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Blog : Torah-BoxMikets ? "Recadrer" les expériences passéesLa Paracha commence par le récit de la métamorphose dramatique du statut de Yossef, qui passa des cachots égyptiens au poste de vice-roi de tout l’empire égyptien. Durant ce récit, la Torah nous apprend qu’il eut deux fils. Il nomma le premier Ménaché, « car Hachem m’a fait oublier (Nachani) toutes mes difficultés et toute la maison de mon père. »[1] La lecture superficielle de ce verset soulève une question évidente. On comprend bien que Yossef soit content d’oublier ses difficultés, mais pourquoi voulait-il oublier le temps passé dans la maison de son père ? Le Révid Yossef[2] propose une réponse et explique qu’en disant « toute la maison de mon père », Yossef ne faisait pas référence aux pratiques de Ya’acov Avinou ou aux moments passés avec son père. Alors de quoi parlait-il ? Rav Issakhar Frand affirme que Yossef avait vécu une sorte de « traumatisme » lorsque ses frères voulurent le tuer. Dans la société moderne, nous entendons malheureusement trop de cas de traumatismes vécus par les enfants dans le foyer parental. Qu’il s’agisse d’abus ou d’autres problèmes comportementaux ou environnementaux chez les parents, un traumatisme peut laisser une cicatrice terrible sur une personne. Cela peut la charger de bagages psychologiques pour le reste de sa vie. Certaines personnes ont parfois besoin de plusieurs années de thérapie, de dépenser des sommes astronomiques, pour soigner un traumatisme d’enfance. Ainsi, quand Yossef mentionna les difficultés, il se concentrait probablement sur les terribles souffrances qu’il avait endurées en Égypte en tant qu’esclave et prisonnier dans un cachot. Cependant, lorsqu’il évoqua la maison de son père, il faisait référence à la souffrance subie à cause de ses frères qui le jetèrent dans une fosse, qui furent sur le point de le tuer et qui le vendirent finalement comme esclave. Selon le Révid Yossef, il remerciait Hachem de lui avoir permis d’oublier ces événements traumatisants et d’avancer dans la vie. Rav Israël Salanter souligne un point similaire, quoique différent. Il écrit que Yossef exprima sa gratitude d’avoir pu se travailler pour oublier ce que ses frères lui avaient fait. Yossef remercia Hachem de lui avoir donné la force de travailler sur lui-même et d’être capable d’effacer ces souvenirs douloureux de sa mémoire. Rav Salanter enseigne que Yossef prouva qu’une personne est en fait capable de ne pas être entravée par ses expériences traumatiques – bien sûr, en fournissant de gros efforts dans ce domaine, mais aussi et surtout en bénéficiant d’une grande aide divine.[3] Comment peut-on y arriver ? Rav Frand raconte une histoire pour répondre à cette question. Une jeune femme assista à un séminaire organisé par Arakhim. Elle s’installa et écouta les conférences. À la fin d’une conférence, elle aborda l’orateur et lui dit : « J’ai 30 ans et je ne suis pas mariée. Cela fait dix ans que je ne suis pas capable de sortir avec qui que ce soit. Pourquoi ? Parce que quand j’avais vingt ans, j’étais fiancée avec quelqu’un qui a rompu nos fiançailles une semaine avant le mariage, me laissant en plan. Je n’arrive pas à m’en remettre. Cela m’a marquée à vie, à tel point que même 10 ans plus tard, je ne m’en remets toujours pas. Non seulement il annula le mariage, mais lorsque j’appelai la salle de réception pour prévenir de l’annulation de notre réservation, on m’informa qu’il l'avait déjà annulée deux semaines plus tôt – avant même de me dire qu’il rompait les fiançailles ! » Toute cette expérience l’ébranla tant qu’elle se sentait incapable de rencontrer d’autres jeunes hommes. L’orateur lui dit : « Vous ne racontez pas l’histoire correctement ! La véritable histoire, c’est la grande faveur qu’Hachem vous a faite en vous épargnant et en vous évitant de vous marier avec une personne aussi méprisable ! Vous êtes la fille la plus chanceuse au monde. Imaginez comment aurait été votre vie si vous vous étiez mariée avec un homme aussi peu éthique et tellement malveillant. C’est ainsi que vous devez considérer toute cette histoire… » Cette reformulation du traumatisme lui donna une toute nouvelle perspective. Ce qui semblait être une chose terrible à l’époque, fut en fait le sauvetage d’un destin qui se serait avéré bien pire. Yossef reformula lui-même l’expérience traumatisante qu’il traversa. Quand il dévoila à ses frères sa véritable identité, il leur dit que tout cet incident venait d’Hachem, tout était prévu pour faciliter l’arrivée et l’intégration du peuple juif en Égypte en cette période de famine. De ce fait, Yossef ne ressentait aucune amertume pour tout ce qu’il avait enduré. Notons que même si une personne a du mal à « recadrer » une expérience douloureuse passée (par exemple, lorsqu’un parent décède, 'Hass Véchalom), il est essentiel de ne pas laisser ces souvenirs envahir sa vie. Dans le monde laïque, il est très courant de voir les personnes ayant subi diverses souffrances consacrer le reste de leur vie à rechercher la « justice » et à faire punir les coupables. Cette attitude est certes compréhensible, mais Rav Its'hak Berkowitz explique que cela ne les aide pas, en fin de compte. Au contraire, cela les empêche d’avancer dans la vie. Par ailleurs, nous connaissons de nombreux Guédolim qui subirent des pertes indescriptibles après l’Holocauste et, malgré leur douleur immense, ne laissèrent pas cette dernière les empêcher de reconstruire leur vie. Espérons ne jamais avoir à vivre de telles expériences, mais à un certain niveau, tout le monde traverse des moments éprouvants dans la vie. La leçon que l’on peut tirer du comportement de Yossef est de ne pas laisser ces événements nous rendre amers, mais plutôt les reformuler, les « recadrer » pour voir les points positifs, les bonnes choses qui en découlèrent. Et même si cela n’est pas possible, essayer de les « oublier » de manière saine, afin qu’ils ne soient pas déterminants pour le reste de notre vie.
[1] Béréchit 41,51. [2] Rapport par Rav Issakhar Frand. [3] Précisons qu’il existe plusieurs sortes d’expériences traumatisantes et plusieurs scénarios, plusieurs cas, plusieurs situations… Essayer de les effacer de notre mémoire peut aider sur le court terme, mais cela a souvent des conséquences négatives sur le long terme. Si l’on traverse de telles situations, il convient de consulter des personnes appropriées pour aider à gérer chaque cas de manière optimale. Ajouter votre commentaire !
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