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Blog : Torah-BoxToledot selon la ?Hassidout : Aucune bénédiction prévue pour Ya'acov ?« 'Essav dit à son père : La bénédiction est-elle unique pour toi, mon père ? Bénis-moi, moi aussi, mon père ! » (Béréchit 27:38) Avant de mourir, Its’hak appelle son fils 'Essav pour qu’il aille chasser du gibier et en fasse un mets savoureux afin de le bénir. Pour Rivka, il ne peut en être ainsi, la bénédiction doit revenir à Ya'acov. Elle ordonne donc à Ya'acov de lui amener des chevreaux pour qu’elle prépare un mets et afin que le stratagème fonctionne, elle revêt Ya'acov des habits de 'Essav. Lorsque 'Essav revient de la chasse et se présente devant son père pour recevoir sa bénédiction, Its’hak lui explique que c’est Ya'acov qui l’a reçue en se faisant passer pour lui. 'Essav lui demande donc de le bénir quand même : « Ne m’as-tu pas réservé aussi une bénédiction ? » (v.36). Les commentateurs interprètent ce verset ainsi : « Il est évident que tu as réservé une bénédiction pour mon frère ? Puisqu’il a pris la mienne, donne-moi au moins la sienne ! » dit 'Essav à son père. Its’hak lui répondit : « Et pour toi, que ferais-je donc, mon fils ? » (v.37). Comme pour lui dire : « Je n’ai pas d’autre bénédiction ». 'Essav répondit à son père : « La bénédiction est-elle unique ? » (v.38). Ce passage suscite de nombreuses questions. La plus souvent posée est : comment Ya'acov, dont la qualité essentielle est le Émet, la Vérité, a-t-il pu utiliser la ruse pour prendre la bénédiction de son frère 'Essav ? Et comment Rivka a-t-elle pu orchestrer ce scénario aux dépens de son autre fils, 'Essav' Le Chem Michmouel se penche sur une autre question dont la réponse éclairera l'ensemble de cet épisode : il semble que Its’hak n'ait prévu aucune bénédiction pour Ya'acov. Comment est-ce possible ? Même s'il pensait que 'Essav était un Tsadik car « le gibier était dans sa bouche » [1], ne savait-il pas que Ya'acov était un homme intègre qui passait son temps à étudier ? D'ailleurs, son père Avraham avait une affection particulière pour Ya'acov puisqu'il l'appelait « mon fils ». Comment peut-on concevoir que Its’hak n'ait rien prévu pour Ya'acov, ne serait-ce qu'une seule bénédiction ? Comment Its’hak qui était juste et sage aurait-il pu se tromper à ce point et inverser la valeur de ses enfants ? Pour répondre à ces questions le Chem Michmouel s'appuie, comme souvent, sur un commentaire de son père, le Avné Nézer : Its’hak ne demande pas à 'Essav de lui préparer simplement un repas à base de viande, il lui demande d'aller chasser et de préparer un repas avec du gibier. Le Avné Nézer explique que le gibier symbolise la caractéristique de 'Essav : soumettre le serviteur au maître, la servante à la maîtresse. Le gibier représente l'animal soumis à l'homme. En fait, Its’hak pensait que 'Essav passait son temps à chasser car sa vocation était de soumettre l'obscurité à la lumière, l'amer au doux. Its’hak n'a jamais pensé que 'Essav était un grand Tsadik capable d'influencer le monde car il sentait ses imperfections et son attirance pour le matériel, mais il pensait qu'il travaillait à infléchir sa volonté en la soumettant à celle d'Hachem. L'homme étant un microcosme de ce monde et des mondes supérieurs, en soumettant sa volonté naturellement attirée par la matière à la Volonté d'Hachem, 'Essav devait pouvoir atteindre les forces extérieures qui se trouvaient enracinées en lui et les soumettre à la sainteté. C'est tout cela que représente le gibier. C'est l'animal soumis à l'homme et qui renvoie à notre propre animalité qui doit être soumise à notre spiritualité. Its’hak savait que Ya'acov était un juste parfait, intègre, se consacrant à l'étude. Il pensait qu'il n'avait plus de mauvais penchant car il l'avait déjà vaincu. Il pensait qu'il n'était que bonté, complet et sans défaut. Its’hak avait raison. Ya'acov n'avait pas besoin de soumettre les ténèbres à la lumière et l'amertume à la douceur, il l'avait déjà fait. Il était lumière et sa volonté n'était dirigée que vers le bien. Its’hak pensait que ses deux fils étaient bons, mais qu'ils appartenaient à deux dimensions différentes. Ya'acov appartenait à la dimension du Chabbath et 'Essav aux six jours de la semaine. Le travail durant les six jours de la semaine est un travail de soumission, de renversement, alors que le Chabbath ne requiert aucune transformation, c'est un état de plénitude. C'est la raison pour laquelle on ne met pas de Téfilin le Chabbath. Lorsqu'on attache les Téfilin on soumet notre force et notre esprit à Hachem. On soumet le serviteur (la tête) au Maître et la servante (le cœur) à la maîtresse. Le Chabbath, quant à lui, n'est qu'amour et désir de rapprochement. Ce jour-là, il n'y a pas besoin de soumettre notre volonté car la volonté n'est dirigée que vers le bien. Nous entrons ce jour-là dans la dimension de la lumière sans aucune obscurité à transformer. Comment pénétrer dans cette dimension ? En travaillant les six jours de la semaine à soumettre notre volonté à la sainteté. Seul celui qui aura « travaillé » la semaine pourra se délecter du Chabbath. Its'hak pensait que ses deux fils appartenaient à ces deux dimensions. Il est écrit : « D.ieu bénit le septième jour » (Béréchit 2:3) sans préciser la teneur de cette bénédiction. En fait, la bénédiction qu'il a donnée au septième jour, c'est d'en faire le jour du Chabbath, source de bénédiction. Hachem n'a pas simplement béni le septième jour, Il en a fait une source de bénédiction. Les forces extérieures n'ont pas d'emprise ce jour-là et devant la lumière du Chabbath, elles s'enfuient jusqu'au fond des abysses. Ya'acov qui appartenait à la dimension du Chabbath était lui aussi source de bénédiction et c'est la raison pour laquelle Its’hak n'avait pas prévu de le bénir. La bénédiction n'est nécessaire qu'en cas de conflit et elle permet à la partie « sainteté » de gagner le combat, mais là où il n'y a pas d'opposition, lorsqu'on se trouve à la source de la bénédiction, la bénédiction est inutile. Ya'acov n’avait pas besoin d’être béni car il était lui-même bénédiction. À l'inverse, 'Essav, l'homme des champs, devait mener un combat entre les forces extérieures et les soumettre à la sainteté afin de les élever. Il avait besoin d'être béni pour remporter ce combat. On retrouve ces deux dimensions chez le roi et le Cohen Gadol. La fonction du roi est de soumettre la matière à la sainteté et de diffuser la religion de vérité [3]. Quant au Cohen Gadol, on sait que sa fonction est d'établir le lien entre l'homme et Hachem, il est dans la lumière et appartient uniquement à la dimension de l'amour. Its’hak voulait que 'Essav contraigne le monde à se soumettre au bien et il avait effectivement cette capacité en lui. N’oublions pas que 'Essav est l’ancêtre d’'Amalek, lui-même appelé « Réchit Goyim » (« l’origine des peuples »). Si 'Essav avait soumis sa volonté à Hachem, il aurait transmis « génétiquement » cette qualité à 'Amalek et donc à l’ensemble des peuples [4]. Du reste, à la fin des temps c’est ce qui se produira puisque les nations du monde reconnaîtront Hachem. C’est d’ailleurs l’aboutissement du monde et la raison pour laquelle les prophètes reviennent sans cesse sur cette finalité. Malheureusement, 'Essav n’allait pas à la chasse pour soumettre son ego à l’Éternel mais pour soumettre le monde à lui, et s’il avait obtenu la bénédiction de son père, son comportement n’en aurait été que renforcé au risque de soumettre les forces du bien et de réaliser l’inverse de ce que souhaitait Its’hak. Au lieu d’élever la matière, il s’y enfonçait. Rivka savait cela et comprit que le rôle de 'Essav devait désormais être accompli par Ya'acov. Mais Ya'acov n'était aucunement enclin à faire le mal ni même à le combattre. Toutes ses pensées et ses actes étaient dirigés vers le Bien. Il n’était pas dans la dimension du combat, de la soumission. Pour entrer dans cette dimension, il fallait que Ya'acov lui-même expérimente la soumission afin de permettre au monde de se soumettre à l’Éternel. C’est la raison pour laquelle Rivka lui ordonna d’aller chercher des chevreaux [5]. Elle l’obligea à tromper son père, à prendre les bénédictions, contre son gré pourrait-on dire et ce fut une épreuve très difficile pour Ya'acov. Le Midrach nous dit qu’il s’exécuta en pleurant et contraint [6]. Il a soumis sa volonté à celle de sa mère par respect pour elle et à l’encontre même de son essence (le Émet - la Vérité) [7]. Il a mérité par cet acte d’être en mesure de soumettre le monde à la sainteté. Il a également transmis cette qualité à ses descendants. Ya'acov devait désormais accomplir la mission attribuée initialement à 'Essav. Il devait s’immerger dans le monde de la matière, pour la transformer, l’élever, la sanctifier. C’est la raison pour laquelle il doit partir chez Lavan, y travailler pendant 20 ans pour combattre le mal et extraire les diamants qui y sont profondément enfouis : Léa et Ra’hel. Rivka savait que pour réussir sa mission, il avait besoin de la bénédiction de son père. Ya'acov avait certes changé puisqu’il avait expérimenté le combat entre le bien et « le mal » lorsqu’il s’est soumis à l’ordre de sa mère, mais ce changement, Its’hak ne pouvait le percevoir. Si Ya'acov s’était présenté tel quel devant Its’hak , ce dernier n’aurait senti que l’odeur du jardin d’Éden et aurait pensé que nulle bénédiction était nécessaire. C’est la raison pour laquelle Rivka le revêt des vêtements de 'Essav, comme si une partie de 'Essav l’accompagnait. Il fallait contrebalancer l’odeur du jardin d’Éden que dégageait Ya'acov par l’odeur nauséabonde des peaux de chevreaux qui le recouvraient. Il fallait que Its’hak pense que le fils qui se trouvait devant lui menait un combat contre les forces extérieures (l'odeur des peaux) duquel il en sortait parfois victorieux (l'odeur du jardin d'Éden) et qu'il avait donc besoin de sa bénédiction [8]. À l'instar du Chabbath et des six jours de la semaine, ou du Cohen Gadol et du roi, Ya'acov devait diffuser la lumière et 'Essav sanctifier la matière. Pour mener à bien cette mission périlleuse, il avait besoin de la bénédiction de son père car la bénédiction n'a de sens que lorsqu'il existe une opposition. Mais 'Essav n'a pas voulu réaliser ce à quoi il était destiné. Il était voué à soumettre, mais au lieu de soumettre la matérialité, il s'est soumis à elle. Ya'acov s'est vu obligé d'assumer ce rôle et de prendre la bénédiction indispensable pour y parvenir. [1] « Il attrapait et trompait son père par des paroles » (le faisant passer pour un Tsadik). (Rachi, Béréchit 25,28) [2] « assis dans la tente de Chem et Ever ». (Rachi, Béréchit 25,27) [3] Comme Hachem l’a dit à David : « Tes mains sont aiguisées et sérieuses, et Je demande à ce que Mon monde se soumette à Moi par leur intermédiaire » (Dévarim Rabba 1:16) . [4] Its’hak faisait référence aux quatre exils lorsqu’il demande à 'Essav d’aller chasser du gibier : « Prends, Je te prie, tes armes, c’est bien, ton carquois (Mède), ton arc (Yavan) et sors dans le champ (Rome) » (Béréchit Rabba 67:13 sur le verset 27:3). En réalité, Its’hak fait allusion au fait que 'Essav porte en lui la possibilité de transformer les ténèbres en lumière, d’élever les quatre ennemis d’Israël et de les amener dans la Kédoucha (sainteté). [5] Et maintenant, mon fils, écoute ma voix pour ce que je t’ordonne (27:8). [6] Il alla, il prit, il apporta à sa mère (27:14) ; contraint, courbé et en pleurant (Midrach Rabba 65:15). [7] Le Chem Michmouel nous précise ailleurs (p.303) : « Le Émet, la Vérité, c’est la Midda et l’essence même de Ya'acov, et malgré cela, afin d’accomplir la Mitsva du respect des parents, il ne regarda plus rien et se considéra comme Héfker (rien) ». [8] L'habit (Bégued) a permis de tromper (Bogued) Its’hak. L'habit dont la fonction est de couvrir le corps symbolise également l'aspect extérieur des choses. 'Essav est le champion du paraître alors que Ya'acov qui avait le même visage (Panim) que son père Its’hak exprime l'intériorité (Pnimi). Source : “Extraits du Chem Michmouel”, commentaires sur la Paracha expliqués et commentés par Rav Daniel Behar, écrit et adapté par P.A Chitrit (5674 - p.275) Ajouter votre commentaire !
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