English Version Force de Défense d'Israel sur Internet
Inscription gratuite
AccueilInfos IsraelBlogs Juifs et IsraéliensVidéo IsraelOpinions : monde Juif et IsraelLe MagTOP SitesLa BoutiqueJuif.org TV

Blog : LudovicMonnerat.com

La question des ventes d'armes

L'actualité de ces derniers jours a été marquée par l'annonce d'importantes ventes d'armes à destination de pays tout sauf anodins : les 20 milliards de dollars d'armement offerts sur 10 ans par les États-Unis aux pays du Golfe, complétés par l'aide militaire accrue au profit d'Israël, les projets avancés de vente d'armes concurrentes de la Russie auprès de l'Iran, et les contrats pour 405 millions de dollars que la Libye affirme avoir signés afin d'acquérir des armements et des équipements français. Si ces accords ne doivent au moins en partie qu'au hasard d'être rendus publics simultanément, les démarches qui les fondent ont suffisamment de points communs pour être considérées dans une même perspective.

Ce qui n'exclut pas d'emblée de souligner leurs différences : on ne peut pas comparer la vente de missiles antichars et de radios digitales à la Libye, c'est-à-dire de matériels complémentaires, à la vente prévue de 250 avions de combat modernes avec 20 avions ravitailleurs à l'Iran ou à celle de navires de guerre, d'armes intelligentes et de mises à jour pour avions de combat à l'Arabie Saoudite. Les produits de pointe que l'industrie française de l'armement se destine à livrer au colonel Kadhafi et à ses successeurs ont avant tout une vocation défensive sur la base d'opérations terrestres, alors que la manne américaine et russe se concrétise par des capacités à la fois défensives et offensives, par une aptitude à la projection de puissance comme à un contrôle accrue de l'espace aérien, naval et terrestre. Même si les négociations avec Tripoli ne sont pas closes.

Il n'en demeure pas moins que les ventes d'armes de haute technologie, sous la forme de contrats rentables ou de subventions, génèrent un lien à la fois d'influence et de dépendance du fournisseur à l'acquéreur. La dépendance est évidente : non seulement la maîtrise de l'enveloppe opérationnelle est extrêmement difficile pour le client (on se demande toujours si les F/A-18 suisses seraient en mesure de tirer un missile sur leurs homologues américains...), mais les fonctions transversales nécessaires à la disponibilité opérationnelle de ces engins (logistique, télématique, électronique, informatique, etc.) ne sont à la portée que des armées les plus modernes. En d'autres termes, c'est bien joli d'avoir des F-15 modernisés équipés de bombes guidées par GPS, mais sans les compétences pour programmer les systèmes d'armes ou de vol, ces engins sont à peu près aussi utiles à la guerre aéroterrestre qu'un aspirateur asthmatique.

En ce qui concerne l'influence, je me permets de citer ce que j'écrivais en début d'année dans la Revue Militaire Suisse :

En partageant les outils d'une puissance que seuls les Etats peuvent brandir et employer durablement, cette prolifération favorise la reproduction d'une structure politique et d'une doctrine combattante analogue à celle des fournisseurs. En d'autres termes, donner de quoi faire la guerre à l'occidentale réduit l'intérêt de faire la guerre autrement, et mène au développement de forces armées plus faciles à mesurer et à contrôler. Acheter le Rafale revient à acheter la culture stratégique qui l'a produite et à en adopter, même partiellement, les valeurs cardinales. Une manière de lutter contre la déstructuration et la privatisation de la guerre, et donc de préserver la puissance étatique traditionnelle.

A condition, encore une fois, que les États ainsi armés par des puissances exportatrices ne se livrent pas à des conflits symétriques de haute intensité qui provoqueraient une ruine sans équivalent.

Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 8 minutes