Blog : Torah-Box

On ne peut pas toujours changer la réalité. Quand bien même ce serait possible, la tâche risque d’être longue et ardue. La raison en est simple : dans la plupart des cas, la réalité ne dépend pas de nous. D’autres personnes sont souvent impliquées et de nombreux facteurs sont à prendre en compte. En revanche, ce que nous pouvons modifier relativement facilement, c’est notre vision des choses...

La colère et la critique, ou la compassion et l’indulgence ? 

« Les voyageurs du métro de New York étaient assis en silence. Certains lisaient le journal, d’autres rêvassaient. D’autres encore se reposaient, les yeux fermés. L’ambiance était calme et reposante. Un homme, accompagné de ses enfants, monta à l’un des arrêts. Ses enfants étaient extrêmement bruyants et agités, et bientôt, toute l’ambiance du wagon changea. Le père s’assit près de moi, et ferma les yeux. Il n’y avait aucun doute qu’il fuyait volontairement la situation. Les enfants hurlaient les uns sur les autres, se jetaient des objets, et osaient même arracher les journaux des mains des voyageurs.

C’était devenu insupportable, mais le père, assis à côté de moi, ne leva pas le doigt et ne dit pas un mot. Il était plus que difficile de ne pas s’emporter. C’était inacceptable. Comment un homme peut-il être si insensible et irresponsable en permettant à ses enfants de s’exciter de la sorte et de déranger tous les passagers du wagon ?! Il ne faisait pas de doute que tous les passagers en question, sans exception, fulminaient. Pour finir, un voyageur se tourna vers lui, selon moi, avec patience et retenue. Puis il lui dit : “Monsieur, vos enfants sont surexcités. Ils me dérangent ainsi que les autres voyageurs. Pouvez-vous tenter de les calmer ?”

L’homme arrêta de fixer son regard dans le vide, comme s’il prenait seulement conscience de la situation. Il murmura : “Vous avez raison. Je dois vraiment faire quelque chose. Nous revenons de l’hôpital. Leur mère est décédée il y a une heure. Je ne sais pas quoi faire et apparemment, eux non plus ne savent pas comment gérer cette catastrophe.” En un instant, l’ambiance dans le wagon comme les sentiments des voyageurs à leur égard changèrent du tout au tout.

Comment peut-on comprendre cela ?

La réalité objective n’avait pourtant pas changé. Les enfants continuaient à faire du bruit et à s’agiter… La situation était effectivement identique, seule la vision que nous en avions avait changé. Le même homme n’apparaissait plus comme une personne égoïste et négligente, désintéressée de l’éducation de ses enfants et peu préoccupée par les personnes qui l’entouraient. L’énergie coléreuse se transforma en énergie empathique. La réalité objective était la même, seul notre regard avait changé. Et la différence fut frappante. » 

Changer son « paradigme » 

Vous voulez changer votre représentation du monde ? Un instant, avant de la modifier, comprenons avant tout ce qu’est un « paradigme ». La source de ce terme provient du mot latin « paradeigmia », dont le sens est « moule », « modèle ». Thomas Samuel Kuhn initia la notion de paradigme dans son ouvrage La structure des révolutions scientifiques sur la philosophie des sciences. Il y explique que tous les tournants majeurs du domaine de la science commencèrent par une avancée dans la capacité (à exploiter) à appréhender différemment le mode de pensée habituel établi. Il s’agit d’oser, d’être créatif et de chercher de nouveaux cheminements. 

De même que les révolutions scientifiques sont précédées d’un changement de pensée, les transformations personnelles peuvent s’initier de la sorte. Entamons, nous aussi, notre grande révolution de la vie grâce à un changement dans la pensée. Au lieu de se confronter de plein fouet à la réalité, et de prendre des coups, tentons de changer notre façon de l’aborder et de nous éviter ainsi des souffrances inutiles. 

Face au phare 

Un navire de guerre naviguait au cœur de la mer. Le brouillard étant gênant, son capitaine faisait le guet sur le pont, commandant toutes les opérations. Peu après que l’obscurité se soit dissipée, le garde fit son rapport : « Lumière à tribord ! » « Est-il à l’arrêt ou en train de reculer ? » demanda le capitaine. « À l’arrêt, mon commandant », répondit le garde. Cela signifiait que leur bateau naviguait à contresens, dangereusement, face à un autre bateau.

Le capitaine demanda à entrer en contact avec le bateau en question et annonça : « Nous sommes à contresens, je vous conseille de changer de direction à 20 degrés. » La réponse qui revint du bateau fut : « Je vous conseille de changer de direction de 20 degrés. » Le capitaine envoya un message des plus clairs : « En tant que commandant, je vous ordonne de changer de cap de 20 degrés. » La réponse fut cinglante : « En tant que caporal (niveau bien plus bas que commandant), je vous recommande vivement de changer de cap de 20 degrés. »

Le commandant sentit la colère monter, prête à exploser. Son indication se fit menaçante : « Nous sommes un navire de guerre. Virez de bord à 20 degrés ou vous allez en subir les conséquences ! » La réponse fut celle-ci : « Nous sommes le phare. » Inutile de préciser que le bateau vira immédiatement de bord. 

Parfois, la réalité est un mur ou un phare qu’il est impossible de bouger. En revanche, nos pensées et notre vision nous appartiennent. Il est en notre pouvoir de changer notre mode de fonctionnement, si seulement nous décidions de sortir des sentiers battus. C’est la raison pour laquelle il est indispensable d’apprendre à s’adapter...