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Blog : Torah-Box

?Hayé Sarah ? Avraham et Iyov

La Paracha commence par raconter qu’Avraham, à son retour de la 'Akédat Its’hak, découvrit que sa chère épouse, Sarah Iménou était soudainement décédée. Il se lança alors dans une recherche complexe pour acheter un terrain adapté à l’enterrement de sa femme en Erets Israël.

La Guémara (Baba Batra, 15b) raconte une discussion entre Hachem et le Satan à propos d’Avraham et Iyov. Le Satan affirma que le serviteur d’Hachem le plus fidèle fut Avraham. Preuve en est, bien qu’Hachem lui eût promis toute la terre d’Israël, Avraham dut payer une somme exorbitante pour acheter un lieu de sépulture pour Sarah. Hachem lui répondit en demandant s’il avait pris Iyov en considération. La Guémara exalte ensuite les vertus extraordinaires d’Iyov, mais Hachem promet au Satan de mettre Iyov à l’épreuve pour vérifier s’il serait un serviteur aussi dévoué qu’Avraham. La Guémara conclut qu’Iyov, contrairement à Avraham, trouva à redire sur les voies d’Hachem et ne resta pas totalement fidèle à Hachem.

Rav Yéhouda Geffen[1] soulève deux questions importantes sur cette Guémara. Premièrement, le Satan prouva la grande foi d’Avraham par sa réaction lors de l’achat du terrain pour enterrer Sarah. Certes, ce fut indéniablement une épreuve difficile, mais Avraham dut faire face à des situations bien plus éprouvantes, à commencer par la 'Akéda. Hachem lui avait promis qu’il serait le père de toute une nation et Il lui ordonna ensuite de tuer son fils unique ! Alors pourquoi la Guémara choisit-elle précisément l’incident de l’enterrement de Sarah ?

Deuxièmement, lorsque le Satan mit Iyov à l’épreuve pour voir s’il était au niveau d’Avraham, il lui fit subir les souffrances les plus douloureuses que l’on puisse imaginer. Iyov perdit tous ses enfants, toute sa richesse et endura de terribles souffrances physiques. Aussi difficile que fût l’épreuve d’enterrer Sarah, elle ne peut pas être comparée à ce qu’Iyov traversa. Comment comprendre la comparaison ?

Pour répondre à cette question, il faut d’abord comprendre la stratégie du Yétser Hara' pour faire trébucher les gens. En général, un Juif croyant ne commet pas de faute sciemment. Le Yétser Hara' le convainc que l’acte qu’il s’apprête à faire est permis, voire qu’il constitue une Mitsva ! Or, le Yétser Hara' a du mal à prendre une telle personne au dépourvu si elle est sereine et capable de réfléchir posément. Le piège est bien plus dangereux quand l’individu est dans un état de confusion ou de désarroi. En termes psychologiques, cela est connu sous le nom de dysrégulation et celle-ci peut être déclenchée par des événements extérieurs qui font perdre l’équilibre mental de la personne. Dans un tel état, cette dernière est beaucoup plus encline à agir contre ses convictions intellectuelles et, par conséquent, elle est aussi beaucoup plus encline à commettre des fautes.

Cependant, il existe un moyen de rester complètement maître de son comportement même en période de confusion ou de profond désarroi. C’est à l’aide du Moussar. Rav Yéhouda Geffen explique que le but ultime du Moussar est de faire en sorte que les Mitsvot de la Torah et le travail des Middot deviennent une seconde nature, qu’elles fassent partie de notre subconscient. Nous ne dévierons alors jamais, pas même de façon minime, lorsque nous serons confrontés à des situations déroutantes.

Nous pouvons maintenant revenir à la question concernant le choix de la Guémara de comparer la réaction d’Avraham lors de l’enterrement de Sarah aux terribles afflictions d’Iyov. Il est vrai qu’Iyov subit des souffrances plus éprouvantes, mais leurs difficultés sont toutefois comparables, car tous deux se retrouvèrent dans un état de profonde désorientation à cause d’événements extérieurs. Dans le cas d’Avraham, il venait de vivre l’épreuve déchirante de la 'Akéda et il retourna ensuite auprès de sa femme. Il serait impossible de savoir réellement ce qui traversait son esprit pendant ce voyage de retour. Avraham s’imaginait certainement raconter à Sarah comment Hachem lui avait ordonné de sacrifier leur fils et qu’au dernier moment, celui-ci avait été sauvé. Il s’imaginait entrer chez lui avec une joie débordante et une émotion très vive, mais il se retrouva devant le corps inerte de sa chère et tendre épouse. Sa joie fut brisée en mille morceaux. Si nous étions à sa place, la confusion et la peine auraient été insoutenables.

Avraham se lança dans des négociations ardues pour un lieu de sépulture, sur une terre qui lui avait été promise. Il eut affaire à un escroc à deux visages, Efron, qui lui promit de grandes choses, pour lui imposer ensuite un prix exorbitant. Pourtant, Avraham resta serein et cordial et ne trouva rien à redire aux voies mystérieuses de Hachem.
Ce fut la preuve du Satan quant à la loyauté parfaite d’Avraham. Malgré les états émotionnels les plus intenses, la confusion inévitable, Avraham ne relâcha pas sa foi absolue en Hachem, pas même pour un instant. Ceci n’est possible que si la dévotion vouée à Hachem est profondément ancrée dans le subconscient de l’individu et est devenue une partie intégrante de son être...

Quant à Iyov, les versets répètent à trois reprises qu’il fut informé des tragédies les unes après les autres, sans avoir le temps de réfléchir et de se poser. « Un jour, il arriva que… un messager aborda Iyov et lui dit… Il n’avait pas achevé de parler qu’un autre vint et dit… Celui-ci parlait encore qu’un autre vint et dit… » (Iyov 1,13-18)

Ces versets semblent mettre l’accent sur l’état de confusion et de désarroi qui affligea Iyov. Ce fut le test pour voir s’il pouvait se mesurer à Avraham, même lorsqu’il était placé dans une situation très bouleversante. La Guémara conclut que Iyov n’a pas péché avec ses mots, mais d’une certaine manière, il pécha avec son cœur. La différence entre Avraham et Iyov résidait au plus profond de leur être. Tous deux furent d’illustres personnages, mais Avraham avait travaillé sur son essence et ne faisait qu’un avec Hachem.

Bien sûr, le niveau sublime d’Avraham est hors de notre portée, mais l’idée développée montre que le but du Moussar est d’intérioriser ce que nous savons être vrai au point que, même en période trouble, nous puissions maintenir notre équilibre mental et nos bonnes Middot. À ce propos, Rav Geffen raconte une histoire sur son Rav, le Rav Tsvi Greenhouse. Il reçut un jour un grand coup dans le dos, à cause d’un Stender (pupitre d’étude) qu’un jeune Ba’hour avait fait tomber. Le Rav ne se retourna même pas pour voir qui lui avait causé cette douleur ; il continua d’étudier comme si rien ne s’était passé, au point que le Ba’hour en question ne se rendit même pas compte de ce qu’il avait fait. Le Rav fut capable d’agir ainsi, parce que sa sensibilité vis-à-vis des sentiments d’autrui était si forte et profondément ancrée en lui, qu’il put se maîtriser même dans une situation de forte douleur et de confusion momentanée. Puissions-nous tous mériter, grâce à l’étude du Moussar, d’intérioriser ce que nous savons être vrai.

[1] Roch Yéchivat Divré Mélekh, sans lien de parenté avec l’auteur de cet article.

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Dernière mise à jour, il y a 34 minutes