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Blog : Carnets d'actualité

LE DEJEUNER A L'ELYSEE

Evoquant la détention du pouvoir, De Gaulle pensait qu'il était normal qu'Alexandre crût à sa fortune, César à son étoile, Napoléon à son destin. Quant à lui, il avait toujours eu la certitude que le sort lui serait donné de défendre l'idée qu'il se faisait de la France. Pour Mitterrand, c'était la conviction que lui seul serait en mesure de faire durablement revenir la gauche aux affaires. Nicolas Sarkozy est volontiers plus modeste : il assure qu'il s'est agi avant tout d'un rêve qu'il n'a jamais cessé de nourrir depuis l'adolescence.

C'est ce que nous apprenons de sa bouche, ce mercredi 6 mai où nous avons été priés à déjeuner, Denis Olivennes, Jacques Julliard et moi, à l'Elysée. Mais une surprise nous attendait dès l'abord : celle de voir un président attaché à convaincre qu'aussitôt après avoir réalisé son rêve, il en avait découvert les désenchantements. Il affirme que l'exercice du pouvoir n'a rien à voir avec le bonheur. Il peut satisfaire une intense passion d'agir, de faire, de réaliser (et de réformer !), ce qui est passionnant et considérable. Mais - surtout depuis le règne de la « transparence » - il ne rend pas heureux. Un François Mitterrand n'a pas été victime de cette contrainte. Lui, oui. Il ne peut faire en paix le moindre déplacement.

C'est un président très présent mais nullement survolté, aux traits pleins, rassérénés et apaisés, toujours prompt à la riposte mais laissant volontiers parler, économe de ses gestes et à l'aise dans un nouveau rôle présidentiel, qui nous parle en ce jour anniversaire de ses deux années à l'Elysée. Nulle trace de ressentiment dans ses propos. Et, en dehors d'un regret formulé sur le rôle du président géorgien, Mikhaïl Saakashvili, et sur la désignation par Israël d'un ministre des Affaires étrangères contesté, aucun jugement désagréable. Pas même sur les médias. Pour un peu, s'il le connaissait, il citerait de mot de Léon Blum : « J'ai acquis devant l'injure la sérénité du couvreur sur le toit. »

Il estime ne pas avoir subi de stress particulier. Le stress avait eu lieu avant qu'il ne fût président, quand il avait quelqu'un au-dessus de lui. Déprimé, parfois ? Réponse : jamais. La dépression vient, selon lui, d'un rêve non réalisé (Fabius, Juppé) ou bien lorsque cesse l'exercice du pouvoir (Giscard, Mitterrand, Chirac). Il est déjà, quant à lui, préparé à une telle échéance. L'idée de se représenter dans trois ans lui est, assure-t-il, complètement étrangère. N'a-t-il pas de lui-même, sans que personne ne lui en inspire le projet,  limité le pouvoir à deux mandats' D'autre part, une telle idée implique la vie -et donc l'avis - de sa famille. Autrement dit, Titus ne quittera pas le bonheur avec Bérénice pour les alcools du pouvoir. Il répond à l'avance à l'objection selon laquelle se représenter pourrait constituer un devoir en disant que nul n'est indispensable, nul n'est irremplaçable, il se trouvera toujours quelqu'un de valable pour lui succéder dans trois ans.

L'énergie qu'il met à nous convaincre lui tient lieu de sincérité et, au cas où certains d'entre nous demeureraient incrédules, au moins nous contraint-elle à nous demander pourquoi il la dépense. A quoi peut lui servir d'assurer les Français que le pouvoir n'est pour lui qu'une parenthèse ? A justifier une impatience frénétique dans les entreprises de réformes tous azimuts ? Mais le président n'estime pas que son tort principal soit l'exercice plein, entier et assumé des responsabilités. « Les grandes choses, on les décide seul car le consensus interdit l'audace. Reste que les grandes réformes, comme la décolonisation ou l'élection au suffrage universel, sont nécessairement impopulaires au départ puis qu'elles modifient le cours des choses. »

À la question de savoir quelle idée il se fait de son impopularité, il répond que jamais l'un de ses prédécesseurs n'a connu une crise mondiale de cette ampleur. Trois pour cent de récession, c'est du jamais vu depuis plusieurs décennies ! Mitterrand et Chirac, alors même qu'ils ne connaissaient pas cette crise, ont été autant sinon plus impopulaires à cette période de leur mandat. De toute façon, ajoute-t-il,  la crise va m'aider car les Français ne voient personne d'autre pour y faire face et, à la condition qu'il reprenne lui-même la concertation et la communication, en particulier sur l'Université et la santé, ils comprendront mieux qu'avant l'urgence des grandes réformes. En tout cas, la crise lui permet d'affirmer qu'il n'appartient plus à un seul camp, et en tout cas pas à la droite. Ignorant les critiques de Martine Aubry, de François Bayrou et les nôtres, il fait comme si sa dénonciation des dérives du capitalisme financier devait suffire à lui donner une image de gauche. Or on ne sache pas que le fameux discours de Toulon ait été suivi d'effets visibles et concrets.

J'observe que le président devrait s'inquiéter du fait que les violences sont souvent populaires et que telle séquestration de patrons et tel saccage de locaux provoquent davantage, même dans les milieux conservateurs, une compréhension solidaire qu'une condamnation indignée.  Nicolas Sarkozy passe outre. Il fait confiance à la responsabilité des chefs syndicalistes : « Je suis le président qui a eu le plus de contacts avec les syndicats. Je fais le plus grand cas de ce qu'ils me disent. J'apprécie le secrétaire général de la CGT. Nous ne sommes pas d'accord, mais je l'apprécie. » Sarkozy est très fier de son nouveau projet social : il veut mettre en place dès septembre un système où tout licencié économique se verra garantir son salaire pendant un an en échange d'une formation qualifiante. Il ne veut pas de « faux filets de sécurité, type RMI ». Il veut des filets qui ramènent à l'emploi. D'où le Revenu de Solidarité Active (RSA). Ensuite, lorsque Sarkozy évoque son intérêt pour l'industrie, son goût pour les usines et son amour pour les ouvriers, on se dit que, s'il avait à célébrer son second anniversaire, ce ne serait plus au Fouquet's mais au mur des Fédérés.

Lorsque notre déjeuner a lieu, nous avons tous lu le discours fait la veille par Nicolas Sarkozy sur l'Europe. Nous connaissons ses positions sur la Turquie. Il martèle : « Moi président, la Turquie n'entrera jamais dans l'Union européenne ! » Et il souligne que cela a été un sujet de friction fort avec Obama. Mais il préconise des négociations immédiates avec les Turcs pour un partenariat privilégié. En revanche, contre l'avis de ses amis, Nicolas Sarkozy entend ménager les Russes et ne croit aucunement à leur menace.

Comme on a écrit que les succès de Barack Obama lui avaient fait de l'ombre et l'avaient privé d'un rôle international, Sarkozy précise avec force qu'il souhaite le succès du président des Etats-Unis et que ses relations avec lui sont excellentes, comme on le vérifiera le 6 juin prochain lorsque Barack Obama sera en France. Il dit qu'au Proche-Orient, il peut aider l'Amérique en raison de sa popularité auprès des Israéliens et de sa capacité à leur dire la vérité sur les colonies, sur un Etat palestinien, sur Gaza et même sur Jérusalem. Il dit qu'il n'acceptera jamais que l'on mette en danger la sécurité d'Israël mais il pense que l'heure est venue de bousculer le calendrier afin d'imposer le retour des Israéliens aux négociations sur un Etat palestinien et la restitution à la Syrie du plateau du Golan. Et cela d'autant qu'il est impossible d'exclure une tentative d'Israël de bombarder les sites nucléaires iraniens. Il ajoute : « Vous vous rendez compte, même Shimon Peres se rallie à ce projet ! »

Tandis que notre déjeuner se termine, nous nous disons que nous n'avons pas encore tout à fait percé le secret de ce président jeune et ludiquement impétueux, si peu conforme à ceux qui l'ont précédé dans ce palais et qui, en dépit de ce qu'il dit avec sincérité, joue avec volupté à imprimer sa marque dans l'histoire.

J.D

2 commentaires
je suis outré que Sarkozy veuille qu 'Israel restitue le Golan en bousculant le calendrier et que Péres est du même avis ...Quelle lâchetée de la part de ses Présidents qui se disent juifs ...je me demande si Pérès est normale et si Sarkorzy veut se couronner empereur de cette europe ..où bien en Tsar Nicolaïs !!
Il pousse un peu trop le bouchon... En colère !
Envoyé par Jacqueline_013 - le Lundi 11 Mai 2009 à 16:24
j ' ai comme l 'impression que ce petit dèj , a laissé un goût amer a ses invités ...même si c 'est sous les OR
de la République et de Président ... Triste
Envoyé par Jacqueline_013 - le Lundi 11 Mai 2009 à 16:42
Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 40 minutes