English Version Force de Défense d'Israel sur Internet
Inscription gratuite
AccueilInfos IsraelBlogs Juifs et IsraéliensVidéo IsraelOpinions : monde Juif et IsraelLe MagTOP SitesLa BoutiqueJuif.org TV

Blog : Torah-Box

Histoires et paraboles inspirantes - Vayétsé

Il est des versets qui semblent tenir dans une ligne, et pourtant ils contiennent une philosophie entière de l’existence. Lorsque Ya'akov s’engage devant D.ieu, au matin de son rêve, en disant : « Tout ce que Tu me donneras, j’en prélèverai la dîme pour Toi » (Béréchit, 28.22), il ne formule pas seulement un calcul ou un vœu. Il dit quelque chose d’extraordinairement profond sur la relation entre l’homme, ses biens, et le sens même de la vie. Il affirme que rien n’est à lui, que tout est reçu, et que ce qui restera vraiment entre ses mains n’est pas ce qu’il aura accumulé, mais ce qu’il aura donné.

L’auteur du Komets Hamin’ha, citant le 'Hovot Halévavot, le dit avec une finesse déconcertante : ce qu’un homme donne en Tsédaka et en Ma'asser est la seule part de ses biens qui lui appartiendra réellement à la fin. Et, il propose cette lecture du verset « Tout ce que Tu me donneras », c’est-à-dire toute la richesse d’un homme, se résume à « la dîme que j’aurais prélevé pour Toi ». Loin d’être une perte, il s’agit de la seule forme de possession authentique ; non pas ce que l’homme conserve, mais ce qu’il transmet, ce qu’il donne.

Notre Paracha nous rappelle ici un principe essentiel de notre tradition, évoqué à de nombreuses reprises dans les textes de nos Sages : « Qui est l’homme riche ? Celui qui est heureux de sa part », nous disent les Pirké Avot, et c’est cette même réponse que donnèrent les Sages du « Néguèv » lorsqu’Alexandre de Macédoine les questionna au sujet de la richesse (Talmud de Babylone, Tamid, 32a).

Comment l’homme peut-il se réjouir de sa part ?

Tout d’abord en étant convaincu que ce qu’Hachem lui donne correspond précisément à ce qui est bon pour lui.

En outre, l’homme doit réfléchir profondément à l’objectif de sa vie qui est avant tout spirituel. En ce sens, « la part » de l’homme ne réside pas dans sa vie matérielle, mais dans sa capacité à développer sa vocation spirituelle.

Dès lors, toute richesse matérielle, aussi modeste soit-elle, doit être interprétée comme un moyen offert par Hachem pour accomplir notre vocation spirituelle. Elle n’est pas la finalité de notre existence, ni notre vie ni notre grandeur ne sont évaluées à l’aune de nos biens matériels.

Enfin, la « part » qui doit nous réjouir doit être celle qui nous reste après nous être acquittés de nos obligations de Tsédaka et de Ma'asser. Il ne s’agit pas dans la formulation de nos Sages d’être heureux par « la totalité » de nos biens, mais simplement d’être heureux de notre « part », heureux de ce que l’on possède, mais avant tout, heureux parce que nous avons partagé avec notre prochain et parce que nous en avons fait profiter autrui (Rav Rozenberg sur Tamid 32a).

L’homme se réjouit de ce qu’il a, mais plus encore de ce qu’il a donné. C’est là que se loge la vraie joie, la joie éternelle.

Deux récits lumineux illustrent cette vérité.

La première histoire se déroule dans une petite ville de Galicie, où vivait le Tsadik Rabbi Méir de Premichlan. Un jour, une jeune orpheline vint pleurer devant lui. Ses fiançailles étaient sur le point de se rompre : sa mère, avant de mourir, avait promis une vache pour la dot, et elle n’avait pas de quoi l’acheter. Rabbi Méir, sans hésitation, lui dit avec cette simplicité désarmante des justes : « Quel problème ? J’ai une vache dans la cour, prends-la. »

Plus tard, sa femme rentra à la maison et constata que la vache avait disparu. Affolée, elle vint voir son mari : « La vache s’est enfuie ! »

Rabbi Méïr sourit, un sourire mêlé de douceur et de certitude : « Ne t’inquiète pas. Notre vache reviendra… après nos cent vingt ans. »

Il avait donné ; et ce qu’il avait donné, il le possédait désormais plus sûrement que toute propriété terrestre.

Mais parfois, la vérité de ce verset demande du courage. Et ce courage, Rabbi Its’hak Abarbanel l’incarna face au pouvoir le plus redoutable de son époque : le roi d’Espagne. Ministre des finances, admiré par le roi mais jalousé par les ministres, il fut accusé à tort de vol. Le roi, cédant à la pression, exigea une déclaration complète de ses biens. Abarbanel revint avec un document ne mentionnant que dix pour cent de sa fortune. Le roi entra dans une colère noire : « C’est un mensonge ! Tout le monde sait que tu as beaucoup plus ! » Il voulait même le condamner à mort.

Mais avant de rendre son jugement, il lui demanda : « Tu es un homme sage. Pourquoi m’avoir donné un calcul que je pouvais réfuter si facilement ? »

Alors Abarbanel dit ces mots qui traversèrent les siècles :

« Que le roi voie : tu peux me prendre tout ce que j’ai, car rien ne m’appartient vraiment. Mais il existe une part que tu ne pourras jamais m’enlever : les dix pour cent que j’ai donnés en Tsédaka. C’est cela seulement qui est réellement à moi, car c’est ce qui demeure à l’homme quand sa vie s’achève. »

Le roi entendit ces paroles et son estime pour lui grandit encore.

Ces deux récits ne parlent pas d’argent ; ils parlent de liberté. Ils parlent de cette légèreté intérieure que ressent celui qui sait que la richesse n’est pas l’identité, que la possession n’est pas la vocation, que la part essentielle de la vie se situe dans ce que l’on partage. Et ils parlent aussi de la joie : la joie de celui qui aime son sort, non par naïveté, mais parce qu’il a compris que D.ieu lui donne exactement ce qui lui permettra de grandir.

Rabbi Zoucha, ce maître de la gratitude, le disait à sa manière. Un jour, un invité, surpris par la précarité dans laquelle vivait le Tsadik, regardait avec insistance l’assiette modeste dans laquelle le Rav mangeait. Rabbi Zoucha l’interpella avec un sourire :

« Je ne veux pas que tu transgresses l’interdit d’envier son prochain. Si cette assiette te plaît vraiment, prends-la. »

Il n’avait rien — mais il possédait l’essentiel : la liberté intérieure de celui qui n’est attaché qu’à D.ieu.

Ainsi, Ya'acov dit : « Tout ce que Tu me donneras, j’en prélèverai la dîme pour Toi. »

Il exprime là une vérité que nos maîtres n’ont cessé de répéter : ce n’est pas ce que nous gardons qui nous construit, mais ce que nous donnons.

Ajouter votre commentaire !
Adresse email :
Mot de passe :
Votre commentaire : 0/1500 caractères
Ajouter le smiley Sourire Ajouter le smiley Rigole Ajouter le smiley Choqué Ajouter le smiley Clin d'oeil Ajouter le smiley En colère ! Ajouter le smiley Embarrassé Ajouter le smiley Tire la langue Ajouter le smiley Star Ajouter le smiley Triste
Vous devez être membre de Juif.org pour ajouter votre commentaire. Cliquez-ici pour devenir membre !
Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 32 minutes