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Blog : Culture Juive

Le Marais

Le Marais - © Culture Juive
Le Pletzl
Des rues où des membres de la communauté juive vinrent s'installer, dans Paris, il y en eut plusieurs, mais aucune n'acquit une renommée et un attachement telle que la rue des Rosiers et les rues environnantes. Elles symbolisent, pour les juifs comme pour les non-juifs, LE quartier juif de Paris, pittoresque pour les touristes et empreint de nostalgie pour beaucoup de Juifs, le Marais continue de retentir de l'histoire de la diaspora des juifs émigrés à Paris.

La première difficulté qui se présente quand on étudie le « quartier juif », qu'on appelle en yiddish « pletzl », la petite place , c'est de le délimiter. Où commence-t-il ? Quand en sort-on ? Nul ne le sait. Comme le dit Jeanne Brody, ce petit bout de Pologne, planté au c'ur du Marais, est une petite place qui se déplace. Tout d'abord parce qu'il y a encore débats sur l'emplacement exact du pletzl : la petite esplanade du métro St Paul ? Le croisement de la rue des Rosiers et de la rue Pavée ? Il y aura encore longtemps de longs palabres entre voisins pour s'approprier le c'ur de la vie juive de Paris'

Fourreurs et tisserands au Moyen Age
L'implantation des Juifs date du Moyen-âge. Le nom des rues en témoignent : la rue des Juifs (renommée au moment de L'Affaire Dreyfus rue Ferdinand Duval), la rue de la Juiverie St-Bon (rue de la Tacherie), qui devient en 1275, la rue de la Vieille-Juiverie.

Dès la fin du XIIe siècle, Paris est avant tout un port, autour de la place de Grève, on compte de nombreux tisserands et fourreurs juifs. En 1137 Louis VI le gros ordonne l'assèchement des marais dont le quartier garde le nom, lorsque les « Ebrieux » s'y installèrent rue de la Poterie et de la Grande-Truanderie. Mais en 1182 Philippe-Auguste prononce leur exclusion. Quinze ans plus tard ils se réimplantent plus à l'est dans la Juiverie St-Bon où sont attestées plusieurs synagogues. En 1306, nouvelle expulsion ! Au même moment, sous l'impulsion de Charles V, la noblesse investit le quartier jusqu'à la fin du XVIIe siècle.

Du siècle des lumières à l'âge industriel
L'abandon du quartier par la cour pour les châteaux de la Loire puis Versailles va peu à peu rendre ce quartier au peuple, aux artisans et spécialement aux émigrés juifs alsaciens et lorrains qui s'y regroupent dès le XVIIIe siècle, en raison des bas loyers et de la proximité du marché du Temple.
En 1791, l'assemblée Constituante accorde la citoyenneté aux Juifs. Sous l'Empire sera crée le Consistoire. La synagogue de la rue St-Avoye, fondée en 1796, devient le Temple consistorial, avec ses deux cents places et ses allures de « petite cathédrale ». Le quartier regroupe encore en 1808 82% de la population juive parisienne ; les Juifs représentent 10% des habitants du quartier St-Avoye. En 1822, le consistoire bâtit la première grande synagogue rue Notre Dame de Nazareth ; Une autre suivra près de la Place des Vosges sous le second Empire. Le Marais juif a alors perdu les fastes de la cour d'autrefois : ateliers d'artisans, boutiques et entrepôts colonisent les hôtels particuliers dégradés où s'entassent une population de plus en plus pauvre.

Les immigrants juifs d'Europe Centrale
1880 voit affluer une première vague de Juifs d'Europe centrale, spécialement de Lodz et d'Autriche-Hongrie qui tentent leur chance loin des persécutions orchestrées par les autorités, tsaristes particulièrement.

Devant cette arrivée de nouveaux émigrants, plus religieux et moins bien intégrés, le Consistoire ainsi que des sociétés philanthropiques organisent écoles publiques, talmud torah, restaurant populaire et fourneau économique. La Société israélites des amis du travail (1823-1834) fonde une Ecole du Travail afin de former les enfants juifs indigents aux métiers manuels, rue des Singes, en 1865. Cette école existe toujours, 4bis rue des Rosiers, à la place de l'orphelinat Rotschild. Cela afin d'enrayer l'image du Juif pauvre exerçant les métiers caricaturaux de chiffonniers ou brocanteurs.


L'entre deux guerres
Les années 20-30 voient fleurir une étonnante vitalité culturelle et politique, avec ses cafés, ses imprimeries, son théâtre, ses journaux et ses combats idéologiques comme le montrent les archives du Bund et les querelles sur les candidats à soutenir aux élections nationales ; tout cela au milieu du grouillement de la vie des artisans, des ouvriers, des voitures à bras, à cheval qui bloquent les rues, les marchands des quatre saisons, des chanteurs des rues autour desquels on s'amasse pour reprendre le dernier refrain à la mode et les batailles des enfants du jardin des Vosges'

Déjà à cette époque, une petite communauté sépharade s'était établie autour de la rue François Miron, avec, elle aussi ses commerces et ses spécialités gastronomiques mais séparée par la rue de Rivoli, invisible frontière entre les deux communautés juives.

Le temps de la persécution
Les premières lois antisémites du régime de Vichy, datent d'octobre 1940 avec le statut des juifs qui les met à part du reste de la collectivité nationale et prévoit de fait leur exclusion économique et sociale en leur interdisant un nombre croissant d'activités. Les préfets ont dès lors le droit d'interner les juifs étrangers. La limitation des droits se poursuit en 1941 et 42. Le port de l'étoile jaune est imposé le 29 mai 1942 dans la zone occupée.

Trois grandes rafles se succèdent à Paris en 1941 et 1942 :
1°/ la rafle du 14 mai 1941 qui vise les hommes étrangers.
2°/ la rafle du 20 et 21 août : 4232 personnes, des hommes, juifs français ou étrangers sont internés à Drancy.
3°/ le 16 juillet 1942, la rafle du Vel d'hiv par laquelle 12884 personnes sont arrêtés, 3031 hommes, 5802 femmes, 4051 enfants. Au cours de l'été 1942, trois convois de 1000 personnes quittent chaque semaine Drancy pour Auschwitz où ils sont assassinés. Dans le Marais, près de 25000 personnes, hommes, femmes et enfants furent ainsi exterminés.

La renaissance
Après la guerre, le pletzl va se survivre, hanté par la mort et la déportation d'une grande partie de sa population juive.
Dans les années 50, le quartier sombre peu à peu dans l'insalubrité. On pense même en raser une partie. On y emménage que contraint et attiré par les loyers modiques. C'est en 1962, sous l'impulsion de Malraux que le quartier va retrouver un lustre perdu depuis longtemps. Son plan de sauvegarde et de réhabilitation du Patrimoine lance une série de rénovations, de rachats et d'expropriations pour « ressusciter » les hôtels particuliers transformés en entrepôts et ateliers de toutes sortes.
La présence juive du quartier, déjà amputée par les déportations, diminue encore avec le départ des artisans et des entrepreneurs. Du Marais juif, seule la rue des Rosiers et quelques rues adjacentes continuent à représenter la communauté par ces devantures de restaurants et autres magasins d'alimentation.

C'est à la même époque qu'arrive la dernière vague d'immigration dans le Marais avec les Juifs d'Afrique du nord, les « Sépharades », qui vont donner à la rue des Rosiers la couleur qu'on lui connaît. Plus affirmatifs dans leur judaïsme, plus méditerranéen aussi, ils offrent un nouveau visage de la communauté.
Cela ne va pas sans heurts, surtout avec la communauté ashkénaze qui perd progressivement le contrôle du rite dans les synagogues du quartier. ils vont faire résonner l'accent « pied-noir » dans un Marais juif qui se limite de plus en plus à la rue des Rosiers.
Usé par la spéculation, le Marais juif, aujourd'hui quartier à la mode et chic, côtoyant les bars gays, tente de conserver son âme et l'image d'un passé qui se voudrait présent. Les boucheries cachères sont remplacées par des boutiques de vêtements et la nouvelle immigration se recrute dans les professions intellectuelles et les cadres supérieurs.
Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 13 minutes