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Blog : LéviathanLettre ouverte à tous les anticapitalistesLa mort du capitalisme, c’est décidé, cette fois-ci c’est du sérieux, et c’est pour bientôt. Car vous êtes tous bien décidés à ne pas le regretter. Qui des petites gens frappés par la précarité, qui du contribuable, honnête parce qu’il est sans envergure et n’effraie donc personne, qui de l’ouvrier, pour qui la révolution ne vint jamais, qui du militant qui défend la betterave picarde avec des slogans poétiques, qui du paysan qui quitta sa terre pour rameuter les peones du monde entier, qui du politicien obligé de multiplier les mensonges parce que ses prédécesseurs ont instruit le peuple, qui de l’étudiant en humanités qui croyait transformer le monde selon les lois bien connues qui régissent la vie en société, qui de vous tous, demeurés anticapitalistes depuis le début des temps, ce texte, un étudiant des HEC vous le dédie. Non, vous ne rêvez pas, et c’est même la fin de vos préjugés sur les HEC. Car, parmi les enseignants des HEC, s’y trouve une espèce particulièrement virulente dans l’arène politique: les gauchistes! Car, le saviez-vous' nous étudions Marx et Engels aux HEC. Non pas pour parfaire notre argumentaire anticommuniste mais parce que la «Loi tendancielle de la chute du taux de profit» fait partie des grands classiques de la science économique. Mais derrière Marx économiste, se profile Marx prophète, un Marx que, par effroi ou par sadisme, nos professeurs nous rappellent à chaque nouvelle crise économique. Ainsi en va-t-il en ce moment avec la crise financière internationale. C’est vrai, aux HEC, peu de professeurs manquent de décocher leurs flèches envers l’attitude de certains grands financiers et grands patrons qui ont déstabilisé le système, ruiné les petits porteurs d’actions et dont le contribuable régle l’addition. Derrière le professeur, se profile un moine, un moine moralisateur, et Sarkozy, qui voulait réintroduire le prêtre dans l’horizon de nos écoliers, en est pour ses frais. Oui, moraliser le capitalisme, responsabiliser les agents économiques, surtout les plus gros, ceux qui écrasent les petits (professeurs). Oui pour soutenir les fonds d’investissement éthiques, réduire les inégalités, aider les pays pauvres, voilà le nouveau Shaddok au temple du management de l’entreprise capitaliste. Besancenot y retrouverait ses petits, pas moi. Car nous avons été menacés, nous capitalistes en herbe, jeunes naïfs qui pensaient tirer définitivement profit des inégalités économiques pour recevoir plus que notre du. La crise, c’est le chômage, et il ne frappera pas seulement les sans diplômes et les mal diplômés, il frappera aussi le saint du saint, les nôtres des Ecoles de Commerce, qui s’accrochent avec les dents pour apprendre, dans un environnement devenu hostile, les ficelles du métier de négrier moderne. Et moi qui me souvenais, la larme à l’œil, cruellement touché par d’aussi horribles révélations, de ma récente trouvaille humoristique: «Diplômés d’HEC, vous ne finirez pas sur la chaussée!» Les HEC, ce n’est plus ce que c’était, de Paris à Lausanne et de Tunis à Montréal, ils ont gagné les sans droits dès lors que les ayant craignent de perdre les leurs. Les vieux loups, les premiers, passent à l’ennemi. Car après tout, ils en ont déjà bien profité et s’essaient, de tout leur ascendant, à nous persuader, nous les jeunes, nous la génération montante, nous les affamés, à renoncer aux vertiges et aux jouissances auxquelles ils goutèrent, eux, dans monde meilleur. Ils m’ont presque eu, je dois l’avouer. J’ai, en effet, été tenté par la révolution, j’ai pensé étriper un patron et lui voler, non, me faire restituer, ses biens et sa fortune. J’ai cru devoir fonder une ligue pour mutualiser les coûts et répartir les risques de l’action subversive en faisant mienne cette idée de la théorie des jeux: dans la coopération, souvent, le gain global est supérieur à celui obtenu en l’absence de coopération mais il faut le partager si bien qu’individuellement, quand on gagne en faisant cavalier seul, on gagne toujours plus, mais en prenant plus de risques. Idéaliste meurtri, j’allais coopérer, me trahir en adoptant de généreux principes… de partage, de concertation, de reconnaissance et remercier les aînés pour m’avoir ouvert les yeux. J’eus un haut le cœur et un ruisseau de sueur froide me traça son glacial sillon dans mon dos, comme un coup de poignard. C’était 1918, en Allemagne. C’était Rosa Luxembourg, et les Spartakistes, qui soudain, dans mon panthéon, bousculaient David Rockefeller et la Standard Oil. Mon visage blème, mon regard hagard, mes gestes désordonnés, mes syllabes inaudibles, mes chers lecteurs qui ne partagez pas mes opinions d’avant ma repentance, vous auraient inspiré de la commisération et un gentille tape dans le dos, destinée à me manifester votre solidarité. Eh oui, unis dans la détresse, nous aurions coopéré, moi le renégat, et vous les bons de toujours, pour un autre monde, meilleur encore. Car, soudain, un rayon de soleil éclaira mon visage, je reprenais des couleurs, j’entraperçus l’échappatoire: le rêve d’un monde meilleur, mais c’est bien sûr! et, ô regain de vitalité, essentiellement pour moi. En effet, coopération/concertation, collaboration/délation, quelle différence' Pencher très à gauche ou très à droite, c’est de toute façon, derrière les sentiments les plus radicalement les meilleurs, la route de la servitude, celle d’une tyrannie nouvelle. Car ce que j’avais appris, ici et là, là et là-bas, tout cela, dans un monde sans argent, devenait le véritable Graal, l’instrument d’un nouveau populisme, le moyen de refaire le monde, avec vous, pour moi. Vous ne le saviez pas mais les fascistes, comme les communistes, étaient anticapitalistes et antilibéraux. Certes, les premiers furent soutenus, en Italie comme en Allemagne, par les artisans et les grands industriels mais ce serait oublier que les positions de monopole que s’arrogent souvent ces derniers, ainsi que leurs relations incestueuses avec l’Etat, sont autant de comportements qui faussent le mécanisme de la concurrence. Quant aux artisans, ils eurent leur heure de gloire aux temps du féodalisme et ne se sont jamais vraiment remis de l’avènement du capitalisme. Marx, lui-même, ne leur présidait-il pas une extinction douloureuse' La forme de capitalisme que laisse encore prospérer le fascisme est un capitalisme qui ressemble à sa forme prémoderne, celui des rentiers et des manufactures d’armes royales, pour entier annexé aux objetifs de l’Etat totalitaire tandis que le communisme l’annexe de facto, sans autre forme de procès, à l’Etat totalitaire d’un nom différent. Le capitalisme soviétique était, en effet, fondé sur la captation, l’accumulation et la distribution des richesses par l’Etat, en vue de les réinvestir conformément aux injonctions du commisariat au plan. Dès lors, ma renaissance, mon chemin de Damas, mon ascension au Nirvana, sera de retourner à Rome. Non pas vers Mussolini, mais vers Saint-Pierre et Charlemagne, diantre! Le mode de production féodal assure aux ambitieux la conquête de positions sociales élevées par le glaive et leur maintien héréditairement avec la sanction de l’Eglise. Foin d’idéologie car en tant que zélateur aujourd’hui vous n’en pouvez pas moins devenir ennemi du peuple demain. L’artistocratie, c’est la garantie que les lendemains chanteront également. En réalité, l’artistocrate n’est qu’un timide brigand qui a réussiet s’est enhardi: dès lors,. qu’importe si celui-ci était, à l’origine, le chef d’un groupe de Francs-Tireurs' D’ailleurs, Hayek ne relevait-il pas, dans les années 1930, que rien n’était plus facile que de convertir un communiste au fascisme et un fasciste au communisme' Mais alors, pourquoi pas les deux au féodalisme' L’ordre nouveau, pour cette humanité qui n’en peut plus de l’individualisme et de la froide rationalité instrumentale du profit à tout crin, de la bureaucratie qui s’étend pour subvenir aux besoins de la bureaucratie grandissante, cet ordre nouveau, pour ces milliards qui aspirent à donner du sens à leur vie et continuent de se chercher depuis que le monde est devenu moderne, cet ordre là ne peut consister qu’en un retour aux valeurs fondatrices de la civilisation féodale. Saluons Hegel, Comte et Marx, pour qui l’Histoire avait un sens, celui du progrès, constatons enfin leur erreur et claquons nos talons avec une grâce toute hispanique! Olé! Votre salut ne saurait être dans l’opulence matérielle mais dans un doux paternalisme administré par votre seigneur bienheureux. Vous qui rêvez de protectionnisme, le voilà qui revient à la charge. Désormais, chaque communauté villageoise sera protégée comme il se doit des périls extérieurs, même les plus proches. Imaginez un monde où la production manufacturière du Creusot ne menacera plus le noble travail des artisans du Languedoc! Vous qui rêvez de collectivisme, votre charismatique seigneur sera comme l’Etat communiste, vous dispensant votre pitance en échange de votre travail en direction d’un objectif que lui seul détermine, dans sa clairvoyance d’unique lettré du Duché. La ferveur, le sentiment vague et excitant tout à la fois d’une mission qui vous dépasse, tout cela vous sera assuré, vous les descendants des soixante-huitards qui s’extasiaient devant les objectifs de la révolution cubaine. Car, en effet, vous réaliserez votre retour à la terre, vous produirez, comme Castro vous l’avait demandé naguère, du sucre et d’autres produits du terroir, dans l’amour de votre grand seigneur. Le sens de votre vie' Merveilleux! Car le paradis est promis aux faibles, aux pauvres, aux ignorants, à ceux qui dans ce monde-ci sont les perdants. Appelez le paradis des travailleurs, ou des pieux, car votre seigneur, assurément, est bienveillant. Les Juifs que vous voudrez de temps en temps occir ne seront plus là, il est vrai. Désormais, ils ont leur royaume en Israël et leurs aristocrates compteront parmi Nos pairs oints par Dieu. Mais nous les remplacerons par des communautés de libéraux rescapés du châtiment populaire de l’an de grâce 2008 et sciemment maintenus en condition pour subir votre juste opprobre. Car les français ont raison, et de ce fait, on ne saurait rien leur refuser! Mieux encore, l’esprit de la chevalerie ne sera pas mort pour autant, l’ennemi extérieur y veille au grain. En effet, fidèle aux grands rendez-vous, il sera toujours là, frétillant d’impatience de reprendre le Jihad et les Croisades là ou nous les avions laissés. Rendons donc grâce à ces vils Sarrasins Oussamaniaques qui, depuis 2001, tentent de réduire en esclavage le très chrétien peuple de Dieu. L’équilibre de ce monde sera résolument assuré par un système multipolaire. Vous en rêviez depuis l’implosion de l’URSS, le féodalisme vous l’aura restitué. Entre barons, ducs et margraves, l’équilibre des puissances sera redevenu réalité. Certes, la multiplication des frictions, inévitable entre de si nombreux acteurs de puissance relativement égale, la formation de coalitions ad hoc, changeantes au gré des intérêts de vos seigneurs, et donc instables, sont également inévitables dans ce système. Les guerres aux frontières seront donc multipliées. En effet, la cupidité, qui n’est pas un péché tant qu’elle est le fait d’un seigneur… la cupidité de nos ennemis, disais-je, étant insatiable, la défense de Notre fief et de Nos serfs devra être assurée. Mais ô divine surprise, non par vous, ô bélants pacifistes, mais par des armées de mercenaires commandées par des officiers de noble extraction. Las de vous faire piller, vous demanderez la paix. La nouvelle ONU, votre nouveau «machin», sera le Très Saint Père. Ne sont-ils pas interchangeables, après tout' En effet, les deux prennent leurs décisions dans des conciles où le peuple n’a pas la parole et rendent le droit en vertu d’interprétations scabreuses. Les bulles pontificales remplaceront donc avantageusement les résolutions du Conseil de Sécurité et seront appliquées, par nous Seigneurs, avec peu de zèle. Cependant, elles auront la valeur d’une presse de caniveau, elles dénonceront les impies comme l’on dénonce aujourd’hui les impérialistes et autres trouble-fête sans qui, c’est bien connu, le monde irait tellement mieux. Le Saint-Père sera impuissant, il est vrai, mais songez alors que cela vous rappellera l’avenir! Finalement, vivre dans le passé c’est si confortable. L’avenir, souvenez vous, c’est la pollution, les OGM et les Mc Donald’s. Dans votre monde, tout au contraire, les grands équilibres écologiques seront assurés par la désindustrialisation et le rejet de la science sans conscience. La conscience morale sera, en effet, de retour et dictera, désormais, à la science, ses conclusions. Gallilée ne s’est-il pas rétracté lors de son procès' La Sainte-Inquisition, qui veillera à la chasteté de vos fils et de vos filles, veillera également à ne point troubler vos certitudes. Le principe de précaution sera donc élargi, à tous et à toutes choses, en toutes circonstances. Vos enfants vivront exactement dans le même monde que vous et chacun trouvera en cela un confort presque oublié après deux siècles de sauvagerie moderniste. Quant à votre nourriture, mes ouailles, elle sera royale. Vous réclamerez du pain et vous obtiendrez de la brioche. Et si par chance vous êtes italiens, vous aurez de la Pannettone! C’est bien connu, les peuples méditerranéens sont les moins rustres, en ces temps d’obscurantisme. Enfin, vous ne saurez ni lire ni écrire, mais à quoi bon' Le divertissement sera assuré. C’est le temps de la chanson de geste! Et des troubadours. L’écartèlement d’un infidèle cathare sera réclamé à cor et à cri, car n’a-t-il pas ramené la peste dans son sillage' En effet, les films d’horreur' Devenus réalité car qui sait quand frappera la peste ni comment elle se propage, c’est un châtiment divin, vous a-t-on dit et vous le croyez, bien entendu, car votre esprit, dégagé de la rigueur scientifique d’antan, est redevenu enfant: il vous la fera baptiser noire. Oui, vous donnerez des couleurs à toutes choses: le blanc, les gentils, le noir, les méchants, le bleu, la Vierge, le rouge l’orgueil, etc. Des couleurs aux grandes figures de votre temps, il n’y a qu’un pas. Vous ne les verrez jamais mais ces figures auront un énorme pouvoir sur votre bourse et votre cuissage. Il s’appelleront, liste non exhaustive, Baron de Le Pen et Margrave von Cohn-Bendit, Cardinaux Morin, Touraine et Bensaïd (il sera notre italien comme Mazarin jadis), les Grands Inquisiteurs Boniface, Plenel, Nabe, les Abbés Mamère et Besancenot, les troupiers Chirac et Todd, et j’en passe et des meilleurs. Les brigands qui vous feront peur, les Messier, les Kerviel et autres Seillères, les cathares les Baverez et Marseille, les antichrist les Furet, les Aron, les Rousseau, les Montesquieu, les chefs barbares les Merkel, les Bush, les Berlusconi. Non, vous n’avez pas la berlue, les vilains, les manants, les gueux, en un mot les humbles, ce sera vous. Convaincus' Excités' Impatients' Alors maintenant, répétez après moi: «L’ignorance, c’est la force!» | Membre Juif.org
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