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Blog : LéviathanLa terreur vient du cielLe titre du présent article est repris du tome 16 d’une bande dessinée de Jijé et Jean-Michel Charlier intitulée Tanguy et Laverdure. Nos deux héros sont pilotes dans l’Armée de l’Air et se retrouvent, dans cet épisode, à combattre une organisation terroriste qui a élu domicile en France et qui fait la preuve de sa capacité de frapper n’importe quel point du territoire national à l’aide d’avions un peu particuliers. Ces avions sont, en effet, à décollage et atterrissage vertical (ADAV, les fameux Harrier britanniques) et peuvent frapper leurs cibles (une station radar par exemple) et disparaître une fois que la chasse leur est donnée, en atterrissant n’importe où et en attendant que les Mirages s’éloignent. Cela a permis au « Vampire », le leader terroriste, de faire chanter la France et de lui réclamer le versement d’une rançon exorbitante. Heureusement, nos deux héros finiront avec leurs camarades par avoir raison de l’organisation terroriste. Cet article n’est pas à proprement parler un texte de politique fiction mais fait partie des scénarii du type « What if…? » (Que se passerait-il si …?) auxquels se livrent bien des analystes des relations internationales, et, en particulier, les militaires (l’auteur du présent texte n’est ni l’un ni l’autre et ne leur est pas lié, d’aucune manière). La devise des études stratégiques est souvent résumée, d’ailleurs, par l’expression « Shit happens », autrement dit, tout peut arriver c’est donc le domaine de l’imagination par excellence. Mais cette imagination n’est pas débridée au point de concevoir l’invraisemblable. Bien au contraire, elle cherche à définir les paramètres d’une ou plutôt plusieurs réalités futures c’est-à-dire d’avenirs plausibles, envisageables (toujours au pluriel). N’étant pas un professionnel de la chose et ne prétendant pas avoir écrit un texte visionnaire mais conscient que les professionnels se trompent très souvent, j’ai crû bon de soumettre ces quelques pensées à l’esprit critique de mes lecteurs. Dans sa dernière revue de presse, Daisy du blog SPQR évoque les menaces syriennes à l’encontre d’Israël. Et, plus particulièrement, la menace d’une guerre de missiles balistiques, une guerre de villes, proférée par un haut fonctionnaire anonyme du ministère syrien de la défense. Nous nous trouvons, en réalité, face à un mythe né de la guerre indécise de l’année dernière. L’issue de la deuxième guerre du Liban – celle de 2006 qui opposa Israël au Hezbollah soutenu par l’Iran et la Syrie– n’a désigné ni vainqueur ni vaincu. L’indécision, sur le champ de bataille, autorise chaque camp à clamer que la non victoire d’hier impose un « second round » demain, c’est-à-dire une nouvelle guerre afin qu’un vainqueur et un vaincu soient clairement désignés et les cartes redistribuées. Mais les exemples de guerres inutiles pullulent dans nos manuels d’histoire et rien n’oblige ni la Syrie ni Israël, pas davantage que n’importe quel autre État, à engager de nouvelles hostilités uniquement pour découvrir un vainqueur et un vaincu dans ce contexte de guerre qui, en réalité, dure depuis 1948. Dès lors, pourquoi la dernière guerre devrait à ce point hâter les protagonistes vers la prochaine' Syrian cancan Il faut donc s’émanciper de la « mystique » de l’Armageddon pour réinterpréter les calculs auxquels se livrent, rationnellement, ces États, ces « monstres froids » dirait le Général de Gaulle. D’abord, un haut fonctionnaire syrien qui ne décline pas son identité assure que la guerre de demain sera balistique et que la Syrie ne la mènera pas par proxy (c’est-à-dire par Hezbollah libanais interposé). Autrement dit, les autorités syriennes n’endossent pas ces déclarations mais veulent quant même profiter de leurs effets. Cette menace de guerre sans intermédiaire entre la Syrie et Israël n’est pas crédible. En réponse à des attaques balistiques (dont la faculté de nuisance sera forcément supérieure à celle des katyushas du Hezbollah), Israël peut envahir tout ou partie de la Syrie et déposer le régime baathiste d’Al-Assad. Il n’y a absolument aucun doute que la tactique de la Blitzkrieg peut-être utilisée contre la Syrie qui dispose d’une armée régulière et se défend en contrebas du Golan (c’est-à-dire dans une position intenable), à quelques dizaines de kilomètres seulement de Damas. Ashkenazi le damascène En 1982, Ariel Sharon n’a pas eu de difficultés majeures à atteindre Beyrouth, en traversant deux fleuves et un Liban sud au relief accidenté. Comment, aujourd’hui, la Syrie pourrait se défendre, sur une plus courte distance et sans le renfort d’un relief difficile' Et, accessoirement, sans le renfort d’une armée de guérilla, aguerrie' Israël peut atteindre par les airs les sites de lancement de missiles balistiques en l’espace de quelques minutes à quelques dizaines de minutes et ensuite les occuper en l’espace de quelques jours. La guerre balistique syro-israélienne serait très rapidement décidée à l’avantage de ces derniers. D’aucuns estimeront que ce serait créer un Iraq bis et prendre Israël au piège d’une occupation qu’il n’a pas les moyens, comme les Américains en Iraq, de supporter. Mais ce scénario à le désavantage pour le régime baathiste de lui interdire, une fois la paix revenue, tout retour au pouvoir, au profit d’un régime islamiste sunnite. Impopulaire république populaire La menace d’une guérilla syrienne en zone occupée – l’année dernière, Bachar Al-Assad avait menacé Israël de mener sur le Golan une guérilla s’inspirant du modèle hezbollahi – n’est donc pas crédible. En effet, la Syrie dispose d’un État fort et la minorité alaouite dont est issue la famille Al-Assad au pouvoir ne peut pas conserver le leadership syrien sans l’aide d’une bureaucratie centralisée. Cette bureaucratie ne peut pas continuer d’exister dans un pays soumis à une tutelle étrangère. Une guerre de partisans serait l’occasion pour l’écrasante majorité sunnite de s’armer et d’interdire, à terme, aux alaouites de revenir aux affaires. Le régime baathiste n’a, en réalité, aucune option dont les avantages surpassent les inconvénients : il doit se contenter du statu quo quand bien même il gesticulerait violemment. Car, il faut aussi se rendre à l’évidence que personne ne volera au secours d’une Syrie qui aura agressé Israël. La Syrie, contrairement au Liban, ne peut pas compter sur l’interférence des Nations Unies, de la France et des États-Unis pour limiter l’ampleur d’une réaction israélienne résolue. L’été prochain à Karbala Or, Ahmadi-Nejad aurait, de Damas, déclaré que cet été verrait « la victoire des musulmans et la défaite de [leurs] ennemis ». Cette phrase fait partie du jargon brumeux des déclarations prophétiques et est donc sujette à de multiples interprétations. Elle n’est pas politiquement compréhensible en l’état tant elle est imprécise. Ahmadi-Nejad pourrait avoir beau jeu d’interpréter à sa guise cette « victoire des musulmans », à la fin de l’été. En effet, il pourrait encore annoncer que l’Iran a franchi un nouveau pallier dans la maîtrise de l’énergie nucléaire, sans pour autant annoncer son entrée dans le club des puissances nucléaires militaires. L’évènement serait (presque) dérisoire (s’il n’était pas inquiétant) au regard de l’annonce faite à Damas, pour les esprits sceptiques, mais il résonnerait puissamment aux oreilles de ceux qui s’abreuvent à la propagande du régime des mollahs pour entretenir leur ferveur, en attendant le « grand soir » tant promis et dont l’échéance est sans cesse repoussée, depuis le martyr de l’imam Hussein en l’an 860. Il faut rappeler, toutefois, que le président de la République Islamique était alors l’un des rares dirigeants étrangers à s’être déplacé dans la capitale syrienne suite à la « réélection » de Bachar Al-Assad. Ceci peut-être interprété comme une marque de soutien mais, en parallèle, il marque d’une manière dramatique l’isolement du régime syrien. Enfin, il faut aussi prendre en considération le fait suivant : bien qu’étant le principal allié des baathistes syriens avec lequel il a un accord de défense (conclu en 2005), le régime des mollahs n’a aucun intérêt à utiliser la Syrie comme un proxy dans son bras de fer avec Israël. En effet, l’incapacité du régime baathiste à se passer d’un puissant appareil d’État pour maintenir son emprise sur un peuple syrien majoritairement sunnite laisse envisager le pire pour le pouvoir chiite de Téhéran : la perte d’un de ses rares alliés au profit des puissances sunnites de la région et d’Al Qaïda. Certes, la République Islamique s’est montrée désireuse de collaborer avec un certain nombre d’extrémistes sunnites, notamment le Hamas et Al Qaïda (avec ces derniers sur une base ponctuelle) mais ce type de collaboration est davantage le reflet d’une convergence d’intérêts toute temporaire et très localisée. L’imam caché En réalité, le seul pays capable de mener une guerre de missiles contre Israël, c’est l’Iran. Mais avant de pouvoir mener une telle guerre, ce dernier doit disposer d’au moins une arme nucléaire et être en mesure, de surcroît, de la lancer sur Israël afin de sanctuariser son territoire et prévenir une campagne aérienne massive contre ses infrastructures atomiques et militaires (en prenant Israël en otage, les mollahs prennent également une garantie contre une éventuelle campagne militaire américaine). Car, si le Guide suprême Ali Khamenei déclenchait le feu de ses missiles Shehab 3 avant de disposer d’une telle arme, il exposerait ses infrastructures nucléaires à d’intenses bombardements aériens. Même si les israéliens, les américains et les européens ne peuvent pas être certains d’avoir répertorié tous les sites nucléaires iraniens, les stratèges de la République Islamique ne peuvent pas être absolument certains qu’une campagne aérienne ne finisse par avoir raison de tous les sites en question (à supposer que le réseau nucléaire iranien, bien que décentralisé et sans doute doté de nombreux leurres, ne soit pas dépendant, en réalité, de seulement deux ou trois sites essentiels). En revanche, si la République Islamique s’engage dans une guerre de missiles (armés de charges conventionnelles) contre Israël après s’être assuré la possession (en réserve) d’une bombe atomique et du moyen de l’amener sur une cible israélienne, alors le régime islamiste peut espérer, d’une guerre limitée, obtenir des gains géopolitiques considérables. Mais il lui faudra d’abord convaincre ses ennemis de sa capacité d’ouvrir le feu nucléaire et ensuite définir les paramètres de la confrontation. Ce cadre doit imposer des limites à chacun de deux camps : d’une part, Israël doit être notifié sans ambiguïtés des lignes rouges à ne pas franchir faute de quoi le feu nucléaire iranien serait déclenché et, d’autre part, le Guide suprême doit s’imposer une certaine « retenue » en contrôlant les dégâts causés par ses tirs de missiles afin qu’Israël ait encore davantage à perdre en cas de riposte iranienne à des ripostes trop massives de Tsahal. Les Pasdaran-e-Sepah, en charge du programme nucléaire iranien, pourraient limiter les charges dont leurs missiles sont équipés et pourraient aussi espacer suffisamment les tirs afin de ne pas leur donner le caractère systématique propre à une guerre totale. Chantage permanent La décision de tirer un Shehab 3 resterait aux mains des politiques et devrait pouvoir être présentée, à chaque coup, comme une « riposte » à une « agression sioniste » alors même que l’Iran aura depuis bien longtemps pris l’initiative stratégique. Arme politique, la guerre des missiles ferait fondre du ciel la terreur sur Israël. L’intérêt d’une telle stratégie ne serait pas pour l’Iran d’initier une guerre totale contre Israël mais bien plutôt d’offrir à ses alliés la couverture nécessaire afin qu’ils soient en mesure de mener contre ce dernier une guerre d’attrition emmaillée de cessez le feu et de phases de négociation (mais pas des négociations de paix, tout au plus une trève temporaire, une Hudna comme la paix que propose actuellement le Hamas et qui exige des Musulmans de reprendre les hostilités dès qu’ils reprennent l’avantage). Répandant en apparence le chaos, ce type de stratégie est, en réalité un usage contrôlé de la violence. Les stratèges des mollahs escompteraient, dans le cadre d’un tel scénario, contraindre Israël et non pas encore l’éliminer. La dimension psychologique d’un tel affrontement est cruciale : la République Islamique gagnerait un prestige considérable et pourrait davantage se présenter comme le défenseur des « Musulmans ». Des groupes inféodés à Téhéran, tels le Hezbollah, pourraient rouvrir les hostilités – en adoptant une stratégie de harcèlement, en multipliant les coups de mains et en prenant des otages – contre l’État hébreu tout en étant protégés d’une réaction israélienne de grande envergure comme à l’été 2006. Cependant, les mollahs ne lieraient pas l’intégrité de leurs affidés à l’usage de l’arme nucléaire, celle-ci étant réservée à la seule sanctuarisation du territoire national iranien (la ligne rouge définie précédemment) mais ils lieraient chaque riposte israélienne ambitieuse, qui dépasserait une autre ligne, orange cette fois et destinée à la protection des alliés de Téhéran, à l’exercice de la terreur venue du ciel. Cette ligne orange contraindrait ainsi Israël à limiter ses opérations antiterroristes et autoriserait les groupes alliés des mollahs à, soit s’assurer une base d’opérations relativement abritée, soit à se muer en authentiques armées de guérilla comme c’est envisageable dans le cas du Hamas. C’est Sdérot partout La réussite d’une telle stratégie repose sur le « consentement » d’Israël. Les Pasdaran ne manqueraient pas de faire comprendre à l’armée israélienne qu’une riposte trop vigoureuse de sa part contre tel protégé portera en elle le germe d’une réplique iranienne dont les dégâts infligés à Israël seront supérieurs aux gains attendus de l’opération anti-terroriste. Les phases de cessez le feu et de négociations deviendraient un puissant levier politique pour faire libérer par Israël des terroristes et le rançonner. L’existence de l’État d’Israël ne serait pas immédiatement remise en cause afin d’éviter des représailles nucléaires massives de l’État hébreu mais à l’équilibre de la dissuasion nucléaire se juxtaposerait le déséquilibre d’une guerre d’attrition qui affaiblirait ce dernier et rendrait sa sécurité dépendante du bon vouloir des mollahs. La fin d’Israël serait, faute de contre-mesures appropriées ou d’un renversement de régime à Téhéran (et les deux à la fois seraient probablement nécessaires), une question de décennies. En outre, Israël serait virtuellement l’otage des mollahs et d’une puissance alliée et apportant son lot d’utilité, l’État hébreu deviendra une écharde plantée dans le flanc de l’Occident. Ce dernier, conscient de ses responsabilités, n’abandonnera pas Israël et les islamistes en profiteront pour réclamer de lui des concessions jusque là impossibles à obtenir. À moins que les iraniens ne finissent par disposer du moyen de le convaincre (et de la fenêtre d’opportunité pour le lui faire comprendre) qu’il vaut mieux laisser faire et accueillir les juifs israéliens chez lui, en ce cas, ils se garderont bien l’utiliser pour l’utiliser comme une épée de Damoclès. À ce moment là, les mollahs pourront remodeler le Moyen-Orient è leur guise et assurer partout l’impunité et la prise du pouvoir par ses Hezbollahs régionaux. Le succès initial d’une telle stratégie permettrait, en outre, à la République Islamique de s’ouvrir une fenêtre d’opportunité. Pendant un certain laps de temps, jusqu’à la mise en place de contre-mesures efficaces et/ou d’une déposition de leur régime, les mollahs peuvent susciter des vocations et proposer un modèle de lutte islamiste offrant des garanties de succès à des groupes tentés de se transformer selon le mode opératoire du Hezbollah au Liban. Cette éventualité est envisageable en Iraq mais aussi au Yémen et en Arabie Saoudite; quant aux chiites du Koweït, de Bahreïn, du Qatar et des EAU, c’est plutôt un modèle de participation politique avantageuse qui serait possible. Relevons aussi l’ « avantage compétitif » de l’offre islamiste iranienne sur celle d’Al-Qaïda grâce au patronage d’une puissance nucléaire désireuse d’offrir à chaque groupe allié, « sur site », un sanctuaire. À ce compte là, même des groupes terroristes sunnites autrement anti-chiites pourraient être tentés de se placer fort opportunément sous la tutelle de Téhéran. Contre-mesures israéliennes Israël n’est pas tout à fait invulnérable. Tsahal dispose d’un bouclier antimissile (le système Hetz) qui devrait être complètement opérationnel avant que la République islamique ne dispose de la Bombe. En outre, il faudra à cette dernière disposer de capacités industrielles suffisamment conséquentes pour fabriquer en nombre suffisant les Shebab 3 et 4 afin de saturer les Hetz israéliens. Cela prendra du temps à l’Iran et laisse peut-être à Israël l’espace nécessaire pour réaliser les bonds technologiques qui le mettront à l’abri du chantage iranien. Mais une telle posture engagerait Israël dans la course du glaive et du bouclier et le ferait vivre dans la crainte permanente du jour où le glaive des Pasdaran (c’est le glaive qui à l’initiative dans ce genre de course) découvrira une faille sécuritaire exploitable. Il est vrai que le Hezbollah nous aura donné un aperçu, l’été dernier, d’une terreur fondée sur les roquettes (et quelques missiles de faible portée et également très imprécis), et les factions islamistes de Gaza frappent la localité israélienne de Sderot presque quotidiennement mais la plupart de ces tirs sont et étaient extrêmement imprécis et font ou firent relativement peu de victimes. En outre, ils n’ont aucune valeur dissuasive contre les ripostes de Tsahal. Il y a peu de chances que les Shehab iraniens soient plus précis alors qu’ils seront tirés à 2000 km de distance (et que l’Iran comme ses fournisseurs accusent un retard considérable dans les technologies de pointe qui autorisent des tirs précis) mais ils pourront toucher l’ensemble du territoire israélien et emporter des charges bien plus lourdes tandis qu’une riposte de la part de l’armée de l’air israélienne est, au mieux extrêmement risquée. Les pilotes risqueront, en Iran plus que jamais auparavant, de se faire abattre par la DCA iranienne récemment renforcée par les meilleurs SAM russes (S-300) et surtout d’être capturés sans compter sur le fait qu’il faut au moins deux heures pour parcourir la distance séparant un site de lancement de Shebab de la base israélienne d’Hatzor, ce qui interdit à la Heyl-Ha’Avir d’intervenir dans les minutes qui suivent un tir, comme au sud du Liban. Les Pasdaran seront également en mesure de menacer les États qui autoriseraient (ou fermeraient les yeux sur) le transit d’avions israéliens dans leur espace aérien. Le tir de missiles de croisières de sous-marins israéliens pourrait se révéler tout aussi inefficace puisqu’il leur faudrait au moins une bonne vingtaine de minutes pour atteindre leur cible ce qui laisse le temps à un camion lanceur de missiles de considérablement s’éloigner de la zone où le lancement aura été détecté. Il faut aussi ajouter que les sous-marins emportent un nombre limité de missiles de croisière et qu’il n’est pas possible de les « recharger » aussi rapidement qu’un avion, ce qui limite d’autant leur capacité militaire face à des cibles mouvantes et nombreuses. L’envoi de forces spéciales risque de ne pas être plus efficace car il faudrait interdire le territoire entier aux véhicules lanceurs, et les actions ponctuelles et localisées des commandos ne sont pas propres à cette tâche sans compter, encore une fois sur les risques de les voir se faire capturer, ce qui permettrait aux mollahs d’augmenter les enchères. Israël pourra (avec les États-Unis), cependant, soutenir des mouvements de guérilla en Iran même mais au risque de renforcer les séparatismes naguère suscités par les Soviétiques au Kurdistan, en Azerbaïdjan et au Gilan iraniens, et donc en s’aliénant le soutien des iraniens « perses » des provinces centrales alors que leur sympathie est nécessaire au renversement du régime islamique comme au travail de renseignement. Néanmoins, le soutien à des factions de guérilla à l’intérieur de l’Iran présenterait l’avantage de « re-symétriser » en faveur d’Israël les données du conflit. La plus grande vulnérabilité des mollahs est, en effet, leur impopularité auprès des iraniens. Mais c’est une impopularité que l’Occident ne semble pas disposé à exploiter tant qu’il est encore temps. Enfin, notons que la prise de Gaza par le Hamas et la Seconde guerre du Liban déclenchée par le Hezbollah l’été dernier étaient peut-être par trop précoces. Ces guerres sont un avertissement qu’Israël ne peut pas ignorer et la meilleure contre-mesure que peut prendre l’État hébreu serait, avec ses alliés américains, de prévenir l’agencement progressif des éléments qui permettraient au scénario de la « terreur venue du ciel » de prendre forme concrète. Quid de la Syrie' Mais revenons de ce scénario cauchemardesque à la réalité présente. La Syrie a fait, ces derniers mois, des gestes d’ouverture à Israël pour engager des pourparlers de paix. Il y a, par ailleurs, peu de chances que la Syrie trouve son compte à un plan islamiste qui endosserait les modalités décrites dans les précédents paragraphes. Les décideurs syriens, quoiqu’ils puissent entretenir à l’égard de l’Iran et d’un changement d’alliance au profit des États-Unis des vues divergentes sont certainement préoccupés de préserver à leur État une certaine indépendance. La tutelle d’un régime clérical aussi peu conforme aux vues panarabes et (au moins initialement) anti-islamistes du Baath doit les inquiéter aussi leur stratégie diffère-t-elle de celle des mollahs iraniens. Pour ces derniers, seule la destruction d’Israël est, à terme, souhaitable mais pour les Syriens, la coexistence avec l’État hébreu est peut-être une éventualité qui est, paradoxalement, moins douloureuse. En ce cas, Bachar Al-Assad essaie de convaincre Israël (et les États-Unis qui s’y refusent encore) à entamer de sérieuses négociations de paix en brandissant la menace de la guerre grâce à l’appui iranien. En outre, l’usage d’une rhétorique belliqueuse par le pouvoir syrien à l’avantage pour lui de se garder la possibilité de présenter tout accord de paix futur comme une victoire – mais pas nécessairement de la même manière qu’Anouar el-Sadate en 1973. Dans cette configuration, Damas s’éviterait l’ « humiliation » de la paix en arguant qu’elle a été arrachée à l’État d’Israël de peur, de la part ce dernier, d’entrer en conflit avec la Syrie. De ce point de vue là, il est donc urgent de détacher la Syrie de l’Iran en lui permettant, peu importe la rhétorique employée par Damas pour ne pas blesser la « fierté » arabe, de négocier une paix permanente avec Israël et de se réintégrer à la communauté internationale en lui offrant de l’aide pour son développement. Or, ce scénario, quoique plausible et qui a des avocats en Israël même, semble aujourd’hui compromis, notamment par le tribunal international monté pour juger les criminels d’Hariri et de ses compagnons libanais anti-syriens. Ce tribunal empêche tout rapprochement syro-français et syro-américain et il est également probable que les syriens aient affiché leur volonté de paix avec Israël dans le but de convaincre les principaux membres du Conseil de Sécurité de relâcher leurs pressions. Conclusion La terreur vient du ciel n’est donc qu’un scénario parmi d’autres et il n’est en rien certain que l’avenir sera ainsi fait. Sa concrétisation dépend d’un certain nombre de paramètres connus (donc soit correctement soit incorrectement évalués dans ce texte) et inconnus (donc non évoqués ici, qui sont soit anodins et sans impact ce qui serait vérifié si le scénario se concrétisait ou alors déterminants et qui rendent ce scénario caduque) mais dont la plupart ne sont pas maîtrisés par moi. Ni d’ailleurs par quiconque sur terre. Il y a aussi la grande place du hasard, né de notre – le nous ici ne désigne pas l’auteur de ce texte mais l’ensemble de l’humanité – ignorance (ou comme l’effet pervers d’un savoir trop sophistiqué), de nos incompétences (ou comme l’effet pervers d’une trop grande compétence), de nos atermoiements (ou encore comme l’effet pervers d’une décision prise trop rapidement), de l’émergence de forces ou d’acteurs nouveaux, d’une innovation technologique qui n’a pas été envisagée, etc. Mais le scénario de la terreur venue du ciel a sans doute l’avantage de fournir une piste pour comprendre comment le régime islamique en place en Iran pourrait s’y prendre pour détruire l’État d’Israël et asseoir sa domination sur les musulmans du Moyen-Orient. Car, si, à première vue, cela semble impossible, les islamistes nous ont démontré qu’ils ne renonçaient pas à ceux de leurs objectifs qui sont devenus pour eux un article de r foi. La destruction d’Israël fait partie de ces objectifs sur lesquels ils refusent de louvoyer, qu’ils soient chiites ou sunnites, comme l’atteste le refus du Hamas d’offrir une paix permanente à l’État hébreu en dépit de sa situation plus que difficile et comme l’atteste également le fait que la République Islamique d’Iran reste le dernier État à souhaiter publiquement la destruction d’Israël. D’aucuns estiment que les mollahs se sont mués en populistes mais un certain nombre d’élément plaident contre cette thèse : depuis 28 ans que la République Islamique s’est imposée à l’Iran, elle n’a toujours pas normalisé ses relations avec le « Grand Satan » américain. Khamenei et nombre de mollahs expliquent que le cri de « mort à l’Amérique » à la même valeur que le cri d’Allah Akbar et prémunit le croyant contre les pièges tendus par Satan. D’autre part, le discours de la destruction prochaine d’Israël n’est pas le seul fait d’Ahmadinejad mais il a également été tenu par tous les dignitaires de la République Islamique depuis sa fondation et même avant, de Khomeiny à Khamenei, en passant par le « modéré » Rafsandjani. La République Islamique à un intérêt certain à nuire à Israël dans la perspective de l’amener sur ses genoux, à terme. Rien que pour son prestige et pour le succès de la Révolution Islamique dans la région. Ses stratèges se rendent bien compte que malgré le soutien que lui apportent ses alliés, l’État hébreu sera abandonné par certains d’entre eux assez rapidement tandis que les autres pourraient renoncer à lui apporter leur aide si un jour sauver Israël devenait trop onéreux, en terme de vies humaines (le prétexte sera simple: il vaut mieux six millions de juifs vivants en Occident que six millions de juifs morts en Israël). N’importe quel État se souciera d’abord de préserver la vie de ses citoyens, si celle-ci était sérieusement menacée, avant de penser à aider son voisin. Que Israël soit le seul État des juifs au monde ne change rien à cette réalité. Enfin, le régime de mollahs veut survivre. Il est impopulaire, il s’est construit presque par « chance », en manipulant contre le régime précédent toutes les oppositions et une bonne partie des iraniens mais il a pris le pouvoir par la force des baïonnettes, Khomeiny avait promis la démocratie libérale et un baril de pétrole pour tous mais depuis le régime a été confondu dans ses mensonges. Il doit donc engranger les succès à l’étranger, s’engager dans une fuite en avant comme le montrent déjà amplement les provocations d’Ahmadinejad et la ligne rigoureuse maintenue sur le programme nucléaire. Pour se justifier d’avoir précipité les Iraniens dans la misère et l’oppression, pour espérer endormir le sentiment national des Iraniens au profit du rêve de la Oumma islamique, il doit absolument se donner les moyens d’une politique expansionniste, qui seule pourrait compenser la détérioration de la situation interne en Iran. Il n’est pas non plus certain que les politiciens islamistes de Téhéran ne croient pas profondément au sens de leur « mission » au service d’Allah. La vision cynique qui présente les politiques invariablement comme des calculateurs froids, avides de pouvoir et manipulateurs mais imperméables aux grands principes est trop simpliste pour rendre compte de la réalité : souvent cohabitent en l’homme la volonté de satisfaire ses intérêts égoïstes et sa volonté de se soumettre aux valeurs qu’il tient pour les plus élevées. | Membre Juif.org
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