Dormez encore après Bombay
par Daniel Pipes
Jerusalem Post
10 décembre 2008
http://fr.danielpipes.org/article/6059
Version originale anglaise: Still Asleep After Mumbai
Adaptation française: Anne-Marie Delcambre
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Des victimes prises dans des atrocités terroristes perpétrées par l'islam, expérience type de peur, de torture, d'horreur et d'assassinat, avec les sirènes en train de hurler, le positionnement des tireurs d'élite et le carnage dans les rues. Cela a été le cas récemment à Bombay (maintenant appelée Mumbai), où quelque 195 personnes ont été tuées et 300 blessées. Mais pour la véritable cible de la terreur islamiste, le monde entier, l'expérience est devenue engourdie, avec l'apologie et la justification atténuant répulsion et choc.
Si le terrorisme figure parmi les plus cruelles et inhumaines formes de guerre, atroce par la malveillance intentionnelle et la douleur, le terrorisme islamiste est aussi devenu bien préparé sur la scène politique. Les acteurs s'acquittent de leurs rôles , puis s'éclipsent, vite oubliés, au large de la scène.
En effet, si on réfléchit sur la plupart des épisodes de la terreur islamiste relatés par les journaux contre des occidentaux depuis le 9 / 11 - l'attaque contre les Australiens à Bali, contre les Espagnols à Madrid, contre les Russes de Beslan, contre les Britanniques à Londres - un double modèle apparaît : exaltation des musulmans, refus des occidentaux. La même tragédie se rejoue, on change seulement les noms.
Exaltation musulmane: L'agression de Bombay a inspiré des condamnations occasionnelles, des regrets feutrés officiels, et des cornes d'abondance non officielles d'enthousiasme. Comme le note le centre de la Commémoration du Patrimoine d'Israël, les gouvernements iranien et syrien ont exploité l'événement "pour attaquer les États-Unis, Israël et le mouvement sioniste, et les représenter en tant que responsables de terrorisme en Inde et dans le monde en général. Le site web d' "Al-Jazeera" est débordé de commentaires tels que « Allah, accorde la victoire aux musulmans. Allah, accorde la victoire au Djihad », et « Le meurtre d'un rabbin juif et sa femme dans le centre du judaïsme de Bombay est une nouvelle réconfortante. »
Un tel suprématisme et sectarisme ne peut plus surprendre, étant donné toute la documentation, à l'échelle mondiale montrant l'acceptation de la terreur au sein de nombreux musulmans. Par exemple, le Pew Research Center for the People and the Press a mené une enquête sur les attitudes au printemps 2006, « Comment les occidentaux et les musulmans se voient les uns des autres ». Ses sondages d'environ un millier de personnes dans chacune des dix populations musulmanes ont DANGEREUSEMENT trouvé une forte proportion de musulmans qui, à l'occasion, justifiaient les attentats-suicide : 13 pour cent en Allemagne, 22 pour cent au Pakistan, 26 pour cent en Turquie, et 69 pour cent au Nigéria.
Une effrayante portion a également déclaré un certain degré de confiance dans Osama bin Laden: 8 pour cent en Turquie, 48 pour cent au Pakistan, 68 pour cent en Egypte, et 72 pour cent au Nigéria. Comme je l'ai conclu dans une étude de 2006 sur l'enquête Pew, « Ces chiffres épouvantables montrent que le terrorisme perpétré par les musulmans a des racines profondes et restera un danger pour les années à venir. » Conclusion évidente, non ?
Dénégation occidentale: Non. Le fait est que les poissons terroristes nagent dans une mer musulmane hospitalière et disparaissent presque au milieu des bêlements de l'Occident politique, journalistique, universitaire. Appelez-le "politiquement correct", "multiculturalisme", ou "dégoût de soi", quel qu'en soit le nom, cette mentalité produit l'illusion et l'indécision.
L'énumération met à nu ce refus. Quand un unique jihadiste frappe, les hommes politiques, les tenants de l'application de la loi, et les médias unissent leurs forces pour nier le fait même du terrorisme, et quand nous devons tous reconnaître le caractère terroriste d'une attaque, comme à Bombay, un establishement pédant fait des tas de circonvolutions pour éviter d'incriminer les terroristes.
J'ai étayé ce manque en faisant une liste des vingt (!) euphémismes utilisés par la presse pour décrire les islamistes qui ont attaqué une école de Beslan en 2004: des "militants", des "assaillants", des "attaquants", des "hommes-bombe", des "ravisseurs", des "commandos", des "criminels", des "extrémistes", des "combattants", des "groupes", des "guérilleros", des "hommes armés", des "preneurs d'otages", des "insurgés", des "preneurs d'otages", des "militants", des "auteurs", des "radicaux", des "rebelles", et des "séparatistes" - mais jamais des terroristes .
Et si le mot terroriste est impoli, les adjectifs tels islamiste, islamique, musulman, sont devenus tabous. Mon blog, qui a titré « N'appelons pas islamisme l'ennemi » donne de nombreux exemples de cette dérobade, avec ses motifs. En bref, ceux qui voudraient remplacer la guerre contre le terrorisme à l'échelle mondiale par la lutte globale pour la sécurité et le progrès linguistique imaginent que cette manoeuvre gagnera le coeur et l'esprit musulmans.
Après Bombay, les analystes tels que Steven Emerson, Don Feder, Lela Gilbert, Caroline Glick, Tom Gross, William Kristol, Dorothy Rabinowitz, et Mark Steyn, ont de nouveau noté les divers aspects de ce comportement linguistique futile, et Emerson de conclure amèrement : « Après plus de 7 ans, depuis le 11 septembre, nous pouvons maintenant émettre un verdict : les terroristes islamiques ont gagné nos coeurs et nos esprits. »
Que faudra-t-il pour réveiller les Occidentaux de leur état d'abrutissement, pour appeler l'ennemi par son nom, et mener la lutte pour la victoire ? Une seule issue semble probable : des morts en nombre énorme, 100.000 victimes en une seule attaque ADM (armes de destruction massive). En résumé, il semble, que beaucoup, en Occident, se contentent de mettre en oeuvre des mesures défensives, et que la lutte contre les "activistes", décrits de façon fantaisiste, va doucement vers le sommeil.
Daniel Pipes