Blog : Torah-Box

Nous abordons ici la dixième partie du sujet du monde des plaisirs et de ses effets sur la jeune génération. Après avoir décrit les causes de la déchéance et les faiblesses de l’âme, cette étape met en lumière la puissance réparatrice de la Torah : comment elle agit sur les différentes dimensions de l’âme, et redonne à l’homme son équilibre, sa douceur et sa dignité…

« Ils M’ont abandonné, et Ma Torah, ils n’ont pas gardée. Si seulement ils M’avaient abandonné mais avaient gardé Ma Torah ! Car en s’y occupant, la lumière qu’elle contient les aurait ramenés vers le bien. » (Eikha Rabba, introduction 2)

Comment cette lumière de la Torah peut-elle ramener l’homme vers le bien ? Comment cela fonctionne-t-il ?

Nous avions un élève, dans une Yéchiva destinée à des jeunes hommes qui ne s’étaient pas intégrés dans les cadres classiques. Lorsqu’il arriva, il était très éloigné du monde de la Torah. Mais nous l’avons invité à s’asseoir et à étudier avec nous. Il resta assis longtemps sur le banc d’étude sans s’en détourner, jusqu’à ce que, avec l’aide du Ciel, il trouve le bon chemin, se marie et fonde un foyer. Quelques années plus tard, il nous appela : il avait rencontré un ami de l’époque, dans une situation spirituelle très difficile, et voulait l’aider. Il se souvenait que la méthode pour sortir quelqu’un de son état, c’était l’étude de la Guémara — exactement ce qui l’avait sauvé lui-même. Mais il ne se rappelait plus quel traité il avait étudié, et demanda si nous nous en souvenions pour pouvoir aider son ami.  Nous lui avons expliqué que ce n’était pas lié à un traité particulier, car « l’homme n’étudie que ce qui attire son cœur ». Ce n’est pas le sujet qui importe, mais l’étude elle-même, qui agit vraiment.

Les 5 niveaux de l'âme

L’âme humaine comprend cinq niveaux : Néfech, Roua’h, Néchama, ’Haya et Yé’hida.
– Le Néfech réside dans le foie,
– le Roua’h dans le cœur,
– la Néchama se trouve au-dessus du cerveau et l’influence.
Au-dessus encore, entourant l’homme, se trouvent la ’Haya et la Yé’hida, très élevées.

Le Néfech correspond au monde de l’action, le Roua’h au monde des émotions, et la Néchama agit sur la pensée et l’intellect. La ’Haya et la Yé’hida englobent des forces plus sublimes : le plaisir, la volonté, etc.

Quand une personne commence à se comporter d’une manière indigne, ces trois niveaux — Néfech, Roua’h, Néchama — s'élèvent de leur place : la Néchama quitte le cerveau, sort de l’homme et s’élève au-dessus, le Roua’h monte du cœur et occupe la place laissée vide dans le cerveau, et le Néfech sort du foie, siège de l’action, pour s’installer dans le cœur.

Résultat : le monde de l’action reste vide. Les gens cessent d’agir, d’accomplir leurs devoirs, et puisque le cerveau est alors dominé par le monde émotionnel, ils ne recherchent que les plaisirs et les sensations.

Dans un cas plus extrême, si la personne continue à se dégrader, le Roua’h la quitte aussi : elle devient alors insensible, sans émotions ni envers ses parents, ni envers son conjoint, ni envers ses enfants. Tout se fige. Même le monde de l’action monte au cerveau et toute la pensée de l’homme se brouille.

Les livres saints enseignent que lorsqu’un homme commet des fautes très graves, les trois parties de l’âme le quittent entièrement, et alors il reçoit, à D.ieu ne plaise, une âme du côté impur (Néfech Desitra a’hra). Ses actes, ses sentiments, sa conduite, ses pensées changent complètement ; on ne le reconnaît plus. Même son visage, ses traits extérieurs se transforment : il devient grossier, insensible, indifférent à tout.

Comment le ramener ?

Ramener un tel homme vers le bien est très difficile. Qu’est-ce qui peut le pousser à cesser ses mauvaises actions ? Comment réveiller son cœur ? La réponse est : par la Torah. Dès qu’on réussit à le faire s’asseoir et à étudier, la Torah pénètre son âme. L’âme recommence alors à rentrer en lui peu à peu : d’abord les pieds, puis les mains, ensuite le corps et la tête. À mesure qu’il étudie, les différentes parties de son âme reviennent à leur place. C’est là le secret de la lumière de la Torah : elle ramène l’homme vers le bien.

Quand une personne commence à s’éveiller, à vouloir se rapprocher, il est essentiel de lui expliquer la puissance de l’étude et des cours de Torah. Beaucoup sont revenus grâce à cela : un cours, puis un autre, encore un autre… Chaque cours faisait rentrer en eux une nouvelle parcelle d’âme, jusqu’à ce que les émotions et les actions se réveillent, et que toute l’âme reprenne sa place. C’est le secret de la Torah.

Le combat du mauvais penchant

Mais le mauvais penchant vient aussitôt lui souffler : « Pourquoi irais-tu à un cours de Torah ? Ce n’est pas pour toi, tu n’as rien à voir avec ça… » C’est pourquoi il faut sans cesse renforcer cette personne, lui rappeler ce que nous avons expliqué dans les précédents cours : ceux qui tombent très bas sont souvent des âmes très élevées. “Plus un homme est grand, plus son penchant est grand que lui.” Leur mission est précisément de réparer à partir du plus bas degré. Et tout ce temps, le Saint béni soit-Il aime cette personne, l’attend et maintient en elle une parcelle divine (’Hélèk Eloka Mima’al). Quand ce petit éclat commence à être nourri par l’étude de la Torah, il s’y attache, l’éclaire et la réveille. Certes, il est écrit (Yoma 72b) : « Si l’homme est méritant, la Torah devient pour lui un élixir de vie ; sinon, elle devient pour lui un poison mortel. » Mais cela s’applique à quelqu’un qui, dès le départ, choisit la mauvaise voie et est complètement déconnecté.

Dans notre cas, il s’agit d’un homme qui souffre de sa situation, qui désire se renforcer mais qui a beaucoup de mal. Chez lui, la lumière de la Torah le ramène progressivement vers le bien. Chaque étude, chaque cours, même quelques minutes de Torah, ramènent les parties de son âme à leur place.  On voit alors apparaître chez lui des émotions qu’il n’avait jamais eues, une douceur nouvelle, un changement dans sa conduite — jusqu’à ce qu’avec l’aide du Ciel, il revienne entièrement vers le bien…

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