|
Blog : Torah-BoxDossier - Au c'ur de 'HévronDe Avraham Avinou à David Hamélekh, en passant par Kalev Ben Yefouné, nous rencontrons la ville de ‘Hévron des dizaines de fois à travers les textes bibliques. Lieu de repos des Patriarches dans le caveau de Makhpéla, ‘Hévron est aussi le siège royal de David, roi d’Israël. Torah-Box vous emmène découvrir les racines bibliques et les aspects contemporains aux multiples facettes, souvent surprenantes, de ‘Hévron, ville des Patriarches... Son nom résume à lui seul les péripéties mouvementées de son histoire. Le nom antique de ‘Hévron est Kiryat Arba’, la cité de Arba’ ou "des quatre". En effet, la ville aurait été fondée par un géant du nom de Arba’, géniteur de trois enfants aussi impressionnants que leur père : A’himan, Chéchaï et Talmaï, ce qui formerait un quatuor justifiant doublement le nom de la ville. Selon Rabbi ‘Haïm Kaniewsky dans son Lémikhsé ‘Atik, citant la Tossefta du Targoum, le géant n’est autre que ‘Efron le ‘Hittite, que nous connaissons bien pour sa négociation tortueuse avec Avraham. Ce nom de Kiryat Arba’ est aussi justifié par nos Maîtres par la sépulture de quatre couples de géants de notre peuple : Adam et ‘Hava, Avraham et Sarah, Its’hak et Rivka et enfin Ya’akov et Léa. La ville gagnera définitivement le nom glorieux de ‘Hévron à l’époque de Yéhochoua’. Kalev, conquérant la ville, lui donnera le nom de son fils ‘Hévron, comme raconté dans Chroniques I. Ceci est un écho de sa merveilleuse histoire. ‘Hévron provient du mot Lé’haber, connecter ou allier, rappelant l’alliance de la circoncision, courageusement effectuée par Avraham à 99 ans, à ‘Hévron. Lorsqu’on se rappelle que la caverne de Makhpéla est la porte d’entrée vers le Gan ‘Eden, on comprendra que cette ville “connecte” aussi le ciel et la terre. Même son nom en arabe ne fait que rappeler cette idée. El ‘Halil signifie le lieu de l’aimé, au nom d’Avraham, surnommé ‘Halil Allah, l’ami aimé de D.ieu, que l’on traduirait ‘Haver Hachem, d’où Hévron ! Avraham Avinou, ainsi qu’Its’hak puis Ya’akov demeureront à ‘Hévron, d’où le nom de ville des Patriarches. Avraham sous le chêne de MamréNotre première rencontre avec cette grotte merveilleuse date du festin somptueux qu’Avraham servit aux trois anges qui lui apparaissent comme de simples voyageurs. Ayant pour projet de leur servir de la langue à la sauce moutarde, Avraham doit se lancer à la poursuite d’un petit veau, épris d’une soudaine envie de liberté. Avraham habite dans les plaines de Mamré, juste à côté de ‘Hévron. C’est là qu’il découvre une grotte mystérieuse d’où émane un délicieux parfum. Il y découvre le corps d’Adam et ‘Hava, encore imprégnés du suave parfum du jardin d’Eden. Il décide alors que le temps venu, il achètera ce terrain comme lieu de sépulture pour lui et Sarah. Mais en attendant, Avraham vit à l’ombre d’un chêne tutélaire sous lequel, nous dit le texte, il accueille ses invités et surtout leur fait découvrir la toute-puissance divine. Cet arbre fait partie des chênes de Mamré, allié d’Avraham, autre nom de la ville. Le plus impressionnant, c’est que cet arbre a traversé les siècles. Flavius Josèphe témoigne : "Avraham s’assit près d’un chêne nommé Ouguigui (c’est-à-dire primitif, des origines), dans un lieu proche de la ville de Hébron. À environ six ris de la ville, on aperçoit un grand arbre, et selon les habitants, cet arbre se tient là depuis la création du monde jusqu’à ce jour." Rabbi Péta’hia de Ratisbonne, frère de Rabbi Its’hak Halavan, l’un des maîtres des Tossafistes, raconte sa visite à ‘Hévron : "À Éloné Mamré, non loin de là, vivait un vieillard. Lorsque Rabbi Péta’hia s’y rendit, le vieillard était à l’agonie. Il ordonna à ses fils de montrer à Rabbi Péta’hia l’arbre sur lequel les anges s’étaient appuyés." En 1925, c’est Luntz le chercheur, qui dans son Loua’h Erets Israël, décrit l’arbre majestueux, de plus de 10 mètres de circonférence et de 9 mètres de haut, qui est l’arbre le plus ancien d’Israël. Hélas, de nos jours, l’arbre se trouve dans une zone sous autorité palestinienne. Bien que celle-ci se soit engagée à permettre l’accès aux Juifs, elle n’a pas tenu sa promesse, et il nous est désormais impossible de s’y rendre. Il semblerait que l’arbre soit tombé en 2019 mais qu’un surgeon plus jeune perdure… Qui veut gagner des millions ?Les fouilles conduites par le professeur Philip Hammond dans les années 1960, puis par Emmanuel Eisenberg en 1999, ont mis à jour des vestiges remarquables. Parmi les découvertes les plus spectaculaires, figure un escalier vieux de 4000 ans datant de l’époque d’Abraham, menant de la vallée vers l’ancienne cité. Les archéologues postulent que la porte d’entrée originale de ‘Hévron mentionnée dans la Bible — où Avraham acheta la caverne de Makhpéla — pourrait se trouver sous la rue actuelle où se terminent ces marches. Le temps d’acquérir la grotte de Makhpéla viendra bien trop vite, lorsque, suite au choc de la nouvelle de la “Ligature d’Iths’hak”, son fils tant attendu, Sarah décède à 127 ans. Avraham se tourne donc vers ‘Efron, chef des ‘Hittites, pour acquérir la parcelle. Perfidement, ‘Efron laisse comprendre à Avraham qu’il en attend 600 sicles d’argent, équivalent de 4,5 kg d’argent, ce qui pour l’époque équivaut à 30 années de salaire. Selon nos maîtres, les sicles étaient des Kantérim, ce qui équivaudrait à 42,5 kg d’argent par sicle. Nous atteignons ici la somme fabuleuse de 17 tonnes d’argent, ce qui, indexé au cours d’aujourd’hui, vaudrait plus de 20 millions d’euros… Somme payée sans sourciller par Avraham, conscient de la valeur du site pour l’éternité. ‘Efron y perdra néanmoins le Vav de son nom, lettre permettant de transformer grammaticalement le passé en futur : c’est le Vav Hahipoukh. En effet, ‘Efron avait ici la possibilité, s’il avait mené cette affaire honnêtement, de transformer un bien matériel passager déjà acquis en une Mitsva éternelle. Préférant exploiter la situation et tirer d’Avraham des bénéfices sonnants et trébuchants, il perd la possibilité de transformer un passé en futur. Selon le Gaon de Vilna, ‘Efron perdit également autre chose. Avraham ne souhaitant pas profiter du cadeau de 1000 sicles d’Avimélekh après le rapt de Sarah, comptait les verser intégralement à ‘Efron. Ayant exigé 400 sicles, celui-ci perdra donc 600 sicles dans l’affaire, symbolisés par le Vav disparu de valeur numérique 6 ! Kalev contre les géantsDans cette négociation étrange, reviennent à 6 reprises les termes “enterrer le mort”, annonçant que six Justes y seraient enterrés par la suite : Avraham et Sarah, Its’hak et Rivka et enfin Ya’akov et Léa. En effet, les Justes voyant leur bonnes actions prospérer même après leur mort, ne sont pas considérés comme morts avant leur enterrement. Mais, une septième occurrence parle “de ton mort que tu enterreras”, annonçant ici un 7ème personnage qui prendra place dans la grotte. Sa nature à lui est bien différente, car contrairement aux Justes qui sont appelés vivants même après leur mort, cet individu était mort même de son vivant, il était mort avant même de mourir. En effet, le méchant est considéré comme mort même durant sa vie, nous disent nos Maîtres, car il n’a aucun avenir. Il s’agit ici de ‘Essav l’impie, frère de Ya’akov. La vente du droit d’aînesse incluait aussi la place auprès des Patriarches dans la grotte de Makhpéla, la “grotte des couples”. Mais voilà que ‘Essav exige la place. Devant l’hésitation des fils de Ya’akov, se lève ‘Houchin fils de Dan. Atteint de surdité, il ne comprend pas comment peut-on laisser la dépouille de son grand-père Ya’akov à même le sol et retarder l’enterrement. Hermétique aux mensonges de ‘Essav, il tranche le nœud gordien en coupant la tête de ‘Essav qui roule alors jusque dans la grotte. Septième occupant imprévu, dont seules les réflexions avaient droit de cité dans cette sainte sépulture. Le corps et les actions de ‘Essav n’y peuvent entrer, ayant toujours été en contradiction avec l’héritage d’Avraham. Lors de la sortie d’Égypte, Kalev Ben Yéfouné, de la tribu de Yéhouda, fait partie des explorateurs. Il ira prier à ‘Hévron dans cette grotte de Makhpéla, où, selon le Zohar, "Jérusalem et toute la terre d’Israël sont repliées" pour que le mérite des Patriarches le protège du complot des explorateurs. Sa prière sera exaucée et il luttera seul, avec Yéhochoua’ Bin Noun, contre le rapport qui brisera le moral d’Israël et les condamnera à errer 40 ans dans le désert. Kalev fera partie des rares élus de cette génération à entrer en terre d’Israël et reçoit ‘Hévron en récompense. À l’âge de 85 ans, 45 ans après avoir exploré le pays, Kalev demande spécifiquement cette région montagneuse où résidaient les redoutables géants, déclarant : "Peut-être que l’Éternel sera avec moi, et je les chasserai". Kalev conquit effectivement la ville, chassant les trois géants A’himan, Chéchaï et Talmaï. Là où David reçut la couronnePar la suite, ‘Hévron devient la première capitale du royaume d’Israël sous le roi David. Après la mort du roi Chaoul, Hachem ordonne à David de se rendre à ‘Hévron, où il est couronné roi de Juda. David règne depuis ‘Hévron pendant sept ans et six mois sur la tribu de Juda, avant d’être nommé roi sur tout Israël et de transférer sa capitale à Jérusalem. Même après avoir transféré sa capitale, pour des raisons spirituelles, stratégiques et politiques, du centre de sa tribu vers le cœur d’Israël, à Jérusalem, ‘Hévron demeure un centre politique et religieux. Elle est aussi une ville de refuge, habitée par les Lévites. C’est là qu’Avchalom le fils rebelle se rend pour être proclamé roi, à la place du roi David, son Même après la destruction du Temple, durant les époques byzantine et arabe, les Juifs demeurèrent à ‘Hévron. Tous souhaitent voir leurs prières exaucées par le mérite de nos ancêtres, les Patriarches. Selon la tradition, y prier revient à prier devant la porte du jardin d’Eden, lieu de perfection où chacun aspire à revenir. Seuls les Croisés, qui en firent le centre d’une seigneurie, en expulsèrent les habitants juifs. Pourtant, les Juifs reviendront à ‘Hévron vivre aux pieds de leurs ancêtres et y faire renaître une ville juive, mais c’est déjà une La ville sert de centre pour la tribu de Yéhouda et est désignée comme l’une des six villes de refuge. Même après la destruction du Second Temple, des Juifs vivent à ‘Hévron de manière presque continue… Nous rappeler de quels géants nous sommes les descendants nous donne les forces de traverser les affres de l’Histoire sans trembler. Entre le peuple juif et la ville de ‘Hévron, existe une histoire d’amour séculaire, souvent tourmentée, qu’aucune expulsion, brimade ni persécution n’a jamais pu interrompre. Jamais sans ‘Hévron ‘Hévron demeure une ville juive importante tout au long de la période des rois d’Israël, jusqu’à la conquête babylonienne en 586 avant l’ère vulgaire. La ville sert de centre pour la tribu de Yéhouda et est désignée comme l’une des six villes de refuge traditionnelles. Les collines environnant ‘Hévron sont réputées depuis l’Antiquité jusqu’à aujourd’hui pour leur fertilité, particulièrement pour les vignes utilisées dans la production de vin. Cette prospérité agricole contribue au développement économique de la cité à travers les siècles. Cœur spirituel de la ville, la structure monumentale qui entoure la Caverne de Makhpéla est construite par Hérode le Grand durant la période du Second Temple, il y a environ 2000 ans. Cette construction impressionnante, réalisée dans le même style de maçonnerie en pierre de taille qu’Hérode utilise pour l’enceinte du Mont du Temple à Jérusalem, demeure le seul édifice hérodien entièrement intact remplissant encore sa fonction originale après des milliers d’années. Hérode laisse l’intérieur ouvert au ciel. Aujourd’hui, la majeure partie de l’enceinte est couverte, et six cénotaphes recouverts de tapisseries décorées représentent les tombeaux des Patriarches, les lieux de sépulture réels se trouvant dans la caverne en dessous, à laquelle l’accès n’est pas autorisé. Même après la destruction du Second Temple, des Juifs vivent à ‘Hévron de manière presque continue à travers les périodes byzantine, arabe et au-delà. Tout au long de l’Histoire, les Juifs habitent ‘Hévron ou viennent y prier. L’oppression ratée des Mamelouks Suite à l’invasion mamelouke du Levant, la situation empire pour les Juifs de ‘Hévron. Malgré les visites de rabbins célèbres comme Na’hmanide, la discrimination contre les Juifs est courante. Des édits d’interdiction d’accès à la Grotte de Makhpéla ainsi que des ordres d’expulsion sont promulgués durant la domination mamelouke, ne laissant que quelques familles à ‘Hévron. Les Mamelouks interdisent aux Juifs d’entrer sur le site, dénommé "la mosquée d’Avraham" ou ne les autorisent qu’à monter jusqu’à la cinquième marche, puis augmentée à la septième marche, de l’escalier d’accès. Cette restriction humiliante pour les Juifs reste également adoptée sous le mandat britannique. Ironie du sort, vu que les tombes sont enfouies profondément dans le site, les Juifs qui priaient sur les marches les plus basses étaient plus près des tombeaux réels que les Musulmans qui priaient dans le bâtiment… Rabbi Obadia di Bartenura, un rabbin italien qui s’installe à ‘Hévron en 1489, écrit que la ville compte vingt familles juives qui sont toutes relativement satisfaites à cette époque et vivent dans une ruelle. Lorsque les Ottomans déclarent la guerre aux Mamelouks, l’un des pires pogroms est perpétré par les forces ottomanes contre les Juifs locaux en 1517, poussant la plupart des Juifs à fuir vers Beyrouth, dont beaucoup ne reviennent qu’au milieu des années 1530. En 1540, un groupe de Juifs espagnols arrive à ‘Hévron et renforce sa petite communauté juive. Rabbi Malchiel Ashkenazi, leur bienfaiteur, achète une cour qui devient connue sous le nom d’El Cortiyo, "la Cour des Juifs". Il devient le premier rabbin de la communauté restaurée de ‘Hévron et subventionne la construction de la synagogue Avraham Avinou en 1540. Cette structure à dôme représente le centre physique du quartier juif de ‘Hévron et devient le centre spirituel de la communauté juive locale ainsi qu’un centre majeur pour l’étude de la Kabbale. Elle fut restaurée en 1738 et agrandie en 1864. Pogroms, exils et miracles dans la ville des Patriarches Rabbi Naftali Hertz Bachrach mentionne la synagogue dans son livre de 1648 "’Emek Hamélekh", relatant un événement miraculeux survenu à Yom Kippour en 1619. Ce jour-là, il n’y a que neuf hommes pour la prière, et ils attendent désespérément un dixième homme pour former le Minyan. Au coucher du soleil, un homme âgé apparut mystérieusement et se joint à eux pour la prière. Le lendemain, le responsable de la synagogue rêve de cet homme, qui déclare : "Je suis Avraham, votre père, et j’ai vu votre détresse ; c’est pourquoi je suis venu me joindre à vous pour les prières de Yom Kippour". On raconte aussi qu’en 1643, un pacha venu d’Istanbul fit tomber dans la grotte inférieure de Makhpéla son sabre d’or et de pierres précieuses. Les musulmans qu’il envoya pour le récupérer moururent un à un, alors il ordonna aux Juifs d’y descendre. Le sort désigna le saint ‘Hessed Lé-Avraham Azoulay, grand-père du futur ‘Hida, qui se purifia avant d’y descendre encordé. Dans la grotte, il rencontra Éli’ézer, serviteur d’Avraham, puis les Patriarches eux-mêmes, qui lui permirent de contempler brièvement le paradis avant de lui ordonner de repartir avec l’épée. Le lendemain, conscient de son sort, il se prépara, enseigna toute la nuit, récita le Chéma’ Israël et rendit son âme en paix le 24 ‘Hechvan… La nouvelle implantation juive de ‘Hévron est fondée en 1820 sur l’ordre de Rabbi Dov Ber Schneori, le Rabbi de Loubavitch, par les ‘Hassidim de ‘Habad. Quelque soixante-dix ans plus tard, cette communauté ashkénaze comptait déjà près de 1?500 âmes, ainsi que des Yéchivot, des synagogues et des maisons d’étude. La fascinante histoire du Beth Romano C’est à cette époque que commence l’histoire d’un des bâtiments les plus impressionnants de la vieille ville de ‘Hévron : Beth Romano. ‘Haïm Israël Romano, un riche marchand d’Istanbul, établit cet imposant bâtiment entre 1875 et 1879 sur un vaste terrain de la vieille ville. La structure originale du bâtiment est impressionnante : trois étages massifs d’environ 600 m² chacun, équipés de puits d’eau et d’installations extérieures appropriées à une demeure aristocratique ottomane. La résidence sert non seulement de foyer pour la famille Romano mais aussi de maison d’hôtes pour les pèlerins juifs venant prier au tombeau des Patriarches. Le bâtiment inclut une magnifique synagogue appelée la Synagogue Istanbuli, destinée à la petite communauté turco-sépharade de ‘Hévron. En 1901, le bâtiment accueille un des plus grands érudits juifs du XIXème siècle : Rabbi ‘Haïm ‘Hezkiya Medini (1834-1904), connu universellement sous le titre de son œuvre magistrale, le Sdé ‘Hémed. Grand rabbin de Crimée de 1867 à 1899, il s’établit à ‘Hévron dans une maison adjacente au Beth Romano, appelée la Maison du Sdé ‘Hémed, un petit bâtiment de deux étages construit spécialement pour lui. C’est là qu’il met un point final à son encyclopédie talmudique monumentale, le Sdé ‘Hémed, tout en remplissant le poste de Rav de la ville. En janvier 1909, le cinquième Rabbi de Loubavitch, Rabbi Sholom Dov Ber Schneersohn (1860-1920), le Rabbi Rachab, achète le domaine de Beth Romano et ses terres environnantes pour 22 000 roubles en argent et y crée la Yéchivat Torat Émet du mouvement ‘Habad. Pendant la Première Guerre mondiale, le gouvernement ottoman saisit le bâtiment et le transforme en poste de police et en tribunal. Après la victoire britannique sur l’Empire ottoman en 1917, Beth Romano devient un poste de police des autorités britanniques. En 1929, la communauté compte environ 700 personnes, divisée entre immigrants européens (ashkénazes) relativement récents et une population de Juifs séfarades qui habitaient la ville depuis huit cents ans. Une antenne de la prestigieuse Yéchiva lituanienne de Slabodka est ouverte dans la ville en 1924. Dirigée par le Rav Yé’hezkel Sarna, la Yéchiva est un modèle de réussite et prendra le nom de Yéchivat ‘Hévron. Les élèves étudient avec une assiduité exemplaire, ne respectant même pas les périodes de vacances habituelles. Du massacre de 1929 au grand retour après 1967 Avec la Déclaration Balfour de 1917, les relations avec la population arabe deviennent de plus en plus tendues. Le massacre commence le 23 août 1929, après que le grand mufti de Jérusalem, ‘Hajj Amin Al-‘Husseini, un antisémite notoire, eut affirmé que les Juifs mettaient en danger les lieux saints musulmans sur le Mont du Temple. Des émeutiers violents attaquent brutalement la communauté juive de ‘Hévron. Les maisons juives sont pillées et les synagogues saccagées. Les témoignages décrivent des scènes d’une violence inouïe. Plus de 60 Juifs sont assassinés, dont 24 étudiants de la Yéchivat ‘Hévron, dans ce qui est connu sous le nom de massacre de ‘Hévron, l’un des massacres les plus sanglants de civils juifs durant le mandat britannique sur la Palestine. La Yéchivat ‘Hévron déménage définitivement dans les mois suivants à Jérusalem, avant de passer en 1976 dans ses locaux actuels dans le quartier de Guiv’at Mordekhaï. La situation empire encore lorsque la Jordanie prend le contrôle de la zone en 1948. Durant cette période, un marché de gros, une décharge d’ordures et des toilettes publiques sont placés sur le site du quartier juif. Les ruines de la synagogue Avraham Avinou sont transformées en enclos pour chèvres et ânes, tandis que la "Cour des Kabbalistes" adjacente est convertie en abattoir. Mais la renaissance de la présence juive à ‘Hévron ne devait pas tarder. Lorsqu’Israël remporte le contrôle de la Judée-Samarie après la Guerre des Six Jours en 1967, un retour graduel des Juifs a lieu dans le quartier juif de ‘Hévron. Les Juifs découvrent que la synagogue Avraham Avinou a été détruite. Le Rav Moché Levinger et ses collègues établissent une petite présence dans l’hôtel Park au centre de ‘Hévron durant Pessa’h 1968. En 1971, le gouvernement israélien approuve la reconstruction de la synagogue, de la cour et des bâtiments adjacents. En 1979, les Juifs recommencent à vivre à ‘Hévron même. Sarah Nachshon et Myriam Levinger mènent un groupe de 10 mères et 40 enfants au milieu de la nuit de Kiryat Arba’ à travers des zones arabes dangereuses jusqu’à ‘Hévron, dans un ancien centre médical appelé Beth Hadassa. Aujourd’hui, environ 1100 Juifs vivent à ‘Hévron, dont plus de 450 étudiants de la Yéchiva Chavé ‘Hévron, établie dans l’antique bâtiment de Beth Romano. La présence d’un quartier juif à ‘Hévron est explicitement établie dans les Accords de ‘Hévron, signés conjointement par Israël et les Palestiniens en 1997. Il faut aussi prendre en compte la ville nouvelle de Kiryat Arba’, à l’est de la vieille ville, qui compte plus de 7500 habitants. Chabbath ‘Hayé Sarah : Welcome to Chevron ! Le Chabbath ‘Hayé Sarah, où nous lisons l’histoire de l’acquisition de la Grotte de Makhpéla par notre ancêtre Avraham, ce sont près de 50.000 Juifs qui affluent à ‘Hévron pour marquer le lien éternel du peuple juif avec la ville. Depuis 1980, cet événement, sorte de grand rendez-vous annuel, marque l’acquisition de la première terre en terre d’Israël par Avraham, un acte fondateur de l’identité juive et israélienne. La logistique est impressionnante : des milliers de tentes et caravanes s’étalent dans toute la ville. La ville met à disposition des pèlerins ses écoles, gymnases et autres bâtiments municipaux. Pendant toute l’année, l’accès au site du Caveau est garanti et sécurisé par l’armée. Il est ouvert en partie aux Juifs et en partie aux Musulmans. Mais ce Chabbath, ce sont des milliers de soldats qui garantissent la sécurité de l’événement. Ils sont chaleureusement remerciés par les pèlerins qui leur souhaitent Chabbath Chalom et leur offrent confiseries et gâteaux en quantité impressionnante. Ce Chabbath, exceptionnellement, la Salle d’Isaac de la Mé’ara, qui est habituellement ouverte uniquement aux Musulmans, accueille les Juifs qui ont également accès à la Source d’Abraham (le Mikvé ancien). L’auteur de ces lignes peut témoigner de l’incroyable hospitalité des habitants. Il y a plus de 20 ans, avec quelques amis, nous avons fait notre route dans des autobus bondés pour ce Chabbath mémorable. Je me rappellerai toujours de ce soir de Chabbath où, alors que nous étions attablés dans un terrain de sport sur une table de fortune, un homme à la longue barbe blanche et au sourire chaleureux vint nous apporter des plateaux entiers de poulet rôti et de riz, de quoi rassasier 20 personnes alors que nous n’étions que 6… Il nous invita aussi pour un ‘Oneg Chabbath incroyablement chaleureux, plein de chants et d’élévation au cœur de la nuit… ‘Hévron reste encore et toujours le cœur historique palpitant du peuple juif. Comme son nom l’indique (Lé’haber signifie connecter), la ville nous connecte par un lien ininterrompu à nos Patriarches et à leur héritage. Nous rappeler de quels géants nous sommes les descendants, nous donne les forces de traverser sans trembler toutes les difficultés… Ajouter votre commentaire !
Vous devez être membre de Juif.org pour ajouter votre commentaire. Cliquez-ici pour devenir membre ! | Membre Juif.org
Il y a 58 minutes - Times of Israel
Il y a 59 minutes - Kountrass
Il y a 2 heures - Le Figaro
Il y a 6 heures - Futura-Sciences Actualités
17 Novembre 2025 - Le Figaro
23 Octobre 2025 par Guillemette
23 Octobre 2025 par Blaise_001
23 Octobre 2025 par Blaise_001
13 Octobre 2025 par Blaise_001
13 Octobre 2025 par Guillemette
28 Juillet 2014
27 Juillet 2014
27 Juillet 2014
27 Juillet 2014
21 Juillet 2014
|






















