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Blog : Riposte Nesher

Face à la puissance de l'idéologie Shmuel Trigano


Quand nous avions programmé la mise en chantier de cette livraison de Controverses, nous ne pensions pas que le thème de notre dossier serait rejoint, voire submergé, par une actualité volcanique, découlant de l'impact de la guerre de Gaza sur la société française. Nous l'avions choisi, en effet, pour poursuivre l'examen de l'idéologie dominante de notre temps dont l'argument juif ou « sioniste » constitue l'un des foyers de cristallisation les plus virulents.

Le projet de ce numéro est en effet de comprendre le système logique et rhétorique qui régit l'usage des symboles juifs dans les discours contemporains les plus divers. Notre hypothèse de travail est que cet usage n'est point irrationnel ni uniquement téléologique (c'est à dire en vue d'une manipulation idéologique servant une cause ou un intérêt) mais qu'il est structuré en fonction d'une logique et d' une cohérence qu'il ne faut pas rechercher dans le domaine de l'intelligence et de la pensée mais de la société et de la politique. C'est ce que nos articles analysent, chacun à sa manière.

Un deuxième dossier est consacré à la résurgence du mythe du crime rituel dans l'imaginaire contemporain. Depuis la « deuxième Intifada », nous assistons en Europe (et dans le monde arabo-musulman) à des débordements médiatiques et journalistiques qui, tous, stigmatisent une unique image d'Israël, accusé de cruauté envers les enfants palestiniens. Si la rationalité du système du signe juif est d'ordre sociétal, demandant à être recherchée dans les formes et les mouvements profonds de la société, ce dossier démontre que le contenu irrationnel des représentations des Juifs n'est pas, lui aussi, le produit du hasard. Il s'inscrit, pour qui a quelque connaissance historique, dans un héritage de l'imaginaire collectif de l'Europe qui prend ses sources dans le Moyen Age et dont nous constatons qu'il n'a pas disparu de la mentalité de nos contemporains malgré plusieurs siècles de sécularisation. Les chercheurs ont démontré en effet que la conscience collective était structurée par des mythes archaïques qui se perpétuaient sur de très longues périodes dans chacune des cultures de l'humanité.

Les conclusions auxquelles conduisent ces deux dossiers viennent conforter le sentiment que nous faisons face à une résurgence très inquiétante de l'antisémitisme dont on n'a pas assez pris la mesure. Il se produit en effet une conjonction explosive de logiques sociétales, sociales et imaginaires autour du signe juif, dont la crise économique va amplifier la virulence.

Si il y a une possibilité d'analyser les structures et la logique de l'économie du signe juif et de l'imaginaire collectif, celà ne signifie pas pour autant que l'antisémitisme aurait « des raisons d'exister ». De même, il ne suffit pas de démonter la construction antisémite pour la vaincre. On perçoit à ce propos le fossé qui sépare une démarche analytique de la conscience courante. L'acteur social ne peut entendre ce que le sociologue peut lui dévoiler des bases de son existence. Pour entrevoir les perspectives auxquelles ouvre ce numéro, il faut quelque peu s'être distancié du milieu ambiant. De ce point de vue, l'expérience de la marginalisation ou de l'exclusion ouvre l'accès à un point de vue spectral sur la réalité qui, en règle générale, est la chose la moins partagée du monde.

On mesure à ce propos la juste et modeste place de la pensée. Elle est en recul sur la réalité et ne peut la changer dans l'immédiat. C'est pourtant ce décalage qui fournit les instruments mentaux et conceptuels pour une action ultérieure. L'effort de la raison ne suffit donc pas à terrasser l'empire des croyances et de l'idéologie. Il ne suffit pas de démontrer l'inanité d'un argument pour qu'il s'effondre, qu'il ressortisse à l'irrationnel ou qu'il soit le produit d'une réalité sociétale. C'est bien la situation à laquelle nous nous trouvons confrontés aujourd'hui. Force est de remarquer que l'effort considérable de démonstration et de probation, durant la « deuxième Intifada » et les premières manifestations du « nouvel antisémitisme », à travers colloques et publications, a été sans portée immédiate au regard des mêmes phénomènes qui se reproduisent aujourd'hui. Il fut néanmoins capital sur le plan éthique et peut-être aussi pratique.

Si nous ne pouvons pas forcer les barrières de ce que Marx appelait « la fausse conscience », nous pouvons en effet contribuer à désacraliser et banaliser les tabous et les idées reçues. L'analyse érode les évidences, elle aide à formuler l'indicible et à déplacer les limites du pensable. Dans ce sens, le travail de la pensée engendre un milieu social, une clairière dans la foule chaotique, où la compréhension peut trouver une résonnance et modifier les comportements. Comprendre « ce qui se passe », c'est être déjà plus libre et plus efficace.

Le décalage structurel que nous constatons, s'il est inhérent à toute socialité, constitue néanmoins un indice de ce que nous sommes peut-être à la veille de graves bouleversements. C'est une situation d'avant crise quand le système est sur le point de se manifester en masse en submergeant les consciences et les actes des individus.

Ce constat nous rappelle la définition que le philosophe Hegel donne de la philosophie dans les Principes de la philosophie du droit : " la philosophie vient toujours trop tard. En tant que pensée du monde, elle apparaît seulement lorsque la réalité a accompli et terminé son processus de formation. Ce n'est qu'au début du crépuscule que la chouette de Minerve prend son envol.Ce que le concept enseigne, l'histoire le montre avec la même nécessité : c'est dans la maturité des êtres que l'idéal apparaît en face du réel." Nous ne nous inscrivons pas, quant à nous, dans l'antinomie de l'idéal et de la réalité mais du réel et de la réalité. Plutôt que de la tradition grecque, qui identifie la sagesse et la science à une chouette qui se lève à la tombée de la nuit, nous nous recommandons du bestiaire biblique, de la « Biche de l'aurore » (Psaume 22,1), qui désigne à la fois l'étoile du berger, la première à paraître au crépuscule et Vénus, la première à paraître à l'aurore. Dans le temps biblique, en effet, chaque jour nouveau commence au crépuscule.
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Dernière mise à jour, il y a 48 minutes