Blog : Torah-Box

‘Hanouka tombe souvent à cheval entre la Parachat Mikets et la Parachat Vayigach. C’est l’occasion idéale pour dévoiler une idée novatrice exceptionnelle du Bné Yissakhar, reliant la fête de ‘Hanouka à la Paracha...

Au chapitre 46, verset 28 de Béréchit, la Torah nous enseigne que Ya’akov envoya Yéhouda en Égypte, vers Yossef : "Yaakov avait envoyé Yéhouda en avant, vers Yossef, pour qu’il lui préparât l’entrée à Gochen."

Le Bné Yissakhar pose deux questions :

Pourquoi Ya’akov envoie-t-il spécifiquement Yéhouda ? Pourquoi la Torah emploie-t-elle “Gochna” pour dire "vers Gochen", une forme inhabituelle, au lieu de “Légochen” ?

Rachi explique que la lettre Lamed (?) placée devant le nom d’une ville signifie “vers”, et que cette lettre peut être remplacée par un Hé (?) final pour obtenir la même signification, comme c’est le cas ici.

Le Bné Yissakhar affirme que ce changement révèle un sens profond.

L’Égypte : racine des quatre exils

Pour répondre à ces questions, le Bné Yissakhar explique que l’Égypte est la source des quatre exils d’Israël, qui sont : Bavel (Babylone), Madaï (Perse), Yavan (Grèce) et Édom (Rome). L’exil d’Égypte n’est pas compté, car il est la racine qui contient les quatre autres.

Les Sages enseignent que ces quatre exils correspondent aux quatre lettres du Nom divin (?–?–?–?). L’Égypte correspond à l’épine du Youd (???? ?? ???), la racine des 4 lettres du Tétragramme. Ainsi, dans l’exil égyptien se trouvait déjà la matrice de toutes les souffrances futures, comme la Paracha de Chémot nous le fait comprendre :

Le verset dit en effet : "??????? ?????????? ?????????" ("Or, au cours de ces nombreux jours"). Le mot "Rabim" (nombreux) forme les initiales des exils : ? – Roma, ? – Bavel, ? – Yavan, ? – Madaï.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle  la sortie d’Égypte est omniprésente dans la Torah, car elle est la clé de toutes les délivrances, y compris la dernière, que nous attendons tous.

Le Maharal : Les quatre forces de l’homme et les quatre exils

Le Bné Yissakhar cite ensuite le Maharal de Prague, qui enseigne qu’il existe chez l’homme 4 forces :

La force physique La force émotionnelle La force intellectuelle La force englobante, qui réunit les trois premières

Et chaque exil s’est attaqué à l’une de ces forces :

Bavel s’en est pris à la force émotionnelle en interrompant le service des Korbanot, comme les versets le précisent dans Vayikra : "Lorsqu’une personne offrira une offrande…". Le terme pour "personne" est ici Néfech, qui fait référence à la force émotionnelle (Koa’h Nafchi). Madaï s’est attaqué à la force physique, en voulant détruire matériellement Israël. Yavan s’est attaqué à la force intellectuelle, cherchant à assimiler Israël par la philosophie. Rome/Edom s’en est pris à la force englobante, qui inclut toutes les autres. C’est la raison pour laquelle durant ce dernier exil, le peuple juif a subi toutes les formes d'oppression.

Le Bné Yissakhar conclut en expliquant que toutes les formes d’exil ont un objectif commun : empêcher la révélation de l’Unicité divine en provoquant une rupture entre le peuple d’Israël, peuple unique, et Hachem, D.ieu unique.

La clé de la Guéoula

Nos Sages enseignent que la Guéoula débutera avec Machia’h Ben Yossef, puis sera finalisée par Machia’h Ben David, descendant de Yéhouda.

On comprend alors pourquoi Ya’akov Avinou, au début de l’exil d’Égypte — racine des exils — envoie Yéhouda à la rencontre de Yossef : il vit en prophétie que ce rapprochement constituait la clé de la délivrance finale.

Comme nous l’avons vu, la Torah écrit Gochna (????) pour dire "vers Gochen". Ce mot est une allusion aux quatre forces que les exils ont voulu frapper :

La lettre Guimel est la première du mot Goufani – la force physique, le Chin/Sin est la première lettre de Sikhli – la force intellectuelle, le Noun est la première lettre de Nafchi – la force émotionnelle et enfin le Hé est la première de Hakolel – ­l’englobante. En effet, ce sont les forces fondamentales des Juifs qui vont être la cible de nos oppresseurs, qui finiront par être vaincus par le Machia’h Ben David. En outre, le Bné Yissakhar fait remarquer que le mot Machia’h a la même valeur numérique que Gochna mais aussi que le mot Na’hach (serpent), une allusion au fait que la réparation finale annulera la racine même de la faute originelle.

De même, l’expression récitée pendant la prière Hachem Mélèkh, Hachem Malakh, Hachem Yimlokh (D.ieu règne, D.ieu a régné et D.ieu règnera) équivaut aussi à la même valeur numérique, allusion claire à la révélation ultime de l’Unicité divine.

On comprend à présent pourquoi la rencontre entre Yéhouda et Yossef eut lieu à Gochen et pourquoi la Torah emploie alors le terme de Gochna. Il y a ici dans un seul verset toute l'histoire du peuple d’Israël, de l’exil à la Guéoula, grâce à l'intuition prophétique de Ya’akov Avinou qui préfère "prévoir le remède avant le mal". Toutes ces forces avec lesquelles le Juif doit servir D.ieu continueront à être la cible de nos oppresseurs jusqu'à la venue du Machi’ah, notre rôle étant de nous maintenir et de rester forts pour réussir à surmonter ces épreuves tout en restant attachés à D.ieu.

Le secret de la toupie de ‘Hanouka

Nos Sages enseignent que le mot ’Hanouka vient du mot ‘Hinoukh, qui veut dire initiation. Initiation à quoi ? Initiation à cette lumière intense qui se dévoilera lors de la venue du Machia’h. Et il se trouve qu'à ‘Hanouka, il existe une coutume de jouer à la toupie, sur laquelle figurent les lettres Noun, Guimel, Hé et Chin ! Ce sont exactement les lettres de Gochna, chacune correspondant à un exil, comme nous l’avons vu.

Mais ces lettres tournent autour d’un point central, immobile : Israël, qui reste éternel, stable, malgré la rotation des empires autour de lui.

Ce Minhag (coutume) est bien plus qu’un simple jeu, il est en réalité tout un symbole. Puissions-nous très prochainement mériter de vivre cette délivrance finale, avec la lumière de Machia’h révélée !