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Blog : Torah-Box

Histoires et paraboles inspirantes - Toledot

La Paracha de Toledot consacre plusieurs versets à un épisode qui peut sembler anodin : les puits creusés par Its'hak dans la vallée de Guérar. Le texte raconte comment les serviteurs d’Its'hak creusent un premier puits, aussitôt revendiqué par les bergers locaux. Ils en creusent un second, et l’histoire se répète. Ce n’est qu’au troisième puits que la querelle s’apaise — « et il nomma ce lieu Re’hovot, car à présent l’Éternel nous a donné de l’espace ».

Pourquoi la Torah s’attarde-t-elle ainsi sur trois creusements successifs, deux conflits, deux échecs avant la réussite ? Les maîtres y voient un enseignement fondamental : ne jamais renoncer, même lorsque les résistances semblent insurmontables. Le puits, symbole de la profondeur intérieure et de la source de vie, n’apparaît qu’à celui qui persévère.

Cette idée trouve un écho saisissant dans un récit traditionnel concernant Rabbi Moché Leib de Sassov, célèbre pour son dévouement absolu au Pidyon Chvouyim, le rachat des captifs. Il n’existait pas d’épreuve, ni de fatigue, ou même d’humiliation qui puisse le détourner de sa mission dès qu'un Juif, où qu’il se trouve, était plongé dans la détresse.

Un jour, il apprit qu’un fermier juif, installé dans un village lointain, avait été jeté en prison avec toute sa famille pour n’avoir pu payer la redevance exigée par le seigneur local. Sa dette avait enflé au point de devenir inatteignable, et le seigneur refusait toute concession. Rabbi Moché Leib n’hésita pas : il quitta sa maison le jour même, décidé à parcourir villes et villages afin de réunir, pièce après pièce, la somme gigantesque nécessaire à la libération de cette famille.

Mais le destin semblait s’opposer à sa mission. L’hiver était rigoureux, les gens cloîtrés chez eux, les commerces désertés, et même les plus généreux hésitaient à ouvrir leur bourse. Des jours naquirent des semaines, puis des mois, et Rabbi Moché Leib constata avec douleur que, malgré tous ses efforts, il n’avait réuni qu’un tiers du montant total. La lassitude l’envahissait. Le Tsadik sentit pour la première fois poindre en lui un désespoir qu’il ne connaissait pas.

Acculé, il prit une décision qui contredisait son jugement initial : tenter malgré tout d’obtenir la clémence du seigneur. Après de nombreuses démarches, il fut enfin reçu. Il proposa de verser immédiatement un tiers de la somme, puis de réunir le reste dans les six mois. Mais le seigneur, de mauvaise humeur, interpréta cette tentative comme une provocation. Il le fit chasser à grands cris et lança ses chiens à sa poursuite.

Humilié, brisé, Rabbi Moché Leib quitta le palais en larmes. Sa dernière étincelle d’espoir s’éteignit. Pour la première fois, il envisagea d’abandonner sa mission. Peut-être, pensait-il, le Ciel ne désirait-il plus qu’il se consacre à ce travail harassant. Peut-être valait-il mieux rester à la maison, à l’étude et à la prière.

C’est alors qu’il aperçut une calèche de police transportant un prisonnier juif roué de coups. Avec son instinct de miséricorde, il s’approcha et apprit qu’il s’agissait d’un voleur notoire, qui reconnaissait même sans honte que le vol était « son métier ». Rabbi Moché Leib, malgré sa douleur, ne put se résoudre à l’abandonner. Il proposa aux policiers de payer une amende équivalente au montant de son larcin afin de racheter sa liberté — montant qui correspondait précisément aux fonds que le Tsadik avait péniblement rassemblés.

L’accord fut conclu, mais à peine libéré, le voleur annonça avec désinvolture qu’il ne comptait nullement changer de voie. « Rabbi, dit-il, on ne désespère pas si vite. Certes, cette fois j’ai été attrapé, mais cela ne veut pas dire que je vais abandonner. Je serai simplement plus prudent la prochaine fois. »

Cette phrase, d’une ironie brutale, transperça soudain Rabbi Moché Leib, conformément à l’enseignement du Ba'al Chem Tov qui disait qu’il arrive que la Providence envoie un message sublime à un Juif… même par la bouche d’un simple non-juif du marché.

Le Tsadik prêta alors l’oreille au message céleste transmis ici, ce voleur obstiné lui enseignait involontairement une vérité fondamentale : si même un homme qui chemine dans la faute ne désespère jamais de recommencer, combien plus un Juif engagé dans une œuvre sainte doit-il persévérer, malgré les échecs et les humiliations. Le Tsadik comprit que ce message venait du Ciel.

Dès cet instant, le découragement quitta son cœur. Il reprit la route avec une détermination nouvelle. Et à partir de ce moment, la chance lui sourit : les dons affluèrent, les portes s’ouvrirent, et en peu de temps il put rassembler toute la somme et libérer le fermier et sa famille du cachot.

C’est là l’enseignement du ‘Hafets ‘Haïm : si la Torah détaille longuement les trois puits d’Its'hak, c’est pour nous inculquer que la réussite n’est jamais immédiate, jamais facile. Elle appartient à celui qui creuse encore, qui revient, qui recommence.

Rappelons-nous ces mots de Boileau, dans l’art poétique :

« Hâtez-vous lentement et, sans perdre courage,

Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage :

Polissez-le sans cesse et le repolissez… »

Dans les affaires matérielles comme dans la vie spirituelle, surtout dans l’étude de la Torah, celui qui ne se laisse pas gagner par le découragement finira, tôt ou tard, par trouver son « puits d’eau vive ».

Car, même lorsque tout semble perdu, même lorsque l’échec paraît définitif, le message céleste demeure : en matière spirituelle — « Al Yéouch », « ne désespère pas », à l’image d’Hachem qui ne désespère jamais de Ses enfants.

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Dernière mise à jour, il y a 9 minutes