet lié à la Transcendance, message d’Israël. Moché est mort mais son message survit dans le peuple. Cette subtilité qui lie le peuple au cycle du temps, et à sa source éternelle, est la première leçon de Sim'hat Torah. Une douleur profonde a touché le peuple, mais il dépasse cette circonstance. L’Éternel survit à tous les âges. Première leçon de la date choisie par la Providence, pour réveiller l’humanité.

Cela nous mène au deuxième angle de notre lecture. L’aspect tragique de la condition humaine : tout homme sait qu’il est mortel, mais c’est précisément la mort qui donne sa valeur à la vie humaine. Le tragique est la condition de notre vie terrestre. Souffrances des otages, conditions effroyables des prisonniers, dont trop nombreux n'ont pas survécu ! N’oublions pas que la Shoah a coûté six millions de vies humaines. Mais au-delà de la souffrance, reconnaissons qu’il y a un SENS. « L’homme est poussière et retournera à la poussière » est-il écrit dans la première Paracha de la Torah. Mais entretemps, les Mitsvot donnent un but à l’existence. Il y a eu, parmi les otages et parmi leurs familles, des retours à la foi, car la vie doit être reconnue comme une alliance avec l’Éternel. Difficultés, tragédies, mais intégration dans un devenir – rencontre avec l’Éternel dans l’au-delà. 

Les ‘Hassidim entraient dans les chambres à gaz en exaltant leur joie d’être les témoins d’un processus qui les transcendait. Leçon dure, pénible, mais qui doit témoigner d’un « au-delà de la poussière », dans une rencontre avec le Tout-Puissant.

Mais l’angle géopolitique est encore bien plus significatif : l’évènement n’a pas été marqué par le 7 Octobre, mais par le 22 Tichri, date de Sim’hat Torah. La répétition de cette date devrait ouvrir les yeux, et bien prouver que le hasard n’existe pas. La première guerre mondiale, en 1914, fut à l’origine de toutes les aventures du monde moderne. Elle a commencé en Août 1914, mais c’était le 9 Av, jour de la destruction des deux Temples de Jérusalem. La date juive a sa présence dans l’Histoire. Toutes les haines pour le peuple d’Israël se sont réveillées dans le monde. Israël a été victime d’une attaque, mais c’est Israël que le monde accuse. Depuis 2 ans, l’antisémitisme s’est accru, à l’échelle mondiale. Les attentats se sont multipliés et le monde a été transformé. Trump et Netanyahou ont peut-être été les personnages les plus remarqués de cette période, mais ils ont été les véhicules de la Providence. L’ordre mondial a été transformé par ces évènements. Les détours de l’Histoire ne sont pas toujours clairs pour l’homme, mais c’est à nous d’apprendre à lire. Un seul exemple nous ouvre les yeux : jamais dans l’histoire des États-Unis, un président vaincu à une élection n'était revenu au pouvoir. Alors que Biden n’était guère favorable à Israël, Trump a agi avec force pour le retour des otages. Il n’est pas dans notre but d’évaluer la signification des personnages, mais il est évident qu’il y a eu un tournant dans l’Histoire, avec l’élection de Trump.

Où va-t-on ? Nul ne le sait ! Il faut simplement ne pas oublier le sens de la pérennité d’Israël. Rabbi Yéhouda HaLévy écrit dans le Kouzari (Moyen-Age) qu’Israël, parmi les nations, est comme le cœur dans le corps de l’homme : l’organe le plus fort et le plus faible. Pour chaque maladie, il souffre, est faible, mais par ailleurs, tant que le cœur bat, le corps vit. Israël souffre mais survit depuis 3000 ans. Malgré les exils, les bûchers, les fours crématoires, il est présent, car il est la lumière de l’Histoire. C’est ce que doit nous enseigner Sim'hat Torah : on finit la Torah, et on recommence. Cette fête a été l’occasion, pour nous, de découvrir plus que jamais la vanité du hasard, mais la présence d’une Autorité qui surveille, protège le monde. « Il est miséricordieux, Il pardonne les fautes, Il apaise Sa colère. Il nous aidera lorsque nous ferons appel à Lui » (Téhillim 78 et 20). L’Éternel n’abandonne pas Son peuple, Il ne cesse de nous protéger. C’est la leçon de la répétition du Sim'hat Torah. Sachons Le lire et c’est là, la consolation de notre existence, la protection pour le peuple d’Israël et pour l’humanité. Apprenons à lire !