Blog : Michelle Goldstein

Comment publier Mein Kampf ?
Raphael Aouate

L'ouvrage de base, socle de l'idéologie nazie, écrit par Adolf Hitler il y a 82 ans, entrera dans le domaine public en 2015. De quoi inquiéter bon nombre d'observateurs, dont certains historiens allemands, qui envisagent déjà des réponses ?
Comment éviter les rééditions mercantiles et dangereuses de cet ouvrage du Führer allemand du Troisième Reich ? Cette question, importante, doit déjà être posée. En Allemagne, le livre n'a jamais été véritablement interdit. Cependant, le Land de Bavière s'en est approprié la gestion après la Seconde Guerre mondiale, empêchant ainsi la publication sous d'autres éditions. Sa propriété publique prendra néanmoins fin le premier mai 2015, soit 70 ans et un jour, après la mort du dictateur. Ce texte entrera alors dans le domaine public, de quoi inquiéter les historiens allemands.
Afin d'éviter de possibles et prévisibles exploitations mercantiles ou pire, racistes et antisémites, l'Institut d'Histoire contemporaine de Munich, par l'entremise de son Directeur Horst Möller, invite déjà à réfléchir à ces questions. Il envisage notamment de proposer une réédition unique de Mein Kampf, qui deviendrait ainsi l'unique ouvrage de référence. Cette version serait présentée accompagnée de commentaires d'historiens chargés d'expliquer les rouages de l'idéologie nazie.
"Une telle édition ne serait pas facile à lire. Elle n'est pas destinée aux néonazis, dont les capacités de lecture ne doivent de toute façon pas être évoluées. Nous devons tenter de rendre impossible toute utilisation purement commerciale de cet ouvrage à l'avenir. Tant que Mein Kampf n'aura pas fait l'objet de commentaires détaillés, les spéculations souvent naïves iront bon train sur le contenu du livre. Une édition scientifique pourrait briser l'étrange mythe qui règne autour de ce livre. Elle pourrait être porteuse d'une grande désillusion. Ce serait un véritable acte d'hygiène politique que de prouver la mauvaise qualité de cet ouvrage malgré tout efficace." affirme Horst Möller.