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Blog : Torah-Box

Vayéchev ? Vendre Yossef pour des chaussures

La Haftara de la Parachat Vayéchev vient du livre d’Amos qui prophétisa que les Dix Tribus d’Israël commirent trois fautes pour lesquelles elles furent pardonnées, mais pour la quatrième faute, elles ne furent pas pardonnées. L’erreur en question fut d’avoir vendu un Tsadik « pour des chaussures ». Le Yalkout Chimoni enseigne que cela se réfère à la vente de Yossef, et le Prophète raconte que chacun des frères acheta une paire de chaussures avec l’argent perçu pour la vente de Yossef. Hachem n’accepta pas de pardonner au peuple juif ce péché.

Plusieurs questions se posent à propos de cet incident. Premièrement, le Prophète n’affirme pas que les Dix Tribus furent punies pour la vente en soi, mais pour avoir acheté des chaussures avec l’argent reçu. Pourquoi cet aspect particulier justifie-t-il leur punition, plutôt que l’acte même de la vente de leur frère ? Deuxièmement, que sous-entend l’achat de chaussures après la vente et comment aggrave-t-il leur faute ? Troisièmement, le Prophète ne critique que les dix tribus, mais pas celles de Yéhouda et de Binyamin (qu’il critique par ailleurs, pour d’autres failles). On comprend que Binyamin ne soit pas inclus, car il n’était véritablement pas impliqué dans la vente de Yossef, mais Yéhouda s’y impliqua bel et bien. D’après certains, il serait même plus coupable que les autres frères, étant donné que s’il les avait incités à ne pas le vendre, ils auraient accepté ses arguments. Alors pourquoi Yéhouda n’est-il pas inclus dans cette punition ?

Afin de répondre à ces questions, expliquons d’abord comment les dix vertueux fils de Ya’acov Avinou purent commettre un acte apparemment aussi odieux que de vouloir tuer leur frère et finalement le vendre en tant qu’esclave dans un endroit où, selon toute probabilité, il ne survivrait pas.

Plusieurs commentateurs affirment que les frères pensaient vraiment que l’attitude de Yossef était passible de mort ('Hayav Mita). Mais ils ne l’auraient jamais tué sans en recevoir l’ordre d’un Beth Din qui aurait condamné Yossef. D’après un avis, ils le considéraient comme Rodef (personne qui menace la vie de quelqu’un) puisqu’il rapportait leur mauvais comportement à leur père. Le Chla Hakadoch propose une autre raison expliquant pourquoi les frères estimaient que Yossef était passible de mort. Les frères savaient que Yéhouda était censé devenir le roi du peuple juif. Quand Yossef leur raconta ses rêves dans lesquels les frères se prosternaient devant lui, ceux-ci perçurent Yossef comme rebelle contre la royauté, faute passible de mort.

Il est à présent possible de comprendre pourquoi les frères achetèrent des chaussures après avoir vendu Yossef. Comme précisé, les frères le considéraient comme passible de mort (et en le vendant en Égypte, il n’avait quasiment aucune chance de survivre, il était donc déjà considéré comme mort). Les frères devaient donc respecter une semaine de Chiva’ pour Yossef. Or, d’après la Halakha, une personne en deuil devrait ôter ses chaussures pour montrer sa peine. En revanche, pour les personnes punies par le Beth Din, on ne porte pas le deuil et l’on ne retire pas ses chaussures. Par conséquent, les frères achetèrent délibérément de nouvelles chaussures, pour montrer que Yossef méritait de mourir.

Rav Daniel Glatstein souligne que les frères ne furent jamais directement critiqués pour avoir considéré Yossef comme étant passible de mort, mais plutôt pour le manque de miséricorde envers leur frère, et pour avoir acheté des chaussures.

Malgré leur conviction d’avoir agi de manière responsable en jugeant Yossef comme un Mored Bémalkhot (rebelle contre la royauté de Yéhouda) et de n’avoir donc pas besoin d’enlever leurs chaussures, ils commirent deux erreurs – une à l’époque, et une qui fut révélée quelques siècles plus tard. Le 'Havot Yaïr affirme que leur erreur dans le jugement de Yossef est qu’un Beth Din ne peut pas trancher sur une affaire qui implique une personne contre laquelle on risque d’avoir un préjugé. Ainsi, les frères eurent tort de juger Yossef, puisqu’ils étaient clairement biaisés par leur sentiment de menace de la part de Yossef.

Rav Yonathan Eibishitz propose une explication différente quant à la culpabilité des frères. Cette interprétation permet de répondre à la troisième question posée, à savoir pourquoi le Prophète ne critique que les Dix Tribus, et non Yéhouda qui était également impliqué dans la vente. Les frères pensaient que Yossef se rebellait contre le royaume de Yéhouda. Or, plusieurs siècles plus tard, les dix tribus elles-mêmes furent coupables de rébellion contre la royauté de Yéhouda, en établissant un royaume à part. Le prophète Amos se concentre donc sur leur hypocrisie, démontrée rétroactivement. Les frères n’acceptèrent pas que Yossef rejette la royauté de Yéhouda, mais leurs propres descendants firent exactement la même chose ! Évidemment, cette critique ne concerne pas la tribu de Yéhouda, étant donné qu’il est le roi, donc le prophète ne réprimande que les dix tribus. Là aussi, cela prouve que le fait d’avoir acheté des chaussures (montrant leur justification au tort causé à Yossef) était erroné, puisqu’en réalité, leur justification ne valait rien ; premièrement, leur jugement était biaisé et deuxièmement, leur accusation contre la rébellion de Yossef s’avéra hypocrite.

L’une des leçons à tirer de ces enseignements est la prudence à avoir quand on pense être objectif, alors que l’on risque d’être motivé par des sentiments moins nobles, tels que la jalousie ou la recherche de plaisirs. On peut déterminer notre motivation en évaluant notre cohérence dans nos actions. Par exemple, si l’on prétend ne pas avoir assez de temps pour étudier, il faut être sûr de cette déclaration, sans quoi il faudra justifier sa faille, le jour du Jugement venu. Si l’on avait en fait suffisamment de temps pour d’autres activités, cela prouve que la vraie raison n’était pas un manque de temps, mais une mauvaise échelle de valeurs vis-à-vis de l’étude ; elle ne faisait pas partie des priorités de notre vie. Essayons de faire une introspection sincère et d’éviter ou de corriger ce genre d’incohérence, pour ne pas en être déconcerté, le jour du Jugement.

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Dernière mise à jour, il y a 8 minutes